Utilisateur:Leonard Fibonacci/Flavius Josèphe et sa Vita

Les contradictions entre les écrits de Flavius Josèphe sont étonnantes par leur ampleur, mais celles qui sont les plus étonnantes sont celles qui concernent sa propre vie. Ainsi, ce qu'il raconte dans sa Vita est absolument contradictoire avec ce qu'il raconte dans la Guerre des Juifs sur de nombreux points.

Les historiens et exégètes sont d'accord pour dire que ce qui provoque l'écriture de sa biographie par Flavius Josèphe est la publication par Juste de Tibériade de son Histoire de la Guerre[1]. Josèphe lui reproche d'avoir attendu la mort d'Agrippa II pour publier son "Histoire"[2],[3]

La Vita était initialement publiée à la suite des Antiquités judaïques. On détecte d'ailleurs deux fins au livre XX des Antiquités. Il y a donc eu une première publication des Antiquités en 94/95 sans sa Vita, puis une seconde publication au tout début du IIe siècle comprenant en appendice son autobiographie[4].

Cette curieuse Autobiographie consacre 80% du texte aux événements qui se sont déroulés en Galilée pendant six à sept mois, de novembre 66 à juin 67, pendant que Josèphe exerçait un certain commandement sur la région, c'est-à-dire au moins 35 ans avant son écriture. Il est évident que cette Vita a pour but quasi unique de répondre à ce que vient d'écrire Juste de Tibériade. D'ailleurs le texte comprend aussi une longue digression qui critique vertement l'action de Juste de Tibériade, alors qu'il n'en avait pas dit un mot dans sa Guerre des Juifs, et qu'il ne l'avait même pas mentionné. "L'Histoire de la guerre" publiée par Juste de Tibériade n'est mentionnée par aucun autre auteur qu'ils soient Greco-Romains, Juifs ou Chrétiens, alors qu'une autre oeuvre de Juste — Chronique des rois Juifs — est mentionné par plusieurs auteurs et existait encore au Xe siècle dans une bibliothèque de Constantinople sur laquelle Photios écrit une fiche de lecture. Seule la Vita de Josèphe parle de l'"Histoire de la Guerre des Juifs" écrite par Juste. Il est donc probable que cet écrit a été détruit peu après sa publication par la censure impériale et vu la réaction de Josèphe et de ses commanditaires impériaux ce n'est que par erreur que l'on a initialement laissé se diffuser cette "Histoire de la guerre des Juifs".

Certaines des contradictions majeures entre ce que Josèphe écrit dans sa Vita et ce qu'il avait écrit dans la Guerre des Juifs ont été soulignées. Toutefois, les critiques se sont assez peu arrêtés sur les versions totalement différentes que Josèphe donne au sujet des personnages qu'il appelle « les Babyloniens » que dans sa Vita il fait mourir peu après son arrivée en Galilée, alors que dans la Guerre des Juifs, Charita/Charès dirigeait la résistance de Gamala de bout en bout et mourait (de maladie dans son lit) lors de la prise de la ville à la fin de l'automne 67, le même jour que son alter-ego appelé Joseph, l'autre dirigeant de la résistance de cette ville. Il en est de même pour son frère Jésus qui lui aussi aurait été tué par les "Gamalitains" en même temps que son frère Caritas, c'est tout au moins ainsi que le comprennent certains traducteurs comme André Pelletier. À moins que le Jésus en question soit un frère de Philippe, fils de Joachim, ou un frère de Juste de Tibériade comme le traduit André Pelletier, dont il n'est question nulle-part ailleurs, car les deux passages concernés sont particulièrement confus au point que la traduction de Buchon soit totalement différente de celle de Pelletier. En revanche les contradictions sur Jean de Gischala ont été notées par certains critiques. Dans sa Vita, Jean essaye de maintenir les gens de Gischala dans l'obéissance à Agrippa II, alors que dans la Guerre des Juifs, c'est un des principaux organisateurs de la révolte avec Jésus, fils de Ioupha, et Simon de Gabara qui pourrait être son frère, Charita/Charès étant probablement un autre de ses frères, dont le deuxième pourrait-être Joseph. Dans la Guerre des Juifs, Jean de Gischala est un Zélote et devient ensuite le chef des Zélotes à Jérusalem, alors que dans sa Vita, il est présenté comme voulant être fidèle à Agrippa II !!, mais a été contraint de fortifier Gischala après une attaque venue des villes environnantes, notamment des villes grecques.

Les critiques n'ont pas noté non-plus les curieux 5 passages du livre XX des Antiquités — à la fin duquel était initialement insérée cette Vita — qui annoncent que tel ou tel aspect de l'action de la famille royale d'Adiabène sera abordé par la suite, alors qu'aucun de ces passages annoncés ne figurent dans l'oeuvre de Josèphe. Il apparaît donc logique de considérer qu'en même temps qu'il a été décidé de publier une autre édition des Antiquités judaïques en y ajoutant une Vita qui se présentait comme une biographie de Josèphe, mais qui avait pour but d'amoindrir les affirmations de Juste de Tibériade qui révélaient certains des mensonges de Josèphe, il a été décidé de supprimer ces 5 passages qui concernaient la famille royale d'Adiabène.

Josèphe à propos de Juste de Tibériade modifier

Au reste, j'admire la hardiesse avec laquelle vous osez assurer avoir écrit cette histoire plus exactement qu'aucun autre, vous qui ne savez pas seulement ce qui s'est passé en Galilée, car vous étiez alors à Baruch auprès du roi. Vous n'avez garde non plus de savoir ce que les Romains ont souffert au siège de Jotapat, ni de quelle sorte je m'y suis conduit, puisque vous ne m'aviez point suivi, et qu'il n'est pas resté un seul de ceux qui m'ont aidé à défendre cette place pour vous en pouvoir apprendre des nouvelles. [358] Que si vous dites que vous avez rapporté avec plus d'exactitude ce qui s'est passé au siège de Jérusalem, je vous demande comment cela peut se faire, puisque vous ne vous y êtes point trouvé, et que vous n'avez point lu ce que Vespasien en a écrit ? ce que je puis assurer sans crainte, voyant que vous avez écrit tout le contraire. [359] Que si vous croyez que votre histoire soit plus fidèle que nulle autre, pourquoi ne l'avez-vous pas publiée pendant la vie de Vespasien et de Tite, son fils, qui ont eu toute la conduite de cette guerre, et pendant la vie du roi Agrippa et de ses proches qui étaient si savant dans la langue grecque ? [360] Car vous l'avez écrite vingt ans auparavant, et vous pouviez alors avoir pour témoins de la vérité ceux qui avaient vu toutes choses de leurs propres yeux. Mais vous avez attendu à la mettre au jour après leur mort, afin qu'il n'y eût personne qui pût vous convaincre de n'avoir pas été fidèle. [361] Je n'en ai pas fait de même, parce que je n'appréhendais rien ; mais, au contraire, j'ai mis la mienne entre les mains de ces deux empereurs lorsque cette guerre ne faisait presque que d'être achevée et que la mémoire en était encore toute récente, à cause que ma conscience m'assurait que n'ayant rien dit que de véritable, elle serait approuvée de ceux qui en pouvaient rendre témoignage ; en quoi je ne me suis point trompé. [362] Je la communiquai même aussitôt à plusieurs, dont la plupart s'étaient trouvés dans cette guerre, du nombre desquels furent le roi Agrippa et quelques-uns de ses proches. [363] Et l'empereur Titus lui-même voulut que la postérité n'eût pas besoin de puiser dans une autre source la connaissance de tant de grandes actions ; car, après l'avoir souscrite de sa propre main, il commanda qu'elle fût rendue publique. Le roi Agrippa m'a aussi écrit soixante et deux lettres qui rendent témoignage de la vérité des choses que j'ai rapportées. J'en citerai ici deux seulement pour prouver ce que je dis.

[365] « Le roi Agrippa, à Joseph, son très cher ami, salut. J'ai lu votre histoire avec grand plaisir, et l'ai trouvée beaucoup plus exacte que nulle des autres. [366] C'est pourquoi je vous prie de m'en envoyer la suite. Adieu, mon très cher ami. »

« Le roi Agrippa, à Joseph, son très cher ami, salut. Ce que vous avez écrit me fait voir que vous n'avez pas besoin de mes instructions pour apprendre comment toutes choses se sont passées. Et néanmoins quand je vous verrai je pourrai vous dire quelques particularités que vous ne savez pas. »

[367] On voit par là de quelle sorte ce prince, non par une flatterie indigne de sa qualité, ni par une moquerie si éloignée de son humeur, a bien voulu rendre témoignage de la vérité de mon histoire afin que personne n'en pût douter. Voilà ce que Justus m'a contraint de dire pour ma justification, et il faut reprendre la suite de mon discours.

Aperçu des contradictions modifier

Jean fils de Lévi modifier

Dans la Guerre des Juifs, Jean de Gischala est souvent appelé Jean fils de Lévi, dans la Vita il est dit à plusieurs reprises qu'il est de Gischala, ville qu'il fortifie et défend:

Vita X modifier

Pendant que les choses étaient en l'état que je viens de dire, voici ce qui se passait en Gischala. Jean (Ἰωάννης), fils de Lévi (Ληουεῖ), qui voyait que quelques-uns de ses concitoyens étaient résolus à secouer le joug des Romains, employa toute son adresse pour les retenir dans l'obéissance (????). [44] Mais il y travailla inutilement...

Guerre des Juifs II, XXI, 1 (585s) modifier

1. [585] Tandis que Josèphe gouvernait ainsi la Galilée, il vit se dresser contre lui un homme de Gischala, nommé Jean, fils de Lévi, le plus artificieux et le plus scélérat de tous ceux que leur perfidie a illustrés. Pauvre à ses débuts, le dénuement avait longtemps entravé sa méchanceté : toujours prêt au mensonge, habile à donner crédit à ses inventions, il se faisait un mérite de la fourberie et en usait contre ses amis les plus intimes. Il affectait l'humanité, mais la cupidité le rendait le plus sanguinaire des hommes. Toujours plein de vastes désirs, son ambition prit racine dans les plus basses coquineries. Ce fut d’abord un brigand opérant isolément ;(un Zélote) il trouva ensuite, pour renforcer son audace, quelques complices, dont le nombre grossit avec ses succès. Il eut d'ailleurs soin de ne jamais s’adjoindre d'associés débiles, mais des gaillards vigoureux, de caractère ferme, exercés aux travaux de la guerre. Il finit par former une bande de quatre cents compagnons, la plupart évadés de la campagne de Tyr et des bourgades de ce territoire[290]. Avec eux il rançonnait toute la Galilée et exploitait un peuple que tenait en suspens l'attente de la guerre prochaine.

Gamala modifier

Vita XI

[XI] [46] J'ai à dire maintenant de quelle sorte ceux de Gamala demeurèrent fidèles aux Romains

Avec la traduction d'André Pelletier:
[XI] [46] Gamala, au contraire resta fidèle à Rome pour la raison que voici. Philippe, fils de Joachim,...

Dans la Vita si des "Babyloniens" de Batanée se sont retrouvés dans la forteresse de Gamala, c'est parce que Varus, l'administrateur du royaume d'Agrippa II à l'aide d'une ruse a tué dans un piège une délégation de 70 notables à qu'il avait demandé de venir à Césarée de Philippe pour confirmer leur allégeance au roi. Varus vient alors à leur rencontre avec son armée et les massacre tous, puis marche contre les juifs d'EcBatane appelés Babyloniens. C'est uniquement pour cela qu'ils se sont retirés avec leurs armes, leurs femmes et leurs enfants dans la forteresse de Gamala. Alors que dans la Guerre des Juifs, les Babyloniens de Gamala et leur chef Caritas, frère de Jésus bar Sapfas sont d'actifs révolutionnaires, même si Caritas est présenté comme gentil et que son éventuel alter-ego appelé Joseph qui n'est probablement que le double de Caritas inventé par Flavius Josèphe est présenté comme le pire des hommes.

Dans la Vita, c'est seulement après qu'il eu appris que Varus avait massacré la délégation de 70 Juifs d'Ecbatane, que Philippe fils de Joachim vient rejoindre les Babyloniens réfugiés à Gamala. Philippe serait parvenu à convaincre les Babyloniens réfugiés à Gamala de ne pas faire la guerre aux Romains. Selon la Vita, « Philippe garda la forteresse de Gamala et maintint le territoire environnant dans la fidélité à Rome. (!!!)[5] »

À propos de la mort de Charita/Charès modifier

Son nom modifier

Guerre des Juifs
Version en grec
  • livre IV, I, 4 : Χάρητα
  • livre IV, I, 9 : Χάρης
Épitomé en slavon
  • livre IV, I, 4 (p. 5) : Charès
  • livre IV, I, 9 (p. 9) : Charès
Vita
  • Vita § 177: Χάρητα
  • Vita § 186 : Χάρητα

Vita 177 - 178 modifier

Texte grec : modifier
  • [177] Τὸν Ἰοῦστον δὲ καὶ ὑπεμίμνησκον, ὅτι πρόσθεν ἤ με παραγενέσθαι ἐκ τῶν Ἱεροσολύμων οἱ Γαλιλαῖοι τἀδελφοῦ τὰς χεῖρας ἀποκόψειαν αὐτοῦ πρὸ τοῦ πολέμου πλαστῶν αὐτῷ γραμμάτων κακουργίαν ἐπικαλέσαντες, καὶ ὅτι μετὰ τὴν ἀναχώρησιν τὴν Φιλίππου Γαμαλῖται πρὸς Βαβυλωνίους στασιάζοντες ἀνέλοιεν Χάρητα, συγγενὴς δ᾽ ἦν οὗτος τοῦ Φιλίππου,
  • [178] καὶ ὡς Ἰησοῦν τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ ἄνδρα τῆς ἀδελφῆς Ἰούστου σωφρόνως κολάσειαν. Ταῦτα παρὰ τὴν ἑστίασιν διαλεχθεὶς τοῖς περὶ τὸν Ἰοῦστον ἕωθεν ἐκέλευσα πάντας τῆς φυλακῆς ἀπολυθῆναι[6].
Traduction de Buchon : modifier

[177] Sur quoi je fis souvenir Justus (de Tibériade) qu'avant ma venue (avant ma venue de Jérusalem: με παραγενεσθαι ἐκ των Ιεροσολυμων), les Galiléens avait fait couper les mains à son frère (le frère de Justus), en lui supposant de fausses lettres ; qu'après le départ de Philippe, les Gamalitains, dans une contestation qu'ils eurent avec les Babyloniens, avaient tué Chares (Χάρητα), parent de Philippe; [178] au lieu que je n'avais fait souffrir qu'une peine fort légère à Jésus, son frère (le frère de Philippe ou le frère de Charès ?), qui avait épousé la sœur de Justus (de Tibériade).

Traduction de Pelletier : modifier

[177] Je rappelais aussi à Juste qu'avant mon arrivée à [ma venue de] Jérusalem, les Galiléens avaient coupé les mains à son frère, avant la guerre, sous l'inculpation de fausses lettres et que après le départ de Philippe, les gens de Gamala, dans une insurrection contre les Babyloniens, avaient tué Charès (Χάρητα), parent de Philippe; [178] et qu'ils avaient sauvagement châtié son frère Jésus, mari de la sœur de Juste[7] (de Tibériade).

Interprétation de Steve Mason et Louis H. Feldman modifier

Steve Mason et Louis H. Feldman consacrent 7 notes explicatives pour ce bref passage de 2 versets et renvoient à d'autres notes données au verset 186, mais auxquelles je n'ai pas accès.

Traduction de Steve Mason et Louis H. Feldman

[177] Je rappelais aussi à Justus qu'avant ma venue de Jérusalem, les Galiléens avaient coupé les mains à son frère[778[8]], pour avoir commis des actes répréhensibles avant la guerre comme la fabrication de fausses lettres et qu'après le retrait de Philippe[779[9]], les Gamalitains se sont soulevés contre les Babyloniens et ont supprimé Charès — qui était un parent de Philippe [781] — et comment ils ont sans plus de considération puni Jésus[10], le frère de cet homme[783] et le mari de la sœur de Justus[11].

Steve Mason et Louis H. Feldman indiquent dans deux notes que ce passage doit être interprété rétrospectivement avec le § 186 — l'autre passage très problématique — et dans une autre note que le texte anticipe l'épisode suivant, au sujet du "retrait" ou du départ de Philippe. Dans la note [778], ils indiquent que « le frère de Justus cité ici est inconnu et qu'au § 186, Josèphe identifiera Jésus qui a été tué par les Gamalitains au frère de Justus, mais juste après ici-même [en § 177-178], Jésus apparaît comme le beau-frère de Justus[12]. »

Dans la note [783], les auteurs indiquent que pour eux l'expression « le frère de cet homme » renvoie à Philippe quoique § 186 prétend (que ce Jésus) est le frère de Justus, mais comme ils l'ont déjà fait dans la note [778], comme la phrase suivante ici même dit qu'il était le mari de la sœur de Justus, ils corrigent probablement ce qui est écrit en § 186, faisant probablement du Jésus de § 186 non pas un frère de Justus comme c'est écrit, mais un beau-frère de Justus. Ils poursuivent en indiquant que « le frère de cet homme » pourrait tout aussi bien renvoyer à Charès, mais se référent à nouveau à § 186 où le Jésus cité est seulement un "parent" de Charès. Ils déduisent de ces 2 passages que le frère de Philippe était probablement marié à la soeur de Juste de Tibériade[13].

Dans la note [781], les auteurs indiquent que « Charès est à la fois un parent de Philippe et de Jésus, qui est soit le frère, soit le beau-frère de Justus (§186)[14] »

Là où Pelletier et Buchon comprennent le texte comme disant que « Jésus [est] frère de Charès[15] », Mason et Feldman le comprennent comme désignant le frère de Justus. Toutefois, comme ils leur semblent impossible avec juste raison, que le frère de Justus ait épousé une des sœurs de Justus, sans que Josèphe ait précisé qu'il s'agissait seulement de frère ou soeur de père ou de mère — c'est-à-dire ce que nous appelons aujourd'hui des demi-frères ou demi-sœurs — ils supposent que le texte comporte une lacune et le "corrigent" en pensant que là où il est écrit frère, il faut lire beau-frère, comme cela est écrit en § 177, mais au sujet d'un Jésus qui, pour d'autres auteurs est le frère de Charès, et pas le frère de Justus.

Traduction de William Whiston modifier

... comment les gens de Gamala dans une sédition qu'ils ont soulevé contre les Babyloniens, après le départ de Philippe, ont tué Charès qui était un parent de Philippe et en outre, comment ils avaient sagement puni Jésus, son frère le mari de la sœur de Justus (par mise à mort)[16].

Dans la version slavonne de la Guerre des Juifs modifier

Dans la version slavonne de la Guerre des Juifs, Charès est mentionné une première fois dans la même circonstance que dans la Guerre des Juifs. Toutefois, dans cette version, si Charès et Joseph meurent là aussi le même jour, c'est dans des circonstances différentes. Cette fois les deux hommes — qui n'en forment probablement qu'un — meurent ensemble d'effroi lorsque la tour s'effondre quelques jours avant la prise de la ville[17], alors que dans la Guerre des Juifs l'un est tué par un trait alors qu'il tente de franchir l'espace où se tenait la muraille auparavant et l'autre meurt de frayeur dans son Lit. Nous en sommes donc à la troisième version de mort dont celle de la Vita est totalement incompatibles avec les autres en se situant à un moment différent. Une telle situation ne peut rappeler que ce qui est arrivé au personnage de Judas Iscariote (le Sicaire) qui lui aussi connait 3 versions de sa mort dont 2 dans le Nouveau Testament.

Conclusion provisoire modifier

Pelletier et Buchon sont d'accord pour voir dans le Jésus cité ici, qui a épousé une soeur de Juste de Tibériade, un frère de Charès/Charita. Toutefois, les mains coupés du frère de Juste de Tibériade par les "Galiléens" fait référence à un événement ayant eu lieu avant la venue de Josèphe DEPUIS Jérusalem (et non pas avant sa venue À Jérusalem, comme le traduit Pelletier). Reste à savoir si c'est Josèphe qui n'a "fait souffrir qu'une peine fort légère à [ce] Jésus" comme le dit Buchon ou si ce sont "les gens de Gamala" qui "avaient sauvagement châtié" ce Jésus, comme le dit Pelletier.

Reste, que le moment de la mort de Charès/Charita est totalement contradictoire avec ce que le même Josèphe écrit dans la Guerre des Juifs, que les "Babyloniens" (et de leur chef Charès/Charita) sont présentés dans cette Vita comme n'ayant pas participé à la révolte à Gamala, alors que dans la Guerre des Juifs, ils sont actifs et leaders de bout en bout et que Charès/Charita est donné comme mourant (dans son lit) le même jour que son alter-ego Joseph (qui se prétendait médecin, mais qui n'était qu'un charlatan, selon certains manuscrits si on en croit Buchon), le jour même de la prise de Gamala par les trois légions romaines le 9 novembre 67.

Reste aussi qu'il n'est pas impossible que cette formulation approximative qui trompe tant de traducteurs était peut-être volontaire pour entretenir la confusion sur les différents Jésus, ce qui est déjà assez évident avec Jésus fils de Gamaliel, parfois appelé Jésus fils de Gamala, du nom de la ville qui est justement en cause ici, Jésus fils de Ioupha et Jésus fils de Sapphias (ou Jésus fils de Sapfas ou Jésus fils de Sapita).

Reste de toute façon que Josèphe ment au sujet de Charès/Charita et au sujet de Gamala et donc de ses batailles, ce qui montre que Juste de Tibériade devait contester ce que Josèphe avait écrit à ces sujets ou donner des informations très embarrassantes, susceptibles de révéler que Vespasien avait ordonné de crucifier le Jésus Îsâ qui avait déjà survécu à une crucifixion sous Ponce Pilate, alors que nombre des soutiens de Vespasien et des membres de sa famille s'étaient convertis à la branche de judaïsme qu'il avait créé et le considéraient (presque) comme un Dieu.

Au sujet du « frère de Justus » modifier

Dans sa note no 249 Steve Mason écrit : « Bien qu'il consacre un espace considérable à Justus (voir la note suivante), Josèphe ne remplit pas sa promesse de montrer comment le frère de Justus est devenu une cause de ruine. Le frère anonyme de Justus reste l'une des figures les plus énigmatique de la Vita. Il est ensuite mentionné rétrospectivement, au § 177, où Josèphe se rappelle dans une conversation avec Justus qu'avant l'arrivée de Josèphe en Galilée, les Galiléens lui coupèrent les deux mains pour avoir falsifié des documents. Dans la phrase suivante (§ 178), il rappelle que le beau-frère de Justus, Jésus ainsi que Chares avaient été tués par les Gamalitains. Mais au § 186, il rappelle de nouveau cet incident et prétend que les Gamalitains ont tué Chares et Jésus et la sœur de Justus (selon certains manuscrits) ou qui était le «frère» de Justus (selon d'autres manuscrits ?). Il semble ici que Josèphe emploie le terme «frère» "(En supposant que c'est la bonne lecture) de façon approximative au § 186, pour beau-frère, ce qui ajoute à la confusion. Son rôle n'est pas plus clair que celui du propre frère de Josèphe. »

Cette note d'applique à la phrase que Julien Weill traduit ainsi : « Mais je ferai voir plus particulièrement dans la suite quelle a été [la] malice [de Justus], et comme il ne s'en est guère fallu que lui et son frère[18] n'aient causé l'entière ruine de leur pays. »

Le texte de la Vita indique ou suggère que ce frère s'appelait Jésus dans une double sentence dont la seconde renvoie à la première et qui sont incompatibles selon Cohen et plusieurs traducteurs. La phrase énigmatique de Josèphe veut probablement dire que le frère de Justus appelé Jésus est un des 10 Jésus qui sont mentionnés dans la Vita. Charge au lecteur de parvenir à identifier lequel... Bref, il s'agit d'aller le plus loin possible dans la confusion au sujet du Jésus dont parlait probablement Justus qui a joué un grand rôle à Gamala et qui habitait de l'autre côté du lac « une maison fort grande qui comme toute tour était une sorte de citadelle » et dont la délégation envoyée de Jérusalem pour destituer Flavius Josèphe avait fait son quartier général dès son arrivée en Galilée.

Vita 186 modifier

Texte grec

[185] Ἰώσηπος δὲ τῆς ἰατρίνης [...] [186] Κτείνουσι δὲ καὶ Χάρητα, καὶ μετ᾽ αὐτοῦ τινα τῶν συγγενῶν Ἰησοῦν καὶ Ἰούστου δὲ τοῦ Τιβεριέως ἀδελφὴν ἀνεῖλον, καθὼς ἤδη προείπομεν, γράφουσι δὲ καὶ πρός με παρακαλοῦντες πέμψαι καὶ δύναμιν αὐτοῖς ὁπλιτῶν καὶ τοὺς ἀναστήσοντας αὐτῶν τῇ πόλει τείχη.

Traduction de Buchon

[185] [Joseph le Médecin[19]] en contraignit d'autres à entrer malgré eux dans son parti, et fit mourir ceux qui le refusèrent ; [186] entre lesquels furent Chares, Jésus son parent, et la sœur de Justus qui était de Tibériade.

Traduction de Pelletier

[185] [Joseph] [...] s'en prenant avec eux aux notables de Gamala, il les pressait de se détacher du roi et de prendre les armes pour retrouver ainsi l'indépendance. Ils eurent raison de certains, mais ceux qui n'agréaient pas à leurs projets, ils les passaient pas les armes. [186] Ils tuent Charès et, avec lui, Jésus, un de ses proches et frère de Juste de Tibériade, comme je l'ai dit plus haut[15].

Proposition de traduction

[185] [Joseph le Médecin] [...] fit mourir ceux qui le refusèrent ; [186] entre lesquels furent Chares, Jésus son parent, qui était le beau-frère de Justus de Tibériade, comme je l'ai dit plus haut.

  1. Josèphe a effectivement dit plus haut qu'un Jésus était marié avec la soeur de Justus.
  2. Ce Jésus est le frère de Charès ou de Philippe et donc un parent de Charès/Charita (Charita = le Miséricordieux ?), puisque Josèphe dit par ailleurs que Charita et Jésus sont des parents de Philippe.
  3. La traduction de Pelletier qui voit ici le meurtre d'un frère de Juste de Tibériade appelé Jésus est probablement induite par la formulation volontairement ambiguë de Flavius Josèphe. Elle est de toutes façons induites par la présentation des multiples Jésus en Galilée ou liés à la Galilée au début 67 — au minimum cinq Jésus différents, en supposant que l'un d'entre-eux est Jésus fils de Ioupha qui tient un rôle si important dans la Guerre des Juifs, mais que Josèphe ne rattache à aucun de ceux qu'il cite dans sa Vita. — Josèphe semble faire exprés de présenter ces différents Jésus avec les points qu'ils ont en commun (Tibériade, chef d'un parti ou d'une bande, favorable à la guerre contre les Romains, ayant des bateliers dans son mouvement, rassemblant des gens de peu,... etc.).

Il reste l'énorme mensonge sur le rôle des "Babyloniens" (ou du moins d'une partie d'entre-eux) et de Charita dans la résistance à Gamala et dans les deux grandes batailles qui y ont été menées dont la première a coûté la vie à 2000 cochons de Romains appartenant à la Xe légion, dont les enseignes portait un cochon sauvage,... justement.

Réflexion modifier

Pellettier remarque qu'en « 177 s. ne sont nommés que Charès, parent de Philippe, et Jésus frère de Charès et beau frère de Juste. » J'ajoute que c'est la deuxième fois dans la Vita qu'un renvoi de Josèphe à ce qu'il a dit plus haut dans cette Vita ne conduit à aucun passage clairement identifiable et les deux fois cela concerne quelqu'un qui s'appelle Jésus. La première fois, il s'agit bien de Jésus fils de Sapfias (ou Sapphias), renvoyé au chef de la deuxième tendance de Tibériade, celle favorable à la guerre, sauf que justement Josèphe n'a pas donné le nom du leader de cette tendance, alors qu'il a donné des noms pour les deux autres tendances. De plus, les traductions divergentes de Pelletier et de Buchon montrent que la formulation est probablement volontairement confuse. En 177, Jésus a-t-il été malmené par Josèphe lui-même ou par les habitants de Gamala ?

En fait, la formule « Ils tuent Charès et, avec lui, Jésus, un de ses proches » peut s'appliquer aussi bien à Jésus fils de Ioupha, qu'à Jésus fils de Gamaliel, puisqu'ils sont tous les deux des parents de Charès. La précision « frère de Juste de Tibériade comme je l'ai dit plus haut » suggère qu'en 177 ce qu'il a écrit était que le Jésus malmené était le frère de Justus et pas celui de Charita/Charès. Le moins que l'on puisse dire c'est que ce qu'il a écrit est (volontairement) peu clair. À partir de cette confusion volontaire, il semble inutile de spéculer sur le fait que Maryam Helena ait pu se remarier avec Pistus et que Jésus Îsâ se soit mariée avec une des (demi-)sœurs de Justus. Tout ce que l'on peut éventuellement supposer c'est que Justus avait un frère et/ou un beau-frère qui s'appelait Jésus et que Josèphe veut probablement accroître encore la confusion en ajoutant un ou deux autres Jésus avec lequel confondre Jésus Îsâ.

Comme Josèphe s'apprête à parler de Jésus venus à Jérusalem avec 600 guerriers et à qui Jérusalem donne pour fonction de le démettre (voir en [200]), son but est aussi de continuer à minimiser l'importance de Jésus. En le faisant mourir maintenant, contrairement à ce qu'il a raconté dans la Guerre des Juifs, son texte rend impossible que ce Jésus et les Jésus cités ultérieurement dans sa Vita soient Jésus fils de Ioupha. Lorsqu'il parle ensuite de Jésus (sa maison [246], intervenant en tant que dirigeant de Tibériade [271] et [278], lorsque Jésus lui demande des comptes sur ce qui avait été pillé dans le palais d'Agrippa [294], et la sorte de procès que Jésus et les délégués lui font [[296], [300], [301]...) il n'écrit plus que le nom Jésus, sans plus de précision.

Remarque modifier

Aussi curieux que cela puisse paraître, il se peut que ce soit la traduction de Pelletier (1959) qui soit la moins fidèle. Probablement embarrassé par le fait qu'il sait que Josèphe a raconté tout autre chose dans la Guerre des Juifs : Charès mort le jour de la prise de Gamala (automne 67) et Jésus fils de Ioupha cité la dernière fois alors qu'il organise le combat depuis des bateaux sur le lac dans la bataille de Tarychée et donc toujours vivant en été/automne 67, il tente peut-être de corriger ce qui lui semble être une aberration à juste titre. Dans la première citation, il parle d'un Jésus malmené, alors que le texte parle d'un Jésus ... Dans la deuxième citation, il parle d'un parent de Charès et pas d'un frère et il parle du frère de Justus, alors qu'il s'agirait de la soeur de Justus comme l'écrit Buchon.

Charis/Charita dans la Guerre des Juifs modifier

Mon traducteur google traduit "grâce" par χάρη. Sur el:wiki le mot el:Χάρη correspond à Grâce (droit). La définition de "Charis" est aussi grâce" dans ce dictionnaire biblique. Le sens de en:Charis est "grâce" Charis (/ˈkeɪrɪs/; Greek: Χάρις, pronounced [kʰáris]) lorsque l'on parle des "trois grâces", qui correspond à l'article el:Χάριτες dans wiki en grec. À comparer Charis/Charita avec "encouragement", "réconfort" ou "consolation". Actes IV, 36 indique « υἱὸς παρακλήσεως ». À propos de ce qui est traduit par "paraclet" dans l'Évangile selon Jean, fr:wiki écrit « Paraclet (παράκλητος, Parakletos ; en latin Paracletus) est un mot d'origine grecque qui signifie « celui qu'on appelle à son secours » (de παρακαλέω «appeler auprès de soi»), ou « celui qui intercède », formant les substantifs « avocat », « défenseur », « intercesseur ». » Ainsi que « Appliqué à l'Esprit Saint, ce mot a le sens de « défenseur », d'« intercesseur », de « consolateur ». »

À propos du "paraclet" du selon Jean, certains critiques ont d'ailleurs rappelé la phrase du Talmud évoquant Menahem qui indique que « le consolateur est parti au loin. »

Livre IV, I, 2 modifier

« 2. [9] Cette ville [Gamala], que sa nature même rendait ainsi d'un accès très malaisé, Josèphe l'entoura de murailles et la fortifia encore par des mines et des fossés. Sa situation donnait à ses habitants plus d'assurance que n'en avaient ceux d'Iotapata ; les hommes en état de porter les armes y étaient moins nombreux, mais ils mettaient leur confiance dans les avantages du terrain, au point de n'en pas accueillir d'autres pour grossir leur nombre ; car la ville était remplie de fugitifs, grâce à sa forte position ; c'est pour cela qu'elle avait résisté durant sept mois aux troupes qu'Agrippa envoya pour l'assiéger. »

Livre IV, I, 4 modifier

Alors que Vespasien prépare l'attaque de la ville fortifiée: « 4. [17] Les terrassements s'achevèrent avec rapidité, grâce au grand nombre de bras et à l'habitude qu'avaient les Romains de ces travaux. On mit en place les machines. Alors Charès (Χάρητα) et Joseph (également appelé Josès dans certains manuscrits), qui étaient les citoyens les plus considérables de la ville, rangèrent leurs soldats ; ceux-ci étaient effrayés, car ils doutaient de pouvoir résister longtemps au siège, médiocrement approvisionnés qu'ils étaient d'eau et des autres subsistances. »
[...]
« Cet accident causa la mort d'un grand nombre de Romains, car, dans leur détresse, ils sautaient sur les toits, bien qu'ils les vissent s'affaisser. Beaucoup furent ainsi ensevelis sous les débris ; beaucoup fuyaient, estropiés, atteints sur quelque partie du corps ; un très grand nombre périssaient, étouffés par la poussière. Les habitants de Gamala virent dans cette catastrophe une intervention divine : oubliant les pertes qu’ils subissaient eux-mêmes, ils redoublaient leurs attaques, repoussaient les ennemis vers les toits des maisons. Les Romains glissaient dans les passages escarpés : chaque fois qu'ils tombaient, les Juifs placés au-dessus d'eux les massacraient. »

Livre IV, I, 5 modifier

« 5. [30] Ainsi, trouvant à grand peine des issues, une partie des Romains sortirent de la ville. Vespasien ne cessa de rester auprès des troupes qui soutenaient cette lutte pénible : pénétré de douleur à la vue de cette ville qui s'écroulait sur son armée,... »

Livre IV, I, 6 modifier

« 6. [39] Cependant Vespasien voyait l'armée découragée. Ignorant la défaite, n'ayant nulle part jusqu'à ce jour subi un tel désastre (11) »

Livre IV, I, 9 modifier

« 9. [62] A Gamala, les plus aventureux fuyaient en secret tandis que les faibles mouraient de faim (18). Mais les combattants soutinrent le siège jusqu'au vingt-deux du mois d'Hyperberetaios (19) (9 novembre 67) : alors trois soldats de la quinzième légion atteignirent en rampant,... »
« les Romains en firent périr beaucoup, qui essayaient audacieusement de se faire jour, et parmi eux Joseph (également appelé Josès)(20), (9 novembre 67) qu'un soldat atteignit d'un trait et tua au moment où il franchissait en courant la partie de la muraille qui avait été détruite. Mais ceux qui étaient à l'intérieur de la ville, épouvantés par le bruit, couraient de toutes parts, en proie à une extrême agitation, comme si tous les ennemis s'étaient précipités sur eux. Alors Charès (Χάρης), alité et malade, rendit le dernier soupir, par l'effet de la terreur intense qui vint s'ajouter à sa maladie et causa sa mort. Mais les Romains, se souvenant de leur précédent échec, ne firent pas irruption dans la ville avant le vingt-trois de ce même mois (10 nov. 67). »

Conclusion provisoire sur Vita 177 et 186 modifier

Indépendamment du mensonge sur le moment et la raison de la mort de Charès/Charita et donc sur son rôle dans les deux batailles de Gamala qui ont eu lieu à l'automne 67, bien que cela semble assez gros, il n'est pas impossible que la formulation très imprécise de ces deux passages soit volontaire pour introduire une confusion supplémentaire au sujet de Jésus fils de Ioupha ou Jésus Îsâ. Il est tout à fait possible que Philippe fils de Joachim ait eu un frère appelé Jésus mariée à une soeur de Juste de Tibériade et que Charès/Charita soit un frère de celui que Flavius Josèphe appelle Jésus fils de Ioupha. Toutefois, en Vita 177 il est très difficile de savoir si le Jésus dont il est question est frère de Philippe ou frère de Charès/Charita et en Vita 188 la formule, il a tué « Charita et Jésus son parent » peut s'appliquer aussi bien au premier Jésus qu'au second, puisque naturellement deux frères — Jésus fils de Ioupha et (Joseph surnommé) Charita — sont aussi des parents, sans compter que Jésus fils de Gamaliel est aussi un parent de Charita (probablement son demi-frère). Le renvoi « comme je l'ai dit plus haut » étant là pour parfaire la confusion. Dans sa note, André Pelletier montre qu'il comprend Vita 177 comme désignant un Jésus qui est frère de Charès/Charita, c'est-à-dire d'après nous Jésus fils de Ioupha, alors qu'en Vita 186, il voit un Jésus qui est « frère de Juste de Tibériade[20] » et un des proches de Charès[20]. Il est probable que le but de Josèphe était d'introduire une confusion entre plusieurs Jésus et en tout cas de faire croire que Jésus Îsâ a été tué par les Gamalitains et ne peut donc pas être le Jésus dont Vespasien a ordonné la crucifixion qui a eu lieu lors d'une Pâque qui a suivi la prise de Jérusalem.

Lorsqu'en Vita 200, il reparle par la suite d'un Jésus qui ne peut être que Jésus fils de Ioupha, Josèphe l'introduit ainsi:
« [200] Un nommé Jésus, qui était de Galilée, étant en ce même temps venu à Jérusalem, avec six cents hommes de guerre... » Or, il a déjà parlé de Jésus qu'il appelle « Jésus, fils de Sapphias (Ἰησοῦς ὁ τοῦ Σαπφία παῖς) » en Vita 66 et « Jésus fils de Sapita (ὁ τοῦ Σαπίθα παῖς Ἰησοῦς) » en 134, que les traducteurs corrigent en Jésus fils de Saphias, car ils sont persuadés que c'est le même[21]. Toutefois les lecteurs de Josèphe du début du IIe siècle ne disposaient pas de ce privilège. Ils étaient donc confronté à un texte confus, qui leur parlait d'un Jésus fils de Sapphias, d'un Jésus fils de Sapita, d'un Jésus de Gamala, d'un Jésus dont il était difficile de savoir s'il était le frère de Charita ou le frère de Juste de Tibériade et dont il était encore plus difficile de savoir s'il était différent des trois autres, mais qui en tout cas avait été tué à Gamala et dont certains lecteurs pouvait se demander si ce n'est pas Jésus de Gamala qui avait été tué par les Gamalitains, d'un Jésus chef de 800 brigands que les habitants de Sepphoris avaient payé pour tuer Josèphe, puis après que Josèphe ait dit qu'il avait été tué par les Gamalitains, apparaissait « un nommé Jésus, qui était de Galilée » qui était donc différent selon Josèphe de tous ceux qui avaient été cités précédemment. Surtout que lorsqu'il parle de Jésus dans le reste de son texte, il n'écrit plus que le nom Jésus, sans plus de précision (sa maison [246], intervenant en tant que dirigeant de Tibériade [271] et [278], lorsque Jésus lui demande des comptes sur ce qui avait été pillé dans le palais d'Agrippa [294], et la sorte de procès que Jésus et les délégués lui font [[296], [300], [301]...). Comme cette Vita était mise à la fin des Antiquités judaïques qui ne parle absolument pas de ces évènements et que la Guerre des Juifs avait été publiée 35 ans auparavant, tout était fait pour que le lecteur introduise lui-même des confusions au sujet de qui était le Jésus dont parlait probablement Juste de Tibériade et qui avait joué un grand rôle dans la première bataille de Gamala où l'armée romaine avait perdus 2000 légionnaires.

Par ailleurs, Josèphe se garde bien d'indiquer si un de ces Jésus est celui qu'il appelle Jésus fils de Ioupha dans la Guerre des Juifs, en le présentant avec tellement de points commun avec Jésus fils de Sapphias, que certains traducteurs "corrigent" son nom en Jésus fils de Sapphias. C'est ainsi ce que fait Julien Weill en indiquant dans une note qu'il s'agit à l'évidence de Jésus fils de Sapphias. Les confusions volontairement introduites par Flavius Josèphe et ses commanditaires, se poursuivent donc vingt siècles plus tard. Les points de vue différents de Pelletier, Weill et Buchon au sujet de ces Jésus montrent en quelque sorte que la volonté de Josèphe et de ses commanditaires était d'introduire la confusion au sujet de l'identité d'un Jésus qui avait été actif en Galilée à l'époque. Qui donc cela pourrait-il être sinon Jésus Îsâ toujours vivant et toujours actif malgré sa crucifixion sous Ponce Pilate, ce qu'une partie de ses disciples a interprété comme une résurrection par Dieu.

Le nom de Charès/Charita modifier

Dans le livre IV de la Guerre des Juifs modifier

En IV, 18 il est appelé Χάρητα Charita, alors qu'en IV, 68 il est appelé Charès (Χάρης).

Dans la Vita modifier

En Vita 117, il est appelé Charita Χάρητα et il en est de même en 186.

Réflexion modifier

Dans 3 occurrence sur 4, il est donc appelé Χάρητα (Charita ou Charèta), pourtant c'est le nom Charès que les traducteurs ont choisi. Cela vient probablement des textes traduits en latin et donc ce choix a été fait il y a plus de mille ans. C'est-à-dire que ce choix appartient de fait à la tradition chrétienne. Charès est un nom grec existant, alors que Charita est à l'évidence un surnom rappelant les qualités morales et humaines de celui qui le portait.

Jésus fils de Sapphias modifier

Les étranges variations sur son nom modifier

Si ce personnage est négligé par la critique historique, c'est peut-être à cause de l'extrême variation que l'on trouve sur son nom chez Flavius Josèphe. On trouve des variations sur les noms dans les sources antiques entre différents auteurs, mais en trouver chez le même auteur et de plus dans le même livre est un phénomène exceptionnel qui là encore n'a pas été noté par la critique:

Dans la Guerre des Juifs
  • Jésus fils de Sapphias (ou Sapfias) (Ἰησοῦς τις υἱὸς Σαπφία) Guerre II - XXI 3
  • Jésus fils de Sapphas (ou Sapfas) (Ἰησοῦν υἱὸν Σαπφᾶ) (Sapfa) Guerre II - XX 4[22]. Ce général envoyé en Idumée disparaît ensuite du récit.
  • Jésus fils de Ioupha (Ἰησοῦν παῖς Ἰοῦφα) (Ioupha) Guerre III - IX 7

En Guerre III - IX 7, le nom Jésus fils de Ioupha est en général "corrigé" en "Jésus fils de Sapphias" par les traducteurs. Weill ajoute une note pour expliquer son choix en disant qu'à l'évidence, il s'agit de "Jésus fils de Sapphias". Il faudrait interroger un spécialiste du grec ancien (modifié au Xe siècle) pour savoir si Ἰοῦφα peut correspondre à un diminutif de Joseph. En tout cas, en grec moderne Ιουφα correspond au nom "Joe".

Dans la Vita
  • Jésus fils de Sapphias (ou Sapfias) (Ἰησοῦς ὁ τοῦ Σαπφία (Sapfia) παῖς) Vita XII (66)
  • Jésus fils de Sapitas (ὁ τοῦ Σαπίθα (Sapita) παῖς Ἰησοῦς) Vita XXVII (134)

Jésus fils de Sapita (Σαπίθα) que l'on trouve en Vita 134, est « corrigé » en « Jésus fils de Saphias » par Buchon et en « Jésus fils de Sapphia » par Pelletier (p. 23) sans même le signaler par une note.

Toutefois, ce ne sont pas des variations sur un nom, mais il s'agit pour la plupart de Jésus différents que Josèphe présente volontairement en présentant leurs points communs, afin d'entretenir le maximum de confusion et masquer quelque chose d'important au sujet d'un de ces Jésus.

Jésus fils de Sapita modifier

Dans la Guerre des Juifs et dans les mêmes circonstances — le rassemblement dans l'hypodrome de Tarychée — est mentionné Jésus fils de Sapphias, la "correction" faite par les traducteurs est donc logique. Toutefois, Jésus fiks de Sapita est « principal dirigeant de Tibériade », ce que n'est pas Jésus fils de Sapphias, qui est seulement le chef de la fraction qui est composé des gens les plus insignifiants.

« Là, d'une commune voix, ils arrêtèrent de me traiter comme traître à la république ; [134] et Jésus, fils de Sapita (ὁ τοῦ Σαπίθα παῖς Ἰησοῦς) qui était alors principal juge de Tibériade, et l'un des plus méchants hommes du monde et des plus séditieux, pour les animer encore davantage, leur montra les lois de Moïse qu'il tenait à la main, et leur dit... »

Il est donc probable qu'en racontant cet épisode, Josèphe prépare la transition vers la mention qui essaye d'induire la confusion avec la Jésus qui a escorté la délégation et que celle-ci a probablement désigné pour) être le premier dirigeant de Tibériade. Le nom Sapita — probablement totalement inventé — peut laisser croire qu'il s'agit d'une faute introduite par un scripte lors d'une recopie...

Accroissement de la confusion

Dans la version slavone de la Guerre des Juifs, comme dans la version grecque un Jésus, fils de Sapphias intervient dans l’hippodrome de Tarychée, mais il n'est pas présenté comme l'archonte de Tibériade, ni même comme un seigneur de Tibériade, mais comme « Jésus, fils de Sapphias, seigneur de Tarychée[23] ».

Jésus fils de Ioupha dans la Guerre des Juifs modifier

Si comme le comprennent André Pelletier et Julien Weill, le Jésus qui a été tué par les Gamalitains au moment de l'arrivée de Josèphe en Galilée est le frère de Charès/Charita, il s'agirait alors de Jésus fils de Ioupha. Or dans la Guerre des Juifs, Flavius Josèphe décrivait 35 ans plus tôt ce même Jésus comme son actif opposant et comme un des rares généraux avec Jean de Gischala à avoir mené une résistance aux légions de Vespasien, alors que lui-même s'était déjà rendu aux Romains. Ainsi en Été/Automne 67, on le voit encore faire un coup de main contre le détachement Romain envoyé par Vespasien pour obtenir la soumission de Tibériade. Avec son unité, il s'empare des chevaux du détachement du général romain, puis il cherche visiblement à l'entraîner vers le nord (Tarychée) où il avait probablement préparé une embuscade. Lorsque Vespasien, Titus et au moins trois légions accompagnées d'importantes forces auxiliaires font finalement mouvement vers Tarychée, avant qu'ils découvrent une immense armée de Juifs rassemblée dans la plaine devant Tarychée Jésus fils de Ioupha attaque les romains dans un coup de main audacieux et lorsque ceux-ci commencent à se regrouper et à être supérieur aux attaquants, ceux-ci se réfugient sur des bateaux dont Jos-=èphe dit qu'ils les avaient préparé à l'avance. Avec ses bateliers, il regroupe les bateaux à quelques encablures du rivage d'où ils arrosent de flèches les forces romaines depuis des bateaux situés à quelques encablures de la rive du lac de Tibériade. Jésus fils de Ioupha est mentionné pour la dernière fois par Josèphe pour dire que ceux de ses partisans — appelé "les gens de Jésus" par Josèphe — qui ne combattaient pas sur les bateaux se replient dans la campagne vers la fin de la bataille terrestre de Tarichée. Après cette terrible bataille les Romains fabriquent des radeaux puis une immense bataille lacustre se développe, au cours de laquelle même si Jésus n'est pas mentionné il est très probable qu'il y joue un rôle important avec ses bateliers et son unité militaire qui déjà quelques mois plus tôt comportait 600 combattants. Dans ces conditions, il est logique de penser que les forces encore actives après la bataille lacustre ont débarqué sur l'autre rive du lac à Gergesa, ont bousculé les forces d'Equus Modius, le général d'Agrippa II, qui n'arrivaient déjà pas à faire un vrai siège de Gamala depuis 7 mois et sont allées se joindre aux défenseurs de la ville fortifiée. D'autant plus que ces défenseurs étaient dirigés par Charès/Charita qui est vraisemblablement un des frères de Jésus fils de Ioupha. Au vue des points sur lesquels Josèphe essaye de construire un contre-feu, il est donc probable que dans son livre, Juste de Tibériade racontait à la fois le rôle d'un Jésus Îsâ dans la bataille de Gamala dont il disait qu'après la mort de Jésus fils de Gamaliel, il allait devenir un éphémère roi d'Adiabène sous le nom d'Îza d'Adiabène. Cette information était terrible, puisqu'elle venait confirmer ce qui bruissait, mais dont la diffusion était sévèrement réprimée : après la révolte Vespasien avait fait crucifier le Jésus qui avait déjà survécu à une crucifixion sous Ponce Pilate, c'est-à-dire qu'il avait fait crucifier celui que nombre de ses soutiens et des membres de sa famille considéraient comme le Christ envoyé par Dieu et considérait même de plus en plus comme Dieu lui-même. La confusion entretenue entre Jésus Îsâ et son demi-frère Jésus fils de Gamaliel (le roi Monobaze II d'Adiabène) qui lui avait été tué « par les Juifs » — en fait tué par les Zélotes Iduméens en 68 — risquait de s'effondrer et c'est cela qui a motivé l'adjonction de cette Vita remplie de nouveaux mensonges à la fin des Antiquités judaïques et la suppression des 5 passages qui concernaient la dynastie Monobaze d'Adiabène. Parallèlement ordre était donné à la censure impériale et aux gouverneurs locaux de faire détruire tous les exemplaires du livre de Juste de Tibériade, ce qui explique qu'à part Josèphe pas un seul auteur n'en parle.

Vita 66 modifier

Dans la Vita, Jésus, fils de Sapphias apparaît pour la première fois au verset 66 au sujet de l'exécution de l'ordre du Conseil de Jérusalem" de détruire le "palais d'Hérode" à Tibériade:
La rencontre entre Flavius Josèphe et le "Conseil de Tibériade" a lieu dans « un bourg nommé Bethmaüs éloigné de quatre stades de Tibériade ». Juste de Tibériade est venu avec les autres membres du conseil. Josèphe leur dit qu'il avait « été député de la ville de Jérusalem avec [s]es collègues pour leur représenter qu'il fallait démolir le palais si somptueux que le tétrarque Hérode avait fait bâtir, et où il avait fait peindre divers animaux, contre les défenses expresses de nos lois [...] Capella[24] et ceux de son parti ne pouvant se résoudre à la ruine d'un si bel ouvrage contestèrent fort longtemps. Mais enfin nous les portâmes à y consentir. » « Seulement nous sommes devancés par Jésus fils de Sapphias, dont nous avons dit plus haut qu'il dirigeait le parti des marins et des miséreux ». Toutefois, comme le fait remarquer André Pelletier dans sa note de bas de page, contrairement à ce que suggère Josèphe, il n'a pas nommé Jésus, fils de Sapphias plus haut. Comme André Pelletier, le lecteur en est réduit à supposer que « l'allusion — qui renvoie à plus haut — se rapporte sans doute au second parti composé des individus les plus insignifiants », verset 35 (note n° 4 p. 11 de Pelletier), qui selon Josèphe « avait décidé la guerre ».

Jésus mentionné à partir de Vita 200 modifier

Jésus fils de Sapfia modifier
  • "Jésus fils de Sapfia" dirige le parti favorable à la guerre à Tibériade ;
  • Il exécute l'ordre du Conseil de Jérusalem de détruire le palais d'Hérode à Tibériade "suivi de quelques bateliers et de quelques autres Galiléens de sa nation" (Vita 66)

Jésus fils de Ioupha modifier

Jésus, fils de Ἰοῦφα apparaît pour la première fois dans le livre III de la Guerre des Juifs. Le légions de Vespasien ont pris Iotapata le 20 juillet 67 et il pense que la Galilée est entiérement pacifiée. Il envoie la XVe légion de Titus à Scythopolis pour qu'elle prenne ses quartiers d'hiver et les Xe et Ve légion à Césarée maritime avec le même objectif. Lui-même va avec une partie de son armée à Césarée de Philippe dans le palais d'Agrippa II. Toutefois, il apprend que « la sédition agitait Tibériade et que Tarychée s’était révoltée. » « Il envoie donc Titus a Césarée maritime pour chercher les troupes qui s'y trouvaient et les ramener à Scythopolis, la cité la plus importante de la Décapole et voisine de Tibériade ; il s'y rendit lui-même pour recevoir son fils, puis, s'avançant avec trois légions, il vint camper à trente stades de Tibériade, dans un lieu d'étapes, bien en vue des rebelles, qu'on nommait Sennabris. De là, il envoya le décurion Valerianus avec cinquante cavaliers pour faire des offres de paix à ceux de la ville et les engager à traiter ; car il avait appris que le gros du peuple désirait la paix et n'était terrorisé que par quelques séditieux qui lui imposaient la guerre. (Guerre des Juifs, III, IX, 7) » C'est alors que selon Josèphe se produit ce qui suit:

« Valerianus s'avança à cheval jusqu'au pied de la muraille : là il mit pied à terre et en fit faire autant à ses cavaliers pour qu'on ne s'imaginât pas qu'il venait escarmoucher. Mais avant qu'il eût entamé les pourparlers, voici que les principaux séditieux s'élancent en armes à sa rencontre, ayant à leur tête un certain Jésus, fils de Ἰοῦφα[91], qui était comme le chef de cette troupe de bandits. Valerianus ne voulait pas s'exposer à combattre au mépris des ordres de son général, la victoire fût-elle certaine ; d'autre part il croyait dangereux pour une petite troupe de s'engager avec une grande, de lutter sans préparation contre des adversaires préparés. Bref, étonné par la hardiesse imprévue des Juifs, il s'enfuit à pied, suivi de ses cinquante compagnons[92], qui abandonnèrent également leurs moutures. Les gens de Jésus ramenèrent en triomphe ces chevaux dans la ville, aussi fiers que s'ils les avaient pris dans le combat et non dans un guet-apens. (Guerre des Juifs, III, IX, 7) »

« La plupart des manuscrits. ont ici παῖς Ἰοῦφα, mais il s'agit évidemment du Jésus, fils de Sapphias, qui a déjà été mentionné (livre II, XXI, 3) comme « archonte » de Tibériade. Cf. Vita, 66 et 134. (Julien Weill, note no 91 du livre III de sa traduction de la Guerre des Juifs) »

Dans la version uniquement connue en slavon modifier

Dans cette version, il n'est pas appelé Jésus fils de Ioupha, mais Jésus fils de Tophas[25].

Jésus fils de Ioupha = Jésus fils de Sapfias ? modifier
  • Tous deux semblent être des dirigeants de Tibériade ;
  • Tous deux sont chefs du parti favorable à la guerre contre les Romains ;
  • Tous deux s'appuient sur un groupe de bateliers nombreux ;
  • Tous deux prennent des initiatives résolues, alors que les autres dirigeants de Tibériade sont encore en train de débattre (Jésus fils de Sapfias incendie le palais d'Hérode, Jésus fils de Ioupha attaque l'avant garde romaine)

L'identification faite par Julien Weill est donc logique, mais il n'empêche que ce n'est pas ce qu'a écrit Josèphe qui voulait faire croire soit qu'il s'agissait de deux personnes différentes, soit au contraire qui présentait ces deux Jésus en forçant sur leurs points communs dans le but d’accroître la confusion sur la personnalité de ces Jésus et de cacher que Vespasien avait ordonné la crucifixion du Jésus qui avait déjà survécu à une crucifixion sous Ponce Pilate, alors qu'un très grand nombre de membres de sa famille et de ses soutiens appartenaient au mouvement religieux créé par ce Jésus.

Jésus fils de Ioupha à Tarychée modifier

« Les délégués capitulèrent donc au nom de la bourgeoisie : sur quoi Jésus et ses gens estimant qu'ils n'étaient plus en sûreté à Tibériade, s'enfuirent à Tarichées (Guerre des Juifs, III, IX, 8). »

« Les habitants tenaient prêtes sur le lac un grand nombre de barques, pour s'y réfugier s'ils étaient battus sur terre[26] ; ils les avaient équipées de manière à livrer au besoin un combat naval. Pendant que les Romains fortifiaient l'enceinte de leur camp, Jésus et ses compagnons, sans se laisser intimider par la multitude et le bel ordre des ennemis, firent une sortie; ils dispersèrent au premier choc les travailleurs et arrachèrent une partie du retranchement. Cependant, dès qu'ils virent les légionnaires former leurs rangs, ils se dépêchèrent de se retirer auprès des leurs, avant de s'exposer à quelque dommage; les Romains, s'élançant à leurs trousses, les pourchassèrent jusqu'à leurs barques; les Juifs y montent et s'éloignent jusqu'à l'extrême portée des traits. Ils jettent alors l'ancre et, serrant leurs vaisseaux les uns contre les autres à la manière d'une phalange, engagent contre l'ennemi resté à terre une sorte de combat naval[27]. Cependant Vespasien, apprenant que la grande masse des Juifs était rassemblée dans la plaine située aux portes de la ville, envoie contre eux son fils avec six cents cavaliers de choix. (Guerre des Juifs, III, X, 1). »}

« A la vue de [l']audace [de Titus], l'effroi s'empare des défenseurs de la muraille: personne n'ose combattre ni résister; tous quittent leur poste et s'enfuient, les gens de Jésus à travers la campagne, les autres courant vers le lac. Mais ceux-ci donnent dans l'ennemi qui marchait à leur rencontre; plusieurs sont tués au moment de monter sur les barques, d'autres le sont, tandis qu'ils cherchent à rejoindre à la nage leurs compagnons, qui avaient précédemment pris le large. (Guerre des Juifs, III, X, 5) »

« Quant à ceux qui s'étaient sauvés sur le lac, voyant la ville prise, ils gagnèrent le large et s'éloignèrent des ennemis le plus loin qu'ils purent. (Guerre des Juifs, III, X, 5) »

Combat sur le lac modifier

« Le lendemain [Vespasien] descendit au bord du lac et ordonna de construire des radeaux pour relancer les fugitifs. Comme il y avait abondance de bois et d'ouvriers, les embarcations furent bientôt prêtes. (Guerre des Juifs, III, X, 5) »

« 9. [522] Vespasien, dès que ses radeaux furent prêts, les chargea d'autant de troupes qu'il croyait nécessaires pour venir à bout des Juifs réfugiés sur le lac, et gagna le large avec cette flottille.(Guerre des Juifs, III, X, 9)[28] »

Épilogue de la bataille de Tarychée modifier

« Arrivés dans cette ville, ils les y enfermèrent. Vespasien, survenant à son tour, les fit tous transporter dans le stade et donna l'ordre de tuer les vieillards et les infirmes au nombre de douze cents : parmi les jeunes gens, il en choisit six mille des plus vigoureux et les expédia à Néron qui séjournait alors dans l'isthme de Corinthe[112], Le reste de la multitude, au nombre de trente mille quatre cents têtes, fut vendu à l'encan, hors ceux dont Vespasien fit présent à Agrippa, à savoir les Juifs originaires de son royaume : le général lui permit d'agir avec eux à discrétion et le roi les vendit à son tour. Le gros de cette foule se composait de gens de la Trachonitide, de la Gaulanitide, d'Hippos et de Gadara pour la plupart : tourbe de séditieux et de bannis, qui, méprisés pendant la paix, avaient trouvé dans leur infamie de quoi les exciter à la guerre. Leur capture eut lieu le huit du mois Gorpiéos (26 septembre 67[29]). (Guerre des Juifs, III, X, 10) »

Philippe, fils de Joachim modifier

Vita 46 - 58 modifier

[XI] [46] J'ai à dire maintenant de quelle sorte ceux de Gamala demeurèrent fidèles aux Romains (mensonge total). Philippe, fils de Joachim (Φίλιππος ὁ Ἰακείμου) lieutenant du roi Agrippa, s'était, contre toute sorte d'espérance, échappé du palais royal de Jérusalem lorsqu'il était assiégé ; mais il tomba dans un autre péril : car il courait le risque d'être tué par Manahem (Menahem (Sicaire)) et les séditieux qu'il commandait, [47] si quelques Babyloniens de ses parents qui étaient alors à Jérusalem, ne l'eussent sauvé. Il se déguisa quelques jours après et s'enfuit dans un village qui était à lui, proche de la forteresse de Gamala, où il assembla un assez bon nombre de ses sujets (traduction de Pelletier! "il envoie à quelques uns de ses gens l'ordre de le rejoindre"). [48] Dieu permit qu'il fût arrêté par une fièvre, sans laquelle il était perdu ; car cet accident l'ayant empêché de continuer son voyage, il écrivit par un de ses affranchis au roi Agrippa et à la reine Bérénice, et pour leur faire tenir ses lettres, il les adressa à Varus, [49] à qui ce prince et cette princesse avaient laissé la garde de leur palais lorsqu'ils étaient allés au devant de Gessius (Florus). [50] Varus fut très fâché d'apprendre que Philippe était échappé, parce qu'il eut peur de diminuer de crédit dans l'esprit du roi et de la reine, et qu'ils n'eussent plus besoin de lui lorsque Philippe serait auprès d'eux. Ainsi il fit croire au peuple que cet affranchi était un traître qui leur apportait de fausses lettres, parce qu'il était certain que Philippe était à Jérusalem avec les juifs qui s'étaient révoltés contre les Romain ; et artifice fit mourir cet homme. [51] Lorsque Philippe vit que son affranchi ne revenait point, ne sachant à quoi attribuer ce retard, en envoya un autre avec de nouvelles lettres [52] et Varus employa pour le perdre les mêmes calomnies dont il avait usé contre le premier. Les Syriens qui demeuraient à Césarée (de Philippe ou Banyas)) lui avaient enflé le cœur et fait concevoir de grandes espérances en lui disant que les Romains feraient mourir Agrippa à cause de la rébellion des Juifs, et qu'il pourrait régner à sa place parce qu'il était de race royale, et (Varus descendant de Sohaemos) descendu de Sohème (Sohaemos), roi du Liban. [53] Ce fût ce qui l'empêcha de faire rendre au roi les lettres de Philippe, et ce qui l'obligea à fermer tous les passages afin d'ôter à ce prince la connaissance de ce qui se passait. Il fit ensuite mourir plusieurs Juifs pour satisfaire les Syriens de Césarée (de Philippe), [54] et résolut d'attaquer, avec l'aide des Trachonites qui étaient en Béthanie, les Juifs que l'on nommait Babyloniens et qui demeuraient à Écbatane. [55] Pour venir à bout de ce dessein, il commanda à douze des principaux d'entre les Juifs de Cérarée d'aller dire de sa part à ceux d'Ecbatane qu'on l'avait averti qu'ils étaient sur le point de se soulever contre le roi : mais qu'il n'avait pas voulu ajouter foi à cet avis; et qu'ainsi il les envoyait vers eux pour les porter à quitter les armes, afin de témoigner par cette obéissance qu'ils avait eu raison de ne point croire ce qu'on lui avait dit à leur préjudice. [56] A quoi il ajouta que pour faire encore mieux connaître leur innocence, il serait nécessaire qu'ils lui envoyassent soixante-dix des plus considérables d'entre eux. Ces douze députés étant arrivés à Ecbatane trouvèrent que ceux de leur nation ne pensaient à rien moins qu'à se révolter, et leur persuadèrent d'envoyer à Varus les soixante-dix hommes qu'il demandait. [57] Lorsque ces députés furent tous ensemble prés de Césarée (de Philippe), Varus qui s'était avancé sur leur chemin avec les troupes du roi les fit charger, et de ce grand nombre il ne s'en sauva qu'un seul. Varus marcha ensuite vers Ecbatane. [58] Mais celui qui s'était échappé le prévint, et donna avis aux habitants de cette horrible perfidie. Ils prirent les armes, se retirèrent avec leurs femmes et leurs enfants dans la forteresse de Gamala, et abandonnèrent leurs villages avec tous les biens et tous les bestiaux qu'ils y avaient en abondance.

Vita 59 - 60 modifier

[59] Philippe, ayant appris cette nouvelle se rendit aussitôt à Gamala. Les habitants ravis de son arrivée le prièrent de vouloir être leur chef et de les conduire contre Varus et les Syriens de Césarée (de Philippe); car le bruit s'était répandu qu'ils avaient tué le roi. [60] Philippe, pour réprimer leur impétuosité leur représenta les bienfaits dont ils étaient redevables à ce prince, leur fit connaître par de puissantes raisons que les forces de l'empire Romain étaient si redoutables qu'ils ne pouvaient entreprendre de lui faire la guerre sans s'exposer à un péril évident, et enfin il leur persuada de suivre le conseil qu'il leur donnait.

Vita 61 - 62 modifier

[61] Cependant le roi ayant appris que Varus voulait faire tuer en un même jour tous les Juifs de Césarée (de Philippe) qui étaient en fort grand nombre, sans épargner même leurs femmes et leurs enfants, envoya Equus Médius pour lui succéder, comme on l'a pu voir ailleurs ? ; et Philippe retint dans l'obéissance des Romains, Gamala et les pays d'alentour. (sic ???) [XII] [62] Lorsque je fus arrivé en Galilée j'appris tout ce que je viens de dire,...

Vita 177-178 modifier

Sur quoi je fis souvenir Justus (de Tibériade) qu'avant ma venue (avant ma venue de Jérusalem), les Galiléens avait fait couper les mains à son frère (le frère de Justus), en lui supposant de fausses lettres ; qu'après le départ de Philippe, les Gamalitains, dans une contestation qu'ils eurent avec les Babyloniens, avaient tué Chares (Χάρητα), parent de Philippe;

  • [178] au lieu que je n'avais fait souffrir qu'une peine fort légère à Jésus, son frère qui avait épousé la sœur de Justus (traduction de Buchon)
  • [178] après le départ de Philippe, les gens de Gamala, dans une insurrection contre les Babyloniens, avaient tué Chares (Χάρητα), parent de Philippe; et qu'ils avaient sauvagement châtié son frère Jésus, mari de la sœur de Justus (traduction de Pelletier)

Après cela, je mis en liberté Justus et tous les siens.

Vita 179 - 184 modifier

[XXXVI] [179] Peu auparavant, Philippe, fils de Joachim (Ἰακίμου Φίλιππον), était parti de la forteresse de Gamala pour la raison que je vais dire. Aussitôt qu'il eut appris, que Varus s'était révolté contre le roi Agrippa, et qu'Équis Modius (Modius Aaquus Μόδιον Αἴκουον), qui était fort son ami, lui avait été donné pour successeur, il écrivit à ce dernier pour l'avertir de l'état où il était, et le prier de faire tenir au roi et à la reine des lettres qu'il leur écrivait. [181] Modius apprit avec beaucoup de joie ce que Philippe lui mandait, et envoya ses lettres à ce prince et à cette princesse. [182] Le roi ayant ainsi connu la fausseté de ce que l'on avait publié, que Philippe s'était rendu chef des Juifs pour faire la guerre aux Romains, l'envoya quérir avec une escorte de gens de cheval, et le reçut parfaitement bien. [183] Il le montrait même aux capitaines romains en leur disant : «Voilà celui que l'on accusait de s'être révolté contre vous. ». Il l'envoya ensuite avec la cavalerie à la forteresse de Gamala, pour en ramener tous ses gens, rétablir les Babyloniens dans Bathanea.

  • [184] Il le chargea en outre, de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher toute séddition de la part de ses sujets. Philippe une fois reçu les instructions du roi, s'empressa d'exécuter ses ordres. (traduction de Pelletier)

Vita 185 - 186 modifier

[XXXVII] [185] Cependant un nommé Joseph, le médecin, rassembla les plus hardis d'entre les jeunes gens de Gamala, et ayant aussi attiré à lui les principaux de la ville, persuada le peuple de secouer le joug du roi, et de prendre les armes pour recouvrer la liberté. Il en contraignit d'autres à entrer malgré eux dans son parti, et fit mourir ceux qui le refusèrent ; [186] entre lesquels furent Chares, Jésus son parent, et la sœur de Justus qui était de Tibériade.

Conclusion 2 modifier

La mort de Charès et d'un Jésus tués par les Gamalitains (sic) « après le départ de Philippe » de Gamala, n'est située par Josèphe que lorsque Philippe va rejoindre Agrippa II et la Vita la situe donc avant l'arrivée de Joseph en Galilée !! Josèphe situe de toutes façons ces morts avant que lui-même se soit rendu aux Romains puisque d'après lui, il en a parlé avec Juste de Tibériade. Ce qui est totalement incompatible avec ce qu'il a raconté dans la Guerre des Juifs 30 ans plus tôt ! Mais il est vrai que cette Vita est insérée dans les Antiquités judaïques, où il ne dit pas un mot de ces événements, tout au moins dans la version tronquée publiée après la publication du livre de Juste de Tibériade.

Philippe, fils de Joachim dans la Guerre des Juifs modifier

Dans la Guerre des Juifs, Philippe apparaît au livre II (XVII, 4). Après le déclenchement de la révolte, alors que les Romains et les troupes d'Agrippa II sont assiégées dans deux forteresses, Agrippa « envoya deux mille[30] cavaliers pour défendre le peuple: c’étaient des Auranites, des Batanéens, des Trachonites, ayant pour commandant de cavalerie Darius et pour général Philippe, fils de Joachim[31] ; il était fils de Zamaris, qui, sous Hérode, mena une colonie en Batanée[32], »

Mais après un renfort de "Sicaires" les révolutionnaires repoussent les forces d'Agrippa et celle des Romains qui se réfugient dans l'Antonia et dans le Palais d'Hérode. Philippe s'est probablement replié dans le palais d'Hérode à l'ouest de la ville. Les Palias d'Agrippa et de Bérénice sont incendiées ainsi que les archives afin de faire disparaître les créances dues et que les pauvres sûr de leur impunité se joignent aux révolutionnaires précise Josèphe. L'Antonia est ensuite prise et sa garnison égorgée. Il ne reste donc plus que le Palais d'Hérode qui n'est pas aux mains des insurgés.

C'est à ce moment là que Menahem et ses forces se joignent aux insurgés après avoir pris la forteresse de Masada. Il prend la direction du siège du palais.

« Cependant les défenseurs députèrent auprès de Manahem et des promoteurs de la sédition, demandant à sortir par capitulation. Les insurgés n’accordèrent cette permission qu’aux soldats du roi et aux indigènes, qui sortirent en conséquence. Les Romains, restés seuls, furent pris de découragement (Guerre, II (XVII, 8). » Philippe devait donc faire partie de ceux qui sont sortis à cette occasion.

Phillipe ne réapparaît qu'après "le désastre de Cestius" (Cestius Gallus) (II, XX, 1):
« 1. [556] Après le désastre de Cestius, beaucoup de Juifs de distinction s'échappèrent de la ville comme d'un navire en train de sombrer. Les frères Costobaros et Saül (Σάουλος), accompagnés de Philippe, fils de Joachim (Ἰακίμου), préfet de l'armée du roi Agrippa[33], s'enfuirent de Jérusalem et se rendirent auprès de Cestius. »
« Cestius envoya Saül et ses compagnons, sur leur demande, en Achaïe auprès de Néron pour exposer au prince l'extrémité où ils étaient réduits et rejeter sur Florus la responsabilité de la guerre; Cestius espérait ainsi diminuer son propre péril en détournant la colère de Néron sur ce dernier. »

Traduction de Buchon:
« Après un si malheureux succès arrivé à Cestius plusieurs des principaux des Juifs sortirent de Jérusalem comme ils seraient sortis d'un vaisseau qu'ils jugeaient être prés de faire naufrage. Costobare et Saül qui étaient frères, et Philippe, fils de Joachim, qui avait été général de l'armée du roi Agrippa, se retirèrent vers Cestius ; [...]. Cestius envoya Saül et les autres à Néron dans l'Achaïe pour l'informer de sa retraite et rejeter la cause de la guerre sur Florus, afin d'apaiser sa colère contre lui en la faisant retomber sur un autre. »

Conclusion 3 modifier

La formule « Saul et ses compagnons » laisse entendre que Philippe a aussi été envoyé en Achaïe. Non seulement Josèphe n'en dit rien dans sa Vita où il s'emploie amplement à disculper Philippe d'avoir participé un temps à l'action des révoltés[34]. De même pour le moment de sa fuite de Jérusalem qui dans la Vita intervient beaucoup plus tôt. Seulement cinq jours après la capitulation du palais royal (le 6 Gorpiéos, c'est-à-dire le mois d'Eloul = août-septembre 66 selon Julien Weill).

Comme pour Charès, ce qui est raconté au sujet de Philippe dans la Vita est complètement incompatible avec ce que Josèphe avait raconté 30 ans plus tôt dans la Guerre des Juifs. Dans la Vita, au lieu d'être allé à Antioche avec Saul et Costobar pour rendre compte à Cestius et que celui-ci les ait envoyé en Achaïe où se trouvait alors Néron pour qu'ils lui rendent compte, Philippe est revenu en Galilée où il est demeuré dans un village proche de Gamala jusqu'à ce que Varus soit démis de ses fonctions. Il a alors rejoint Gamala et prévenu Agrippa II qu'il était là. La relation de la Vita ne laisse nulle place pour un déplacement pour rencontrer Cestius et encore moins pour un voyage en Achaïe pour rencontrer Néron. De plus, si Philippe avait déjà rencontré Néron, on ne comprend pas pourquoi Vespasien l'aurait envoyé à Rome un an plus tard, pour son attitude à Jérusalem, alors qu'il aurait eu tout loisir de s'en expliquer s'il y était allé juste après la prise de contrôle de Jérusalem par les insurgés.

Les Jésus de Galilée en 66-67 chez Josèphe modifier

Dans la Guerre des Juifs modifier

  1. Jésus, fils de Sapfias (ou Sapphias) : dirigeant de Tibériade, avec son groupe composé notamment de bateliers, il incendie le palais d'Hérode, alors que Josèphe essaye d'obtenir la même action en négociant avec le Conseil de la ville. Idem à celui de la Vita qui fait la même action, pendant que Joseph négocie avec Julius Capella et Pistus, le père de Juste de Tibériade. Il est indirectement désigné comme le chef du parti favorable à la guerre contre les Romains à Tibériade et comme le leader d'un groupe composé de « gens les plus insignifiants », notamment des bateliers.
  2. Jésus, fils de Ioupha : il mène une action contre le détachement romain venu recevoir la soumission de la ville de Tibériade. Avec son groupe, il s'empare de ses chevaux. Lorsque le conseil de Tibériade décide d'envoyer une délégation à Vespasien pour lui demander de prendre possession de la ville, il part de Tibériade et va à Tarychée. À Taryché, il mène à nouveau un coup de main contre l'avant garde romaine, puis se replie sur des bateaux préparés à l'avance qui se regroupent et se serrent comme pour un combat naval d'où ils tirent sur les Romains chaque fois qu'ils le peuvent. Les gens de Jésus ayant participé à la bataille terrestre de Tarychée se replient à travers la campagne. Certains critiques lui ont trouvé suffisamment de points communs avec Jésus, fils de Sapphias (Tibériade, les bateliers, favorable à la guerre contre les romains, dirigeant des gens de peu,...) qu'ils l'identifient avec le précédent. C'est notamment le cas de Julien Weill.
  3. Il faut ajouter Jésus de Gamala ou Jésus fils de Gamala qui bien qu'il ne semble pas spécialement agir en Galilée dans la Guerre des Juifs, évoque la Galilée par le nom qui lui est choisi. Sa seule intervention en Galilée consiste à trahir le secret de la réunion qui semble avoir décidé de révoquer Flavius Josèphe en faisant secrètement passer cette information au père de Josèphe pour qu'il la transmette à son fils et que celui-ci puisse s'opposer à son application. Josèphe et Jésus de Gamala ayant tous deux comme particularité d'avoir décidé de s'entendre secrètement avec les Romains et ce Jésus de Gamala sera d'ailleurs exécuté pour cela. Ce Jésus est-il originaire de Gamala ? En était-il un gouverneur avant le déclenchement de la révolte ? S'il s'agit de Jésus fils de Gamaliel ainsi que l'entendent en général les spécialistes, pourquoi cette double dénomination avec une consonance aussi proche ? Pourquoi Flavius Josèphe ne dit pas un mot de Gamaliel l'Ancien, justement un "Babylonien", alors qu'il est évident qu'il s'agit d'un personnage majeur du judaïsme de son époque ? De même, pourquoi Josèphe ne dit pas un mot de Hillel qualifié explicitement de "Babylonien" lié aux "Anciens de Bathyra" dans le Talmud, alors qu'il mentionne Abtalon et Saméas ? Pourquoi choisit-il la forme Saméas pour parler tant de Shammaï que de Shemaya ? Il est évident que là aussi il veut organiser la confusion entre Shammaï et Shemaya, comme l'ont noté d'ailleurs plusieurs critiques. Si donc il s'agit de Jésus fils de Gamaliel, de quel Gamaliel s'agit-il ? Est-il un fils de Gamaliel l'Ancien, et que c'est pour cela que ce dernier est totalement absent des écrits de Josèphe, sauf pour parler de son fils Simon, mais uniquement par la mention « Simon fils de Gamaliel » et uniquement par une seule mention faite dans sa Vita écrite en 95. Est-il le fils d'un autre Gamaliel de la génération précédent Gamaliel l'Ancien ? Il est en tout cas très probable qu'il soit un membre de cette famille sacerdotale et donc un "Babylonien". Étant donné les liens entre les "Babyloniens" de Bathyra et la cité fortifiée de Gamala qui pendant la révolte est dirigée par plusieurs d'entre-eux dont Charès et Philippe, il est logique de considérer que l'appellation Jésus de Gamala ou Jésus fils de Gamala pour le grand-prêtre Jésus fils de Gamaliel renvoie à la ville de Gamala. Cette ville, ou ce qui s'y est passé lors de l'attaque des Romains à l'initiative d'un certain Jésus, semble être au centre des préoccupations de Josèphe dans sa Vita conçue comme un contre-feux à des informations très embarrassantes que venait d'écrire Juste de Tibériade dans son "Histoire" de la révolte.

Les Jésus de la Vita modifier

Dans l'ordre de leur apparition dans le texte:

  1. Jésus, fils de Sapfias (ou Saphias ou Sapfia) : même caractéristique que dans la Guerre des Juifs et même personnage.
  2. Jésus qui commandait 800 brigands (Vita 104, 108, 109) : les habitants de Sepphoris le payent pour qu'ils tuent Flavius Josèphe, mais comme toujours Josèphe parvient à l'en dissuader sans verser une goutte de sang !
  3. Jésus, fils de Sapita (ὁ τοῦ Σαπίθα παῖς Ἰησοῦς) : même caractéristique que Jésus, fils de Sapfias (ou Saphias ou Sapfia). André Pelletier estime que c'est le même personnage. Dans le livre II de la Guerre des Juifs, dans les mêmes circonstances Jésus fils de Sapphias (Ἰησοῦς τις υἱὸς Σαπφία) est mentionné. Toutefois, le lecteur de la Vita qui ne se reporte pas obligatoirement à un livre écrit 30 ans plus tôt peut croire qu'il s'agit d'un Jésus supplémentaire ou en tout cas, être dans le doute, la confusion sur les Jésus étant le but recherché par Josèphe et ses commanditaires. Vita 134 : la population de Tarychée est rassemblées dans l’hippodrome et « Là, d'une commune voix, ils arrêtèrent de me traiter comme traître à la république ; [134] et Jésus , fils de Sapita (ὁ τοῦ Σαπίθα παῖς Ἰησοῦς) qui était alors principal juge de Tibériade, et l'un des plus méchants hommes du monde et des plus séditieux, pour les animer encore davantage, leur montra les lois de Moïse qu'il tenait à la main » Puis « il (Jésus) prit avec lui quelques gens armés et vint à mon logis dans la résolution de me tuer. » Mais là encore Josèphe s'en sort par un habile discours. Dans sa note no 638, Steve Mason écrit : « Bien que les manuscrits lisent ici "fils de Sapithas", le passage parallèle de la Guerre (2.599) a Jésus fils de Sapphias, le même chef de Tibériade qui est mentionné en Life 66. Josephus l'a présenté en Life 66 à la tête d'une faction de marins et de gens de peu (ingrates), qui ont brûlé le palais royal de Tibériade. Que Josephus ne se souvienne pas de cette introduction ici, tout en en fournissant une nouvelle remplie de lieux communs rhétoriques, illustre encore plus son arrangement aléatoire des épisodes. Rappelons que dans le § 66, il a fait référence à une introduction précédente de Jésus qui ne peut être trouvée. »;
  4. Jésus, frère de Charès, dont Flavius Josèphe dit qu'il était marié à une soeur de Juste de Tibériade (Vita 177).
  5. Jésus, parent de Charès, dont Flavius Josèphe dit qu'il était marié à une soeur de Juste de Tibériade (Vita 186) en renvoyant à ce qu'il a "écrit plus haut", à moins que ce soit la traduction d'André Pelletier qui soit la bonne et que ce Jésus soit frère de Juste de Tibériade[20] : Josèphe le fait mourir à Gamala, en même temps que Charès lorsque Philippe avait quitté la ville, c'est-à-dire en 66 et en tout cas avant ces incidents à Tarychée, puis à Tibériade. Charès et Jésus, son parent auraient été tués par Joseph le médecin, un des dirigeants de la révolte de cette ville fortifiée. Toutefois, nous savons que Flavius Josèphe ment, puisque dans la Guerre des Juifs, Charès et Joseph sont étroitement associés dans la direction des révoltés de Gamala. Ils sont tout le temps cités ensemble et ils meurent assez invraisemblablement le même jour du début novembre 67, mais dans des circonstances pourtant tout à fait différentes. Joseph est tué par les Romains, alors qu'il tente de franchir le mur de la ville, alors que Charès meurt le même jour de maladie dans son lit, effrayé par l'attaque des Romains. Dans la Vita, le fait de faire mourir Charès et Jésus, dont Vita 177 a dit que c'était son frère en 66, et en tout cas bien avant le siège de Gamala par les Romains, bien avant la bataille de Iotapata (juillet 67), bien avant que Josèphe se soit rendu à Vespasien, bien avant l'arrivée de Vespasien avec 3 légions depuis Ptolémaïs (juin 67), bien avant qu'une délégation ait tenté de destituer Josèphe, etc. a probablement pour but de faire croire qu'aucun des Jésus que Josèphe mentionne par la suite n'est le frère de Charès appelé Jésus. Il existe une troisième version de la mort de Joseph et de Charès/Charita, c'est celle qui figure dans la Guerre des Juifs en slavon. Dans cette version, qui pourrait être fondé sur une version de travail en grec ayant circulé pour l'établissemnt de la version publiable en araméen, Charès/Charita et Joseph meurent là aussi simultanément, mais ils meurent tous les deux de frayeurs après l'effondrement de la tour qui marque que les Romains vont être maître de la ville dans peu de temps.
  6. « Un certain Galiléen du nom de Jésus » « venu à Jérusalem, avec six cents hommes de guerre » (Vita 200) : Il est joint avec son unité à « Jonathas et ses (trois) collègues. » « Ils joignirent encore à [Jésus] trois cents habitants de Jérusalem qu'ils payèrent aussi. » Ils ont pour mission de destituer Flavius Josèphe, soupçonné de trahir. Josèphe prétend qu'ils « avaient de plus un ordre secret de [le] mener à Jérusalem si [il] quittai[t] volontairement les armes ; et de [le] tuer si [il] faisai[t] résistance, sans craindre d'en être punis, comme ne l'ayant fait qu'en vertu de leur pouvoir. »
  7. Jésus de Gamala (Ἰησοῦς ὁ τοῦ Γαμαλᾶ)[35] (Vita [XLI] [204]) : Il avertit immédiatement le père de Josèphe des décisions ci-dessus. Ce dernier le lui décrit longuement dans une lettre. Il s'agit probablement du grand-prêtre Jésus, fils de Gamaliel. Mais en choisissant la forme Jésus de Gamala, Josèphe cherche probablement à accroître la confusion. Puisque Juste de Tibériade parlait visiblement de l'action d'un Jésus à Gamala et révélait incidemment que celui-ci allait peu après être roi d'Adiabène et que Vespasien l'avait fait crucifier à Jérusalem à la fin de la guerre. Ce qui était une révélation catastrophique, puisque les Flaviens étaient parvenus jusque là à faire croire que Yeshu haNotzri était mort « tué par les juifs » en organisant justement la confusion avec Jésus fils de Gamaliel.
  8. Jésus qui a une grande maison en forme de tour proche de Gabara (Vita 246) est-il le même qu'un « certain Galiléen du nom de Jésus » « venu à Jérusalem, avec six cents hommes de guerre » ? Au contraire, André Pelletier estime qu'il s'agit peut-être de Jésus fils de Sapphias[36], ce qui à nouveau illustre le fait que Josèphe et ses commanditaires ont tenu à ce qu'il y ait la plus grande confusion possible à propos de ces Jésus : « [XLVIII] [246] Aussitôt qu'ils eurent avis que je m'approchais, ils se retirèrent, et Jean avec eux, dans la maison de Jésus, qui était grande et comme toute tour, peu différente d'une citadelle. Ils y cachèrent une compagnie de gens de guerre, fermèrent toutes les portes à la réserve d'une seule, et m'attendirent, dans l'espérance que j'irais les saluer. »
  9. Qui est le Jésus « qui exerçait alors la souveraine magistrature » à Tibériade mentionné en Vita 271 que Pelletier traduit par « Jésus en était alors l'archonte[37] (de Tibériade) ». Pour lui Vita 294 montre que c'est l'archonte de la synagogue[38], alors que les autres traducteurs estiment qu'il est "archonte" de la ville de Tibériade, ou l'archonte suprême de cette ville : Probablement Jésus, fils de Sapita mentionné comme étant « alors principal juge de Tibériade » en Vita 134. Est-ce le même que le dernier Jésus cité qui a une grande maison près de Gabara ? Est-il vraiment le même que Jésus fils de Sapfias ? À moins que ce soit celui qui a reçu l'aval de Jérusalem et qu'il se soit retrouvé principal dirigeant de Tibériade, car investi par la délégation de 4 hauts dirigeants mené par Jonatas. « 278] Mais Jésus, qui était le principal magistrat, ajouta sans rien dissimuler, qu'il était beaucoup plus avantageux d'obéir à quatre personnes qu'à une seule; d'autant plus que ces quatre étaient d'une naissance illustre et d'une singulière prudence; et en parlant de la sorte il montrait Jonathas et ses collègues. Justus loua cet avis et attira quelques-uns des habitants à son opinion. Mais le peuple n'entra point dans ce sentiment,... » « [LVII] [294] Quand je fus arrivé avec mes amis, Jésus, qui se tenait à la porte, ne permit à aucun des miens d'entrer ; [295] et lorsque l'on allait commencer la prière, il me demanda ce que j'avais fait des meubles et de l'argent non monnayé qu'on avait pillé dans le palais du roi lorsqu'on y avait mis le feu,... » « [301] Sur quoi le peuple criant qu'il ne voulait pas me laisser seul avec eux, un homme vint dire tout bas à Jésus que Jean était proche avec ses troupes. »
  10. Aucun de ces Jésus n'est appelé Jésus, fils de Ioupha dans la Vita, alors qu'il joue un rôle si important dans le Guerre des Juifs. Le lecteur doit-il considérer que c'est un Jésus supplémentaire, différent de tous ceux qui sont nommés dans la Vita ? Il est vrai que déjà dans la Guerre des Juifs, Flavius Josèphe s'arrangeait pour qu'on le confonde avec Jésus fils de Sapphias. Première mention à Tibériade, dont Jésus, fils de Sapphias est un dirigeant important, il a clairement des bateliers parmi ses partisans puisqu'il les utilise dans la bataille de Tarychée,.. Certains critiques lui ont d'ailleurs trouvé suffisamment de points communs avec Jésus, fils de Sapphias (Tibériade, les bateliers, favorable à la guerre contre les romains, dirigeant des gens de peu,...) qu'ils l'identifient avec le précédent. C'est notamment le cas de Julien Weill.

La maison de Jésus modifier

Vita § 246

« Ἀκούσαντες δὲ οἱ περὶ τὸν Ἰωνάθην περὶ τῆς ἐμῆς ἀφίξεως τοὺς ἰδίους πάντας ἀναλαβόντες καὶ τὸν Ἰωάννην ὑπεχώρησαν εἰς τὴν Ἰησοῦ οἰκίαν· βᾶρις δ᾽ ἦν αὕτη μεγάλη καὶ οὐδὲν ἀκροπόλεως ἀποδέουσα. »

Traduction de Pelletier

« À la nouvele de mon arrivée, Jonathas avec ses amis ainsi que toute leur suite, et aussi Jean, se retirèrent dans la maison de Jésus, un grand château-fort qui valait une acropole. Ils y cachèrent des soldats en embuscade, fermèrent toutes les portes, sauf une seule qu'ils laissèrent grande ouverte, et ils attendirent que je fisse un crochet pour venir les saluer (p. 41). »

Toutefois, il indique en note que « le mot de βᾶρις traduit par château-fort est une exagération ». Il écrit de même que le mot « d'« acropole » n'a plus rien de commun avec le sens classique » (p. 41, note no 1). Dans ces conditions, la traduction de Buchon semble tout à fait valide.

traduction de Buchon

« ils se retirèrent, et Jean avec eux, dans la maison de Jésus, qui était grande et comme toute tour, peu différente d'une citadelle. Ils y cachèrent une compagnie de gens de guerre, fermèrent toutes les portes à la réserve d'une seule, et m'attendirent, dans l'espérance que j'irais les saluer. »

Comme indiqué ci-dessus, Pelletier estime que la traduction de βαρις par château-fort est une exagération. Par ailleurs, le mot βαρις désigne aussi la tour Antonia avant qu'Hérode lui donne son nom en l'honneur de Marc-Antoine. Il désigne aussi la forteresse des Toubias en Ammonitide. Ce qui renvoie effectivement à une tour ou à une sorte de manoir avec une ou plusieurs tours. En page 215 de son livre, Shaye J. D. Cohen la décrit comme un "manoir forteresse" (fortress-like mansion).

Trame de la Vita modifier

Quand Flavius Josèphe est-il arrivé en Galilée ? modifier

Selon Flavius Josèphe, après le "désastre de Cestius", « quand les rebelles qui avaient poursuivi Cestius furent de retour à Jérusalem », un ensemble de généraux sont nommés et affectés à diverses provinces de Palestine. Il indique que « Josèphe, fils de Matthias — c'est-à-dire lui-même — eut les deux Galilées auxquelles on ajouta Gamala, la plus forte ville de ces parages. » Entre le "désastre de Cestius" dont la date est fournie et la nomination des généraux, Josèphe relate que Saul, Costobar et Philippe fils de Joachim et d'autres juifs distingués vont rencontrer Cestius dans ses quartiers probablement. Cestius les envoie en Achaïe où se trouve alors Néron, pour lui rendre compte (BJ II, 556-558)[39]. Puis il raconte les massacres à Césarée maritime (BJ II, 457-480) et en Syrie (Vita 25-26)[39]. Il relate ensuite les massacre de Juifs à Damas (Vita 27 ; BJ II, 559-561)[39] et c'est seulement alors que prend place la nomination de Josèphe comme général de Galilée (Vita 29-30 ; BJ II, 562-568)[39]. L'arrivée de Josèphe en Galilée est relatée en Vita 30a[39].

Josèphe indique que la défaite de Cestius lors de sa retraite a eu lieu « le huitième jour du mois de Dios », ce qui correspond à octobre-novembre 66 selon Julien Weill. On peut donc retenir que Flavius Josèphe est probablement arrivé en Galilée en novembre 66.

Le cœur de la Vita modifier

De l'arrivée de Flavius Josèphe relatée au verset 30, jusqu'au verset 335, l'auteur de la Vita relate dans le détail et dans leur ordre chronologique une suite d'événements dont il a été l'un des acteurs principaux en Galilée. Du verset 336 au verset 367 est insérée une longue digression où Josèphe attaque vigoureusement Juste de Tibériade, avec une suite d'arguments plus ou moins pertinents. Puis de 367 à 406, Joseph reprend sa narration chronologique des faits de Galilée.

Au verset 407[40] il écrit que peu de temps après le dernier événement qu'il a raconté « Vespasien arriva à Tyr accompagné du roi Agrippa » et dans la Vita c'est à ce moment là que Vespasien envoie Philippe, fils de Joachim « rendre raison de ses actions » auprès de Néron à Rome. « Il partit pour ce sujet ; [409] mais il ne vit point l'empereur Néron, parce qu'il le trouva dans l'extrémité du péril où la guerre civile l'avait réduit (68); et ainsi il revint trouver Agrippa. »

Ainsi, on peut conclure que Josèphe a fait croire dans la Guerre des Juifs que le voyage de Philippe vers Néron avait eu lieu en 66 en même temps que celui de Saul/Paul de Tarse pour exposer la situation contre les révoltés, alors qu'il a eu lieu en 68 pour le motif exactement inverse, car Vespasien l'a envoyé — à Rome et pas en Achaïe — pour « rendre raison de ses actions » auprès de Néron. Là encore, Josèphe écrivain impérial sûr de ne pas être contredit a tenté de réécrire totalement l'histoire. Mais qui est donc ce Philippe ? L'apôtre Philippe ?

Au verset 410, Vespasien arrive à Ptolémaïs[40], où les habitants de la Décapole dénonce Juste de Tibériade pour avoir brulé leurs villages. « Vespasien, pour les satisfaire, le remit entre les mains du roi comme étant de ses sujets ; et ce prince, sans lui en rien dire, l'envoya en prison ».

Au verset 411, Josèphe poursuit « Ceux de Sephoris allèrent ensuite au devant de Vespasien et reçurent garnison de lui commandée par Placide, à qui je fis la guerre jusqu'à ce que Vespasien entra lui-même dans la Galilée. »

Sur 430 versets de cette étrange "biographie", Flavius Josèphe consacre 344 versets[41] à raconter en détails son action des 6 premiers mois de l'année 67. De plus, une partie importante est consacrée à attaquer Juste de Tibériade et notamment une longue digression de 31 versets (de 336 à 367). 87% de cette "biographie" a donc pour objectif de contrer ce que vient d'écrire Juste de Tibériade et concerne des faits qui se sont déroulés en 7 ou 8 mois maximum et qui ont eu lieu plus de 30 ans auparavant.

Josèphe gagne son entrée dans les cercles romains les plus élevés modifier

Cette Autobiographie n'en est pas une puisque 85% du texte est consacré à une période de 6/7 mois ayant eu lieu une trentaine d'années auparavant, afin de désamorcer des informations extrêmement embarrassantes contenues dans l'Histoire de la guerre que vient de publier Juste de Tibériade et qui mettent à mal la vérité officielle établie par les Flaviens. Toutefois, il est intéressant de noter que les 15% restant semblent construits selon les critères classiques que doit revêtir un roman, tout au moins telles que le définissent les auteurs de l'époque.

Ainsi pour sa première venue à Rome en 63, Flavius Josèphe commence par faire naufrage:

« [14] [...] j'arrivai à Rome après avoir affronté de nombreux dangers. [15] Car lorsque notre navire a été submergé au milieu de l'Adriatique, nous étions environ 600, et nous avons dû nager toute la nuit. Et quand, par la provision de Dieu, un vaisseau Cyrénien est apparu devant nous vers l'aube, moi et quelques autres - environ quatre-vingts au total - avons surmonté la fatigue et nous avons été embarqués[42]. »

Depuis le récit par Homère des périls d'Ulysse en mer[43], les histoires de naufrage étaient devenues monnaie courante dans la littérature gréco-romaine[44]. Comme le démontre le grand nombre d'épaves découvertes datant du premier siècle, le danger n'était pas seulement littéraire mais très réel, même pendant la saison de navigation «sûre» de mai à octobre[45]. Le jeune contemporain de Josèphe, Juvénal, raconte un récit émouvant de survie d'un ami aux périls de la mer (Sat 12).

Josèphe poursuit :

« Après être arrivés sains et saufs à Dicaearcheia, que les Italiens appellent Puteoli[46], j'ai rencontré Aliturus[47] par amitié: cet homme était un mime-acteur[48], particulièrement cher aux pensées de Néron et un judéen d'ascendance. Grâce à lui, Poppée, l'épouse de César, me fit connaître et, très vite, arrangea les choses, lui demandant de libérer les prêtres. Ayant réussi, avec d'énormes cadeaux de Poppée en plus de cet avantage, je suis rentré chez moi. »

Le POV de Denis Lamour modifier

« Tout le récit à partir du § 84 vise à reproduire le même schéma narratif : complot-persécution-situation critique du héros-retournement et victoire en forme de triomphe populaire. Cette victoire provoque la jalousie des vaincus et engendre un nouveau cycle. Mais cette figure qui se développe en accélération, contribue à grandir la figure du personnage central jusqu'à la démesure. [...]
Inversement, lorsqu'il s'agira de revenir au temps de l'Histoire et à des vérités irréductibles, le lecteur restera sur sa faim : l'épisode malheureux de Jotapata — la défaite de Josèphe — n'est pas évoqué. Le lecteur est renvoyé à la Guerre des Juifs (p. 118). »

Pour lui la Vita est un "ouvrage étrange et maladroit" , sans imaginer qu'il est peut-être volontairement maladroit pour continuer à cacher ce qu'il est chargé de cacher.

Biblio modifier

  • Flavius Josèphe et André Pelletier (trad. du grec ancien par André Pelletier), Autobiographie, Paris, Les Belles-Lettres, , 79 p..  
  • Flavius Josèphe et Buchon (trad. du grec ancien par J. A. C. Buchon), Œuvre complète de Flavius Josèphe, Paris, Librairie C. Delagrave, , 878 p..  
  • (en) J. D. Cohen Shaye, Josephus in Galilee and Rome, Brill, , 277 p. (ISBN 0-391-04158-4).  
  • Étienne Nodet et Justin Taylor, Essai sur les origines du christianisme, Édition du Cerf, , 429 p. (ISBN 2-204-05819-X).  
  • Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Paris, Pygmalion, (ISBN 9782756404721).  
  • (en) Nikkos Kokkinos, The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse, Sheffield Academic Press, Sheffield, coll. « Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series », 1998 (ISBN 1850756902).  
  • (en) Nikos Kokkinos, Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, (présentation en ligne).  
  • (en) Daniel R. Schwartz, Agrippa I : The Last King of Judaea, Mohr Siebeck, .  
  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Historical James, Paul as the Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles, Vol. I, GDP, , 411 p. (ISBN 9780985599133).  
  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Damascus Code, the Tent of David, the New Convenant, and the Blood of Christ, Vol. II, GDP, , 443 p. (ISBN 9780985599164).  
  • (en) Flavius Josèphe et Steve Mason (dir.) (trad. du grec ancien par Louis H. Feldman), Life of Josephus : Translation and Commentary, vol. 9, Leiden, Boston, Köln, Brill, , 293 p. (ISBN 90-04-11793-8, présentation en ligne).  
  • (en) Flavius Josèphe et William Whiston (trad. Willian Whiston), The Life of Flavius Josephus, The Flaoting Press, , 106 p. (ISBN 978-1-775412-02-1, présentation en ligne).  
  • (en) Double traductions parallèles de William Whiston et la traduction annotée de Steve Mason.  
  • Flavius Josèphe et Pierre Savinel (trad. du grec ancien par Pierre Savinel), La guerre des Juifs, Paris, Les Éditions de Minuit, , 602 p. (ISBN 2-7073-0135-3).  
  • Flavius Josèphe, J. A. C. Buchon et Noël Schumann (dir.) (trad. du grec ancien par J. A. C. Buchon), Histoire ancienne des Juifs & la guerre des Juifs contre les Romains (66-70 ap. J.-C.) & Autobiographie, Paris, Édition LIDIS, , 954 p. (ISBN 2-85032-063-3).  
  • Flavius Josèphe, Pierre Pascal et Vasilīĭ Istrin (éd. version slavone) (trad. Pierre Pascal), La prise de Jérusalem de Josèphe le Juif, t. I, Paris, Institut d'Études Slaves, , 251 p. (présentation en ligne).  
  • Flavius Josèphe, Pierre Pascal et Vasilīĭ Istrin (éd. version slavone) (trad. Pierre Pascal), La prise de Jérusalem de Josèphe le Juif, t. II, Paris, Institut d'Études Slaves, , 277 p. (présentation en ligne).  

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. Josèphe et Pelletier 1959, p. XI - XX.
  2. La disparition des monnaies d'Agrippa en 92 ou 95 permet de dater sa mort. Toutefois, les tenants de la tradition chrétienne telle qu'elle est parvenu à nous il y a deux siècles, défendent toujours la datation fournie au Xe siècle par l'évêque de Constantinople Photios, pour qui Agrippa serait mort en 101 ap. J.-C. Pour eux la découverte de l'épitaphe d'un soldat dans le Hauran indiquerait indirectement qu'Agrippa II est mort sous Trajan (cf. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 278.
  3. . Toutefois sur son épitaphe, ce soldat se contente de dire le nombre d'années pendant lesquelles il a servi sous Agrippa, pui fourni le même d'information pour son service sous Agrippa. Il ne dit en aucun cas que les deux périodes se suivent immédiatement. Il peut très bien avoir fait autre chose pendant 3 ans entre le service des deux monarques sans le mentionner. De plus, le fait rende un hommage appuyé au trois Flavien et en particulier à Domitien à la fin de sa Vita sans dire un mot en faveur de Trajan censé être l'empereur régnant lorsqu'il publie est une preuve suffisante pour montrer qu'il écrit sous le règne de Domitien qui a été assassiné en 96.
  4. Josèphe et Pelletier 1959, p. XIII.
  5. Josèphe et Pelletier 1959, p. 11.
  6. Josèphe et Pelletier 1959, p. 30.
  7. Josèphe et Pelletier 1959, p. 29.
  8. Note de Steve Mason (extrait) : « Le frère de Justus est ici inconnu. Au § 186, Josephus identifiera Jésus, qui fut tué par les Gamalitains, comme frère de Justus; mais immédiatement ci-dessous (§ 177-78), Jésus apparaît comme le beau-frère de Justus. »
  9. Un peu maladroitement, Josephus anticipe le prochain épisode (§ 179-86). Son récit a jusqu'ici laissé à Gamala Philippe fils de Joachim, ainsi que les réfugiés «babyloniens» d'Ecbatana en Batanea (§ 60), en essayant de les les mettre en garde contre les actions rebelles envers le roi et les Romains . Aux § 179-86, il décrira comment Philippe a entretemps été escorté hors de Gamala par des soldats royaux, comment il s'est alors préparé à attaquer Gamala et à rapatrier en Batanea les Babyloniens qui s'y trouvaient, et comment dans l'intervalle entre son départ et son retour Les Gamalitains indigène deviennent militants, attaquant les parents de Philippe et de Justus qui séjournaient à Gamala.
  10. Dans sa note [782]; Feldman indique qu'il est en réalité écrit : « les Babyloniens et ont supprimé Charès — qui était un parent de Philippe [781] — et 'comment ils ont puni Jésus avec une grande de considération ». Pour eux, §186 confirme que les Gamalitains ont tué Jésus
  11. Josèphe et Mason 2001, (en) Lire en ligne p. 92-93
  12. Josèphe et Mason 2001, (en) Lire en ligne p. 92, fin de la note no 778
  13. Josèphe et Mason 2001, (en) Lire en ligne p. 93, note no 783
  14. Josèphe et Mason 2001, (en) Lire en ligne p. 92, fin de la note no 781
  15. a et b « En 177 s. ne sont nommés que Charès, parent de Philippe, et Jésus frère de Charès et beau frère de Juste. » Note d'André Pelletier.
  16. Traduction de William Whiston
  17. Flavius Josephus, Vasilīĭ Mikhaĭlovich Istrin, La prise de Jérusalem de Josèphe le Juif : texte vieux-russe publié intégralement, Institut d'études slaves, 1934,p. 5 et 9.
  18. Dans sa note no 249 Steve Mason écrit : « Bien qu'il consacre un espace considérable à Justus (voir la note suivante), Josèphe ne remplit pas sa promesse de montrer comment le frère de Justus est devenu une cause de ruine. Le frère anonyme de Justus reste l'une des figures les plus énigmatique de la Vita. Il est ensuite mentionné rétrospectivement, au § 177, où Josèphe se rappelle dans une conversation avec Justus qu'avant l'arrivée de Josèphe en Galilée, les Galiléens lui coupèrent les deux mains pour avoir falsifié des documents. Dans la phrase suivante (§ 178), il rappelle que le beau-frère de Justus, Jésus ainsi que Chares avaient été tués par les Gamalitains. Mais au § 186, il rappelle de nouveau cet incident et prétend que les Gamalitains ont tué Chares et Jésus et la sœur de Justus (selon certains manuscrits) ou qui était le «frère» de Justus (selon d'autres manuscrits ?). Il semble ici que Josèphe emploie le terme «frère» "(En supposant que c'est la bonne lecture) de façon approximative au § 186, pour beau-frère, ce qui ajoute à la confusion. Son rôle n'est pas plus clair que celui du propre frère de Josèphe. »
  19. En fait Buchon rend le caractère péjoratif "médecin" au féminin par la périphrase : « Joseph qui se prétendait médecin, mais n'était qu'un charlatan ». Une traduction vraiment "libre".
  20. a b et c Josèphe et Pelletier 1959, p. 31.
  21. C'est le cas de Julien Weill accompagné d'une note explicative, alors qu'André Pelletier semble ignorer le problème et semble disposer d'un texte grec qui a été corrigé. cf. Josèphe et Pelletier 1959, p. 23.
  22. « D'autres gouverneurs furent choisis pour l'Idumée, savoir Jésus, fils de Sapphas (Σαπφᾶ), un des grands-prêtres, et Eléazar, [fils du nouveau grand-prêtre (traduction de Julien Weill)] ».
  23. Josèphe et Istrin, 1934, t. I, p. 199.
  24. Julius Capella présenté par Flavius Josèphe au verset 35 de sa Vita comme étant à la tête du parti composé des citoyens les plus considérés de Tibériade qui avec ses amis « conseillaient de rester fidèles aux Romains et au roi (Agrippa II. »
  25. Josèphe et Istrin, 1934, t. I, p. 241.
  26. Mc 3:7-Jésus avec ses disciples se retira vers la mer et une grande multitude le suivit de la Galilée ; et de la Judée, Mc 3:8-de Jérusalem, de l'Idumée, de la Transjordanie, des environs de Tyr et de Sidon, une grande multitude, ayant entendu tout ce qu'il faisait, vint à lui. Mc 3:9-Et il dit à ses disciples qu'une petite barque fût tenue à sa disposition, à cause de la foule, pour qu'ils ne l'écrasent pas. Mc 3:10-Car il en guérit beaucoup, si bien que tous ceux qui avaient des infirmités se jetaient sur lui pour le toucher. Mc 3:11-Et les esprits impurs, lorsqu'ils le voyaient, se jetaient à ses pieds et criaient en disant : " Tu es le Fils de Dieu ! " Mc 3:12-Et il leur enjoignait avec force de ne pas le faire connaître.
  27. Mc 4:1-Il se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer et une foule très nombreuse s'assemble auprès de lui, si bien qu'il monte dans une barque et s'y assied, en mer ; et toute la foule était à terre, près de la mer. Mc 4:2-Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles [...]
  28. Mc 4:35-Ce jour-là, le soir venu, il leur dit : " Passons sur l'autre rive. " Mc 4:36-Et laissant la foule, ils l'emmènent, comme il était, dans la barque ; et il y avait d'autres barques avec lui. Mc 4:37-Survient alors une forte bourrasque, et les vagues se jetaient dans la barque, de sorte que déjà elle se remplissait. Mc 4:38-Et lui était à la poupe, dormant sur le coussin. Ils le réveillent et lui disent : " Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? " Mc 4:39-S'étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : " Silence ! Tais-toi ! " Et le vent tomba et il se fit un grand calme. Mc 4:40-Puis il leur dit : " Pourquoi avez-vous peur ainsi ? N'avez-vous pas encore de foi ? " Mc 4:41-Alors ils furent saisis d'une grande crainte et ils se disaient les uns aux autres : " Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent ? "
  29. Note n° 113.
  30. 2.000 d'après les mss. PAL, 3.000 d'après d'autres.
  31. Philippe est qualifié ailleurs (Vita, c. 11) de ἕπαρχος (lieutenant) du roi. (Guerre, IV, 81).
  32. Ant., XVII, § 29.
  33. D'après Vita, § 46 suiv., Philippe se serait sauvé plus tôt, cinq jours après la capitulation du palais royal (6 Gorpiéos) note [276] de la traduction de Weill.
  34. Philippe a toutefois été envoyé à Rome pour se justifier, mais c'est à l'époque où Vespasien est arrivé à Tyr avec Agrippa II qu'André Pelletier situe avec raison au printemps 67 (p. 65) et c'est relaté aux versets 408 - 409, presque à la fin de la Vita de Josèphe et bien après le verset 186 où est mentionné la mort de Charès et d'un Jésus difficile à identifier.
  35. En Vita 180, pour parler de Simon [fils de] Gamaliel, Josèphe écrit Γαμαλιήλου Σίμωνα. De même, pour parler de ce même Jésus fils de Gamaliel, Josèphe écrit Ἰησοῦς ὁ τοῦ Γαμαλιήλου en Antiquités XX, VII, 4 (213). De même, en Antiquités XX, IX, 7 (223) Ἰησοῦν δὲ τὸν τοῦ Γαμαλιήλου. En revanche, il est appelé Jésus fils de Gamala (Γαμάλα μὲν υἱὸς Ἰησοῦς) dans le livre IV (en III, 9 (160)) de la Guerre des Juifs, qui commence par la relation du siège de Gamala..
  36. Josèphe et Pelletier 1959, p. 40, note no 1.
  37. Josèphe et Pelletier 1959, p. 48.
  38. Josèphe et Pelletier 1959, p. 48, note no 3.
  39. a b c d et e Shaye 2002, p. 261.
  40. a et b Shaye 2002, p. 263.
  41. Cette narration commence avec l'arrivée de Josèphe au verset 30 et se poursuit jusqu'au verset 335. Elle reprend ensuite du verset 367 à 406. => (335 - 30) + (406 - 367) = 344
  42. Traduction de J. A. C. Buchon : « [14] [...] Ainsi je m'embarquai et courus le plus grand risque que l'on puisse jamais courir ; [15] car le vaisseau dans lequel nous étions au nombre de six cents personnes, fit naufrage sur la mer Adriatique (Ἀδρίαν). Mais après avoir nagé toute la nuit, Dieu permit qu'au point du jour nous rencontrâmes un navire de Cyrène qui reçut quatre-vingts de ceux d'entre nous qui avaient pu nager si longtemps, le reste étant péri dans la mer. »
  43. cf. Od. 5.282-423
  44. cf. Virgile, Aen 1.36-135, Catulle 68, Sénèque, Ep. 22.12, Suétone, Aug. 8.1, Dio Chrysostom Ven 2, Propertius 3.7, Actes 27.
  45. Parker 1992: particulièrement en 10-15
  46. La ville grecque de Dicaearchia sur la baie de Naples (environ 200 km au sud de Rome), fondée au sixième siècle avant notre ère, a été colonisée par les Romains sous le nom de Puteoli au début du deuxième siècle avant notre ère. Avant 42 CE, Puteoli avait été le port principal pour Rome parce que la ville manquait d'un port normal à Ostia, le port maritime le plus proche à l'embouchure du Tibre. Les navires de mer qui approvisionnent le grain de Rome en provenance d'Alexandrie transfèrent généralement leur cargaison à Puteoli vers des bateaux qui pourraient approcher de la capitale vers le haut de la rivière. Même après que l'empereur Claudius ait construit un port artificiel massif à Portus près d'Ostia en 42 CE, beaucoup de capitaines de navire ont préféré décharger à Puteoli. En Ep. 77 Sénèque décrit l'arrivée des navires d'Alexandrie à Puteoli - à peu près à l'époque où Josephus était là. En incluant à la fois l'ancien nom grec et l'italien, Josephus peut montrer son érudition. Cf. Plutarque, Sull. 37, qui utilise de même le nom grec plus ancien. Le Paul des Actes débarque aussi à Puteoli en route pour Rome (après un naufrage): Actes 28:13.
  47. Ce nom inhabituel n'est pas clairement attesté ailleurs. Solin (1982: 3.1147) suivi par Leppin (1992: 247) devine que le nom grec était réellement Halityros (Ἁλίτυρος), signifiant «fromage-sel». Il ressemblerait alors à beaucoup d'autres noms dérivés de nourriture, vêtements ou toilettage.
  48. Grec Μιμόλογος: probablement soit un mime-acteur, soit un mime-écrivain; la seule occurrence de la parole dans Josephus. Mime grec (agissant imitative, de μίμησις) avait depuis longtemps combiné avec et façonné la tradition romaine natale. Des acteurs sans masque et sans paroles qui parlaient et chantaient (ils n'étaient pas silencieux comme notre mime) jouaient sur des thèmes sociaux - en particulier l'adultère et ses absurdités, mais aussi des enlèvements, des naufrages ou d'autres changements soudains de fortune - dans de courts sketchs. Les pièces de mime étaient généralement remplies d'un langage grossier et abusif, que la foule aimait. Les troupes de spectacle ont varié de 60 à un seul acteur, mais les jeux de trois étaient les plus courants. Utilisant très peu d'accessoires, ils pouvaient jouer dans des théâtres réguliers, comme intermèdes ou ajouts à la performance principale, ou ils pouvaient facilement s'installer sur les places de marché et autres espaces publics. Bien que le mime ait souvent été impromptu, certains morceaux plus longs ont été écrits avec une intrigue (ὑπόθεσις) par des "mime-writers" - c'était un sens de μιμόλογος (LSJ sv) - tel que Publilius Syrus ou Decimus Laberius, contemporains de Iulius César. les hommes n'ont pas reçu cette étiquette. Mais comme une lampe en terre cuite de l'acropole athénienne de trois ΜΙΜΟΛΩΓΟΙ (sic: troisième siècle avant notre ère - "hypothèse: belle-mère", PWRE 15.2 [1932]: 1739) et une inscription latine beaucoup plus tardive de la Via Salaria (MYMOLOGO Le troisième, CE, Ferrua 1987/8: 223-24) confirment que le terme pourrait simplement désigner les acteurs du mime (voir Leppin 1992: 14). Thackeray traduit "acteur pantomime", mais cela semble improbable. La pantomime (παντόμιμος: "imitateur de tout") était une danseuse silencieuse qui jouait des situations célèbres et imitait des personnages célèbres de la tradition mythologique: surtout Homère, Hésiode et les tragédiens. Le danseur s'est appuyé sur ses mouvements, avec des masques et la narration ou le chant d'un chœur de fond ou d'un acteur, pour transmettre l'histoire. La pantomime est devenue extrêmement populaire dans la Rome du premier siècle: elle aurait été introduite par les Pylades de Cilicie et le Bathyllus d'Alexandrie au début du règne d'Auguste. Au deuxième siècle de notre ère, Lucian écrivit une description précieuse dans On the Dance (voir en particulier Salt, 37-85). Il semble cependant, d'après le langage de Josèphe, qu'Halégros était un acteur ou un écrivain de mimes. Voir Beare 1950: 141-50; Beacham 1991: 129-53. Peut-être que Josephus utilise μιμόλογος pour distinguer le mime-acteur du mime-play, pour lequel il utilise ailleurs μῖμος (Ant 19.94).

Légions modifier

  • Titus commande la XVe Légion qu'il est allé chercher à Alexandrie ;
  • Trajan père commande la {Xe légion (légat)[1]
  • S. Cerealis Vettulenus commande la Ve légion (légat)[2]. La {Xe et la Ve légion étaient stationnées en Syrie sous la responsabilité du légat de la province.