Wikipédia:Lumière sur/Françoise-Louise de Warens

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Portrait de Madame de Warens, Paris 1730, peinture à l'huile de Nicolas de Largillière.
Portrait de Madame de Warens, Paris 1730, peinture à l'huile de Nicolas de Largillière.

Françoise-Louise de la Tour, également connue sous les noms de Madame de Warens ou Louise-Françoise-Éléonore de la Tour du Pil, dame de Warens, née le à Vevey, en Suisse, et morte le à Chambéry, alors dans le duché de Savoie, est une aristocrate suisse, manufacturière, prospectrice de filons miniers, épistolière, espionne et libertine.

Après la mort de son père, elle est élevée par ses tantes piétistes au domaine des Bassets, dans un cadre bucolique. Elle y passe une enfance idyllique, qu'elle narrera plus tard à Jean-Jacques Rousseau. À la mort de sa tante Louise, riche héritière, elle est envoyée en pension pour recevoir une éducation soignée. Elle est ensuite mariée par ses tuteurs à l'âge de 14 ans à Sébastien-Isaac de Loys en 1713.

Elle fonde une fabrique de soie et de galettes. En 1726, elle s'enfuit en barque de Vevey pour rallier Évian et se mettre sous la protection du duc de Savoie et roi de Sardaigne Victor-Amédée II. Elle se jette à ses pieds après une révérence à la fin de la messe, ce qui la rend célèbre du jour au lendemain. Devenue catholique et convertisseuse après avoir abjuré sa foi protestante, elle recueille dans son domaine des Charmettes Jean-Jacques Rousseau, alors âgé de 15 ans, qui s'est enfui de Genève. Elle devient sa protectrice durant près de 14 ans, assurant son éducation musicale, littéraire et son avenir. Elle entame une relation amoureuse avec lui en 1732 alors qu'elle est également liée à son secrétaire Claude Anet, qui l'avait suivie dans son exil à Évian. Madame de Warens inspire à Rousseau le personnage de Julie dans son célèbre roman La Nouvelle Héloïse, ainsi que la dixième et ultime lettre de ses Confessions. À la mort de Claude Anet, Rousseau devient son secrétaire.

Elle est, à son arrivée en Savoie, recrutée comme espionne au service du roi de Sardaigne, et mène des missions délicates, dont elle rend compte à Turin. Après avoir dirigé et fait prospérer une ferme agricole, suscitant la jalousie et les tracasseries de ses voisins, elle projette d'établir un jardin botanique royal à Chambéry pour y employer Claude Anet, qui est passionné d'herboristerie. Elle s'engage activement dans les affaires et les projets agricoles tout au long de sa vie. Entre 1747 et 1757, elle fonde des sociétés d'extraction minière et d'export de charbon dans le massif du Mont-Blanc avec son compagnon Jean-Samuel Wintzenried, ainsi qu'une manufacture de poterie.

Le , elle meurt pauvre et ruinée par ses affaires successives dans la poterie et les filons miniers à Chambéry, aux côtés de son homme d'affaires Jean Danel.