Wikipédia:Lumière sur/Léon III l'Isaurien

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Solidus de Léon III à gauche, portant une couronne, la chlamys comme tunique, l'orbe crucigère dans sa main droite et l’akakia dans la main gauche. Son fils et coempereur Constantin V apparaît à droite sous des traits juvéniles.
Solidus de Léon III à gauche, portant une couronne, la chlamys comme tunique, l'orbe crucigère dans sa main droite et l’akakia dans la main gauche. Son fils et coempereur Constantin V apparaît à droite sous des traits juvéniles.

Léon III l'Isaurien (en grec Λέων Γʹ ό Ίσαυρος), né vers 680 à Germanicia (aujourd'hui Kahramanmaraş, dans le sud-est de la Turquie) et mort le , est un empereur byzantin de 717 à 741. Il fonde la dynastie isaurienne. D'ascendance syrienne, il est issu d'une famille modeste mais grimpe la hiérarchie militaire jusqu'à devenir un général de premier plan, intervenant possiblement dans le Caucase et surtout nommé à la tête du stratégique thème des Anatoliques, à une époque profondément tourmentée de l'Empire byzantin. Profitant de l'anarchie qui règne à la tête de celui-ci, il mène une rébellion victorieuse contre l'empereur Théodose III en 716-717, alors même qu'une expédition musulmane se dirige vers Constantinople.

Le premier acte de son règne est décisif. Il doit soutenir le siège de sa capitale, par terre et par mer. Grâce à l'usage du feu grégeois et à la résistance des murailles de Constantinople, il contraint les Arabes à se replier, mettant un coup d'arrêt à leur expansionnisme dans cette région. Néanmoins, il doit composer avec la mise en place progressive d'une guerre de raids dans laquelle les Arabes lancent constamment, presque sur une base annuelle, des expéditions destructrices dans l'Anatolie, à défaut de pouvoir la conquérir. Contribuant à réorganiser l'architecture administrative et militaire d'un Empire en crise, Léon III parvient épisodiquement à quelques succès, qui culminent par la victoire à la bataille d'Akroinon en 740. En matière de politique étrangère, il réussit également à préserver la paix avec le khanat bulgare qui domine les Balkans mais peine à maintenir la présence byzantine en Italie. L'exarchat de Ravenne, soumis à la pression des Lombards et à la défiance croissante de la papauté sombre peu à peu dans l'anarchie.

En matière de politique intérieure, Léon III se lance dans une entreprise de restauration de la puissance impériale, qui passe par des réformes administratives et surtout législatives, avec l'adoption d'un nouveau code de loi, l’Ecloga, qui fait évoluer en profondeur le droit byzantin. Il frappe également une nouvelle pièce de monnaie, le miliarésion et renforce la fiscalité impériale dans un contexte de difficultés économiques. Cependant, Léon III est surtout connu comme le fondateur de l'iconoclasme byzantin, un mouvement d'opposition aux icônes, de plus en plus vénérées dans l'Empire. Cette doctrine et sa promulgation impériale ont fait l'objet d'un grand nombre de commentaires et d'études et ont profondément influencé la perception de cet empereur, car seuls les récits de ses opposants ont subsisté. Si sa politique iconoclaste a parfois été décrite comme violente et oppressive, avec l'abdication du patriarche Germain Ier de Constantinople en 730 et la parution supposée d'un édit impérial sur le sujet à la même époque, les historiens les plus récents ont largement revu le contexte de naissance et l'ampleur de l'iconoclasme de Léon III. Sa position en la matière semble désormais plutôt s'intégrer dans son souhait plus global de régénération impériale, au travers d'un retour aux origines et de modération des pratiques religieuses, sans pour autant avoir été à la source de mesures d'oppression particulières ou de crispations internes fortes.

Quand il meurt en 741, son fils Constantin V s'impose sur le trône non sans mal, dans le cadre d'une succession préparée de longue date par Léon III, qui contribue au renforcement du principe dynastique dans l'Empire. Dans l'ensemble, son succès initial contre les Arabes et sa consolidation d'un Empire mal en point après un siècle de revers sur tous les fronts font généralement l'objet d'une appréciation positive par les historiens modernes.