Vincent Cheynet

militant décroissant français

Vincent Cheynet, né en 1966, est un militant décroissant français. Il est le fondateur, en 1999, de l'association et de la revue Casseurs de pub, en 2004 du journal La Décroissance, puis en 2006 du Parti pour la décroissance.

Vincent Cheynet
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Mouvement

Biographie modifier

Parallèlement à des engagements associatifs et politiques (il s'engage à 20 ans chez les Jeunes Démocrates Sociaux), Vincent Cheynet est pendant une dizaine d'années directeur artistique dans une multinationale de la publicité (Publicis Lyon) avant de se retourner contre son ancien métier de publicitaire[1].

En 1999, Vincent Cheynet cofonde avec Bruno Clémentin l'association et la revue Casseurs de pub. En 2004, il crée le journal La Décroissance, le journal de la joie de vivre, mensuel dont il est le rédacteur en chef[2],[3].

En 2002, il écrit, avec Bruno Clémentin, un éditorial dans un numéro de Silence consacré à « la décroissance soutenable et conviviale » inspiré des travaux de Nicholas Georgescu-Roegen. Ce numéro a un retentissement important, Giorgos Kallis (en) et al. le considérant comme le point de départ du mouvement pour la décroissance[4],[5],[6].

Cheynet est régulièrement candidat aux élections législatives dans le département du Rhône entre 1997 et 2012[notes 1],[11]. En 2007, il représente le Parti pour la décroissance qu'il a fondé l'année précédente avec Bruno Clémentin et Yves Scaviner. À la suite d'importantes dissensions internes, les trois cofondateurs quittent le parti et Vincent Cheynet crée le Parti des objecteurs de croissance (POC) en 2010[12],[13].

Pensée modifier

Pour Vincent Cheynet, les sociétés occidentales puisent dans les ressources naturelles, qu'il considère comme un capital commun, en faisant fi du temps nécessaire à leur renouvellement. La croissance mène donc à la faillite par épuisement des ressources (donc du capital) ou par un excès de pollution que la biosphère ne peut résorber[14],[15].

Ainsi, la société capitaliste, dont le fondement est la transgression de toute limite, court à sa perte en étant incapable de s'autolimiter, non seulement dans le domaine économique mais aussi dans la culture ou les mœurs. Selon Vincent Cheynet, nos sociétés étant mues par une « idéologie de l’illimité » qu'il faut concevoir comme un « fait social total », dénoncer la démesure ne doit donc pas se réduire aux dégâts environnementaux qu'elle induit[16],[17].

Vincent Cheyney estime que la décroissance doit rétablir l'être humain dans sa dignité et rejeter une société où il n'est qu'un agent économique dont le bonheur est fonction du produit intérieur brut (PIB). Il résume la décroissance par l'expression « faire moins mais mieux » en sortant de l'économisme afin de mettre plus en avant les autres dimensions de la société[18],[19].

Comme la plupart des partisans de la décroissance, Vincent Cheyney dénonce le concept de développement durable, vue comme un oxymore, qu'il qualifie d'« opération cosmétique » et de « pervertissement total de l’écologie politique » et lui oppose la notion de « décroissance soutenable »[20],[1]. Cheney avance également que la technique et la recherche, en étant soumises à l'économie, ne sont ni neutres ni généreuses[21].

Il met en garde contre une société décroissante qui adviendrait « faute de mieux », par exemple à cause d'une catastrophe car si les crises demandent à prendre des décisions difficiles et favorisent le pouvoir autoritaire, cette forme de décroissance subie risque de faire advenir la dictature. Pour Vincent Cheyney, il est donc indispensable que le mouvement pour la décroissance s'engage en politique. Il s'oppose sur ces points à Serge Latouche pour qui politiser le mouvement ne peut que lui causer du tort ; la décroissance viendra s'imposer d'elle-même face aux catastrophes (pédagogie des catastrophes)[18],[12],[22],[23].

Ouvrages modifier

  • Ubunaesque !, éditions de la Mése, 2003
  • (Codirection) Objectif décroissance, avec Michel Bernard et Bruno Clémentin, éditions Parangon, 2003
  • (Direction) Casseurs de pub, un pavé dans la gueule de la pub, éditions Parangon, 2006
  • (Participation) Pour repolitiser l’écologie, éditions Parangon, 2007
  • Le choc de la décroissance, Seuil, 2008 (ISBN 978-2020-972833)
  • Lyonnais, qui avez-vous élu ?, éditions de la Mése, 2008
  • Décroissance ou décadence, Vierzon, Le Pas de Côté, , 192 p. (ISBN 979-10-92605-03-7)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. 1997, 1re circonscription : 1,45% (494 voix)[7] ; 2002, 2de circonscription : 0,7% (301 voix)[8] ; 2007, 2e circonscription : 1,07% (467 voix)[9] ; 2012, 2de circonscription : 0,01% (5 voix)[10]

Références modifier

  1. a et b « La décroissance en politique », sur ecorev.org, Revue Critique d'Ecologie Politique, (consulté le ).
  2. Laurent Burlet, « L’écologie radicale se déchire : « décroissance de gauche » contre « décroissance de droite » », sur Rue89, (consulté le ).
  3. Eddy Fougier, Les décroissants en France : Un essai de typologie, Paris, Fondation pour l'innovation politique, , 50 p. (ISBN 978-2-36408-262-5, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 14
  4. Timothée Duverger, « La décroissance : histoire d’une idée », sur ehne.fr, Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe, Sorbonne-Université, (consulté le ).
  5. Eddy Fougier 2021, partie II, p. 15.
  6. (en) Giorgos Kallis et Federico Demaria, Introduction to "Degrowth: A Vocabulary for a New Era", , 17 p. (lire en ligne), p. 2.
  7. « Résultats des législatives de 1997 : 1ère circonscription du Rhône », sur politiquemania.com.
  8. « Résultats des législatives de 2002 : 2e circonscription du Rhône », sur politiquemania.com.
  9. « Résultats des législatives de 2007 : 2de circonscription du Rhône », sur politiquemania.com.
  10. « Résultats des législatives de 2012 : 2e circonscription du Rhône », sur politiquemania.com.
  11. Jazz Radio, « Législatives : "Le parti pour la décroissance, une voix discordante plus humaine" », sur LyonMag, (consulté le ).
  12. a et b « Vincent Cheynet : « Pour le libéral, la société est constituée d’un simple agrégat d’individus » », sur Le Comptoir, (consulté le ).
  13. Eddy Fougier 2021, partie V, p. 24.
  14. Hervé Kempf, « Sauver le monde par la « décroissance soutenable » ! », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  15. Eddy Fougier 2021, partie III, p. 17.
  16. Mahaut Herrmann, « "Promouvoir la décroissance, c’est intégrer les limites" », sur La Vie, (consulté le ).
  17. Jean Chamel, Des écologistes face à l’hubris de la modernité : démesure, surmesure et amesure, Lausanne, Université de Lausanne, , 10 p. (lire en ligne), chap. IV (« De la « démesure » à l’« écologie humaine » »).
  18. a et b Vincent Michel, « Vincent Cheynet, figure de proue de la décroissance en France, participe à un débat, ce soir », sur Le Berry républicain, (consulté le ).
  19. François St-Amant, La décroissance : une théorie à contre-courant (mémoire), Montréal, Université du Québec à Montréal, , 139 p. (lire en ligne [PDF]), p. 45.
  20. Assen Slim, « Croissance verte et décroissance : deux visions extrêmes de la durabilité », Actes de la recherche sur le développement durable, Jacqueville (Côte d'Ivoire), Institut universitaire du sud, no 1,‎ , p. 8 (ISSN 2790-0355 et 2790-0347, présentation en ligne, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  21. François St-Amant 2014, p. 50
  22. François St-Amant 2014, p. 52
  23. François St-Amant 2014, p. 6-7