Le Vem Pra Rua (en Français : Viens dans la rue) est un mouvement politique et social brésilien fondé en . Le mouvement émerge en réaction à la crise économique brésilienne de 2014, survenue sous la présidence de Dilma Rousseff, afin de fédérer la population face à la corruption politique au Brésil.

Vem Pra Rua
(fr) Viens dans la rue
Image illustrative de l’article Vem Pra Rua
Logotype officiel.
Présentation
Fondateurs Rogerio Chequer, Collin Butterfield
Fondation
Siège Sao Paulo, Brésil
Positionnement Attrape-tout
Idéologie Lutte contre la corruption
Antiautoritarisme
Populisme de droite
Antimilitarisme
Couleurs Jaune et noir
Site web www.vemprarua.net

L'avènement du mouvement modifier

En avril 2015, la possible destitution de Dilma Rousseff secoue le Brésil[1]. Le mouvement Vem Pra Rua émerge en réaction à celle-ci, parmi ses détracteurs. Leur action dans la procédure participe à leur médiatisation et leur expansion à l'échelle nationale.

En 2015 et 2016, Vem Pra Rua et d'autres mouvements de la société civile ont organisé des manifestations dans tout le Brésil contre la corruption, le Parti des travailleurs (Brésil) et le gouvernement de Dilma Rousseff.

La manifestation du 15 mars 2015 a été considérée comme la plus grande mobilisation populaire du pays depuis le début de la Nouvelle République[2],[3]. Le 13 mars 2016, les manifestations ont dépassé le nombre précédent, avec 6,7 millions de personnes dans les rues de tous les États du pays et du District fédéral de Brasilia, selon les organisateurs. La police militaire a affirmé que 3,3 millions de personnes étaient présentes[4]. On parle alors de la plus grande manifestation de l'histoire du pays[5],[6],[7].

Les manifestations du 13 mars se sont poursuivies spontanément entre le 16 et le 22 mars[8],[9],[10],[11],[12],[13]. Les manifestations reprènent le 17 mars, en réaction à la nomination par Roussef de Lula da Silva au ministère de la Casa Civil (pt), dans les 27 États du Brésil dont São Paulo, Rio de Janeiro et Brasilia[14]. Une casserolade a été organisée pour perturber son investiture au Palácio do Planalto[14], qui a ensuite été suspendue par les tribunaux[15],[16],[17].

En 2016, le mouvement a créé un outil sur son site Web, appelé "Carte de la destitution", pour faciliter le contact entre les citoyens pro-destitution et des députés fédéraux[18]. Aussi, il permet la consultation d'une liste répertoriant la position de chaque député sur la destitution[19].

En 2019, le mouvement crée un outil similaire, la "carte de la deuxième instance"[20] qui liste la position de chaque parlemntaire par rapport au PEC, une proposition de loi permettant aux personnes condamnées en seconde instance de commencer immédiatement l'éxecution de leur peine.

Positions modifier

Le mouvement est né durant la procédure de destitution de Dilma Rousseff, en faveur de laquelle il militait. Après cette affaire, le mouvement subsiste dans un combat général contre la corruption au Brésil, le militarisme d'État, le séparatisme et l'autoritarisme[21]. Il devient ainsi un étendard de la lutte contre la corruption nationale.

Durant la pandémie de COVID-19 au Brésil, l'organisation a fait pression sur les parlementaires en vue de l'utilisation des fonds électoraux dans la lutte contre le virus dans le pays[22],[23].

Controverses modifier

Financement modifier

Des critiques furent émises à plusieurs reprises pour son manque de clarté sur la source de son financement, l'identité des donateurs et les montants des dons[24],[25]. Le mouvement lui-même prétend provenir de dons volontaires et n'avoir aucun lien avec les partis politiques[26],[27].

La fondation est contrôlée par l'homme d'affaires Jorge Paulo Lemann, associé de la brasserie Ambev et de la chaîne de restauration rapide Burger King. L'équipe de la BBC Brasil a eu accès au site d'enregistrement vemprarua.org.br, URL officielle utilisée par le mouvement lors des élections, et a révélé que le domaine avait été acheté par la Foundation Studying. Fin 2014, le site Web a été supprimé et Vem Pra Rua a changé son adresse en ligne. Dans un communiqué, la Fundação Estudar s'est qualifiée de "non partisane" et a attribué l'affaire à une "initiative isolée" d'un ancien employé[28].

Identité de ses membres modifier

En décembre 2014, dans une interview avec Estadão, l'un des fondateurs, Rogério Checker, commente le fait que l'identité du cofondateur "Collin Butterfield" est gardée confidentielle, au motif que la personne ne veut pas s'exposer, parce qu'elle collabore avec des entreprises[27],[29].

Non-partisanisme modifier

Le mouvement déclare défendre la cause non partisane de la lutte contre la corruption et l'emprisonnement de personnes corrompues, quel que soit le parti. Il soutient notamment le Lava Jato dans ses actions[30],[31],[32],[33],[34],[35]. Avant la destitution, les actions du groupe visaient le Parti des travailleurs et le gouvernement de Dilma Rousseff[36],[37]. Après la destitution de Dilma Rousseff et l'investiture de Michel Temer, Vem Pra Rua a été critiqué pour sa réaction discrète aux diverses accusations de corruption visant les plus hauts niveaux du gouvernement provisoire[38]. Le mouvement a affirmé, à l'époque, qu'il avait choisi de donner le "bénéfice du doute" au nouveau gouvernement[39], mais a soutenu le départ des ministres du gouvernement Temer impliqués dans Lava Jato[40].

Après l'entrée en fonction du gouvernement Bolsonaro[41] en 2019, le mouvement a maintenu sa posture non partisane, soutenant Lava Jato et la lutte contre la corruption, en particulier après le mea culpa du Tribunal suprême fédéral au sujet de l'arrestation en deuxième instance[42],[43], générant ainsi un revers dans la lutte contre la corruption et l'impunité dans le pays[44],

Membre politique modifier

En mars 2015, une vidéo compromettante de 2013 a été publiée, mettant en scène Armando Fontoura, le leader de Vem Pra Rua dans l'État d'Espírito Santo. On l'aperçoit arriver sur son lieu de travail et repartir sans jamaisctravailler. Il était, au moment des faits, un employé du conseiller Luiz Emanuel (PSDB) au conseil municipal de Vitória, et a été exonéré après la révélation de la fraude[45]. Au moment de la sortie de la vidéo, en plus d'être le chef du mouvement, il était également le secrétaire général du PSDB dans la ville[46]. Ce fait a attiré l'attention du mouvement pour défendre le drapeau contre la corruption[47].

L'intimidation des agents publics modifier

En mai 2015, une vidéo a été publiée dans laquelle le professeur de droit Henrique Quintanilha, l'un des dirigeants de Vem Pra Rua à Bahia, intimide des agents de la circulation qui l'ont condamné à une amende pour s'être garé dans un espace réservé aux handicapés physiques et aux personnes âgées[48],[49]. Dans la vidéo, Quintanilha utilise des cartes et des trafics d'influence avec le maire de Salvador ACM Neto pour intimider les agents afin d'annuler l'amende. Quintanilha est connu pour son militantisme à Vem Pra Rua et dans la lutte contre la corruption, ce qui a conduit à des critiques concernant sa position[50].

Citation dans le "Vaza Jato" modifier

Dans les archives de Vaza Jato, publiées par The Intercept, il est souligné que Deltan Dallagnol a utilisé des groupes politiques pour être l'un de ses porte-parole personnels. L'un de ceux mentionnés est le mouvement Vem Pra Rua[51].

Notes et références modifier

  1. Agencia Brasil (10/10/2016) "Les mouvements lancent une campagne sur les réseaux sociaux en soutien au combat contre la corruption". EBC
  2. Câmara dos Deputados. "le mouvement Vem Pra Rua défend en commission les mesures de lutte contre la corruption".
  3. UOL Brasil (03/2015). http://www1.folha.uol.com.br/poder/2015/03/1603271-paulista-reune-maior-ato-politico-desde-as-diretas-ja-diz-datafolha.shtml
  4. Globo (03/2016). "les manifestations contre Dilma Rousseff se déroulent dans tout le pays"
  5. UOL Brasil. "La plus grande manifestation du Brésil contre Dilma"
  6. Estadao. "Des manifestations dans tous les Etats, supérieures à celles de Mars de l'année dernière"
  7. Globo. "La plus grande manifestation de l'histoire brésilienne"
  8. Globo. "Manifestations contre Lula sur l'avenue Paulista"
  9. UOL Brasil. "8 000 manifestants rassemblées devant le Congrès à Brasilia"
  10. Agencia Brasil (03/2016). "Manifestations sur l'avenue Paulista contre le gouvernement"
  11. Estadao. "Les manifestants pro-destitution installent des tentes sur l'avenue Paulista"
  12. Estado de Minas. "Les manifestants marchent dans les rues de Savassi contre Dilma et Lula"
  13. UOL Brasil. "Les manifestants pro-destitution installent des tentes sur l'avenue Paulista"
  14. a et b Globo. "Les manifestations pour et contre le gouvernement se déroulent dans tout le pays ce jeudi"
  15. Correio Braziliense. "Une nouvelle injonction suspend le mandat de l'ancien président Lula à la Maison Civile"
  16. Correio Braziliense. "Une nouvelle injonction suspend le mandat de l'ancien président Lula à la Maison Civile"
  17. Globo. "Gilmar Mendes suspend la nomination de Lula comme ministre de la Maison Civile"
  18. GZH Brasil. "Le mouvement Vem Pra Rua crée un outil en ligne pour accompagner l'impeachment"
  19. UOL Brasil. "Un groupe anti-Dilma diffuse une liste des députés contre l'impeachment"
  20. Diario Do Poder. "Le Congrès approuve la proposition d'amendement constitutionnel pour la prison en seconde instance"
  21. Vem Pra Rua. "Manifesto"
  22. O Antagonista. "Vem Pra Rua fait pression pour l'utilisation du fond électoral pour la santé"
  23. (pt) « Fundo para Saúde », sur Internet Archive (consulté le ).
  24. « bbc.com/english/noticias/2015/… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  25. UOL Brasil. "Les mouvements anti-gouvernement ne révèlent pas l'origine et le montant de leurs financements"
  26. Vem Pra Rua. "Join"
  27. a et b Estadao. "Le modéré, le radical et l'intervenant"
  28. « bbc.com/portuguese/noticias/20… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  29. El Pais. "Vem Pra Rua : "Les pouvoirs publics sont sourds à la voix de la rue"
  30. Valor. "Vem Pra Rua appelle à de nouvelles manifestations en Juin"
  31. Globo. "Ils manifestent en soutien à l'Opération Lava Jato à Uberlândia"
  32. Ultimo Second. "Manifestation de Vem Pra Rua en soutien au Lava Jato"
  33. Agencia Brasil. "Manifestation à São Paulo en soutien au Lava Jato"
  34. TVS1. "Lava Jato est le patrimoine de notre pays"
  35. Farol de Noticias. "Manifestations de Vem Pra Rua ce 12 décembre en soutien au Lava Jato"
  36. El Pais. "Vem Pra Rua : "les pouvoirs publics sont sourds à la voix de la rue" "
  37. Estado. "La manifestation de dimanche se concentre sur le PT et coupe les discussions avec l'arme à la main"
  38. El Pais. "l'étrange silence des rues"
  39. Gazeta do Povo. "Vem Pra Rua donne le bénéfice du doute à Michel Temer"
  40. Globo. "Les mouvements pro-impeachment réclament le départ de Juca"
  41. Veja. "Jair Bolsonaro devient président du Brésil"
  42. Estadao. "la prison en jugement de seconde instance"
  43. Globo. "A l'ONU, 193 États sur 194 États permettent la prison en 1re ou 2de instance"
  44. Globo. "Explications du Brésil sur la fin de la prison en 2de instance"
  45. Gazeta Online. "Une vidéo montre l'organisateur de Vem pra rua en train de ne rien faire en chambre et partir"
  46. Globo. "Une vidéo montre un leader de Vem Pra Rua ne rien faire en chambre et partir"
  47. Odia. "le leader du mouvement Vem Pra Rua filmé en train de ne rien faire en chambre puis de partir"
  48. UOL Brasil. "Un avocat condamné à une amende menace des agents de Salvador avec le WhatsApp du maire"
  49. Revista Forum. " "J'ai le Whatsapp du maire" : une vidéo montre l'irrespect des places pour personnes âgées"
  50. Revista Forum. "Le professeur d'université pris sur une place de parking pour personnes âgées participe à une manifestation contre la corruption "
  51. The Intercept. "Deltan et Lava Jato utilisent Vem Pra Rua et l'institut Mude comme lobbys pour faire pression sur le Tribunal Suprême Fédéral et le gouvernement"