Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Persécution de Domitien

La persécution de Domitien est le nom que donne traditionnellement les auteurs chrétiens antiques à un ensemble d'exécutions et d’exils forcés sur des îles, qui ont frappé la haute société romaine et certains de leurs affranchis ou serviteurs à la toute fin du Ier siècle, sous le règne de l'empereur Domitien. Cette répression semble avoir joué un rôle — avec d'autres facteurs — dans la motivation des comploteurs qui sont parvenus à assassiner l'empereur le 18 septembre 96.

Toutefois, pour les historiens, le nom de « persécution » est impropre pour plusieurs raisons. Ils soulignent en particulier que même si le motif religieux semble présent, cela n'est probablement pas la principale des préoccupations de Domitien qui paraît beaucoup plus agir par crainte d'un complot pour le renverser, ou plus généralement pour des motivations politiques. D'autre-part, la répression semble limitée à certains citoyens de la ville de Rome et à quelques personnages de la province romaine d'Asie, dont l'apôtre Jean de Zébédée, condamné à l'exil sur l'île de Patmos. Elle n'est en tous cas pas du tout générale dans l'Empire. Enfin, seule une classe particulière de citoyens — la plus haute de la société — semble avoir été touchée. La répression est donc très localisée géographiquement, mais aussi très ciblée.

Les sources antiques modifier

Les écrivains chrétiens modifier

Selon Méliton de Sardes et Tertullien, « les persécutions que l'Empire dirigea contre les chrétiens ont commencé avec Néron et se poursuivirent avec Domitien[1]. » Toutefois, pour Hégésippe et Tertullien, la persécution de Domitien contre l'Église aurait été de durée limité puisque finalement il l'aurait faite cesser[1]. La formulation d'Eusèbe de Césarée semble soutenir l'idée d'une persécution générale sous Domitien[2]. « Pour Lactance, cela ne semble ne faire aucun doute : la persécution de Néron est locale, celle de Domitien serait plus violente et plus générale[2]. » Toutefois Eusèbe ne cite que Flavia Domitilla, nièce de Flavius Clémens, « comme victime des prétendues persécutions générales de Domitien[3]. » Celle-ci a été contrainte à l'exil en 96[4]. Il s'agit probablement de sainte Domitille, une vierge qui selon les Actes des martyrs de Nérée, Achillée et Flavia Domitilla avait été consacrée à Dieu par l'évêque Clément de Rome et qui dans le récit de ces Actes a effectivement été contrainte à l'exil sur l'île de Pontia par Domitien, avant d'être exécuté vers 98 sous le règne de Trajan[5].

Les sources romaines modifier

Les « Actes des martyrs » modifier

Parmi les Actes qui parlent de martyrs du Ier siècle, il est bien difficile de rattacher la plupart d'entre-eux à une période particulière. Les seuls qui correspondent incontestablement à la fin du règne de Domitien sont les Actes des martyrs de Nérée, Achillée et Flavia Domitilla. Les Actes du martyr du Pape saint Clément concernent une période proche, mais le seul repère chronologique renvoi au règne de Trajan: au tout début de ce règne, selon la tradition chrétienne (98). Ces Actes ont été rédigés au Ve siècle.

Le Talmud modifier

Politique de Domitien modifier

POV de Brian Jones

Brian Jones souligne qu'aucun écrivain polythéiste n'accuse Domitien d'avoir persécuté les chrétiens[6]. Pour lui, Pline le Jeune[7] déclare qu'il n'a jamais intenté une Cognitio contre des chrétiens[6]. Sans doute certains cas de chrétien ont été instruits durant le règne de Domitien. Pourtant, les anciennes sources païennes n'ont pas un seul mot au sujet des attaques alléguées contre les Chrétiens[6].

Pour lui, ni la mort de Flavia Domitilla, ni celle de Manius Acilius Glabrio n'ont été liés au fait qu'ils étaient chrétiens. Seuls deux chambellans de Flavia Domitilla (Nérée et Achillée) sont déclarés chrétiens dans les Actes des saints Nérée et Achillée. Il fait remarquer que dans les Actes, Flavia Domitilla est brûlée par le frère d'Antonin pour un motif tout autre que sa chrétienté. (Cet argument est exact, mais on ne peut pas à la fois prétendre qu'il n'y a qu'une seule Flavia Domitilla et que les chrétiens ont construits la légende d'une vierge à partir d'une mère 7 enfants, pour accorder ensuite du crédit à un détail de cette "légende".)

Il analyse les Actes, puis dit qu'il n'y a aucune mention de christianisme chez les auteurs païens concernant Titus Flavius Clemens, Flavia Domitilla et Manius Acilius Glabrio.

Il signale que des apologistes chrétiens ont assimilé Clément de Romme avec Titus Flavius Clément.

« la seule "preuve" que Clemens et Glabrio étaient chrétiens est archéologique[6] »

Persécution ? modifier

POV de Brian Jones modifier

Le Talmud se réfère aussi à une visite faite à Rome par quatre rabbins, dont Gamaliel II et Rabbi Akiba[8]. Un « sénateur craignant-Dieu » — une appellation qui correspond à la description de Keti'ah bar Shalom — les informe d'un projet de décret expulsant tous les juifs de l'Empire romain[8]. Une histoire qui rappelle le récit fait dans les Actes de saint Jean (déclarés apocryphes), dans lequel Domitien apprend que Rome est plein de Juifs et alors qu'il veut les expulser, « il est persuadé par l'un d'eux que ce sont les Chrétiens qui sont méchants: aussi il se retourne contre eux[8]. »

Le malaise Juif est reflété dans les sources classiques. Suétone raconte la rigueur avec laquelle est collecté le fiscus iudaicus (Vie de Domitien 12.2). La politique de Domitien envers le fiscus iudaicus est sujet à débat[8]. Selon Suétone, il imposait la taxe à ceux qui vivaient à la juive mais ne le reconnaissant pas publiquement et sur ceux qui dissimulaient leurs origines juives[8]. Pour Brian Jones, le propos de Suétone distingue simplement les juifs de naissance des convertis et souligne la totale détermination de l'empereur pour la collecte de cette taxe. Probablement que le prosélytisme juif soulevait aussi le courroux de Domitien[8]. Toutefois, selon Jones, ce n'est pas seulement dans ses dernières années de règne que la taxe était collectée rigoureusement, mais pendant un importante partie de celui-ci[8] (Suétone, né vers 69-70, se dit adolescent lorsqu'il assiste à une scène humiliante sur un homme de 90 ans, => donc en 85 ou avant 85). Nerva a d'ailleurs pu se vanter d'avoir aboli les abus associé à la collecte (B. M. C. 2, 15-19)[8]. Jones estime que le harcèlement des resquilleurs de la taxe ne constitue pas une persécution des juifs: mais en même temps leur malaise général ou leur crainte de l'expulsion peut avoir été bien fondée[9].

Pour lui, les seuls juifs (ou, beaucoup moins probables, Chrétiens) sympathisants avec les raison de craindre pour leur vie, étaient les hommes avec de la fortune et des propriétés, de rang sénatorial ou équestre, car c'étaient les seuls qui intéressaient les délateurs.

POV de Marc Venard,Luce Pietri,André Vauchez,Jean-Marie Mayeur modifier

« ... on ne peut guère s'appuyer que sur la lettre de Clément de Rome » ... écrite vers 95 juste avant ou juste après l'assassinat de Domitien. etc. [une info à récupérer]

Sources modifier

Flavia Speranda (clarissima) modifier

  • Paul Allard, ‎Jean Guiraud, ‎Gaston Louis Emmanuel Du Fresne Beaucour - 2012, Revue Des Questions Historiques - Volume 81 - Page 299
    • « Un texte épigraphique trouvé au même lieu nous montre une femme clarissime Flavia Speranda, appartenant à l'illustre race des Flaviens chrétiens, mariée à un esclave Onésiphore. Cette inscription est importante ; elle nous montre un de .. »
      • Recherche sur Flavia Speranda
        • Nicola Denzey - 2007, The Bone Gatherers: The Lost Worlds of Early Christian Wom
        • [Inscription ?] « ILCV 2.161: d. m. Fabiae Sperandae coiugi sanctissimae inconparabili, matri omnium, quae bixit mecu annis n. XXVIII m. VIII sene ulla bilae. Onesiforus c. f. coiux benemerenti fecit, from la Catacombe de Domitilla. The c.f., which I have translated here only as “noble,” is a status marker that indicates that Flavia Speranda was (unlike her husband) of senatorial class. »
        • Plusieurs inscriptions renvoyant à des nobles
        • Nicola Denzey Lewis works on the intellectual and social history of Christianization in the context of the Roman Empire, with a special attention to Gnosticism, "lived religion," and practices around death and burial. Her main area of focus is the city of Rome. The author of three books and one edited volume, Denzey Lewis's next projects include Ordinary Christianity: Lived Religion in the Age of Constantine and another book on the early Modern invention of the "Christian" catacombs of Rome. (Elle semble référente)

Sources utilisables modifier

Sur Flavia Domitilla modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Jean-Pierre Lémonon, Les débuts du christianisme (30 – 135), « Domitien », p. 164.
  2. a et b Jean-Pierre Lémonon, Les débuts du christianisme (30 – 135), « Domitien », p. 164-165.
  3. Jean-Pierre Lémonon, Les débuts du christianisme (30 – 135), « Domitien », p. 165.
  4. « Les écrivains étrangers à notre croyance n'hésitent pas à rapporter dans leurs histoires la persécution et les martyres qu'elle provoqua. Ils en fixent la date avec exactitude ; ils racontent que dans la quinzième année de Domitien (96), avec beaucoup d'autres, Flavia Domitilla elle-même, fille d'une sœur de Flavius Clémens, alors un des consuls de Rome, fut reléguée dans l'île Pontia en punition de ce qu'elle avait rendu témoignage au Christ. » Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, tome III, xx
  5. Actes des martyres, Actes des martyres de la vierge sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée.
  6. a b c et d Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 115.
  7. Pline le Jeune, Ep. 10.96.1.
  8. a b c d e f g et h Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Brian Jones1993_p118
  9. Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 118-119