Wikipédia:Lumière sur/Affaire de l'Ange blond

Ce « Lumière sur » a été ou sera publié sur la page d'accueil de l'encyclopédie le mercredi 19 octobre 2016.


L'affaire de « l'Ange blond », ou de la petite Maria, a pour point de départ la recherche des parents biologiques d'une fillette blonde repérée par la police grecque dans un camp de Roms, le . Huit jours plus tard, après avoir pris une dimension internationale avec la mise à contribution d'Interpol et l'appel à témoins lancé par « Le Sourire de l'enfant », une association de protection de l'enfance, l'enquête débouchait sur l'identification des parents, Atanas et Sacha Roussev, dans un camp rom de Bulgarie. Tous deux confirmaient avoir confié leur fille peu après sa naissance à Christos Salis et Eleftheria Dimopoulou, le couple auprès duquel elle avait été trouvée. Le , ces derniers étaient acquittés de l'accusation d'enlèvement, faute de preuves. La petite Maria Roussev restait en Grèce, à la garde de l'association.

L'affaire a entrainé des mesures de contrôle dans l'administration grecque, les lacunes de l'état civil ayant été pointées comme l'un des facteurs de la situation de l'enfant. Elle fit surtout l'objet, dans le monde et en particulier en Europe, d'une dizaine de jours de médiatisation intense, avant de disparaitre de l'actualité une fois les parents biologiques retrouvés. Sa couverture médiatique a suscité l'apparition de plusieurs cas similaires à travers le continent, notamment en Irlande où deux autres « anges blonds » furent enlevés à leurs parents roms par les autorités. Elle a été suivie de réactions officielles et associatives visant le plus souvent, à l'instar de celle du commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, à dénoncer les risques de stigmatisation attachés à la diffusion de préjugés fondés sur des stéréotypes.

Fait divers qui vit une enquête policière provoquer un emballement médiatique aussi intense que fugace, l'affaire a donné lieu à des analyses multiples. Celles qui visent à en éclairer le contexte mettent en valeur, selon l'angle choisi, la vulnérabilité des minorités roms devant le trafic d'enfants, le poids particulier des discriminations qu'elles subissent en Grèce, « l'invisibilité officielle » qui les entoure dans l'ensemble de l'Europe ou un climat politique marqué par le durcissement, à l'échelle du continent, des politiques nationales dont elles sont l'objet. Du point de vue du travail social et au regard des intentions policières et associatives en matière de protection de l'enfance, l'affaire apparait comme emblématique des effets pervers inhérents au déclenchement et à l'exploitation d'une « panique morale ». L'analyse de son traitement par les médias fait notamment ressortir la place qu'y ont occupée les représentations sur les Roms, que ce soit dans les facteurs explicatifs de l'engouement médiatique, dans la dramatisation initiale de l'affaire par la presse grecque ou dans les défaillances qualitatives de sa couverture européenne, et à travers la diversité des situations nationales. L'examen de ces représentations conduit à mettre en avant les présupposés raciaux auxquels renvoie l'image de « l'Ange blond » et la nature fantasmatique de celle du Rom voleur d'enfants, qui contraste avec les atteintes concrètes subies par les familles et les communautés roms.