Wikipédia:Lumière sur/Temple du Peuple

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Des membres du Temple du Peuple participent à une manifestation anti-expulsion à l'International Hotel de San Francisco en janvier 1977.
Des membres du Temple du Peuple participent à une manifestation anti-expulsion à l'International Hotel de San Francisco en janvier 1977.

Le Temple du Peuple (Peoples Temple) est une secte fondée par le révérend Jim Jones en 1953, à Indianapolis, aux États-Unis. La secte adhère en 1960 à la fédération d'Églises protestantes des Disciples du Christ, bien que Jones critique de plus en plus ouvertement le christianisme, rendant l'orientation de l'église plus politique que religieuse. Elle s'installe ensuite en Californie, d'abord à Ukiah puis à San Francisco. Dans chaque ville, Jones recrute des populations différentes : d'abord des familles majoritairement blanches, puis des étudiants blancs utopistes et ayant reçu une instruction poussée, enfin un grand nombre d'habitants noirs de milieux défavorisés, dont beaucoup d'anciens accros à l'héroïne traités dans le centre de désintoxication régi par le Temple du Peuple. La secte revendique également une inspiration communiste et antiraciste.

En 1974, le Temple du Peuple achète des terres au Guyana : elles servent de lieu d’établissement d'une communauté agricole appelée Jonestown. Le , Jim Jones y déménage avec l'ensemble de sa congrégation pour fuir une couverture médiatique de plus en plus négative, qui se concentre sur les abus physiques et moraux subis par ses fidèles. Jones alimente une théorie du complot visant à faire croire aux fidèles que la CIA persécute la secte et arrêtera toute personne qui voudrait la quitter, et que les articles de presse sont commandités par les chrétiens américains racistes.

Le , un membre du congrès américain, Leo Ryan, vient à Jonestown pour enquêter sur la secte après avoir reçu plusieurs plaintes de la part de déserteurs et de proches de fidèles. Il est assassiné lors d'une fusillade à l'aéroport de Port Kaituma, alors qu'il quitte le camp ; trois journalistes et une défectrice meurent aussi dans l'embuscade. Le soir même, Jim Jones force le suicide collectif d'environ 910 fidèles sur place, majoritairement par empoisonnement au cyanure de potassium, avant d'être abattu par balle, probablement à sa demande. On compte une vingtaine de survivants à Jonestown. Les morts sont moins nombreuses en dehors de Jonestown : une femme tue ses enfants puis se suicide à Georgetown, capitale du Guyana, et on ne compte aucun mort à l'antenne de San Francisco grâce à l'intervention téléphonique de Stephan Jones, un fils du révérend.

L'événement constitue la plus grande perte de civils américains en une seule fois jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001. Le massacre de Jonestown donne lieu à des nombreuses reprises dans la culture populaire et fait naître une expression, « don't drink the Kool-Aid », qui fait référence à la limonade mélangée au poison et signifie « quoi qu'on vous dise, ne le croyez pas trop fort ». Il est aussi sujet à de nombreuses théories du complot, nourries par le peu d'informations disponibles sur l'histoire du Temple.