Les villes du Texas sont des communes urbaines qui se trouvent dans le Sud des États-Unis. Elles se sont développées après la Seconde Guerre mondiale comme dans les restes de la Sun Belt, et aujourd'hui les Texans sont majoritairement des citadins (plus de 80 % de la population dans les années 1990[1]). Le réseau urbain du Texas est dominé par trois métropoles de plus d'un million d'habitants (Houston, Dallas et San Antonio), une capitale d'État (Austin) et des centres secondaires comme Austin, Fort Worth et El Paso. Leur prospérité est liée à la croissance économique et aux choix politiques des autorités locales.

L'agglomération de Dallas-Fort Worth, vue de l'espace

Historique modifier

Origines modifier

Quelques dates de fondation :
El Paso 1659
San Antonio 1718
Nacogdoches 1719
Goliad 1747
Laredo 1755
Galveston 1785
Waco 1824
Houston 1836
Austin 1839
Dallas 1841
Brownsville 1848
Fort Worth 1849
Corpus Christi 1852
Plano 1873
Amarillo 1887

Il est difficile d'affirmer que les premières villes ont été fondées par les Amérindiens : les Caddos vivaient dans des villages permanents dans l'est du Texas et sont considérés comme les héritiers de la culture des Mound Builders[1]. Les civilisations de l'ouest maîtrisaient les techniques de l'architecture en adobe et en pierre, mais les traces archéologiques trouvées au Texas sont maigres. En revanche, plusieurs villes du Texas, telles que Waco et Nacogdoches, ont des noms amérindiens.

Les premières villes (pueblos) du Texas furent fondées par les Espagnols, lorsque la région appartenait à la Nouvelle-Espagne. Ces premiers établissements se sont développés autour d'un ranch, d'une mission, d'une place et/ou d'un fort (presidio). Ils étaient constamment menacés par les raids amérindiens. Dans l'une des plus anciennes villes du Texas, San Antonio, les bâtiments politiques, administratifs et religieux s'organisaient autour d'une place (plazza) centrale, comme en Espagne. Dans les années 1820, l'arrivée de colons anglo-américains bouleversa l'urbanisation du Texas. Les nouveaux arrivants vinrent sous l'impulsion des empresarios qui organisaient leur installation. Ces derniers avaient davantage d'autonomie pour la conduite des affaires municipales que les Espagnols[1].

XIXe siècle modifier

Après l'indépendance du Mexique, ces villes continuèrent de jouer leur rôle de gouvernement local. Sous la République du Texas, le congrès commença à transformer le statut des villes : certaines devinrent des incorporated places (lieux incorporés, en anglais) à partir de 1858, selon des seuils de population et parfois d'autres conditions (par exemple, une superficie minimale, une densité de population, un distance minimale avec tout autre endroit incorporé). La charte urbaine n'était alors octroyée que par la législature de l'État, jusqu'à l'amendement à la constitution du Texas de 1912, qui prévoyait une autonomie de décision (en anglais home rule) pour les municipalités, tout en respectant les lois de l'État comme supérieures. Dès 1913, les villes de plus de 5 000 habitants commencèrent à rédiger leurs propres chartes municipales[2]. Ces documents prévoyaient le fonctionnement des institutions municipales. Pour les villes de moins de 5 000 habitants, la législature continue de contrôler le gouvernement municipal. Aujoourd'hui, la plupart de ces municipalités (251 sur 290[2]) fonctionne sur le modèle du council-manager, les autres sur celui du mayor-council.

XXe siècle modifier

Le taux d'urbanisation du Texas augmenta tout au long du XIXe siècle, tout en restant inférieur à celui des États-Unis dans leur ensemble : la population urbaine était de 3,6 % en 1850 et de 17,1 % en 1900[1]. Entre 1880 et 1910, le nombre de villes de plus de 4 000 habitants passa de 7 à 49[1]. Les villes portuaires et desservies par le train furent les principales bénéficiaires de ce dynamisme. Les centres urbains se dotèrent des équipements de base (éclairage, route, égouts, etc.), d'institutions publiques (écoles, bibliothèque, musée, tribunal, police) et de structures économiques (banques, commerces, presse). Dans la première moitié du XXe siècle, les villes texanes furent affectées par les problèmes liés à la ségrégation raciale : émeutes à Houston en 1917 (19 morts), lynchage de Jesse Washington à Waco en 1916.

La croissance urbaine s'accéléra au XXe siècle avec la découverte du pétrole et le développement des industries militaires, chimiques, de pointe et des services : en 1950 le taux d'urbanisation du Texas était de 59,8 % et de 81,6 % en 1990[1]. Il dépasse celui des États-Unis (autour de 78 %). L'aire urbaine de Houston dépassa le million d'habitants en 1954[1]. L'implantation d'universités dans les années 1950-60, puis des technopôles à partir des années 1970, diversifia l'économie des villes et renforça la métropolisation du Texas. À partir des années 1950, les banlieues continuent à s'étendre grâce au réseau autoroutier : les Anglo-Saxons désignent ce phénomène par l'expression urban sprawl (« étalement urbain »). Alors que l'image des villes-centres se détériore auprès des classes moyennes américaines. Les quartiers centraux concentrent les populations pauvres et récemment immigrées.

Description du réseau urbain modifier

  • Le triangle urbain (urban triangle)
  • Les villes-jumelles (twin cities) de la frontière américano-mexicaine : l'entrée en vigueur de l'ALENA a provoqué le développement de la zone frontalière avec le Mexique.

Croissance urbaine modifier

 
Les principales villes du Texas

Quatre aires métropolitaines texanes font partie des dix agglomérations ayant connu la plus forte croissance démographique entre et [3].

Les aires métropolitaines de la Sun Belt se caractérisent en effet par une forte augmentation de leur population : entre et , la population de Dallas-Fort Worth a augmenté de 162 000 habitants, ce qui représente le record du pays[3]. Elle est suivie dans le classement d'Atlanta (151 000), Phoenix (132 000), Houston arrive à la quatrième place, Austin à la huitième place et San Antonio à la dixième[3].

Entre 2000 et 2006, les villes de plus de 100 000 habitants qui ont connu la plus forte croissance au Texas sont McKinney (+97,6 %[4]), Laredo (+ 21,3 %[5]) et Brownsville (+ 21,3 %[6]). Durant la même période, seules trois communes importantes ont perdu des habitants (Beaumont, Abilene et Wichita Falls, voir la carte).

Problématiques urbaines actuelles modifier

Les villes texanes sont confrontées aux mêmes difficultés que les autres villes américaines.

Ghettos modifier

La constitution de quartiers afro-américains comme Fifth Ward à Houston fait partie de l'héritage des années de ségrégation raciale. Aujourd'hui, les barrios sont des quartiers hispaniques qui posent le problème de l'intégration au Texas.

Etalement urbain et environnement modifier

Après 1945, les banlieues résidentielles (suburbs) s'étalent dans la périphérie et accueillent les classes moyennes. Houston figure d'ailleurs parmi les villes américaines qui se sont le plus étendues entre 1970 et 1990[7]. L'habitat des banlieues est généralement pavillonnaire et les densités plutôt faibles (exurbanisation). On y trouve également des services, des centres commerciaux, des bureaux, des industries de pointe et des parcs d'activités dans les edge city. La dissociation entre lieu de travail et lieu de résidence pousse les Texans à se déplacer en voiture, ce qui provoque des embouteillages aux heures de pointe.

L'urbanisation et la multiplication des automobiles après la Seconde Guerre mondiale provoqua d'importants problèmes de pollution. Houston est la ville la plus polluée du pays : une agence de contrôle de la pollution a été créée dès les années 1950. Le canal de Houston reste l'une des voies d'eau les plus polluées du monde, malgré l'installation d'usines de retraitement des eaux installées dans les années 1980[1]. La faune de la baie de Galveston est menacée par les rejets industriels. Les ordures des grandes villes posent également des problèmes.

Revitalisation et gentrification des centres modifier

Abandonnés par les classes moyennes après la Seconde Guerre mondiale, les centres des villes texanes connaissent depuis les années 1990 un certain renouveau. La ville d'Austin a densifié son centre-ville, créé des espaces piétonniers sur le modèle de Vancouver et aménagé des pistes cyclables, notamment autour du lac Lady Bird[8]. La création d'art districts, ces quartiers centraux revitalisés par une politique qui vise à attirer les artistes et les institutions culturelles, porte ses fruits à Houston (Houston Theater District) et à Fort Worth (autour du Bass Performance Hall)[9]. A Dallas, le Deep Ellum, un quartier qui subissait autrefois de graves problèmes sociaux et d’insécurité, est en cours de gentrification et de revitalisation

Listes modifier

Principales villes du Texas modifier

 
Houston
 
San Antonio


Rang au
Texas
Rang aux
États-Unis
Ville Population
de la
commune
Superficie
(km²)
1 4 Houston 2 144 491 1 558
2 7 San Antonio 1 256 509 1 067
3 9 Dallas 1 213 825 997
4 16 Austin 709 893 669
5 19 Fort Worth 624 067 774
6 21 El Paso 609 415 649
7 50 Arlington 362 805 257
8 64 Corpus Christi 283 474 1 192
9 70 Plano 250 096 186
10 86 Garland 216 346 148

Communes urbaines de plus de 100 000 habitants modifier

Liste des villes (city, town) et census-designated place texanes de plus de 100 000 habitants en 2013[10]

 
Dallas
 
Austin
 
El Paso
Rang Population Nom
1 2 195 914 Houston
2 1 409 019 San Antonio
3 1 257 676 Dallas
4 885 400 Austin
5 792 727 Fort Worth
6 674 433 El Paso
7 379 577 Arlington
8 316 381 Corpus Christi
9 274 409 Plano
10 248 142 Laredo
11 239 538 Lubbock
12 234 566 Garland
13 228 653 Irving
14 196 429 Amarillo
15 183 372 Grand Prairie
16 181 860 Brownsville
17 152 735 Pasadena
19 143 484 Mesquite
20 140 717 McAllen
21 137 147 Killeen
22 136 791 Frisco
23 129 030 Waco
24 126 700 Carrollton
25 123 933 Midland
26 123 099 Denton
27 120 099 Abilene
28 117 796 Beaumont
29 110 720 Odessa
30 109 821 Round Rock
31 107 369 The Woodlands
32 104 898 Wichita Falls
33 104 475 Richardson
34 101 074 Lewisville
35 100 223 Tyler
36 100 065 Pearland
37 100 050 College Station

Notes modifier

  1. a b c d e f g et h (en) David G. McComb, « urbanization », sur The Handbook of Texas Online, Texas State Historical Association (consulté le )
  2. a et b (en) Terrell Blodgett, « City government », sur The Handbook of Texas Online, Texas State Historical Association (consulté le )
  3. a b et c (en) Paul J. Weber, « Census: Texas leads in population gains », Associated Press, The Boston Globe, 28-03-2008, [lire en ligne]
  4. (en) « McKinney (city) QuickFacts from the US Census Bureau », sur census.gov via Internet Archive (consulté le ).
  5. (en) « Laredo (city) QuickFacts from the US Census Bureau », sur census.gov via Wikiwix (consulté le ).
  6. (en) « Brownsville (city) QuickFacts from the US Census Bureau », sur census.gov via Wikiwix (consulté le ).
  7. Myron Orfield, American Metropolitics : The New Suburban Reality, Washington DC, Brookings Institution, 2002, p.62
  8. (fr) Bethany Lyttle, « People-Friendly Planning », New York Times (consulté le )
  9. F. Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319), p.446
  10. [www.census.gov/popest/data/cities/totals/2013/index.html]

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Char Miller, Heywood T. Sanders, Urban Texas: Politics and Development, College Station, Texas A&M University Press, 1990.

Articles connexes modifier