Évangéliaire de la reine Theutberge

manuscrit des évangiles carolingien

L’évangéliaire de la reine Theutberge est un manuscrit enluminé connu pour ses riches couleurs, son exceptionnel état de conservation. Son contenu est très riche lui aussi pour un document datant du milieu du IXe siècle de l’époque carolingienne[1], contenant le « Capitulaire romain des leçons d’évangile pour l’année liturgique ». Il aurait été écrit entre 825 et 850 à l’abbaye bénédictine Sainte-Glossinde de Metz en France. Il est actuellement conservé au Metropolitan Museum of Art de New York.

Évangéliaire de la reine Theuteberge
Évangéliaire de la reine Theuteberge
Artiste
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Date
Entre et Voir et modifier les données sur Wikidata
Type
Technique
200 folios enluminés sur vélin
Dimensions (H × L)
28,6 × 19 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
No d’inventaire
2015.560Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
(Lotharingie)

Origine modifier

L’origine du manuscrit Évangéliaire de la reine Theutberge a été étudiée. Il aurait été fabriqué dans un atelier de Lorraine, dans la ville de Metz, en France. Toutes les personnes qui ont eu le privilège d’inspecter le manuscrit s’accordent pour dire qu’il est d’une très grande qualité. Il aurait selon la tradition appartenu à la reine Theutberge de Lotharingie, c'est pourquoi le manuscrit en porte le nom[2]. À partir de 867, le manuscrit serait demeuré dans l’abbaye de Sainte-Glossinde, qui lui aurait appartenu à la Reine Theutberge et aurait été l'abbesse du monastère, elle aurait par la suite conservé le manuscrit jusqu'à son décès[3]. Lors du décès de la Reine Theutberge en 875, qui aurait été enterré à l’abbaye de Sainte-Glossinde. Elle était l’abbesse de l’abbaye de Sainte-Glossinde à Metz depuis 867, date où elle a décidé de rejoindre définitivement le couvent. Donc, toutes ses possessions ont été données aux sœurs de l’abbaye incluant le manuscrit[4].

Description modifier

Cet évangéliaire riche en couleur propose un exceptionnel contenu de l’époque carolingienne de la fin du IXe siècle. Les pages du manuscrit sont faites de vélin, qui était très utilisé au Moyen Âge par les calligraphes, relieurs et miniaturistes de l’époque carolingienne. Pour la raison de la qualité du vélin qui était doux et très fin, d’ailleurs on peut voir par endroits l’écriture des deux côtés de la même page tellement celui-ci est fin[5].

 
Tables canoniques de l'Évangéliaire richement décoré.

Décoration modifier

Les tables canoniques qui comptent un total de seize pages sont richement décorées par quatre arches soutenues de cinq colonnes. Ces colonnes sont colorées de bleu, vert, rouge, orange et jaune. Elles sont peintes de façon à imiter le marbre et on peut y voir des visages d’humains et d’animaux dans le haut des colonnes et de pattes animales dans le bas[1].

 
Passage de l'Évangéliaire de la Reine Theutberge, on peut y voir l'écriture en minuscule carolingien avec de l'encre noire, verte et rouge.

L’encre utilisée pour l’écriture est surtout le noir, mais aussi le rouge et le vert par endroits. Les noms de chaque table canonique sont écrits à l’encre rouge, ainsi que chaque titre qui sépare les textes. La première lettre est écrite en capitale au début de chaque paragraphe, elle est soit de couleur rouge ou verte[1].

Il est intéressant aussi de constater que le manuscrit ne contient aucune image de Saint, d’Évangéliste ou d’enluminure colorés, ce qui vient donner une allure modeste au manuscrit en question[5].

Contenu modifier

Le manuscrit contient les quatre Évangiles, soit ceux de Mathieu, Marc, Jean et Luc, ainsi que les tables canoniques d'Eusèbe de Césarée. Une préface est écrite par saint Jérôme sur la traduction des Évangiles et une lettre de Eusèbe de Césarée expliquant les tables canoniques. Il y a aussi une préface dite standard avec un résumé pour chaque Évangile et un capitulaire romain d’enseignement des Évangiles pour l’année liturgique compréhensible et complète[2]. La dédicace écrite par saint Jérôme a été faite en réponse à une demande du pape Damase, qui aurait demandé à saint Jérôme de faire une traduction juste des Évangiles. La préface serait une copie venant d’un autre manuscrit, qui reste inconnu pour le moment, et aurait simplement été recopié dans l’évangéliaire[2].

Un fait intéressant est la présence des « Capitulaires romains pour l’enseignement de l’évangile pour l’année liturgique », ce qui était très rare lors de l’époque carolingienne. Cet ajout vient donner du poids à la thèse que le manuscrit aurait appartenu à Theutberge qui était l’abbesse de l’abbaye bénédictine de Sainte-Glossinde[2]. Le manuscrit contient des notes capitulaires inscrites dans la marge des pages, qui font référence aux tables canoniques. Ce qui serait une preuve de l’utilisation qui a été faite du manuscrit. Ce fait venant étayer l’hypothèse que le manuscrit aurait servi à la reine Theutberge elle-même pour un usage personnel[5],[2]. Le « Capitulaire romain pour l’enseignement de l’Évangile pour l’année liturgique » était des leçons pour permettre la lecture et l’interprétation des Saintes Écritures dans un but liturgique qu’il soit de masse ou officinale. Chaque Sainte Écriture devait être lue à un certain moment et montrée de façon qu’elle soit bien comprise de tous les gens qui venaient assister aux messes liturgiques.

 
Carte du Diocèse de Toul, avec les noms des soixante-quinze places qui devaient un revenus au monastère de Remiremont.

Autour de l’an 1000, une carte de la région qui entoure la ville de Toul entre Meurthe-et-Moselle, a été ajoutée par le monastère de Remiremont. Incluant aussi une liste de soixante-quinze noms des endroits qui leur devaient un revenu. Une note de marge écrite en anglais sur la carte vient confirmer qu’il s’agit d’une partie du diocèse de Toul dans La Lorraine, montrant l’emplacement des noms qui figurent sur la liste des soixante-quinze places[5],[2] .

Provenance modifier

 
Sceau qui aurait été mis par les propriétaires.

Ce manuscrit a beaucoup voyagé et connu un nombre important de propriétaires depuis la mort de son premier possesseur. Selon des documents retrouvés dans le manuscrit, nous pouvons savoir que celui-ci était au monastère de Remiremont autour de l’an 1000. Il va par la suite disparaître de nouveau pour refaire surface dans la bibliothèque des pères dominicains, dont nous pouvons même trouver une étape dans le document fait sur des notes parmi les pages des tables canoniques. Des notes qui auraient été en toute vraisemblance faite par les pères dominicains eux-mêmes au cours du XIXe siècle. Mais il n’y a aucune trace du manuscrit entre ces deux périodes, il est donc impossible pour l’instant de savoir à quel endroit il se trouvait[5],[1],[2].

Le manuscrit connait ensuite une série de différents propriétaires à partir de 1859, il est vendu aux cours des années par Sotheby's. Il change de propriétaire de cette façon environ une dizaine de fois, toujours entre des mains de particuliers jusqu’en 1946[5]. Il est alors acheté par l’exécuteur du "Major John Roland Abbey" de Londres durant une vente aux enchères par Sotheby’s et y restera jusqu’en 1975. Date à laquelle, il est vendu de nouveau par Sotheby’s à d'autre main privée[5].

Le manuscrit refait surface en 2015 chez Christie’s et vendu au enchère, il est acheté par le Metropolitan Museum of Art de New York, pour la somme d’environ deux-millions de livres sterling (GBP). Depuis ce temps le manuscrit] est exposé au grand public à New York, au Cloisters[1].

Notes et références modifier

  1. a b c d et e (en) « Gospel Book, Carolingian, The Met », sur https://www.metmuseum.org, 2014-2016 (consulté le ).
  2. a b c d e f et g (en) VANDERPUTTEN, Steven et West, Charles, « Inscribing Property, Rituals, and Royal alliances: the 'Theutberga Gospels' and the Abbey of Remiremont », Mitteilungen des instituts für österreichische Geschichtsforschung,‎ , p. 296-321.
  3. LE BARON, Ernouf, Histoire de Waldrade, de Lothaire II et de leurs descendants, Paris, Librairie de Techener, , 508 p. (ISBN 978-1-136-61157-5, lire en ligne), p. 8-44.
  4. (en) Jana K. Shulman, Rise of the medieval world : A biographical Dictionary, Greenwood Publishing Group, Incorporated, , 531 p. (ISBN 978-0-313-30817-8, lire en ligne), p. 418.
  5. a b c d e f et g (en) « The Gospels of Queen Theutberga, in Latin, Illuminated Manuscript on Vellum », sur christies.com, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Christie's, Lot 20, The ‘gospel of queen Theutberga’ in latin, illuminated manuscript on vellum, Londres, .
  • (en) Everett Ferguson, « Lectionary », Encyclopedia of early Christianity, New-York, Routledge, 1999, 2e edition, 1252 p..
  • Ernouf Le Baron, Histoire de Waldrade de Lothaire II et de leurs descendants, Paris, Librairie de Techener, 1858, 508 p..
  • (en) Metropolitan museum of art, collection manuscripts and illuminations, 2015.
  • (en) Jana K. Shulman, Rise of the medieval world: A biographical dictonary, Greenwood publishing group, 2002, 531 p..
  • (en) Steven Vanderputten et Charles West, Inscribing Property, Rituals, and Royal alliances: the 'Theutberga Gospels' and the Abbey of Remiremont, Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, 2016, 124, no 2, 572 p..

Liens externes modifier

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