Utilisateur:WRYSM/Brouillon4

WRYSM/Brouillon4
Description de l'image Kab 1500-1750.png.
Informations générales
Date 1754
Lieu Aït Iraten (Kabylie)
Casus belli Ambition ottomane à soumettre les Aït Iraten et les obliger à payer l'impôt.
Issue

Victoire Kabyle décisive.

Continuation de la propagation de la révolte en Kabylie.
Belligérants
Tribus des Aït Iraten

Tribus des Zouaoua

Régence d'Alger
Commandants
Cheikh es-Sedik Ou Arab Bey Mohammed Ben Ali
Forces en présence
Inconnues Inconnues
Pertes
Inconnues Inconnues

Guerre entre régence d'Alger et les Kabyles

Batailles

La bataille des Aït Iraten ou l'expédition ottomane contre les Aït Iraten est une bataille, qui a opposé, en 1754, les tribus Kabyles des Aït Iraten et leurs alliés, les Zouaoua, contre les troupes de la régence d'Alger et leurs auxiliaires.

Mohammed Ben Ali, surnommé « ed-Debbah », Bey du Titteri, après avoir échoué dans son expédition contre les Aït Betroun des Zouaoua en 1746-7 et dans la représsion de la révolte des Aït Djennad en Kabylie maritime en 1752-3, s'attaqua aux Aït Iraten l'année suivante. Les Aït Iraten, sous le commandement de leur chef, Cheikh Essedik Ouarab, furent aidés par des contingents des guerriers de leurs voisins et alliés, les Zouaoua (Aït Betroun et Aït Mengellet), qui ont ont déjà vaincu les turcs 6-7 ans avant. L'expédition c'est terminée par un échec flagrant pour les turcs, et les Kabyles ont réussi à défendre leur territoire encore une fois[1].

Contexte modifier

Conflit entre la régence et les Kabyles modifier

Le Bey du Titteri, Mohammed, avant de commencer ses campagnes militaires contre les tribus Kabyles au milieu du xviiie siècle, avait marrié la fille du chef Si Ammar Ou Boukhetouch, de la famille des Aït Boukhtouch, fraction des Aït Ou el-Kadi, pour conclure une alliance avec sa famille et garder les tribus sous leur influence, principalement les Aït Iraten et leurs voisins, les Aït Fraoussen, neutres[2].

Après plusieurs campagnes réussies et la soumission de plusieurs confédérations, comme celles des Aït Aïssi, des Igouchdal et des Aït Sedka[3], le Bey s'est attaqué aux Aït Betroun, appartenants aux Zouaoua, mais c'est là que s'arrètent ses succès, et c'était les Kabyles qui sortèrent victorieux cette fois-ci[3].

Peu après la victoire des Zouaoua contre les turcs, ou un an après, les Aït Iraten ont rejoigné le çoff ou parti anti-ottoman, ont renié leur neutralité et ont tenu une asemblée dans le village de Tizra Ouaguemoun, durant lequel ils ont exhérédé les femmes pour défier la régence et ses défénseurs de l'othodoxie islamique, les ulama d'Alger et de Béjaïa[4]. Les Aït Betroun ont fait la même chose l'année suivante chez les Aït Ouacif, puis les Aït Fraoussen en 1752-3, grace à l'initiative des Aït Boukhtouch, qui n'avaient pas autre choix que de se mettre en guerre contre la régence d'Alger.

Les Iflissen Lebhar et les Aït Djennad se révoltèrent peu après l'assemblée des Aït Fraoussen, et étaient soutenus par Si Ammar Ou Boukhtouch, qui combattit avec eux. Les Iflissen Lebhar furent vaincus, mais la marche des troupes turques fut arrétée chez les Aït Djennad, qui combattaient bravement. Le Bey et ses troupes combattaient en retraite, puis il décida à retirer ses troupes sans avoir obtenu aucun résultat. Un an après, le Bey revient avec une armée beaucoup plus nombreuse et puissante. Après avoir vu cette grande armée, les notables des Aït Djennad ont décidé de négocier un arrangement avec le Bey, qui demanda seulement leur neutralité absolue, sans parler d'impôts.

Peu après l'arrangement des Aït Djennad avec les turcs en 1753-4, durant lequel ils ont accepté d'être neutres, la prochaine cible du Bey était la fameuse confédération des Aït Iraten, qui se composait de cinq tribus : Irdjen, Aït Akerma, Aït Ousammer, Aït Oumalou, Aït Aggouacha.

Déroulement modifier

La bataille modifier

En 1753-4, le Bey Mohammed tourna ses armes contres les Aït Iraten, confédération dont la position est centrale en grande Kabylie.

La confédération des Aït Iraten était forte de 4,055 fusils durant la période française[5], et avaient une population de 19,498 habitants en 1862[6], et c'était donc la confédération avec la déuxième plus grande densité de population en Kabylie après les Zouaoua, ou précisément les Aït Betroun, leurs voisins du sud.

Le Bey disposait d'une grande armée avec une artillerie formidable. Il divisa cette armée en six colonnes : la cavalerie des Amraoua occupait la plaine. La colonne de l'extrême droite montait au village de Tizi Rached, et celle de l'extrême gauche à Tala Amara, les deux appartenants aux Aït Akerma. Les trois autres colonnes attaquaient la partie comprise entre les deux villages déja mentionnés. La sixième colonne, celle du Bey, montait vers Agouni Djilban, village important des Aït Oumalou, la tribus la plus à l'est des Aït Iraten[7].

« Où vas-tu, Bey-Mohammed? lui dit un derwich qui menait paître sa vache et la menait à la corde, comme doit faire tout honnête Kabyle qui respecte le bien du voisin. — Là-haut, pour punir des rebelles.Crois-moi, mon frère, rebrousse chemin.Non.Ne monte pas, te dis-je, ou il t'arrivera malheur en plein front[8]. »

Les tribus Kabyles qui appartenaient au çoff (parti) opposé, c'est à dire le parti pro-ottoman, aidèrent les turcs dans cette campagne, parmi ces tribus : les Iflissen Oumellil, Mâatka, Aït Aïssi, Aït Ouaguenoun, Aït Djennad[7].

Le chef des Aït Iraten, Cheikh Ouarab, encouragea les hommes de la tribu à la défénse de leur territoire, en les rappelant les souvenirs de l'indépendence. Des contingents de leurs voisins du sud, les Zouaoua (Aït Betroun et Aït Menguellet), venaient en foule pour la défénse de l'indépendance Kabyle commune[7].

Trois colonnes turques firent jonction au pied d'un chemin qui monte à Ighil Guefri, tandis que la colonne du Bey était encore à Agouni Djilban, mais c'est là que s'arrète l'avancée turque. Selon la tradition orale des Aït Iraten, la colonne du Bey avait 6 frères turcs d'Alger, parmi eux 5 furent tués. Le seul survivant tua le chef de l'expédition, le Bey Mohammed, en lui tirant une balle dans le dos. Après la mort du Bey, les troupes turques abandonèrent l'expédition, à l'exception de 300 hommes. Ils se reformèrent dans la Zmala de Tala Othman dans la rive droite du Sebaou, appartenant aux Amraoua Oufella, tribu makhzen[7].

Les Kabyles les ont poursuivis jusqu'à la rivière, et les turcs renoncèrent à les confronter. Les troupes ottomanes se sont retirées jusqu'à Corso, près de Boumerdès, où ils vont enterrer le Bey sous une coupole. Les Kabyles du camp turc se dispersèrent dans les montagnes et entrèrent chez eux[7]. L'expédition s'est terminée par un échec pour la régence d'Alger, et la montagne des Aït Iraten justifiait une fois encore son glorieux nom de l’Invincible[8].

Conséquences modifier

Après cette victoire des Aït Iraten, la révolte continua, notamment chez les Guechtoula, qui ont détruit le bordj Boghni et tué son caïd turc 2 ou 3 ans après, et chez les Iflissen Oumellil, qui ont réfusé de payer l'impôt en 1767.

Les Aït Iraten et leurs voisins, les Zouaoua, démeurent insoumis et indépendants. Ils ne paient aucun impôt et nommaient leurs propres chefs et la régence ne fera jamais face à eux les armes à la main[9].

Bibliographie modifier

  • Hugh Roberts, Berber Government: The Kabyle Polity in Pre-colonial Algeria, Bloomsbury Academic, 2014, 352 p. (lire en ligne)
  • Nil Robin, La Grande Kabylie sous le régime Turc, Éditions Bouchène, 1998.

Références modifier

  1. (fr) Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs, tome 62, Paris, , 1070 p. (lire en ligne), p. 126
  2. Roberts 2014, p. 268.
  3. a et b Roberts 2014, p. 269.
  4. Roberts 2014, p. 274.
  5. (fr) Charles Devaux, Les Kebaïles du Djerdjera: études nouvelles sur les pays vulgairement appelés la Grande Kabylie, Paris, Camoin Frères, , 468 p. (lire en ligne), p. 246
  6. Adolphe Hanoteau et Aristide Letourneux, La Kabylie et les coutumes kabyles, Volume 1, Paris, Imprimerie impériale, , 512 p. (lire en ligne), p. 271
  7. a b c d et e Charles Brosselard, Les inscriptions arabes de Tlemcen, Volume 1, (lire en ligne), p. 235-6
  8. a et b (fr) Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs, tome 62, Paris, , 1070 p. (lire en ligne), p. 126
  9. Robin 1998, p. 49.