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Clemens Heller
Portrait de Clemens Heller
Clemens Heller
Biographie
Nationalité Etasunienne
Thématique
Formation Oberlin College, université Case Western Reserve, université d'État de l'Ohio, université de Pennsylvanie, université Tufts, université Harvard
Distinctions officier de la Légion d'honneur, officier des Palmes académiques, commandeur de l'ordre du Mérite de la république de Pologne

Clemens Heller, Franz Max Ludwig Melchior de ses autres prénoms, est un administrateur de la recherche étasunien. Né le à Vienne (Autriche) et mort le à Lausanne (Suisse), il se forme en histoire de l'économie avant de se vouer presque exclusivement à l'organisation et l'administration de la recherche en sciences de l'humain et de la société. Il fonde le Séminaire de Salzbourg, crée avec Fernand Braudel la Fondation Maison des sciences de l'homme (Paris), et fonde la Maison Suger (Paris).

Biographie

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Jeunesse

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Clemens Heller naît le 6 juillet 1917[1] de Hugo Heller – marchand d'art, éditeur, directeur d'une agence de concerts – et Hedwig Theresia Heller née Neumayr – issue d'une famille de géologues et paléontologues qui, devenue veuve, repris l'agence de concerts à son compte – Clemens Heller grandit ainsi à Vienne dans un milieu d'intellectuels et d'artistes. Il obtient son diplôme de Maturité (Matura) en 1936. L'année suivante, face à la montée du nazisme, il quitte l'Autriche pour les Etats-Unis.

Il y poursuit ses études, y acquiert un Baccalauréat ès Arts ("Bachelor of Arts") d'Oberlin College en 1940. Inscrit en même temps à l'école de bibliothéconomie de l' université Western Reserve (1940-1941) et à l'université d'État de l'Ohio (1940-1942), il obtient de cette dernière sa Maîtrise ès Arts (Master of Arts) en 1942. Boursier à l'université de Pennsylvanie (1942-1943) puis à l'Ecole de droit et diplomatie Fletcher de l'université Tufts (1944-1945) et enfin à l'université Harvard (1945-1947), il passe auprès de cette dernière l'examen oral de doctorat (Ph.D.) en 1947.

Né Autrichien, Heller prend la nationalité étasunienne dans les années quarante[note 1] et n'en changera plus.

Le Séminaire de Salzbourg

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A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors qu'il est encore doctorant à Harvard, Clemens Heller crée le Séminaire de Salzbourg en études américaines (Salzburg Seminar in American Studies) avec Scott Elledge et Richard Campbell, eux aussi étudiants à Harvard. Ce séminaire, souvent appelé "le Plan Marshall de l'esprit"[2],[3],[4], visait à « rassembler des étudiants de tout le continent européen ravagé par la guerre, dans le but de renouveler le dialogue intellectuel entre des individus divisés par le totalitarisme et la guerre »[5] (Dr. Timothy W. Ryback, directeur du Séminaire de 1997 à 2007).

L'université Harvard refusant de financer ce projet qu'elle considère irréaliste, Heller obtient alors du Conseil des Etudiants de Harvard d'en assurer le financement[6]. Par ailleurs, il convainc Helene Thimig, veuve du metteur en scène Max Reinhardt, de mettre à disposition du Séminaire le château de Leopoldskron[7] à Salzbourg. Le Séminaire de Salzbourg peut ainsi tenir sa première session en été 1947, avec des personnalités telles que l'anthropologue Margaret Mead, l'économiste Wassily Leontief (Prix Nobel 1973), et l'historien Francis Otto Matthiessen.

Trois officiers des services de contre-espionnage étasuniens, qui visitent le Séminaire en 1947, estiment que plusieurs enseignants, dont Clemens Heller, se montrent indûment critiques de la politique étrangère des Etats-Unis. En conséquence, le gouvernement militaire étasunien en Autriche interdit à Heller de revenir en Autriche en 1948[8]. Celui-ci démissionne alors de sa fonction de Directeur du Séminaire afin d'assurer la pérennité de ce dernier.

L'Ecole Pratique des Hautes Etudes

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Clemens Heller s'installe à Paris en 1949; il y fera tout le reste de sa carrière. En 1950, il rencontre les historiens Fernand Braudel et Lucien Febvre, alors animateurs de la toute récente VIème section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (maintenant Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales). Il y est alors personnellement chargé du développement des aires culturelles, et apporte une forte ouverture internationale, concentrant ses efforts sur la Chine, l'URSS et le monde russe, l'Inde et l'Asie du Sud-Est, ainsi que l'Afrique subsaharienne[9]. Il y enseigne l'histoire de l'usure et des problèmes de crédit au Moyen-Âge et dans l'Antiquité (1953-1954).

Dans les années cinquante, les Heller reçoivent dans leur appartement de la rue Vaneau selon la tradition des salons parisiens, accueillant des anthropologues comme Margaret Mead, Claude Lévi-Strauss et Wilton S. Dillon; des historiens tels Fernand Braudel, Lucien Febvre, Maurice Garden, Maurice Aymard, Marcin Kula et Léon Kominsky; ou des écrivains tels Marcel Jouhandeau, Ernst Jünger, Jean Paulhan et Pierre Drieu la Rochelle.

La Fondation Maison des sciences de l'homme

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Au début des années soixante, Fernand Braudel et Clemens Heller créent la Fondation Maison des Sciences de l'Homme (initialement appelée Maison des Sciences de l'Homme). En 1965, la Fondation Ford y apporte un soutien important qui permet la mise en route de l'institution.

Clemens Heller en organise alors le développement selon deux axes essentiels : la constitution de groupes et de réseaux expérimentaux travaillant à tester des hypothèses nouvelles, et l'internationalisation de la recherche en sciences sociales. Il met en place des réseaux européens, et lance des programmes en direction de l'Inde, du Brésil, de l'URSS-Russie et de la Chine.

Heller développe la Fondation Maison des Sciences de l'Homme en tant qu'administrateur-adjoint aux côtés de Fernand Braudel, dont il prend la succession en tant qu'administrateur général au décès de celui-ci en 1985[10]. Il se retire lui-même en 1992 pour des raisons de santé.

La Maison Suger

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En 1990, Clemens Heller crée la Maison Suger, centre international d'accueil et de coopération hébergeant des chercheurs de toutes disciplines et nationalités invités par la Fondation Maison des Sciences de l'Homme et d'autres institutions de recherche.

Située dans le Quartier Latin, centre historique de Paris, la Maison Suger offre aux chercheurs étrangers en sciences humaines et sociales devant séjourner à Paris pour des durées prolongées, un environnement de travail et de vie adapté à leurs besoins. C'est là que se rencontrent chaque année entre 200 et 250 chercheurs étrangers dont les travaux font appel à tout l'éventail des disciplines des sciences humaines et sociales.

Vie privée

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En 1948, Clemens Heller épouse Mathilda Coster Mortimer[11] (1925-1997), née à Genève et élevée en France, et ayant étudié la philosophie à Harvard. De leur mariage naissent trois fils: Michel (1949- ), Yvon (1949- ), et Alexis (1953-1974). Heller et Mortimer divorcent en 1961.

En 1965, il épouse Marie-Louise Dufour (1932- ), née et élevée à Lausanne, éditrice à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (VIème section), puis par la suite fondatrice du Centre Inter-institutionnel pour la Diffusion d'ouvrages de recherche en sciences humaines.

En 1992, suite à un accident vasculaire-cérébral, Clemens Heller prend sa retraite. Il s'établit à Lausanne, où il s'éteint en 2002. Il repose au cimetière du Bois-de-Vaux.

Fonctions

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  • 1946-1948 – Salzburg Seminar for American Studies, Directeur exécutif
  • 1952-1985 – Ecole Pratique des Hautes Etudes (VIème section), Chargé de Conférences (1952-1956) puis Sous-Directeur (1956-1970) puis Directeur (1971-1985)
  • 1959-1969 – UNESCO, expert auprès de l'Institut des sciences sociales d'Athènes (1959-1960) puis Secrétaire-adjoint du Conseil international des sciences sociales (1961-1969)
  • 1962-1992 – Revue Social Science Information - Information sur les sciences sociales, Fondateur et Directeur
  • 1965-1992 – Fondation Maison des Sciences de l'Homme, Administrateur-adjoint (1965-1985) puis Administrateur général (1985-1992)

Distinctions

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  1. Date exacte inconnue

Références

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  1. Selon acte de naissance (Geburtsurkunde) n° 1917/298/416 dans le registre de la paroisse évangélique de Vienne centre ville (Wien - Innere Stadt)
  2. (en) « Clemens Heller — Founder of the "Marshall Plan of the Mind" », sur http://www.salzburgglobal.org (consulté le ), reproduction de l'article paru dans le volume 55 (septembre/octobre 2002) de l'Austrian Press & Information Service – Washington, D.C., qui était originellement à http://www.austria.org/sep02/heller.shtml
  3. (en-US) Paul Lewis, « Clemens Heller, 85, Founder Of Postwar Salzburg Seminar », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  4. (de) Wolf Lepenies, « Das müssen Sie lesen! », Die Welt,‎ (ISSN 0173-8437, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Timothy W. Ryback, « The Salzburg Seminar- A Community of Fellows », sur http://www.salzburgglobal.org (consulté le )
  6. Larissa K. Vigue, « Common ground », sur www.vermontguides.com (consulté le )
  7. Johannes Hofinger, « Max Reinhardts Schloss Leopoldskron - Beutegut der Nationalsozialisten », sur david.juden.at (consulté le )
  8. (en) « AMG Bans Heller From Austria and Salzburg Seminar », sur www.thecrimson.com (consulté le )
  9. Maurice Aymard et Jacques Revel, « Mort de Clemens Heller, ancien administrateur de la Maison des sciences de l'homme », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  10. (de) Henning Ritter, « Maître Maison », Frankfurter Allgemeine,‎ (ISSN 0174-4909, lire en ligne, consulté le ) (article payant)
  11. (en-US) « Mathilda, Dowager Duchess of Argyll, Dies at 70 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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{{DEFAULTSORT:Braudel, Fernand}} [[Catégorie:Naissance en juillet 1917]] [[Catégorie:Naissance en Autriche]] [[Catégorie:Officier de la Légion d'honneur]] [[Catégorie:Officier des Palmes académiques]] [[Catégorie:Décès en août 2002]] [[Catégorie:Décès en Suisse]] [[Catégorie:Décès à 85 ans]]