Utilisateur:LittleTony87/Brouillon

Modèle:Infobox Navire à passagers Le SS Nomadic, parfois surnommé le « petit frère du Titanic », est un navire à vapeur de la White Star Line mis en service en 1911. C'est un transbordeur mis en service pour embarquer les passagers des nouveaux paquebots de classe Olympic dans le port de Cherbourg inadapté à leur grande taille. Il fonctionne à cette époque en duo avec le Traffic : le Nomadic se charge de transporter les passagers de première et deuxième classe tandis que le second transporte les passagers de troisième et les bagages. En 1927, la White Star Line le revend à la Société cherbourgeoise de transbordement qui l'utilise dans le même but et avec le même nom. En 1934, il est à nouveau vendu, cette fois à la Société Cherbourgeoise de Remorquage et de Sauvetage qui le renomme Ingénieur Minard.

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, le navire parvient à fuir en Grande-Bretagne où il est utilisé par la Royal Navy. Il est ensuite rendu au port de Cherbourg qui l'utilise notamment comme transbordeur pour le Queen Mary et le Queen Elizabeth. Retiré du service en 1968, il est revendu à un particulier six ans plus tard. Celui-ci le transforme en restaurant flottant sur la Seine. Vingt-cinq ans plus tard, destiné à la casse, il est sauvé par l'action d'associations qui conduisent à son renvoi à Belfast pour y être restauré dans son état d'origine. Le Nomadic est le dernier navire de la White Star Line qui soit toujours à flot.

Histoire modifier

Conception et construction modifier

 
Thomas Andrews est le concepteur du Nomadic.

En 1907, Joseph Bruce Ismay et William James Pirrie, respectivement directeurs de la White Star Line et des chantiers Harland & Wolff, décident de la construction de trois navires géants qui formeront la classe Olympic : l’Olympic, le Titanic et le Gigantic (renommé Britannic durant sa construction)[1]. Les navires étant trop volumineux pour le port de Cherbourg, escale des transatlantiques de la compagnie, un transbordeur est nécessaire pour transférer les passagers du quai au navire. La White Star possède déjà le Gallic, construit en 1894 et acheté par la compagnie en 1907[2]. Cependant, celui-ci est vieux et inadapté à des navires tels que ceux de la classe Olympic.

Le , Ismay et Pirrie rencontrent Thomas Andrews et Alexander Carlisle, les architectes des nouveaux navires[3]. Les concepteurs en profitent pour proposer à la White Star la construction de deux nouveaux transbordeurs, le Nomadic et le Traffic. Le premier doit transporter les passagers de première et deuxième classe, le second se charge des passagers de troisième classe et des bagages[4]. La commande du Nomadic est faîte sur le moment, celle du Traffic suit un mois plus tard[5].

Le Nomadic et son jumeau sont construits dans les chantiers Harland and Wolff de Belfast et se doivent d'être prêt pour la mise en service de l’Olympic en juin 1911. Le Nomadic est lancé le . Il accompagne ensuite le paquebot lors de ses essais en mer, et effectue sa tâche dans le port de Cherbourg dès la première traversée transatlantique du géant[6].

Pour la White Star Line (1911 - 1927) modifier

 
John Jacob Astor et son épouse Madeline font partie des célébrités transbordées à bord du Titanic par le Nomadic le 10 avril 1912.

Avec son jumeau le Traffic, le Nomadic est donc utilisé comme un transbordeur à Cherbourg. Il débute son service à l'occasion du voyage inaugural de l’Olympic, le , lors de l'escale du géant en France[7]. Le luxueux intérieur du Nomadic est conçu pour transporter les passagers de première et deuxième classe, tandis que le Trafic est utilisé pour les passagers de troisième classe et les bagages[8],[9]. Le premier service du transbordeur laisse cependant à désirer, le chargement et déchargement des passagers n'ayant alors pas trouvé de cadence appréciable[6]. Le Nomadic se montre également malchanceux : le , il heurte le Philadelphia de l'American Line, qu'il était en train de charger[10] ; la collision endommage légèrement sa proue[11].

Le , le Titanic quitte Southampton pour son unique traversée. Il atteint Cherbourg vers 18 heures 30. 274 passagers embarquèrent depuis la France, parmi lesquels de célèbres milliardaires tels que John Jacob Astor et Benjamin Guggenheim ainsi que Margaret Brown, ont été priés d'embarquer dans les transbordeurs une heure auparavant[12],[13],[14],[15]. Le transbordement se fait en à peine trois quarts d'heure : le Traffic passe en premier, puis vient le Nomadic[12]. Il ramène au retour les quelques passagers qui ne font que la traversée de la Manche[16].

Malgré le naufrage du Titanic, la White Star maintient son service transatlantique, et le Nomadic poursuit sa carrière. Pendant la Première Guerre mondiale, il est réquisitionné par la marine française et sert dans le port de Brest, avec le Traffic, au transbordement des troupes venues d'Amérique[17]. Après la guerre, le Nomadic reprend son service cherbourgeois pour la White Star Line, transbordant des passagers à bord des paquebots affectés à la ligne Southampton - New York, l’Olympic, l’Homeric et le Majestic. En 1927, la White Star est vendue par l'International Mercantile Marine Company, sa compagnie mère, à Lord Kylsant, propriétaire britannique[18]. Le Nomadic et le Traffic sont vendus à la Société cherbourgeoise de transbordement, la compagnie ayant besoin de faire des économies. Le nom des navires reste cependant inchangé, de même que leur fonction. Le , le Nomadic heurte le Minnewaska, navire qu'avait précédemment heurté le Traffic deux ans plus tôt[11].

L'Ingénieur Minard (1934 - 1974) modifier

 
Le Queen Mary est l'un des derniers navires servis par l’Ingénieur Minard.

En 1934, le Nomadic est revendu à la Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage. Il est alors rebaptisé Ingénieur Minard[6]. Sa fonction ne change cependant pas jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Lors de la prise de Cherbourg par l'armée allemande l’Ingénieur Minard permet d'évacuer des troupes britanniques ainsi que des travailleurs de l'usine aéronautique Amiot, d'abord jusqu'à Brest puis jusqu'au Royaume-Uni[17]. À son arrivée en Angleterre, il est requisitionné par la Royal Navy et sert de transport de troupes à l'entraînement sur l'Ile de Whight[9].

Après la guerre, il reprend ses fonctions dans le port de Cherbourg, servant les navires de la Cunard, les prestigieux Queen Mary et Queen Elizabeth. Les deux paquebots, à cause de la forte progression du trafic aérien, sont retirés du service en 1967 et 1968, signant de fait la fin de carrière de l’Ingénieur Minard après 57 ans de service[11].

Le transbordeur est ainsi vendu à la compagnie de démolition Somairec, au Havre, la même année[6]. Cependant, cette démolition n'a jamais lieu. Le navire est un temps laissé à l'abandon dans le port de Conflans Sainte Honorine en attendant une hypothétique reconversion en navire-restaurant[19].

Du restaurant à l'inactivité forcée modifier

 
Le Nomadic est longtemps resté sur les bords de Seine.

En 1974, le navire est acheté par un particulier, Yvon Vincent, qui le transforme en restaurant sur la Seine et lui rend son nom d'origine. Le restaurant ouvre en 1977, et connaît une longue carrière sous trois noms différents (le « Shogun », « Le Colonial » et « Le Transbordeur du Titanic »)[17]. Il est également utilisé comme local de bureaux et comme salle de réceptions[19].

25 ans plus tard, le restaurant est fermé : de nouveaux règlements exigeaient que les bateaux de la Seine soient inspectés périodiquement, et cela est impossible pour le Nomadic. En effet, ses superstructures l'empêchent de passer sous les ponts de Paris. Le Nomadic reste alors dans un état d'abandon sur les quais de Seine[17].

Alerté par l'Association française du Titanic, le ministère de la Culture en France le place en instance de classement aux monuments historiques pendant un an, le temps de trouver un repreneur. L'association médiatise l'affaire dans la presse, sur le web, sur les radios et télévisions françaises : Le tout premier livre est publié Le S/S Nomadic, petit-frère du Titanic (de Fabrice Vanhoutte & Philippe Melia) et des projets sont alors énoncés dont un retour à Cherbourg et son intégration à la Cité de la Mer qui n'aura finalement pas lieu[19].

Une campagne 'SaveNomadic' est également lancée par l'Association sans but lucratif 'Belfast Industrial Heritage' avec la collaboration de la société White Star Memories et des passionnés britanniques, irlandais et belges, pour que le Nomadic retourne dans les chantiers Harland and Wolff pour être restauré et transformé en musée.

En 1999 est décidé de faire examiner la coque du Nomadic en cale sèche avant une éventuelle réouverture au public. Le 17 septembre 2002 le port autonome de Paris débute les travaux de découpage des superstructures du Nomadic afin de lui permettre de passer sous les ponts. Le le Nomadic quitte Paris pour Le Havre et passe en cale sèche entre janvier et février 2004[19].

Le nouveau départ modifier

Le , le Nomadic est acquis aux enchères par le Department of Social Development of Northern Ireland (Northern Ireland Office). Le navire a été acheté 171 320 £ (soit 250 001 €).

La municipalité de Belfast a estimé à 7 millions de £ (plus de 10 millions de €) le coût de la restauration du Nomadic.

'SaveNomadic' a finalisé la campagne de financement et sa collaboration avec 'White Star Memories' et d'autres passionnés par la constitution de la Nomadic Preservation Society (Société de préservation du Nomadic) dans le but de contribuer financièrement à la restauration du navire. Les dons receuillis servirent à l'acquisition d'éléments originaux du Nomadic retrouvés près de Paris ainsi que le canot de sauvetage.

Le Nomadic figure maintenant sur le 'British Historic Ship Register' (Registre des Navires historiques britanniques). Ceci permettra également l'octroi de subsides permettant sa restauration complète.

 
Le Nomadic dans le port du Havre.

Le Nomadic a été chargé sur une barge immergeable le 9 juillet 2006 et a quitté Le Havre le 12 juillet 2006 à 7 heures. Il arriva à Belfast le samedi 15 juillet 2006 vers midi.

Dès son arrivée, le navire fut débarrassé de la multitude d'algues et de coquillages qui souillaient sa coque. Ces travaux eurent lieu sous une chaleur extrême et un ouvrier chargé du nettoyage succomba à une crise cardiaque.

Une célébration discrète, rendant également hommage à la victime, eu lieu le 18 juillet 2006 en présence du ministre Hanson et d'une foule d'invités. Pour ce faire, le Nomadic – toujours placé sur sa barge – fut montré au public au cœur de Belfast.

Le navire resta amarré au Queen's Quay durant deux jours. On estime que plus de 8 000 visiteurs firent le déplacement pour voir le dernier vestige de la White Star Line. Le Nomadic fut ensuite transféré dans les installations de Harland and Wolff Technical Services afin d'être déchargé et placé en cale sèche pour inspection.

Malgré l'inactivité apparente autour du Nomadic durant les vacances d'été, la Nomadic Preservation Society travailla d'arrache-pied pour organiser une soirée de gala le 25 novembre 2006 à l'occasion du passage de la comédie musicale Titanic à Belfast, pour organiser la première Convention internationale du Nomadic en avril 2007 et pour être représenté au sein du Trust chargé du projet de restauration du navire.

Dans les mois qui suivirent son retour à Belfast, le Département du Développement Social créa le Nomadic Charitable Trust qui se charge officiellement du projet de restauration.

Certaines parties du navire, telles que le Salon de 3è classe, le quartier de l'équipage et certaines boiseries furent restaurées bénévolement sous l'impulsion et la supervision de la Nomadic Preservation Society. Le navire fut nettoyé, dératisé et la quasi totalité des éléments non historiques furent enlevées.

Début 2009, le société de consultance Frazer Nash fut mandatée par le Nomadic Charitable Trust d'établir le Conservation Management Plan (Plan de restauration). Celui-ci est indispensable à l'obtention de subsides en provenance du Heritage Lottery Funds. Frazer Nash possède une longue expérience en restauration de navires historiques; on cite généralement le Cutty Sark et le SS Great Britain. La phase 1 du Conservation Management Plan fut terminée à l'été 2009 et on y retrouve des remarques importantes sur la restauration complète du Nomadic dans son état d'origine, la possibilité d'une re-motorisation en utilisant une salle des machines disponible au Kenya, l'apport indispensable des connaissances techniques et historiques de la Nomadic Preservation Society et d'autres associations de sauvegarde du patrimoine industriel de Belfast.

Fin 2009, de mauvaises nouvelles parviennent cependant du chantier qui ne semble pas avancer. Le navire n'est en effet pas traité avec soin, et une vidéo choque particulièrement, montrant des fuites d'eau importantes dans le navire, dont le gardien a été remercié en octobre[20],[21]. De sérieux doutes existent quant au niveau effectif de restauration dont le Nomadic fera l'objet.

Caractéristiques modifier

Notes et références modifier

  1. Gérard Piouffre 2009, p. 35 - 36
  2. (en) Gallic I of the White Star Line, Titanic-Titanic.com. Consulté le 5 novembre 2009
  3. Gérard Piouffre 2009, p. 49
  4. Gérard Piouffre 2009, p. 50
  5. Gérard Piouffre 2009, p. 51
  6. a b c et d Mark Chirnside 2004, p. 306
  7. Mark Chirnside 2004, p. 47
  8. (en) White Star Line 3rd class passenger tender Traffic 1911-1935, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009
  9. a et b (en) The White Star Line Passenger Tender, Nomadic, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009
  10. La White Star et l'American Line appartiennent toutes deux au même trust, l'International Mercantile Marine Company, ce qui explique que le Nomadic serve une autre compagnie que celle dont il arbore le pavillon.
  11. a b et c (en) Nomadic & Traffic, The Great Ocean Liners. Consulté le 23 décembre 2009
  12. a et b Gérard Piouffre 2009, p. 104
  13. (en) Colonel John Jacob Astor, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009
  14. (en) Mr Benjamin Guggenheim, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009
  15. (en) Mrs Margaret "Molly" Brown, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009
  16. Gérard Piouffre 2009, p. 106
  17. a b c et d (en) Nomadic of the White Star Line, Titanic-Titanic.com. Consulté le 23 décembre 2009
  18. (en) An Era Ends: The Final Demise of the White Star Line, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009
  19. a b c et d (fr) Le Nomadic et le Traffic, Le Site du Titanic. Consulté le 24 décembre 2009
  20. (fr) Nomadic en danger, Association française du Titanic. Consulté le 27 décembre 2009
  21. (en) Nomadic Falls. Consulté le 27 décembre 2009

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier