Alan Magee

aviateur américain de la Seconde Guerre mondiale ayant survécu à une chute libre

Alan Eugene Magee
Naissance
Plainfield (New Jersey)
Décès (à 84 ans)
San Angelo (Texas)
Allégeance États-Unis
Unité 303rd Bomb Group, Eighth Air Force
Grade Sergent Chef
Distinctions Air Medal, Purple Heart

Alan Magee (13 janvier 1919 - 20 décembre 2003) est un mitrailleur sur bombardier de l'aviation américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est connu pour avoir survécu à une chute libre de 6 700 m (22 000 pieds), éjecté de son B-17 Flying Fortress endommagé par la flak allemande au dessus de Saint-Nazaire[1]. La verrière de la gare de la ville a amorti sa chute. Il figure dans le Smithsonian Magazine de 1981 comme l'un des 10 récits de survie les plus incroyables de la Seconde Guerre mondiale.

Biographie modifier

Alan Eugene Magee naît le 13 janvier 1919 à Plainfield[2] dans le New Jersey, plus jeune d'une fratrie de six enfants.

Immédiatement après l'attaque de Pearl Harbor, en décembre 1941, et l'entrée en guerre des États-Unis, il rejoint, à 22 ans, les United States Army Air Forces[2],[Note 1]. Petit et assez fin[2], il est assigné comme mitrailleur de ball turret, la tourelle de mitrailleuse semi-sphérique située sous les bombardiers B17, capable de pivoter à 360°[3] mais disposant de peu de place pour le mitrailleur.

 
Un B-17 F avec sa tourelle sous la carlingue.

Mission de bombardement au dessus de Saint-Nazaire et chute libre modifier

Magee vole sur le Flying Fortress-B17F-27-BO, immatriculé 41-24620 et surnommé « Snap! Crackle! Pop! »[4], en référence au slogan des Rice Krispies fabriqués par Kellogg's où travaillait avant guerre le capitaine Jacob Fredericks qui avait convoyé l'avion des États-Unis en Angleterre[4]. Ce bombardier fait partie du 60th Bombardment Squadron (en) du 303d Bombardment Group (en)[5].

Il est l'un des 77 bombardiers B17 accompagnés de 12 bombardiers B24 et protégés par 16 avions de chasse qui décollent d'Angleterre le 3 janvier 1943 à 9h00 du matin. Leur mission est d'aller bombarder, en plein jour, la base sous-marine de Saint-Nazaire, le commandement allié ayant appris que les Allemands y font des travaux et veut en profiter pour détruire leur stock de torpilles[6]. C'est la septième mission du sergent Magee.

Commençant leur attaque vers 11h30, les bombardiers subissent les tirs de la flak, la défense anti-aérienne allemande. L'avion de Magee est touché par un premier obus qui blesse le mitrailleur, rend sa tourelle de tir inopérante et déchire son parachute[6], situé dans le corridor au dessus de lui (par manque de place dans l'étroite tourelle inférieure, les mitrailleurs de ne pouvaient le porter sur eux).

 
L'intérieur de la gare avec sa verrière dans les années 1910.

Il quitte alors sa ball turret, découvre que son parachute déchiré est inutilisable[6]. Un autre tir de flak arrache ensuite une section de l'aile droite, entraînant l'avion dans une vrille mortelle[3]. Magee, en train de se déplacer de la soute à bombes à l'emplacement radio, est éjecté de l'avion par un trou dans la carlingue et perd connaissance au début de sa chute à cause du manque d'oxygène dû à la haute altitude[3]. Il tombe sur plus de 6 500 mètres. Sa vitesse maximale estimée lors de sa chute est de 200 km/h[6]. Il percute et traverse la grande verrière de la gare de Saint-Nazaire[6],[Note 2]. En se brisant, cette verrière atténue sa chute et réduit la force de son impact au sol. Les couches épaisses de vêtements qu'il portait pour se protéger du froid à haute altitude dans sa tourelle de verre y contribuent également[3].

Les secouristes le trouvent vivant mais très gravement blessé, sur le sol de la gare. L'avion s'écrasera non loin de la forêt d'Escoublac à La Baule[Note 3]. Sur les 9 autres membres d'équipage, deux réussissent à sauter en parachute, dont un gravement blessé, et 7 sont tués[6],[Note 4].

Magee se souvient « avoir retrouvé ses esprits avec des gens penchés au-dessus de lui » dans la gare[4]. Amené à l'hôpital de la Kriegsmarine, qui occupe l'hôtel Hermitage[4],[7] à La Baule, le chirurgien allemand lui dit « on est ennemis, mais je suis d'abord médecin et je vais faire de mon mieux pour vous tirer d'affaires. »[6]. Il a 28 blessures par Shrapnel en plus des blessures dues à la chute : plusieurs os cassés, des dommages graves au nez et à l'œil, des lésions pulmonaires et rénales, et un bras droit presque sectionné. Prisonnier de guerre, il reste deux mois en soins à La Baule, avant d'être envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne[6], le stalag 17-B à Gneixendorf (en)[2] (aujourd'hui en Autriche)[2] d'où il sera libéré à la fin de la guerre, en mai 1945.

Dans cette mission de bombardement, les Américains ont perdu 4 bombardiers abattus par la flak allemande.

Après guerre modifier

Après la guerre, Alan Magee obtient sa licence de pilote et travaille dans l'industrie aéronautique à divers postes[2]. Il prend sa retraite en 1979 et déménage dans le nord du Nouveau-Mexique[2]. Le , pour le 50e anniversaire de l'attaque, les habitants de Saint-Nazaire honorent Magee et l'équipage de son bombardier en érigeant un mémorial de deux mètres à leur mémoire.

Magee effectuera une visite à Saint-Nazaire en 1995, dont il devient citoyen d'honneur[4], visitant l'ancienne gare[6] puis l'hôtel Hermitage (actuel Hermitage Barrière) à La Baule et inaugurant un monument à ses camarades près du bois d'Escoublac où s'est écrasé son bombardier[3],[Note 5].

Il meurt à l'hôpital de San Angelo au Texas, le [2], d'un accident vasculaire cérébral et d'une insuffisance rénale, à l'âge de 84 ans. Ses cendres sont dispersées au Pioneer Memorial Park de Grape Creek au Texas[2].

Distinctions modifier

Voir aussi modifier

Survivants de chutes

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces aériennes américaines sont une branche de l'US Army, l'United States Army Air Forces, l'US Air Force ne sera créée qu'en 1947.
  2. Il s'agit de l'ancienne gare de Saint-Nazaire, active jusqu'au milieu des années 1950 et l'entrée en service de l'actuelle gare. Les bâtiments de l'ancienne gare existent toujours, mais plus la verrière, et abritent aujourd'hui le théâtre Simone Veil.
  3. Une partie de la carlingue sur laquelle figure le surnom de l'avion sera prise par les Allemands et rapportée comme trophée de guerre et exposée sur le mur de la villa nommée Georama, qu'ils occupent alors, une importante propriété à Saint-Marc-sur-Mer dominant la mer, à la sortie de l'estuaire de la Loire. À la fin de la guerre, avant leur reddition, ils jetteront ce morceau de carlingue du haut des rochers de cette propriété. Il sera récupéré par Michel Harouet et restauré en 1989 et se trouve aujourd'hui dans un musée de la ville.
  4. Les deux autres survivants qui ont réussi à sauter en parachute avant le crash du bombardier sont le lieutenant Glen M. Herrington, le navigateur, qui sera fait prisonnier de guerre mais devra être amputé de la jambe, et le sergent J.l. Gordon, également fait prisonnier mais dont la trace a été perdue après guerre. Les sept autres qui ont péri seront ré-inhumés après guerre au cimetière militaire américain de Saint-James en Normandie, il s'agit du lieutenant G. Wintersetter, T/Sgt. Dennis C. Hart, T/Sgt. A.M. Union, Sgt. M.L. Milam et S/Sgt. E.W. Durant.
  5. Le monument à l'équipage du bombardier se trouve devant le 1 boulevard Jean Joseph de Cacqueray, en bordure de la forêt d'Escoublac (47° 17′ 09″ N, 2° 22′ 01″ O).

Références modifier

  1. (en) Logan Nye, « The story of the World War II gunner who fell 22,000 feet without a parachute and lived », Business Insider,‎ (lire en ligne).
  2. a b c d e f g h i j et k (en) « Magee Alan E. », sur American War Memorials overseas (consulté le ).
  3. a b c d et e Nicolas Daheron, « L’aviateur américain a survécu à une chute de 6 700 m d’altitude à Saint-Nazaire », Presse Océan,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e et f (en) Hal Susskind, « 20,000 Feet - Without a Chute The Alan Magee Story », Hell's Angels letter,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Alan Magee Story », 303rdbg.com, (consulté le )
  6. a b c d e f g h et i Thierry Hameau, « Saint-Nazaire. Il survit à 6 000 m de chute sans parachute », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Luc Braeuer, La Baule : Occupation-Libération, t. 1. 1939-1942, Liv'éditions, coll. « Document et témoignage », (lire en ligne).

Liens externes modifier