Wikipédia:Lumière sur/Jansénisme

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La déroute et la confusion des jansénistes représente la condamnation de l’Augustinus et du mouvement janséniste par la bulle Cum occasione du pape Innocent X (gravure éditée en 1653 par Jean Ganière pour l’Almanach des Jésuites).
La déroute et la confusion des jansénistes représente la condamnation de l’Augustinus et du mouvement janséniste par la bulle Cum occasione du pape Innocent X (gravure éditée en 1653 par Jean Ganière pour l’Almanach des Jésuites).

Le jansénisme est une doctrine théologique à l'origine d'un mouvement religieux, puis politique et philosophique, qui se développe aux XVIIe et XVIIIe siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l'Église catholique et à l'absolutisme royal.

La définition même du jansénisme s’avère problématique, car les jansénistes ont rarement assumé cette appellation, se considérant seulement comme catholiques. Ils possèdent toutefois quelques traits caractéristiques, comme la volonté de s’en tenir strictement à la doctrine de saint Augustin sur la grâce conçue comme la négation de la liberté humaine, pour faire le bien et obtenir le salut. Cela ne serait possible selon eux que par le biais de la grâce divine. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus (jésuites) et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop grand du Saint-Siège. Dès la fin du XVIIe siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes.

Le jansénisme naît au cœur de la Réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornelius Jansen, auteur de son texte fondateur : l’Augustinus, publié de façon posthume à Louvain en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontant à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d'une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle d'Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine.

L’Augustinus provoque de vifs débats, en particulier en France, où cinq propositions prétendument hérétiques sont extraites de l’ouvrage par des docteurs hostiles à l’évêque d’Ypres ; celles-ci sont condamnées en 1653 par le pape. Les défenseurs de Jansenius répliquent en distinguant « le droit et le fait » : les propositions seraient bien hérétiques, mais on ne les retrouverait pas dans l’Augustinus. Ils s’attaquent également à la casuistique jugée laxiste des jésuites, en particulier avec Les Provinciales de Blaise Pascal, lettres fictives défendant leur cause, qui suscitent un large écho dans l’opinion française. Dans le même temps, ayant pour haut lieu l’abbaye de Port-Royal, la spiritualité janséniste se développe et se popularise.

Cependant, considérés comme des ennemis de la monarchie, les jansénistes sont très vite l’objet de l’hostilité du pouvoir royal : Louis XIV et ses successeurs entreprennent contre eux de fortes persécutions. De même, les papes font preuve d’une sévérité grandissante à leur égard, avec notamment la proclamation de la bulle Unigenitus en 1713. Dans ce contexte, le jansénisme se confond au XVIIIe siècle avec la lutte contre l’absolutisme et l’ultramontanisme. Les clercs soutenant la Révolution française et la constitution civile du clergé sont ainsi jansénistes pour une grande part. Toutefois, au XIXe siècle, le jansénisme s’étiole et disparaît, le concile Vatican I mettant un terme définitif à la plupart des débats ayant provoqué son apparition.