Utilisateur:Sammyday/Les Pardaillan

Les Pardaillan est une série de 10 romans populaires, écrite par Michel Zévaco. Il sont parus tout d'abord sous la forme d'un feuilleton dans Le Matin.

Parution modifier

Les livres sont les suivants :

  • Les Pardaillan[1](1907 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, #23)
  • L’Épopée d’Amour (1907 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, #24)
  • La Fausta (1908 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, #36)
  • Fausta vaincue (1908 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, #37)
  • Pardaillan et Fausta (1913 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, #102)
  • Les Amours du Chico (1913 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, #103)
  • Le Fils de Pardaillan (1916 — Tallandier, Le Livre national, Les romans héroïques, #90 — et #90bis pour l'édition 1925)
  • Le Trésor de Fausta[2]
  • La Fin de Pardaillan (1926 — Tallandier, Le Livre national, #551)
  • La Fin de Fausta (1926 — Tallandier, Le Livre national, #552)

Les deux derniers livres parurent de façon posthume.

Histoire modifier

Les histoires de la série sont toujours coupées en deux livres, et entre chaque histoire peut se dérouler un certain laps de temps. Seuls quelques personnages principaux suivent d'une histoire à l'autre. Il s’appelait Pardaillan, ou plutôt le chevalier de Pardaillan. Il était d’une vieille famille de l’Armagnac, qui, au XIIIe siècle, acquit la seigneurie de Gondrin, près Condom. Cette famille se divisa en deux branches. La branche aînée fournit à l’histoire quelques noms connus : une de ces descendantes fut la célèbre Montespan ; le duc d’Antin, qui a donné son nom à un quartier de Paris, descendait donc de cette branche dont un autre rameau se rattacha plus tard à la famille de Comminges.

  • Début : 26 avril 1553

Ce vaste cycle commence le 26 avril 1553, sous le règne de Henri II, se poursuit sous François II, Charles IX et Henri III (les trois fils de Catherine de Médicis), puis sous Henri IV, pour se terminer en 1614 sous la régence de Marie de Médicis alors que le jeune Louis XIII a 13 ans. C’est une période troublée, rythmée par les haines (guerres de religions, Saint-Bathélémy, assassinat du duc de Guise…) pendant laquelle Pardaillan, héros généreux et séduisant, qui vend son épée au plus offrant et déjoue tous les complots, va mener une lutte sans merci contre la belle princesse Fausta, descendante des Borgia. Après avoir connu l’amour (ils ont un fils ensemble) ils ne connaîtront que la guerre. A la fin, Fausta et Pardaillan entrent dans un caveau empli de poudre : « Presque aussitôt après, ce fut comme un formidable coup de tonnerre… Le sol trembla, les murs craquèrent. Puis un pétillement, un crépitement, une énorme colonne de feu. Et tout flamba, tout sauta, tout croula. » Pardaillan est-il mort ? « Non, Pardaillan le chevaleresque, le preux des preux, Pardaillan n’est pas mort !… Et, un beau jour, au moment où nous nous y attendrons le moins, nous le verrons paraître parmi nous, de retour de quelque lointaine et épique chevauchée !… »

Dans ce cycle considérable, qui débute en 1553, pendant le règne de Henri II et s’achève en 1614, lors de la Régence de Marie de Médicis, les aventures mouvementées ne cessent de rencontrer l’Histoire. Comme chez Dumas, l’auteur cherche moins à décrire une époque ou des événements historiques sous forme romancée qu’à transformer l’Histoire en roman. Aussi les grands hommes se transforment en personnages de feuilleton, figures stéréotypées animées selon les cas par des passions nobles ou viles. C’est ainsi que défilent les grandes figures de l’Histoire, Catherine de Médicis, Henri IV, Louis XIII ou le pape Sixte Quint, qui deviennent autant d’incarnations des grandeurs ou des bassesses humaines. Les grands hommes semblent en effet toujours mus par leurs passions, et les complots obéissent essentiellement à des haines privées. Au milieu de ces rivalités évolue le chevalier de Pardaillan, vendant son épée au plus offrant mais obéissant toujours au code de l’honneur, sorte de chevalier errant perdu dans les affaires de cour. Mais l’action « historique » du héros (assassinat du duc de Guise, défense de Louis XIII contre les intrigues de Concini…) se déplace la plupart du temps sur le terrain de l’affrontement privé : ses ennemis historiques importent moins que celle à laquelle il s’oppose inlassablement, Fausta, méchante au nom transparent (de Faust, elle possède essentiellement le caractère satanique) et à la lignée maudite (elle descend de Lucrèce Borgia). Ici se retrouve le trait caractéristique du roman-feuilleton qui veut que les grands événements n’obéissent qu’aux machinations de quelques-uns, et Fausta s’inscrit dans la tradition des méchants très méchants, les jésuites d’Eugène Sue, le Docteur Cornélius de Gustave Le Rouge ou Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Mais alors que bien souvent, dans ce type de récit, le méchant, facteur de désordre, évoque plutôt l’anarchiste (et parfois y renvoie explicitement, comme dans les Trente-Neuf marches de John Buchan) et le héros l’ordre bourgeois à restaurer (y compris chez Eugène Sue dont on connaît pourtant les opinions socialistes), Zévaco oppose à une Fausta avide de pouvoir (ne vise-t-elle pas la papauté ou la royauté), un Pardaillan individualiste qui se fait son propre maître (Zévaco n'imagine-t-il pas que Cervantes trouva en lui le modèle de Don Quichotte?) et raille volontiers les pouvoirs, et qui choisit sa cause en fonction des valeurs qui lui sont chères – le panache toujours.

De Charles IX à Louis XIII, de la Saint-Barthélemy à la chute de Concini, les aventures du chevalier de Pardaillan coïncident avec les événements de plus d'un demi-siècle de notre histoire. Les destinées entrecroisées ou parallèles des rois et des reines, reîtres ou truands, aubergistes ou marchandes de fleurs illustrent cette idée que l'Histoire n'est que la somme de tous les destins individuels, des plus prestigieux aux plus obscurs, des plus nobles aux plus vils, et que le hasard est le seul maître de tout. Michel Zévaco sème ainsi les rencontres sur les routes de son héros. Catherine de Médicis, Henri IV, Philippe II d'Espagne, Sixte Quint, Cervantès. Il imagine avec logique et poésie des personnages bien vivants : Loïse de Montmorency, Ruggieri l'astrologue, le nain Chico, les truands repentis comme Picouic et son inséparable Escargasse. Sans oublier, aux côtés de Pardaillan, la belle et ambitieuse Fausta, princesse Borgia, qui, séduite, deviendra tour à tour maîtresse et ennemie mortelle. Sur fond de guerres civiles impitoyables où s'opposent les ambitions autour du trône de France, Zévaco fait revivre intrigues, complots, fêtes royales et princières, processions et audiences, mais aussi scènes de rue et d'intimité avec une sensibilité et un humour étonnants.

Présentation de l'éditeur Michel Zévaco fait partie de ces romanciers prolifiques qui succédèrent, dans les " rez-dechaussée" des journaux, à Alexandre Dumas, à Balzac et à Victor Hugo. Il est d'ailleurs l'un des derniers à avoir parfaitement réussi cette double carrière de feuilletoniste et de romancier populaire. Combattant exemplaire, intrépide, inflexible, Zévaco, dans Les Pardaillan, fait surgir la figure du héros dont chaque génération éprouve le besoin. Pardaillan est un être d'exception. Mais, loin d'être un surhomme, il est dépourvu de toute-puissance mystérieuse. Car Pardaillan a peur, il commet des erreurs, ne gagne pas toujours ; il vieillit, fatigué parfois de défendre les bonnes causes. Mais, pardessus tout, il sait rester humain... Lecture facile sans doute, parfois d'une complexité et d'une étendue surprenante, cette "geste" du chevalier de Pardaillan est de celles que l'on dévore sans voir passer les heures, pour retrouver, confus et enthousiaste, le bouillonnement d'une époque traversée par la générosité d'un héros qui a désormais sa place aux côtés de d'Artagnan et de Cyrano de Bergerac.

/Premier cycle modifier

Deuxième cycle modifier

L'histoire commence donc sur les chapeaux de roues ou plutôt en plein galop par la fuite peu glorieuse d'Henri III chassé de Paris. Il croise sur sa route un certain Charles d'Angoulème, bâtard de son frère le roi Charles IX qui se rend à Paris pour demander des comptes à ceux qu'il juge responsables de la mort de son papa à commencer par Henri III son oncle. Mais bon, il en veut aussi à Catherine sa grand mère et au Duc de Guise. Il est accompagné d'un homme que les lecteurs attendent avec impatience, Le chevalier de Pardaillan qui a pris quelques années de plus. Le chevalier escorte Charles à Paris pour veiller sur lui à la demande de sa mère Marie Doucet à qui il doit la vie et pour retrouver un certain Maurepas et venger la mort de l'amour de sa vie.Charles a une autre raison de venir à Paris. Il est amoureux, d'une jolie bohémienne Violetta. Or Le duc de Guise est lui aussi sous le charme de la jeune fille. Il est à ce point obsédé par elle qu'il en oublie la conspiration qui fera de lui le roi de France. Autant dire que Violetta est devenue une gêne pour le complot politique qui se trame et pour celle qui en est l'âme et l'instigatrice, la mystérieuse Fausta.

Voici donc mes deux épisodes préférés. Pourquoi ? Parce qu'entre en scène, Le Personnage le plus charismatique de la série : Fausta. La princesse Fausta Borgia va devenir l'adversaire acharné de Pardaillan tout en étant follement amoureuse de lui (ils auront du reste une brève liaison qui s'achèvera quand elle tentera de le tuer sans succès). Fausta est d'une beauté hypnotique, suprêmement intelligente et d'une ambition sans borne. Aucun grand méchant ne peut la dépasser dans son désir de gouverner le monde Voilà quand même une femme qui se donne le titre de Papesse rien de moins et souhaite renverser le Pape pou régner sur la chrétienté toute entière et qui en prime se verrait bien avec la couronne de reine de France histoire d'en rajouter une couche dans l'ascension sociale. Sans scrupule, riche comme ça n'est pas permis, sublime même dans la défaite. Elle est grandiose. Pour vous dire à quel point elle peut être génialissime dans ses oeuvres maléfiques : la petite Violetta la gêne soit. Bon, n'importe quel grand vilain aurait chargé un second couteau de lui arranger un accident fatal et bon débarras. Ben non ! Fausta elle, elle s'arrange pour que le père adoptif de sa victime, exerçant le métier de bourreau, se charge de la besogne en organisant une petite pendaison et comme ça ne marche pas, qu'à cela ne tienne,on passe à la crucifixion dans un couvent. Si ça c'est pas fabuleux hein ? Avouez qu'elle en jette un peu plus que la blondinette légèrement cruche dont s'était épris notre chevalier ? Lequel chevalier joue ici le rôle de protecteur des amoureux, en veillant avec bienveillance sur Charles qui est quand même duc et sa Violetta (qui elle même est de haute naissance comme on finit par l'apprendre). Durant tout le reste de la saga, il continuera à jouer ce rôle qui lui va si bien. Plus mature et le cerveau enfin désenglué de sa guimauve sentimentale depuis la mort de Loÿse, il poursuit son assassin avec froideur et détermination et tente d'empêcher le duc de Guise de s'assoir sur le trône de France. A mon humble avis, ce sont les deux meilleurs romans de la série. Seul bémol qui m'amuse quand même. Alors que l'existence d'une papesse occulte cherchant à favoriser la montée de Guise sur le trône est soi disant un secret bien gardé, c'est fou le nombre de gens qui connaissent Fausta et ce qu'elle représente, ou qui ont entendu parler d'elle, ou qui connaissent quelqu'un qui connaît quelqu'un qui...bref, apparemment tout le monde est au courant quoi.

Dans le prochain épisode, on voyage en Espagne et on retrouve le duo de choc Pardaillan/Fausta toujours adversaires et prêts à s'affronter encore une fois.

Sauvés in extremis de la mort horrible imaginée par Ruggieri, l'astrologue et amant de Catherine de Médicis, les Pardaillan se sont retrouvés dans un Paris à feu et à sang, le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy. Après des combats héroïques contre les massacreurs, Jean de Pardaillan, François de Montmorency, sa femme et sa fille sont enfin arrivés au château de Montmorency, hélas ! sans le vieux Pardaillan mort en chemin d'un coup de pistolet dans le dos. Jean a épousé Loïse, mais elle meurt empoisonnée. Jean jure de ne lui survivre que pour la venger. 1588. Henri III qui a succédé à Charles IX est en fuite. Le chevalier de Pardaillan est de retour à Paris... où l'attendent ses ennemis, dont le puissant duc de Guise, auxquels il faut ajouter maintenant la princesse Fausta Borgia. Superbe créature implacable qu'aucun crime n'arrête si cela peut servir ses ambitions grandioses, Fausta, malheureusement pour le chevalier, s'est éprise de lui au premier regard...

Passions, drames, histoire haute en couleur, Les Aventures du chevalier de Pardaillan forment un cycle palpitant de romans de cape et d'épée qui a obtenu, dès sa parution en feuilleton, un succès considérable. Nous sommes en 1573. Jean de Kervilliers, devenu monseigneur l'évêque prince Farnèse, fait arrêter Léonore, sa maîtresse, fille du baron de Montaigues, supplicié pendant la Saint Barthélémy. Alors que le bourreau lui passe la corde au coup, elle accouche d'une petite fille. Graciée par le Prévôt, elle est emmenée sans connaissance vers la prison. Devant les yeux du prince Farnèse torturé par la situation, le voilà père et cependant homme d'église, la petite Violette est emportée par maître Claude, le bourreau... (Source Ebooksgratuits.com)

« Pardaillan, tu vas mourir... Non parce que tu t'es dressé devant ma puissance... Tu vas mourir parce que je t'aime ! » La fantastique procession de la Sainte-Ligue est arrivée à Chartres où s'est réfugié Henri III. C'est dans cette ville que le moine Jacques Clément, armé par Fausta, doit assassiner le roi de France pour permettre au duc de Guise de monter sur le trôné. Mais le moine ne frappe pas. Tout était si bien réglé qu'il avait fallu quelque miracle pour sauver Henri III ! Ce miracle, c'est le chevalier de Pardaillan, qui se retrouve face à face avec Fausta. Vivant ! Bouleversée, Fausta fait alors à Jean de Pardaillan des propositions enflammées... qu'il repousse une fois de plus. Jean aime toujours Loïse, morte il y a seize ans... et quelques vieilles dettes à liquider le réclament. Bien que folle de rage, Fausta murmure froidement : « Soit !... la lutte continue ! En fin de compte, la victoire doit me rester. Et, pour commencer... » Passions, drames, histoire haute en couleur, Les Aventures du chevalier de Pardaillan forment un cycle palpitant de romans de cape et d'épée qui a obtenu, dès sa parution en feuilleton, un succès considérable.

Troisième cycle modifier

Au début on retrouve Fausta emprisonnée sur ordre du pape et sur le point d'être exécutée. Mais celle-ci a l'intention de mettre fin à ses jours avant que le bourreau s'en charge. Seul problème : elle est enceinte (devinez de qui ?). Un sursis lui est accordé. Un joli bébé (un garçon) vient au monde aussitôt envoyé en France en sécurité avec une servante fidèle. Maintenant Fausta peut mettre son suicide à exécution. Pas de bol, un représentant de l'inquisition lui sauve la vie et lui propose une mission diplomatique en Espagne : apporter au roi Philippe une lettre de feu Henri III roi de France dans laquelle il lui lègue le trône de France. Mais, bien entendu, il y a des fuites et le roi de Navarre futur Henri IV est mis au courant de la fameuse missive et cela n'arrange pas ses affaires du tout. Il demande à son ami le chevalier de Pardaillan de récupérer la lettre avant que le roi Philippe ne l'ait en sa possession.

Voilà, avec tout ça, on va assister à du grand spectacle, des intrigues tordues, des tentatives de meurtres, des entrevues diplomatiques pleines de pièges et de calculs politiques pas très jolis. Mais j'ai moins accroché que les autres tomes. Je trouve que l'auteur en fait trop question couleur locale et ça ne passe pas. Après ça, il y a de bons passages notamment sur l'inquisition espagnole et les jésuites avec des coups tordus mais vraiment tordus et puis notre chevalier est toujours là pour protéger les petits jeunes qui s'aiment c'est son rôle. Ses rencontres explosives avec Fausta valent le détour. Seulement, il manque le côté léger des premiers tomes. L'atmosphère y est plus plombante. Sans compter le côté pas très crédible de l'ambiance de terreur qui règne sur l'Espagne. En l'honneur du roi, on va brûler des hététiques, bon, et vu comme c'est annoncé dans le livre, cela va être une hécatombe, un vrai massacre. Ben en fait, sept petit bûchers flambent sur toute la durée du roman et je ne crois pas qu'on renouvelle le stock d'hérétiques à chaque fois. Pour un truc terrifiant, sinistre, et glauque, ben on a vu mieux. Cela dit la suite est plus intéressante mais je vous en reparlerai le 1er octobre pour les derniers épisodes de la saga de l'été.

Lagardère... Pardaillan... noms qui son¬nent clair, symboles de panache et d'honneur, héros impétueux qui ont assuré à Paul Féval et à Michel Zévaco l'immortalité... Mignon... La porteuse de pain... héroïnes sensibles et émouvantes de romans d'amour et d'action dont le succès ne s'est jamais ralenti et qui ont fait la gloire de Michel Marphy et de Xavier de Montépin... Le Capitan... Le Masque de Fer... Rocam¬bole... Mandrin... héros de légende, héros ayant vécu, aventuriers, redresseurs de tort ou bandits de grand chemin, tous revivent et exaltent sous la plume de Ponson du Terrail, Jules de Grandpré, Edmond Ladoucette et autres romanciers de grand talent qui retracent leur vie tumultueuse avec maestria et aussi sensibilité. Et ces héros ne sont que quelques-uns parmi les innombrables et truculents per¬sonnages que l'on retrouve dans les grands romans de cape et d'épée, d'amour et d'action que, chaque mois, la grande collection Les Chefs-d'oeuvre du roman sélectionne avec le plus grand soin pour ses fidèles lecteurs, amateurs de livres vivants et passionnants.

Quatrième cycle modifier

Donc, si vous vous souvenez, Fausta a eu un fils avec son ennemi juré le chevalier de Pardaillan, lequel apprend son existence dans les épisodes précédents. Mais revenons, des années plus tard à Paris où l'histoire se répète, car un jeune homme sans le sou et aventurier tombe amoureux d'une jolie blonde à sa fenêtre. Il s'appelle Jehan le brave et sa dulcinée Bertille est convoitée par le roi (qui ignore qu'il s'agit de sa fille naturelle) et d'un certain Concini. Mais cela n'arrête pas l'épée de Jehan qui est prêt à en découdre avec le roi en personne pour sauver l'honneur de sa belle. Après une première rencontre mouvementée entre Pardaillan et Jehan, c'est de suite une belle amitié qui s'installe et plus tard un sentiment filial puisque oui, comme vous vous en doutez, Jehan est bien le fils de Pardaillan et Fausta qui avait disparu, enlevé par un sinistre individu désireux d'en faire un criminel qui mourra sur l'échafaud.

Voilà, c'est reparti au quart de tour et tout de suite, c'est mieux. L'ambiance est plus virevoltante et les situations rocambolesques plus délirantes que jamais. Car, bien entendu, on complote contre la vie du roi, il y a des duels, des emprisonnements, Bertille (tout de même moins niaise que Loÿse) se fera enlevée mais que l'on se rassure, tout finira par s'arranger à la fin puisque notre couple d'amoureux pourront se marier avec la bénédiction royale et une couronne de marquis dans la corbeille du mariage pour le fils de Pardaillan.

Mais la grosse affaire de ce tome, c'est le trésor de Fausta. Rappelez vous, qu'elle a caché un petit pécule de côté pour subvenir au besoin de son fils, une bagatelle pour une femme aussi richissime : à peine dix petits millions en pièce d'or cachés quelque part dans Paris. Et pour le coup, tout le monde veut mettre la main sur le magot et spolier de son héritage le fils de Fausta.

C'est d'ailleurs très amusant, de voir les personnages se refiler l'information les uns aux autres en disant à peu près la même chose : « psstt ! Il paraîtrait que la princesse Fausta a planqué dix millions dans Paris » Ah ! Chacun y va de sa théorie, de ses astuces et vilenies pour s'emparer du trésor y compris le roi Henri IV qui aimerait bien renflouer les caisses de l'Etat avec. Bref, la sauce prend, et on retrouve le plaisir de la lecture des deux premiers tomes.Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

Cinquième et dernier cycle modifier

Quelques années plus tard, sous la régence de Marie de Médicis, Jehan et Bertille ont eu une fille Loÿse qui a été enlevée encore bébé. C'est la raison pour laquelle Le chevalier de Pardaillan et son fils sont à Paris à suivre des pistes possibles pour la retrouver. Ils rencontrent le comte Odet de Valvert, cousin par alliance de Jehan et quasiment considéré comme un fils par Pardaillan. Odet est pauvre et amoureux d'une bouquetière appelée Brin de Muguet.

Alors là, il faut quand même reconnaître que les Pardaillan ont un soucis avec leurs mouflets. Ils semblent avoir une tendance manifeste à se les faire enlever que cela en devient très bizarre. Ce doit être une caractéristique génétique propre à la lignée. Mais plus grandiose encore, le personnage principal Odet semble accumuler certains traits communs avec eux alors qu'il n'y aucun lien de parenté biologique. Il est amoureux d'une blonde (encore une), qui est pauvre mais de haute naissance bien qu'elle l'ignore (c'est tout de même la fille de Marie de Médicis et Concini) et elle est convoitée par pas mal de monde dont son papa (qui ignore tout de son lien de parenté). Et ce n'est pas fini.

Brin de Muguet s'est enfuie de chez une horrible bonne femme qui la maltraitait avec un bébé probablement volé par sa persécutrice, une petite fille du nom de....Loÿse. Du coup, elle a retenu l'attention d'une certaine duchesse de Sorrientès représentante du roi Philippe d'Espagne en France et qui n'est autre que...Fausta qui fait son grand retour sur la scène et qui bien entendu est lancée dans un complot visant à se visser une couronne sur la tête coûte que coûte.

Si avec des ingrédients pareils, on ne fait pas un final grandiose, c'est à désespérer. Pourtant, le personnage d'Odet est un peu fadasse et l'histoire s'en ressent. Par contre, le dernier duel des monstres sacrés Pardaillan/Fausta se termine par une apothéose et un doute plane : Est-il vraiment mort ? Apparemment dans l'esprit de bien des gens, il semble que non. Il reviendra un beau jour pour de nouvelles aventures.

Ainsi s'achève la saga de l'été qui m'aura bien amusée au final. Par contre, neuf gros tomes de cinq cent pages chacun, c'est peu. La prochaine fois je tenterai La compagnie des glaces en soixante tomes et plus. Je plaisante bien sûr je ne suis pas assez suicidaire pour ça.

Hommage modifier

Un des grands auteurs de la fin du XXème siècle rend hommage à Pardaillan : « Surtout, je lisais tous les jours dans Le Matin, le feuilleton de Michel Zévaco : cet auteur de génie, sous l’influence de Hugo, avait inventé le roman de cape et d’épée républicain. Ses héros représentaient le peuple ; ils faisaient et défaisaient les empires, prédisaient dès le XIVe siècle la Révolution française, protégeaient par bonté d’âme des rois enfants ou des rois fous contre leurs ministres, souffletaient les rois méchants. Le plus grand de tous, Pardaillan, c’était mon maître : cent fois, pour l'imiter, superbement campé sur mes jambes de coq, j’ai giflé Henri III et Louis XIII. »[3]

Citation modifier

"Mon maître c'est moi!" rétorque Pardaillan à Saint-Mégrin; et plus tard: "Je désire n'être que d'une seule maison [...] la mienne!"

"je ne suis pas de ces barons qui font métier de voler des femmes ou des enfants; je ne suis pas de ces ducs qui, armés chevaliers pour protéger le faible et rudoyer le fort, ravalent leur chevalerie à trembler devant les princes, et cherchent ensuite à laver leur bassesse dans le sang de leurs victimes. Non monseigneur! Je n'ai point de bois dont je puisse transformer les arbres en potences, ni de villages où je puisse promener l'orgueil de mes injustices, ni de châteaux à oubliettes, ni de baillis louangeurs, ni de gardes au pont-levis qui franchit pourtant le remords par les nuits d'hiver, alors que les sifflements du vent ressemblent si bien à des gémissements ou à des cris de vengeance. En conséquence, je ne suis pas ce qu'on appelle un grand seigneur"


Approche de l'oeuvre modifier

Opinions modifier

Les juges d’instructions et les gens de police, lorsqu’ils veulent arracher à leur prisonnier l’aveu qui l’enverra au bagne ou à l’échafaud, se livrent à une effroyable besogne qui est une honte pour l’esprit humain. Quels que soient les droits qu’une société a de se défendre, il est de ces sinistres moyens qui font, lorsqu’on y réfléchit, qu’on se prend à rougir d’appartenir à la même espèce animale que le juge d’instruction ou le policier.

Coupable ou innocent, le prévenu est soumis à une torture morale exactement comparable aux tortures physiques de l’Inquisition ; et cela est d’une vérité malheureusement incontestable, puisqu’on a vu des innocents avouer tout ce qu’on voulait, afin d’échapper à cette torture.

Ce hideux travail du juge d’instruction ou du policier consiste à faire passer le prévenu, en un laps de temps aussi bref que possible, par des états d’âme aussi antithétiques et aussi violemment opposés que possible. Tel serait, par exemple, le bourgeois aisé, de fortune moyenne, à qui on apprendrait dans le même instant qu’il vient d’hériter de dix millions, puis après la joie puissante, que non seulement il n’hérite pas, mais qu’il est ruiné ; il est peu de cerveaux qui résistent à ce double coup. De même, le juge d’instruction fait passer l’âme de son prévenu par des courants contraires : il le pousse au vertige de l’épouvante, lui montre l’échafaud, lui peint la dernière nuit du condamné, le réveil, la marche au couteau, Puis soudainement lui offre la liberté, lui montre les portes de la cellule qui s’ouvrent, l’air pur du dehors, la rentrée dans la famille. Ces violentes oscillations imprimées à une pensée amènent rapidement la folie ou un détraquement qui y ressemble.

Ce travail porte un nom d’argot aussi hideux et ignoble dans sa basse expression que le travail lui-même.

Cela, s’appelle « cuisiner » un prévenu.

Or, le bon jeune homme qui après avoir somnolé sur des livres de droit, après cinq ou six ans de brasserie, après enfin ce qui constitue les études, passe ses examens, et à qui dès lors, l’abominable organisation sociale confère le droit redoutable de l’inquisiteur, ce bon jeune homme, disons-nous, lorsqu’il s’admire de cuisiner son prévenu, doit bien se mettre dans la tête qu’il n’a rien inventé — pas même cela !… Ces affreuses coutumes nous viennent des siècles où la bataille de l’homme contre l’homme était à sa période aiguë. Malédiction sur les sociétés qui perpétuent de pareilles traditions ! Honte sur les républiques qui n’osent ou ne veulent pénétrer dans cet antre qui s’appelle un palais de justice et saisir aux cornes ces taureaux d’airain qui s’appellent des juges !… Juges, avocats, avoués, huissiers… toute une formidable machine à broyer le pauvre monde !

Il n’avait pas tort. En effet, la foule criait Noël uniquement parce qu’on venait de mettre le feu aux fascines, et sa joie venait de ce que deux hommes qu’elle ne connaissait nullement allaient être brûlés vifs. Au surplus, c’est toujours, paraît-il, un spectacle réjouissant que de voir supplicier des êtres faits à notre image (témoin les foules qui, de nos jours encore, se délectent à voir guillotiner). Il faut que les maîtres des hommes comptent sur cette joie de la foule. Sans quoi, depuis longtemps, il n’y aurait plus de supplices. Bref, la foule criait « Noël » de tout son cœur.

La maison brûla. Justice sommaire, qui avait parfaitement cours à une époque où l’idée de justice vagissait à peine. Aujourd’hui, il y a progrès ; elle en est déjà aux premiers bégaiements enfantins ; espérons que dans quelques milliers d’années, elle saura parler.

Il retira aussitôt sa chemise, détail que nous n’oserions pas donner si nous écrivions pour des Anglaises ; avec cette habileté et cette adresse que donne seule une longue habitude, il se mit à lacérer la pauvre chemise, qui en peu de minutes, fournit un lot de bandages excellents.

Historien modifier

L’idéal pour lire ces romans c’est de déconnecter vos neurones, ceux qui vous parlent de vraisemblance, de logique et qui ricanent doucement devant les incohérences, les dialogues absurdes, les situations limites grand guignolesques de certaines scènes. Une fois que c’est fait vous pouvez déguster avec jubilation une histoire trépidante qui ne s’arrête jamais et qui comportent des passages grandioses d’humour, d’action, de rebondissements, de coïncidences plus que coïncidentes. Bizarrement, moi j’ai préféré Pardaillan père à Pardaillan fils sur ces deux premiers romans. Probablement parce que le père a un côté vieux roublard cynique à qui on ne la fait pas qui me semble plus réaliste. Le fils lui est un jeune amoureux avec des étoiles dans les yeux et apparemment ça joue aussi sur le cerveau. Il lui manque cette distance ironique qu’il aura par la suite en prenant de l’âge. Les sentiments amoureux sont tellement exagérés qu’ils en deviennent absurdes. Par contre, les évènements se précipitent de façon si rapide que l’on n’a pas le temps de s’arrêter sur les invraisemblances de l’intrigue. On finit par être totalement immergé dans l’histoire mêlant grands évènements historiques et histoire d’amour et qui s’achève lors de la terrible Saint Barthélemy sur une note un peu triste et une grave menace sur le tout jeune couple enfin réuni. Mais ceci est une autre histoire dont je vous reparlerai dans l’épisode suivant.

Celui-ci, bien que plus jeune que son cousin, portait les signes d’une ruse fanfaronne qui déguisait sans doute des pensées d’égoïsme. C’était une figure plus rusée que fine. Le Béarnais riait souvent et à tout propos. Il riait bruyamment et parlait haut ; ses yeux pétillaient, mais il évitait de regarder en face ; il avait la plaisanterie facile et souvent grossière ; par là, il a passé pour avoir de l’esprit, comme si l’esprit était dans le bon mot ; il affectait ce genre de plaisanterie qui s’appelle de la gauloiserie, racontait des histoires de femmes, se glorifiait de ses succès avec une vantardise toute naturelle dans un esprit aussi « gaulois ».

Il était loin d’être antipathique, d’ailleurs ; c’était un de ces bons gros égoïstes à qui la foule pardonne bien des choses parce qu’ils savent rire ; au fond, le type du commis-voyageur, tel qu’on le représente dans les romans d’il y a trente ans, et aussi dans les chansonnettes… « Qu’il pleuve ou vente, toujours il chante »… Il eut le bonheur inouï de rencontrer Sully. Réputation surfaite comme celle de François Ier. Il est d’ailleurs à remarquer que le peuple a conservé une sorte d’amitié pour les rois paillards. Il maudit encore Louis XI, parle de chevalerie quand il est question de François Ier, et sourit avec indulgence en parlant d’Henri IV.

S'il s'inspire de Dumas, Zévaco ne se confond cependant nullement avec lui. Ses œuvres sont en particulier affectées par l'évolution de la littérature populaire. La mode n'est plus à l'époque au récit de cape et d'épée, mais au roman de la victime, dont Jules Mary (Roger la honte) ou Xavier de Montépin (La porteuse de pain) sont les auteurs les plus fameux. Les romans de la victime sont structurés autour d'un protagoniste, généralement féminin (mais pas toujours) qui est broyé par une série de malheurs, généralement voulus par un adversaire farouche (ancien soupirant, femme jalouse) qui s'ingénie à le perdre au long d'un grand nombre d'épisode, jusqu'au triomphe final de la justice - et de l'amour. Le récit met l'accent sur les passions élémentaires - désir et haine en particulier - qui se déchainent au fil d'une interminable série de feuilletons. Or, cette esthétique n'est pas étrangère à celle de Zévaco. Non seulement parce que chaque intrigue repose en partie sur les souffrances d'une victime de la libido d'un être plus puissant: Léonore et Violette (La Fausta), Jeanne et Loïse (Pardaillan), Jeanne et sa mère (La Marquise de Pompadour), Annaïs de Lespars et sa mère (L'Héroïne)... A chaque fois, une femme est trompée, bafouée, et sa fille est menacée. Mais ici, la litanie des larmes est brutalement interrompue par l'arrivée d'un héros romanesque, qui vient opposer son panache aux passions malsaines de ceux qui menacent sa protégée. En intégrant la trame du roman de la victime, Zévaco la phagocyte et l'assimile dans la logique du récit de cape et d'épée.

Chez Michel Zévaco, l'Histoire est bien plus nettement repoussée à l'arrière-plan, décor de la fiction. Ce reflux de l'Histoire, Zévaco le reconnaît souvent implicitement. "Il faut démarquer. Quand on démarque, on cesse d'être un plagiaire" (La Fausta). Le romancier, c'est celui qui s'éloigne du modèle historique, et qui le fait selon ses propres règles, celle de l'auteur populaire. N'est-ce pas ce qu'implique cette description du caractère de la Marquise de Pompadour? "Un état d'âme dans un roman, c'est un personnage; notre devoir de romancier nous obligeait à peindre en quelques traits rapide cet état d'âme" (La Marquise de Pompadour): dès lors que le personnage historique est réduit à une passion, il devient personnage, c'est à dire type. Il y a double simplification: de la figure historique au personnage de roman, et du personnage de roman au type: l'Histoire est alors associée (réduite) à des passions élémentaires: haine, abnégation, sens de l'honneur. Ces passions sont moins des passions humaines que leur formulation extrême qu'en propose le mélodrame populaire. Dès lors, le mélodrame code la réalité (et donc l'Histoire) selon ses règles propres, celle des instincts humains et de leur expression dans un univers de fiction adapté: coulisses, alcôves, ruelles obscures, portes dérobées... l'espace renvoie moins à un référent historique qu'à l'expression de ces passions. A cet effort de réduction du monde à l'expression des mouvements du cœur, répond un second processus de simplification, limitant les actions (et donc, en un sens, tout le système causal) à un nombre restreint de protagonistes, réels ou imaginaires. Peu d'intermédiaires entre les personnages: les rois, reines et brigands se rencontrent directement, on ourdit seul les crimes, verse seul le poison: non seulement les actions importantes paraissent n'être décidées que par un très petit nombre d'individus (tendance du roman de cape et d'épée qui expliquerait la propension du genre à des lectures conspirationnistes), mais ceux-ci le font sans déléguer leur geste. C'est ce qui donne au récit cet aspect théâtral: non seulement parce qu'il emprunte au mélodrame, non seulement parce que les actions et les paroles tiennent une place privilégiée, non seulement parce que les passions sont exprimées ouvertement et leur conflit est le moteur de l'intrigue, mais aussi parce que l'espace et les personnages sont limités à un nombre restreint.

Ces propriétés expliquent en partie la fréquence des coups de théâtre et rebondissements chez l'auteur. Ainsi en est-il de L'Héroïne, fondé comme les autres romans sur une double intrigue, publique et privée. L'aventure repose sur les tentatives que font les différents protagonistes pour récupérer une lettre compromettante, ce qui les conduit à un étrange ballet dans lequel chaque personnage cherche à rejoindre ou fuir un ou plusieurs autres personnages, à tel point que l’auteur est parfois contraint de proposer des résumés dont la complexité témoigne de l’enchevêtrement des événements. Ainsi de ce récapitulatif : “on a vu que le cardinal de Richelieu était sorti de Paris, attentivement suivi par Annaïs de Lespars. On a vu que celle-ci entraînait dans son orbite Trencavel et Mauluys. On a vu qu’autour de ces êtres gravitait le sombre Saint-Priac. On a vu enfin que l’archevêque de Lyon, Louis de Richelieu, subissant à son tour les forces d’attraction, s’était mis en marche". Chaque personnage est ainsi engagé dans un réseau de relations et apparaît avant tout comme une force dynamique rencontrant ou affrontant d'autres forces dans un tourbillon conflictuel. La désorientation du lecteur (encore favorisée par les analepses qu'impose les montages narratifs parallèles) entre en résonnance avec une sorte d'idéologie du chaos qui est la logique profonde du récit. En effet, chaque étape, chaque rebondissement, et il y en a mille, se présentent comme une bifurcation hasardeuse du récit rendant impossible toute prédiction : lorsqu’un espion suit un personnage ou tente de le capturer, un événement inattendu vient l’empêcher de parvenir à ses fins ; au contraire, les rencontres inattendues sont si fréquentes qu’on en vient à se demander si, malgré tous leurs déplacements sur les routes de France, les héros ne sont pas enfermés dans un huis-clos. Dès lors, les personnages peuvent abandonner tout projet concerté, se fier constamment à leur bonne étoile, et agir par improvisations successives puisque, de toute façon, rien ne se passe comme prévu, mais qu'à l'inverse toutes les rencontres finissent par se faire dans cet espace étriqué auquel est réduit l'univers référentiel chez Zévaco. On cherche quelqu’un ? Il suffit de se poster le long d’une route - comme Louvigni guettant Chalais, Annaïs cherchant Mauluys, ou Trencavel attendant Annaïs - pour voir surgir celui qu’on veut trouver. Les personnages machiavéliques, ceux qui échafaudent des plans et veulent soumettre le hasard à leur volonté, Richelieu ou le père Joseph, ne triomphent que dans l’ordre de l’Histoire. Dans l’intrigue aventureuse et leurs affrontements avec Trencavel et Annaïs, ils sont constamment ridiculisés : ils mettent la main sur la lettre ? Celle-ci est un faux. Ils préparent un guet-apens ? Ils se font battre à plates coutures par la lame du “maître en fait d’armes” qui passait par là. Ils font suivre Trencavel ? C’est pour le perdre constamment de vue. Et ils voient leurs sbires joués, bastonnés, enfermés, édentés et parfois passés au fil de l’épée. Car si l’Histoire obéit à la logique implacable des événements, l’aventure, parce qu’elle se situe du côté de l’exceptionnel, se refuse à la rationalité. On comprend alors pourquoi l'insouciance du héros est constamment valorisée, pourquoi aussi la vraisemblance permet que la foi en la seule bonne volonté triomphe de l'adversité. En réalité, ce qui est affirmé c'est la bienveillance toute puissante de l'auteur: bienveillance vis-à-vis de ses personnages (si une telle phrase a un sens), bienveillance surtout vis-à-vis du lecteur, avec lequel l'auteur entretient constamment une complicité roublarde: il peut bien le mener constamment par le bout du nez dans ces intrigues compliquées à plaisir, il préserve les règles élémentaires du genre - sympathie pour le héros (au sens étymologique d'une participation, jusqu'au coup de pouce), confusion de l'ordre de l'Histoire et de celui de la Providence (l'auteur, qui connaît l'Histoire et est maître du récit, peut plier le temps, aussi accepte-t-on toutes les "invraisemblances" puisqu'elles sont rapportées à la double vraisemblance de l'Histoire et du roman), triomphe annoncé du héros et défaite des méchants. En définitive, la logique qui prévaut est celle d'un optimisme qui est autant retranscrit dans le caractère des héros, dans la figuration du monde que dans le pacte de lecture et la vraisemblance sur laquelle repose le texte. Il y a un lien de profondeur entre le caractère des personnages de Zévaco et la façon qu'a l'auteur de mener le récit, de s'entretenir avec son lecteur. La désinvolture du personnage, son affirmation de sa liberté, se retrouvent dans la façon qu'a Zévaco de tout justifier de son écriture - détours, coups de théâtre, parenthèses explicatives... A tel point qu'on a le sentiment qu'il n'existe pas véritablement d'hétérogénéité entre l'auteur et ses héros. Chez Zévaco comme chez le personnage, tout est affaire de sympathie, de plaisir. Une rencontre s'opère autour de la parole, mise en scène à la fois du côté d'un narrateur qui se fait causeur, et d'un héros qui emploie moins le fer que les mots pour combattre ses adversaire et se faire une place dans le monde. La sympathie pour l'écriture entre en résonnance avec la sympathie pour l'histoire contée.

Personnages modifier

Seuls quelques personnages non historiques passent d'un cycle à l'autre ; parmi eux, il y a peu de personnages principaux hormis Jean de Pardaillan et Fausta.

Personnages principaux de l'oeuvre modifier

  • Jean, chevalier de Pardaillan et comte de Margency, né en février 49

C’était le fils du vieux routier, qui, habitant lui-même le manoir, le faisait élever dans cette chaumière où il l’allait voir tous les jours. Où Pardaillan avait-il eu ce fils ? De quelle dame en mal de galanterie l’avait-il eu ? C’était un mystère dont il ne parlait jamais. C’était un jeune homme d’une vingtaine d’années, grand, mince, flexible comme une épée vivante.

Été comme hiver, on le voyait vêtu du même costume de velours gris ; il ne portait pas la toque, mais une sorte de chapeau rond, en feutre gris — ce genre de chapeau qu’Henri III devait plus tard mettre à la mode, et dont Pardaillan fut sans aucun doute l’inventeur. À ce chapeau s’accrochait une plume de coq rouge qui chatoyait au soleil et lui donnait crâne allure. Ses bottes en peau gris de souris, modelant la jambe fine et nerveuse, montaient aux cuisses presque jusqu’au haut-de-chausses. Le talon soutenait des éperons formidables ; au ceinturon de cuir éraillé, éraflé, pendait une rapière démesurée, et lorsque, des éperons, l’œil montait à cette rapière, de cette rapière à la large poitrine serrée dans un pourpoint rapiécé, de la poitrine aux moustaches hérissées, des moustaches aux yeux flamboyants, et enfin des yeux au chapeau posé sur l’oreille, en bataille, les hommes gardaient de cet ensemble une impression de force qui leur inspirait instantanément un respect non dissimulé ; les femmes, une impression d’élégance et de beauté du diable, que plus d’une avait de la peine à dissimuler.

En effet, l’amour des femmes, pour un cavalier, est généralement en raison directe du respect que ce cavalier inspire aux hommes. Une belle prestance, un visage juvénile dont les yeux lancent des flammes de colère ou de passion, une attitude de matamore qui a le droit de l’être, un geste souple, sobre, expressif, des lèvres fines, un sourire très doux et très tendre sous le hérissement provocateur de la moustache : voilà ce qu’on voyait de Pardaillan. Et l’habit avait beau être fripé, vieilli, mangé par le soleil, terni par les pluies, couturé de coups d’épée, celui qui le portait n’en demeurait pas moins un type merveilleux d’élégance aisée, gracieuse avec on ne sait quoi de terrible.

Dans toute la rue Saint-Denis et dans le voisinage, dans la rue du Temple, dans la rue Saint-Antoine, dans les cabarets borgnes de la rue des Mauvais-Garçons, le chevalier de Pardaillan était connu et redouté. Plus d’un mari faisait la grimace en le voyant passer, fier comme le roi, gueux comme un truand ; mais plus d’une bourgeoise se retournait avec un sourire, et même des grandes dames soulevaient les rideaux de leur litière pour l’accompagner du regard.

Et lui, candide au fond, ne voyant rien de toute cette admiration qui lui faisait escorte, faisait résonner ses éperons et passait, le nez au vent, comme un jeune loup cherchant aventure — aventure de bataille, aventure d’amour, coups à donner ou à recevoir, grands déploiements de l’étincelante rapière, baisers furtifs, tout lui était bon !… Le guet le tenait pour un diable à quatre qu’il fallait respecter, en attendant qu’on pût l’occire en douceur ; les truands de la grande truanderie professaient pour lui une admiration sans bornes et lui avaient vainement offert le spectre du royaume d’Argot… Cette estime des argotiers, tire-laine et autres gens pendables, pour ce jeune homme, va sans doute lui enlever celle du lecteur : nous n’y pouvons rien.

Il était naïf. Une douleur entrevue même chez des inconnus lui serrait le coeur. Il rêvait de fabuleuses richesses pour étancher des larmes partout où il passerait. A défaut de richesses, il rêvait de parcourir le monde en aidant les opprimés, en frappant les oppresseurs. Il ne s'était jamais admiré soi-même. Mais il comprenait vaguement qu'il était exceptionnel et digne d'admiration. Il en résultait que parfois des bouffées d'ambition montaient à son cerveau. L'ambition de quelque magnifique et glorieuse destinée.

Il calculait exactement sa valeur, et nous l'avons vu devant le roi, c'est-à-dire devant un être d'essence supérieure, tout voisin de la divinité, calme, paisible, railleur à son habitude, comme devant un égal. Et, au fond de lui-même, il s'était effaré de n'avoir pas tremblé devant la majesté royale.

  • Fausta, princesse Borgia

Personnages secondaires de l'oeuvre modifier

  • Maurevert, Charles de Louviers, seigneur de Maurevert, surnommé "le tueur du Roi" depuis qu'il avait abattu le chef calviniste Vaudrez de Mouy en 1559, tira sur Coligny depuis une maison appartenant aux Guise.

Puisque nous tenons ce Maurevert, dessinons-le en quelques traits. Il paraissait une trentaine d'années; svelte, mince, les cheveux et la barbe d'un blond ardent, presque roux, l'oeil gris, avec des reflets d'acier, la figure régulière, la tournure élégante, il avait la démarche souple d'un fauve et, dans son ensemble, ne manquait pas d'une sorte de beauté. Rompu à tous les exercices vigoureux, il passait pour très dangereux l'épée à la main et, en outre, avait une réputation établie de tireur infaillible à l'arquebuse et au pistolet.

Il n'avait pas de situation fixe à la cour. On ignorait d'où il venait et quelle était sa famille. Mais il avait été d'abord très protégé par le duc d'Anjou, frère du roi, à qui il avait rendu de ces inavouables services qu'un bravo pouvait rendre à un prince. En récompense Henri l'avait présenté à la reine Catherine, en lui disant:

—Madame ma mère, M. de Maurevert tuerait son père si je lui en donnais l'ordre.

Maurevert, en marge de la cour, méprisé par les uns, redouté par les autres, accepté, toléré plutôt, n'aimait et ne haïssait personne; mais il était capable de tuer froidement quiconque le gênait.

Que voulait-il? De l'argent d'abord, beaucoup d'argent. Et puis un titre qui lui permît de faire bonne figure parmi les nobles compagnons qui acceptaient sa société.

Il trahissait secrètement le duc d'Anjou pour le duc de Guise, tout prêt à trahir le duc de Guise pour le roi Charles. Il savait que le frère du roi attendait avec impatience la mort de Charles IX, et peut-être Maurevert eût-il assassiné le roi s'il n'eût craint d'être ensuite abandonné par Anjou.

Personnages principaux d'un cycle modifier

Personnages imaginaires modifier

2ème cycle modifier
  • Jean de Kervilliers, prince Farnèse
  • Léonore de Montaigues
  • Violetta
  • Belgodère
  • Maître Claude, bourreau
  • Picouic
  • Croasse
3ème cycle modifier
  • El Chico
  • Don Carlos
4ème cycle modifier
  • Jehan de Pardaillan, dit le Brave
  • Bertille
  • Escargasse
5ème cycle modifier
  • Odet de Valvert
  • Brin de Muguet

Personnages historiques modifier

2ème cycle modifier

Jacques Clément, depuis la nuit dans la chapelle des jacobins, vivait dans une sorte d'éréthisme sentimental, ou, plutôt, dans une crise de folie spéciale. Très raisonnable et même capable de beaux sentiments, comme on l'a vu par sa rencontre avec Pardaillan, d'esprit sombre, mais très lucide, son imagination le transportait dans une vie à part, dès qu'il était question de cette vision et de ce qui s'y rattachait... c'est-à-dire le meurtre projeté de Henri de Valois.

5ème cycle modifier

Personnages historiques secondaires modifier

Notes et références modifier

  1. Premier titre : Par le fer et par l'amour, deuxième titre : Le Chevalier de Pardaillan.
  2. Celui-ci, publié dans la même édition que le précédent, ne prendra son titre actuel qu'à partir de 1942.
  3. Jean-Paul Sartre, Les mots.