Wikipédia:Lumière sur/Jean VI (roi de Portugal)

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Le roi Jean VI de Portugal par Jean-Baptiste Debret.
Le roi Jean VI de Portugal par Jean-Baptiste Debret.

Jean VI de Portugal (en portugais : João VI de Portugal), roi de Portugal et des Algarves et roi puis empereur titulaire du Brésil, est né à Lisbonne, au Portugal, le et décédé dans cette même ville le . Surnommé « le Clément », il règne sur le Royaume uni de Portugal, du Brésil et des Algarves de 1816 a 1822 puis sur le seul royaume de Portugal de 1822 à 1826. Grâce au traité de Rio de Janeiro de 1825, qui reconnaît l'indépendance du Brésil, Jean VI est également proclamé empereur titulaire du Brésil, mais c'est son fils aîné, l'empereur Pierre Ier, qui est le véritable souverain du pays pendant son règne.

Deuxième fils de la reine Marie Ire et du roi consort Pierre III de Portugal, le futur Jean VI n'est, à l'origine, pas destiné à ceindre la couronne de son pays. Devenu l'héritier du trône en 1788, il doit pourtant assurer la régence peu de temps après, sa mère montrant des signes croissants de folie. Arrivé au pouvoir dans le contexte de la Révolution française, le prince déclare la guerre à Paris en 1793 mais son armée est vaincue et le royaume d'Espagne, avec qui il avait conclu une alliance, ne tarde pas à l'abandonner (1795). De plus en plus isolé internationalement, le futur Jean VI est alors victime de la diplomatie napoléonienne et du double jeu de Madrid, qui profite de la situation pour arracher au Portugal la région d'Olivenza après la « guerre des Oranges » (1801). Les tensions entre Paris et Lisbonne atteignent leur paroxysme en 1807, lorsque la France napoléonienne décide d'envahir le Portugal pour punir les Bragance d'avoir refusé d'appliquer le blocus continental dirigé contre le Royaume-Uni.

Incapable de résister à l'attaque du général Junot, le prince Jean prend la décision de fuir son royaume et de transférer la cour et le gouvernement au Brésil, qui est alors la plus prospère des colonies portugaises. Après plusieurs semaines de tribulations, la famille royale et les 500 à 15 000 personnes qui l'accompagnent (selon les sources) s'installent donc à Rio de Janeiro le . En compagnie de ses conseillers, le régent met rapidement en place une série de réformes qui ouvrent le Brésil au commerce international et le dotent d'institutions stables et modernes.

Après quelques années d'occupation française, le Portugal est définitivement libéré de l'occupant français en 1811 mais Jean refuse toutefois de rentrer en Europe. Le , il proclame au contraire le « Royaume uni de Portugal, du Brésil et des Algarves », ce qui confirme la nouvelle place du Brésil au sein de l'ensemble portugais. Monté sur le trône en 1816, le souverain doit pourtant bientôt affronter l'opposition très vive des Portugais, qui se soulèvent pour obtenir le retour de la famille royale en Europe, et d'une partie des Brésiliens, qui refusent de voir leur pays rétrogradé au rang de simple colonie. Sous la pression populaire, Jean VI et son entourage rentrent donc finalement à Lisbonne le , non sans avoir nommé auparavant le prince Pierre de Portugal régent du Brésil.

En Europe, Jean VI est à la fois victime des luttes de pouvoirs qui opposent libéraux et conservateurs et des conspirations de sa femme, la reine d'origine espagnole Charlotte-Joachime, avec qui il entretient des relations mouvementées depuis le début de son mariage. Il assiste par ailleurs, impuissant, à la montée du nationalisme brésilien et à la proclamation d'indépendance du pays par son propre fils aîné le . Contraint à reconnaître la sécession brésilienne en 1825, Jean VI est néanmoins proclamé empereur titulaire du pays par la même occasion. Six mois plus tard, le souverain s'éteint dans des conditions mystérieuses, sans que sa succession soit réellement assurée, ouvrant ainsi la voie à une longue crise successorale.