Utilisateur:Pèire Cardenal/Rappatriement 2

« Amok dans un monde disneyien », ou : « Wikipédia et ses berserkir »

Un vieux souvenir, en préambule, datant de la fin des années 80, alors que se préparait le troisième programme-cadre. Nous étions au bas mot une centaine de participants travaillant à définir des thèmes de recherche européens pour les années à venir lorsqu'à un moment, l'un des notables présents sur l'estrade — peut-être le responsable d'une DG de la Commission — déclara tout de go : « Le meilleur moyen de faire accepter un programme de recherche, c'est d'être membre du jury ». Et personne parmi l'assemblée des contributeurs — personne, moi compris — ne protesta : lâcheté ? fatalisme ? pragmatisme ? complicité ? Qui peut savoir ? En ce qui me concerne, je dirais plutôt : « Immense sentiment d'impuissance définitive ». À quoi bon hurler dans le désert ? « Dans l'espace, personne ne vous entend crier »[1].

Cela ne vous rappelle-t-il donc rien ?

Pour ma part, j'eus la faiblesse de me rappeler cet épisode lorsque beaucoup plus tard et il y a longtemps, dans l'argumentaire d'un candidat Administrateur[2], je lus comme première justification : « Pourquoi demander un balai ? D'abord pour soulager les administrateurs actuels puisque d'une part ils n'auront plus à traiter mes requêtes et d'autre part mes contributions seront considérées comme n'étant pas du vandalisme ». Voilà une démarche qui est claire et motivée : vouloir faire partie des Élus non seulement pour bénéficier enfin de cette présomption d'innocence que notre candidat-admin lui-même dénonce comme refusée aux péons — ce n'est pas moi qui le dit, c'est lui ! —, mais même pour accéder à l'impeccabilité (au sens théologique[3]). Je n'invente rien, c'est exactement ce que déclare ce candidat, ou alors c'est qu'il ne connaît rien au sens des mots de la langue française. Tant de cynisme et/ou tant d'ignorance de la langue laissent pantois. Et ça a marché ! Et un Admin de plus, un !


Et maintenant, une histoire vraie habillée en conte[4]. Vers le milieu des années 80, notre Maître[5] G*** avait soumis un article à une revue scientifique US de renom. Cet article, qui contenait une remise en cause assez importante des fondements scientifiques de la discipline, fut effectivement publié, mais accompagné d'un additif extrêmement négatif rédigé et signé par un des relecteurs, et sans que G*** en fût avisé[6]. Se voyant ainsi mis en cause à son insu et pris publiquement à partie par surprise, le Maître envoya une lettre à l'éditeur R*** en demandant un droit de réponse, tout en soulignant que l'attitude de X***, le relecteur, n'avait pas été loyale. Catastrophe ! en désignant ainsi nominalement X***, et bien que celui-ci eût explicitement signé son additif, le Maître commettait apparemment le crime d'attaque personnelle et l'éditeur en prit prétexte pour soutenir mordicus la position de son relecteur, présenté ipso facto comme l'agressé. La machine infernale était en place, et naturellement il ne pouvait y avoir de confrontation loyale : l'issue du conflit était écrite d'avance. Échanges épistolaires de plus en plus violents, menaces de poursuites, accusations symétriques d'arrogance française et d'impérialisme US[7], finalement noms d'oiseaux, etc. L'objet du débat était depuis longtemps oublié. Excédé, G*** finit par me demander de prendre l'affaire en main et d'aller traiter le problème sur place. Après avoir traversé la totalité de l'Atlantique Nord et la moitié du continent qui suivait, je fus accueilli à l'aéroport par l'éditeur R***, qui m'accorda l'hospitalité pendant une semaine. Je ne commis pas la goujaterie de lui demander si mes frais de séjour étaient pris en charge par son Université, et je serais enclin à croire qu'il me reçut sur sa cassette personnelle ; et je ne voulus pas durant cette semaine être le moins du monde désobligeant envers R*** qui se révéla être un hôte charmant, affable, courtois et prévenant, et je crois de mon côté m'être rendu agréable à toute sa maisonnée : en tout cas, ses deux jeunes enfants pleurèrent à mon départ. Incidemment, R*** était certes Américain, mais il ne risquait pas d'incarner l'impérialisme US : il était Sud-Américain ; et je ne crois pas pour ma part avoir été l'ambassadeur de quelque arrogance française que ce soit. Au bout d'une semaine peu productive scientifiquement, mais humainement pleine d'agrément, nous avions circonscrit l'incendie, identifié puis éliminé les départs de feu potentiels, élaboré un petit travail en commun qui concrétiserait la fin des hostilités, et nous nous quittâmes en collègues loyaux, entretenant par la suite pendant quelques années l'habitude d'échanger nos vœux au Nouvel An. Je n'évoquai pratiquement jamais cette semaine avec G***, et nous n'entendîmes plus parler de X***.

Ne nous leurrons pas ! Je ne souhaite pas, par cette bluette fade et immorale comme un film de Disney[8], par cet épilogue mondain, arriver à la conclusion faussement optimiste que « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Au contraire : je voudrais souligner combien des structures inadaptées ou des mécanismes contestables peuvent transformer en berserkir des êtres par ailleurs civilisés. Civilisés peut-être, mais dépassés par des règles qu'ils ont parfois eux-mêmes édictées, et dont ils n'avaient pas entrevu toutes les implications. Amok dans un univers disneyien : fable…

Cela ne vous rappelle-t-il donc rien ?

Là, il s'agissait de la règle universitaire du « publish or perish ». Mais ici, ce sont les règles et recommandations de Wikipédia, ce royaume peuplé de petites souris naïves et de princesses aux joues roses où les pires bassesses sont admises si elles sont accompagnées de manifestations de mièvrerie, où les pires inepties peuvent être proférées sans soulever de protestation si elles sont assorties d'un grand sourire candide[9], où rigoureusement tout est possible pourvu que les apparences soient sauves et que la Parole soit révérée. Triomphe de la forme sur le fond, du paraître sur l'être, alors même que les intentions étaient peut-être louables et constructives. Car voilà qui est grave : le respect de règles ambiguës et subtilement détournables contribue à dévaloriser les entreprises les plus généreuses, à disqualifier les positions les plus indiscutables, et selon les cas, l'affirmation pourtant plausible « il est faux que deux et deux fassent cinq » pourra opportunément être accusée d'être un point de vue personnel, un travail inédit, voire si les choses se gâtent une manifestation de totalitarisme intellectuel. En vérité, « il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice »[10]. L'esprit critique s'efface devant la lettre de la Loi (ce qui en passant est un comble quand on est un scientifique), cette loi se transforme en dogme, et cette transformation souvent imperceptible engendre la violence. Rares sont les débats, voire les simples et naïves questions, qui ne dégénèrent pas comme par fatalité en foire d'empoigne mettant à nu les antagonismes entre chapelles, castes, cabales, sectes, classes. Qui n'existent pas, bien sûr.

Il s'agit certes de violence crue et nue lorsqu'elle s'exerce à l'encontre du prolétariat plus ou moins éclairé (les bien-nommés « péons »), mais cette violence peut aussi se manifester de façon beaucoup plus hypocrite et parfois réellement subtile, par le biais en particulier de tout un système d'auto-protection de l'ordre établi dont la conséquence inéluctable est de pérenniser et amplifier les sentiments d'injustice, de frustration d'un côté, de pouvoir de l'autre. Soit dit en passant, cette mécanique d'auto-défense d'un système par la neutralistation préventive de tous ceux qui n'appartiennent pas à l'élite, ce comportement inné des ordres établis se retrouve dans tous les domaines : politiques et religieux bien sûr, mais aussi culturels, intellectuels, et même dans l'espace scientifique qui devrait, par définition, en être exempt. Le mal est profond, universel, pérenne, et il eût été proprement incroyable voire suspect que Wikipédia en fût épargné. Ainsi, à de miraculeuses exceptions près[11], tout individu investi d'un pouvoir 1) d'une part consacre la totalité de ses forces à conserver ce pouvoir, 2) et d'autre part a tendance à abuser de ce pouvoir. Dès lors, tout conflit entre un dieu et un mortel est d'issue inéluctable, et aussi violentes qu'aient pu être les querelles intestines au sein de l'Olympe, l'aréopage des Élus fera toujours bloc pour défendre l'un des siens. Pour une foule de YHWH vengeurs et jaloux, combien y a-t-il de Prométhées[12] ? Quelque vil, abject, incompétent, injuste soit le dieu, quelque valeureux, intelligent, honnête soit le mortel[13], celui-ci sera toujours, sans surprise, vaincu par celui-là. Jusqu'au jour, inévitable mais souvent immensément lointain, où la pression est telle que tout le dispositif explose, et la foi bascule ; et c'est parce que, en dépit de leur aveuglement, les dieux ressentent le danger futur que leur comportement est brutal. Les répressions envers les jacques, prolétaires, campesinos, cipayes, moujiks, manants, gueux, serfs et autres peones ont toujours été plus féroces que les victoires sur les ennemis héréditaires. Ce n'est pas un hasard.

Résumons : les uns ont, structurellement, le droit d'attaquer, et leur discours immuable est de se faire passer pour des victimes. Aux autres, il est structurellement interdit de se défendre, et même de se plaindre. « Selon que vous serez puissant ou misérable… etc. etc. ». Les forces de l'ordre sont en réalité les forces de l'ordre établi, c'est-à-dire le contraire de ce qu'elles affirment être.

Cela ne vous rappelle-t-il donc rien ?

Étrangement, horriblement, ce n'est pourtant pas le pire. Le pire, c'est le rejet a priori de toute approche critique. Pour un scientifique, dire qu'une situation, une conclusion ou une hypothèse sont criticables, c'est leur attribuer un brevet de reconnaissance, c'est leur attribuer une place dans le discours rationnel, c'est les accueillir sur la place publique à des fins dialectiques ou, si vous préférez, collaboratives. Véritablement collaboratives. Hélas, la parole venue d'en-haut est devenue sacrée, et la remettre en question serait une hérésie, un sacrilège, un blasphème. Hasarder que les règles du jeu, hic et nunc, pourraient ne pas être parfaites constituera un crime de lèse-majesté. Et les prêtres ne prendront pas de gants pour vous le faire savoir. La critique est un délit au mieux, un crime souvent, et il est pour le moins étrange que seuls les dieux et leurs séides ne voient pas la contradiction entre cette situation absurde[14] et l'objectif avoué de notre entreprise. Et pour un enseignant qui a toujours cherché à ouvrir l'esprit de ses étudiants, il y a forcément un sentiment de totale consternation à voir le bras armé du pouvoir s'exprimer sous forme de rappels à l'ordre au sens strict irréfléchis, impensés. On détruit d'abord, en cas de cri de souffrance de la victime on invoque le dogme et on attend des excuses, mais on n'argumente presque jamais. Et si par-dessus l'ego s'en mêle, tout est perdu. C'est classique, très classique, trop classique ; comme disait Jean-Jacques Rousseau : « Leur propre iniquité fait mon crime que leur amour propre ne me pardonnera jamais, et le public dont ils auront soin d'entretenir et ranimer l'animosité sans cesse, ne s'apaisera pas plus qu'eux ».


Conclusion ? Oh, à usage personnel, elle est très simple. Je pourrai le cas échéant porter quelques indications sur des PdD si je vois passer des propos ineptes (nous sommes ici au niveau de la logique du discours et du rationnel), faux (nous sommes ici au niveau de la proposition scientifique), ou incohérents (nous sommes ici au niveau linguistique). Si je trouve des fautes de raisonnement, des affirmations erronées, des phrases qui ne peuvent avoir de sens[15], éventuellement je le signalerai ; au maximum, je poserai des questions, et j'attendrai (naïvement) qu'il y soit répondu. Mais je ne contribuerai pas au sens couramment admis, alors même que c'est dans ce but que je m'étais inscrit et que j'ai sous le coude une paire d'articles dans mon domaine de compétence. Du reste, je ressentirais une grande gêne à être désigné par ce même mot de « contributeur » qui décrit aussi les multiplicateurs de bandeaux, les éradicateurs compulsifs, les touche-à-tout intempestifs, et tous ces addicts du score et de l'(auto ?)-congratulation, qui renvoient les vandales naïfs au rang de plaisants amateurs.

Sincèrement… Comment peut-on imaginer faire plus d'une ou deux contributions de valeur, même modestes, par jour ? Sauf bien sûr si l'on considére comme contribution majeure le déplacement d'une virgule, le réglage d'un accord de participe, ou un règlement de compte.

Je ne rentrerai pas dans ce jeu, et resterai en attente d'un changement de règles qui permettra(it) de restaurer un semblant de dignité et même de standing à nos travaux. Je ne suis partie prenante d'aucun conflit en cours, et ne le serai en aucun cas. Je reste sur la touche, j'observe, et parfois je relate : c'est déjà beaucoup, c'est une forme de compromission voire de complicité[16]. Si mes propos déplaisent à qui que ce soit, j'espère que ce sera un Administrateur : je serai ainsi à même de lui demander directement de me bannir instantanément et définitivement, à moins bien sûr que sa foudre vengeresse ne m'ait instantanément et à mon insu balayé de la wiki-surface de la terre. Mais attention : ma formation scientifique m'autorisera alors à en conclure que j'étais dans le vrai ! Et mon dernier message sera : CQFD !

En attendant, je constate que simple témoin, je peux espérer être épargné par la contagion, mais non par les éclaboussures. Et, dérogeant à mon parti-pris de (très relative) impertinence, je vais me ranger derrière la bannière d'un ancien Administrateur, qui dans sa PU parle de son dégoût (vous voyez ! moi, je ne suis pas trop méchant et je garde espoir mais d'autres, plus avertis, sont plus sévères), et dont la PdD commence par la profession de foi suivante (qui s'exprime par un modèle, {{Discussion Utilisateur:Alvaro/En-tête}})

Plop ;D

J'aime la critique ; aussi, si tu as quelque chose à me dire, n'hésite pas.
Ça passera mieux si ce n'est pas assorti d'insultes, naturellement ;D
Par principe, je ne répondrai plus que très exceptionnellement aux courriels ou aux messages privés sur irc autrement que par « si tu as quelque chose à me dire, passe par ma page de discussion. »
Notre projet doit redevenir la maison de cristal qu'il a été.
Il faut en bannir la peur.
Alvar 10 octobre 2008 à 17:25 (CEST)


Archives : voir Utilisateur:Alvaro/Blabla


« Il faut en bannir la peur » ! Je vous donne ma parole que ce n'est pas moi qui ai écrit ces lignes ! Mais j'eusse pu, n'eût été ma grande wiki-jeunesse.



  1. Alien (film). No comment.
  2. J'ai bien compris le système. Tenir des propos provocateurs ou inconscients comme ceux que je vais scrupuleusement relater ne tire pas à conséquence, surtout si au passage on manipule un peu la brosse à reluire. En revanche, si moi misérable péon je citais le nom de l'auteur de cette phrase, je suppose que je me ferais vertement remettre en place, quand bien même je peux préciser le lieu et la date exacts de cette déclaration. Mais en même temps, le fait même que je prenne cette précaution élémentaire sera considéré comme une faute et me rendra suspect. Et naturellement, j'aurai beau rappeler le sens des mots et de la grammaire, observer que les propos dont je témoigne sont soit provocateurs soit inconscients, insister sur le fait qu'il ne s'agit pas là d'un jugement de valeur mais d'un simple diagnostic, le dire à la face du wiki-monde sera évidemment considéré comme une agression. Banal, banal.
  3. « État de celui qui est incapable de pécher», dit Littré.
  4. Ce que je vais raconter ici repose sur une mésaventure précise et datée, mais qui sera présentée de façon légèrement déformée pour couper court à toute tentative d'identification.
  5. C'est à dessein que j'utilise cette formulation, qui correspond à l'usage que nous avions au sein de l'équipe de recherche : une habitude certes respectueuse, mais surtout extrêmement affectueuse et reconnaissante. Cela m'amuserait beaucoup qu'un lecteur attentif de ce que j'écris ici prenne prétexte de ce vocabulaire pour me suspecter d'une forme de cléricalisme ! « Qui veut noyer son chien… etc. etc. »
  6. Si un papier est clairement de qualité, ou même seulement le produit d'un travail clairement approfondi, mais susceptible de prêter à controverse, l'usage est que le relecteur suggère des modifications à l'auteur, ou alors qu'il avise celui-ci d'un texte de mise en garde qu'il envisage d'adjoindre à l'article. Il est également possible que, sur les recommandations du relecteur, l'éditeur refuse de publier le papier et dans ce cas bien sûr, il en avise l'auteur, en y mettant plus ou moins les formes.
  7. De mémoire, je ne crois pas me souvenir que des points Godwin furent marqués en l'occurrence. Simple hasard. Au passage, il serait instructif de réfléchir à cette notion de points Godwin qui, avec les accusations de complotisme et deux ou trois autres outils ejusdem farinæ, permettent fort opportunément à un manipulateur habile de couper court à une vraie discussion ; en wikipédien courant, ce sont les accusations infâmantes de NPOV et TI qui permettent à un vieux briscard de la chose wikipédienne de se défiler. On colle, plus ou moins subrepticement, une étiquette ; juger ensuite l'étiquette plutôt que le fond du débat devient alors un jeu d'enfant. On peut même le cas échéant jouer la vierge offensée… bref, un truc usé jusqu'à la corde, par exemple en matière de politique.
  8. Quelle avalanche de pléonasmes dans cette courte incidente !
  9. Je ne peux m'empêcher ici de penser aux dessins de Maître Gotlib (attention ! ce n'est pas lui que je désignais par G*** !). J'ai un faible pour ses représentations d'enfants aux grands yeux émerveillés, aux sourires limpides, aux comportements modestes et pieux, nimbés d'une lumière paradisiaque et parfois même auréolés, sur un fond de musique céleste (ça, c'est plus dur à dessiner), bref : de purs angelots ! des angelots qui tiennent des propos d'une crudité à faire rougir Bérurier et dont la morale ferait passer le Divin Marquis pour une oie blanche et Machiavel pour un cave. Mais je n'ose dire que je tiens Gotlib pour un génie : je me ferais taxer de WP:POV et cette page serait non-censurée. « Non-censurée » évidemment, puisque la censure n'existe pas sur Wikipédia.
  10. Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence.
  11. Lorsqu'exceptionnellement un Cincinnatus retourne à sa charrue après avoir vaincu les Èques, on en parle encore presque 2 500 ans plus tard !
  12. Ouais, je sais : ce n'est pas contre YHWH que Prométhée s'est révolté ! Je voulais juste vérifier que vous lisiez attentivement ! Serviteur !
  13. J'ignore s'il existe des dieux de qualité. J'aurais tendance à penser qu'un dieu juste est un oxymore, et que les sociétés traditionnelles qui sacrifient cycliquement leurs dieux font preuve de plus de sagesse et de pénétration que nous. En revanche, je sais malheureusement qu'il est tout-à-fait possible qu'un mortel soit parfaitement infect : le caractère inférieur de sa condition ne l'exempte pas de défauts. « Salauds de pauvres !». De sorte que mon slogan ironique, à prendre très évidemment au second degré : « Il n'y a pas de mauvais chefs, il n'y a que de mauvais sbires», est très exactement la règle, le credo, le dogme (et pas seulement la « recommandation ») qui, pris à la lettre, régit le monde. Et le wiki-monde. Tel aura été le drame de mon existence : quelque stupide soit la formule que j'exprime pour essayer d'être drôle ou provoquant, il existe malheureusement pléthore de bipèdes qui l'avaient déjà acceptées au premier degré et qui l'appliquent à tour de bras. Je le répète avec lassitude : par quel miracle Wikipédia eût-il pu échapper à cette triste règle ?
  14. J'en reste à une expression neutre : parler de l'absurdité d'une situation, c'est poser un diagnostic (avec naturellement un risque d'erreur), ce n'est nullement poser un jugement de valeur. De jugements de valeur, je pourrais en faire — ainsi que des interprétations —, mais je les garde pour moi.
  15. J'essaie, sans espoir, de revenir à la charge : dire qu'une construction logique est fautive, qu'une information factuelle est fausse, qu'une phrase est grammaticalement incorrecte, ce n'est pas une opinion, c'est une observation, un constatat, un diagnostic. Et ce n'est naturellement pas un WP:TI !
  16. « La complicité, c'est le crime plus la lâcheté», a dit Péguy. Il ne me fait pas de cadeau, mais il a raison.