Yakchim[1] est un traitement médical traditionnel coréen récent. On parle en français de pharmacupuncture, ou d'acupuncture aux plantes médicinales. Le traitement s'effectue avec des aiguilles de seringues qui injectent en sous cutané sur certains points de la peau des préparations médicinales telles que décoctions ou infusions d’herbes issues de la pharmacopée traditionnelle Coréenne[2]. Les points d'acupuncture[3] (gyeon-ghyeol)[4] et les points sur les méridiens (kyung-rak)[5] sont alors sur-stimulés par l’action conjuguée de l’aiguille et de l'injection d’une solution active de plantes médicinales.

Yaksim[6] conjuge l’efficacité de deux techniques de soin en une. Celle de l’aiguille d'acupuncture appliquée à l'extérieur du corps pour le stimuler et la thérapie de l’injection à l’intérieur du corps d'une substance active médicamenteuse; une méthode qui stimule les organes internes à l'intérieur d'une autre manière.

Aiguilles avec décoction.

Yakchim signifie immunisation[7]. Cette thérapie externe est pratiquée dans les cliniques traditionnelles sous le nom immunothérapie (Suchim)[8] ou thérapie par les aiguilles (Hyeolwi).

La solution injectée contient des extraits de plantes médicinales médicinales locales à différentes concentrations.

Histoire modifier

La pharmacupuncture Yaksim a été développé par Nam Sang Chun en 1956 en Corée du Sud. En faisant des recherches sur la manière de renforcer l'immunité d’un patient plus particulièrement à l’aide de l'acupuncture, Nam Sang Chun a examiné de près les mécanismes de fonctionnement de l’immunité. Il a alors commencé à utiliser à la place d’une aiguille, une seringue remplie de solutions médicamenteuses à base de plantes telles que le sanjoin Zizyphi Spinosae Semen[9], ou le jujubier Zizyphus jujuba var. spinosa[10], l'astragale Astragalus membranaceus Bunge[11], le ginseng Panax ginseng[12] et le nokyong[13] bois de velours de cerf ou de chevreuil.

Il a découvert que la piqûre d’un point sur la peau a par lui-même une action thérapeutique due à la mise en place d'une aiguille sur un point d’acupuncture. Cet effet peut avoir son pouvoir thérapeutique[14] multiplié grâce à l'injection de plantes médicinales spécifiques au même endroit .

Un département de spécialisation en thérapie Yakchim a été créé à l'Institut Coréen de la médecine orientale KIOM[15] le 26 août 1990 pour chercher à diffuser les recherches et les traitements de pharmacopuncture Yakchim.

 
Institut coréen de médecine orientale

Une séance de Yakchim peut être administrée dans n’importe quelle clinique de médecine traditionnelle en Corée du Sud[16].

Lien avec l'apithérapie modifier

Nam Sang Chun s’est inspiré fortement de l'apithérapie[17], l'utilisation du venin[18] d'abeille dans les traitements de pathologies (paralysie, gangrène…) qui remontent à au moins 200 avant J.C[19]. Les dards de guêpes et crochets à venin de serpents ont été aussi longtemps utilisés dans la région extrême-orientale de l’Asie comme thérapies.

Le venin d'abeille[20] est toujours utilisé, mélangé ou non, avec des extraits d'ingrédients à base de plantes. Cette acupuncture à base de plantes se veut particulièrement efficace pour atténuer les douleurs chroniques comme l'arthrite[21].

Pharmacodynamique modifier

Au niveau pharmacodynamique, l’injection sous-cutanée de substances médicamenteuses favorise une diffusion plus rapide des actifs dans les tissus de la peau ou dans la circulation sanguine. Le temps d'efficacité du médicament est sérieusement amélioré.

Notes et références modifier

  1. (en) Korean Pharmacopuncture Institute, « Definition », sur journal-jop.org, (consulté le ).
  2. (en) World Health Organization. Regional Office for the Western Pacific, Medicinal plants in the Republic of Korea : information on 150 commonly used medicinal plants, Manilla, World Health Organization. Regional Office for the Western Pacific., , 316 p. (ISBN 9290611200, lire en ligne)
  3. D Bigeon, « La réalité scientifique de l'éternel point d'acupuncture », MERIDIENS,‎ , pp.77-100 (lire en ligne)
  4. AY, « Points et méridiens d'acupuncture »  , sur ACUPOINT, 2012-2017 (consulté le ).
  5. (en) Bong-Han Kim, Kyungrak System and Theory of Sanal, SEOUL, CuriousPages Publishing, , 112 p. (ISBN 0995770336)
  6. (en) Kwang-Ho Lee, « History of Research on Pharmacopuncture in Korea », J Pharmacopuncture.,‎ , p. 101-8 (lire en ligne)
  7. (en) Georges Dick, Immunisation, Heidelberg, Springer Netherlands, , 152 p. (ISBN 9789401176347, lire en ligne)
  8. Léa Galanopoulo, « Cancer : la révolution de l'immunothérapie », sur CNRS Le journal, (consulté le ).
  9. (en) Su-Rong He, « Botanical and Traditional Uses and Phytochemical, Pharmacological, Pharmacokinetic, and Toxicological Characteristics of Ziziphi Spinosae Semen: A Revie », Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, vol. 2020, Article,‎ , p. 21 pages (lire en ligne)
  10. Paul Goetz, « Jujubier », Phytothérapie de la recherche à la pratique,‎ , p. 1-6 (lire en ligne)
  11. (en) Alessandra Durazzo, « Astragalus membranaceus Bunge): botanical, geographical, and historical aspects to pharmaceutical components and beneficial role », Rendiconti Lincei. Scienze Fisiche e Naturali volume 32,‎ , pages 625–642 (lire en ligne)
  12. (en) In-Seon Lee, « Panax ginseng Pharmacopuncture: Current Status of the Research and Future Challenges », Biomolecules 2020 Special Issue "Advances in Ginsenosides",‎ (lire en ligne)
  13. (en) Kim, Moo-Jin, « Effects of Deer Antler Water Extract(Pilose Antler of Cervus Korean TEMMINCK Var. Mantchuricus Sinhoe) on Chondrocytes », Journal of Acupuncture Research Volume 23 Issue 2,‎ , Pages.103-111 (lire en ligne)
  14. Caroline Barry, « 1 Evaluationdel’efficacitéetdela sécuritédel’acupuncture »  , sur INSERM, (consulté le ).
  15. « KIOM_KOREA INSTITUTE OF ORIENTAL MEDICINE », (consulté le ).
  16. (en + ko) Kim, Su-Beom, « Sasang Herb medicine, IRCT (InfraRed Computer Thermography), Yakchim (Korean herb-acupuncture) remedy », Journal of Sasang Constitutional Medicine,‎ (lire en ligne)
  17. (en) Rakesh Kumar Gupta, Beekeeping for Poverty Alleviation and Livelihood Security, Berlin, Springer, , 665 p. (ISBN 978-94-017-9198-4, lire en ligne), Apitherapy: Holistic Healing Through the Honeybee and Bee Products in Countries with Poor Healthcare System pp.413-446*
  18. Dr Claude NONOTTE-VARLY, « Le venin d'abeille », sur Association francophone d’apithérapie, (consulté le ).
  19. Pascal Kintz, « Usage thérapeutique du venin d’abeille : science ou escroquerie ? », Annales de Toxicologique Analytique,‎ (lire en ligne   [PDF])
  20. Roch Domerego, « En quoi consiste l'apithérapie? », (consulté le ).
  21. (en) Ting-Yen Lin, « Clinical Applications of Bee Venom Acupoint Injection », Toxins,‎ (lire en ligne)