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Bénédicte Grailles est une archiviste française, Maitresse de conférences en archivistique à l'université d'Angers, France.

Biographie

Bénédicte Grailles commence sa carrière comme conservatrice du Patrimoine, pour les Archives départementales du Pas-de-Calais à Dainville, France. Elle obtient ensuite son doctorat en histoire de l’Université Charles de Gaulle - Sciences humaines, Lettres et Arts (Lille III) en soutenant une thèse sur les hommages publics et les commémorations de 1870-1914 dans le Nord de la France. En 2004, Grailles obtient le poste de Maîtresse de conférences en archivistique à l’université d’Angers, France. Elle devient par la suite responsable pédagogique du Master Archives. «L’université d’Angers étant affiliée au Centre des archives du féminisme (CAF), Grailles profite de cette proximité pour impliquer ses étudiant.e.s dans le traitement et la valorisation des fonds.

Avec plus de cinquante publications ainsi qu’une participation active au sein de groupes de recherche, le travail de Grailles s’inscrit dans une exploration interdisciplinaire des enjeux archivistiques. Elle démontre un partenariat privilégié avec Patrice Marcilloux, professeur d'archivistique à l'université d'Angers: l’équipe propose seize publications depuis 1999. De 2010-2012, elle participe au projet régional Néopat (Pays de la Loire) visant à considérer les archives comme de nouveaux patrimoines et non seulement des sources historiques.

Grailles est présentement membre du Centre de Recherches Historiques de l’Ouest et du laboratoire TEMOS (Temps, mondes, sociétés) au sein du groupe Alma (Archives, livres, manuscrits et autres supports de l’information). Elle collabore aussi avec le Laboratoire d’étude et de recherche en informatique d’Angers (Leria) afin de réfléchir à la question des données massives laissées par les individus dans le contexte de l’archivage électronique. En 2019, Grailles rejoint le comité de pilotage du Portail International Archivistique Francophone.

Contribution intellectuelle

Trois grands thèmes ressortent des recherches en archivistique de Grailles. « [L]es pratiques professionnelles et spontanées développées autour des archives […] l’émergence de patrimoines archivistiques sociaux et militants et […] les usages du matériau archivistique comme espace de construction des individualités et de fabrication sociale des individus et des groupes ».

Bien qu’elle ait débuté sa carrière comme historienne, Grailles s’intéressait déjà aux pratiques d’archivages de la mémoire. Son emploi de conservatrice du Patrimoine dans le Nord-Pas-de-Calais explique sans doute son intérêt très prononcé pour cette région de la France. S’intéressant tout particulièrement aux guerres prussiennes et mondiales qui ont forgé l’Europe moderne, elle offre une étude approfondie des monuments de mémoire que l’on retrouve dans le Nord de la France. Néanmoins, son intérêt pour l’histoire continue de se manifester tout au long de sa carrière par l’étude de grands débats qui on eut lieu dans la communauté archivistique. Elle étudie notamment la fonction archives de l’UNESCO entre 1947-1971, afin de comprendre son impact polémique sur la profession internationale.

Il est intéressant de noter qu’au milieu de ses premières publications, principalement historiques, on retrouve un manuel de vulgarisation des concepts en archivistique. Cet intérêt pour la formation et pour la construction de l’identité professionnelle des archivistes sera présent tout au long de sa carrière et particulièrement suite à son entrée en poste comme professeur à l’Université d’Angers. Pour célébrer le 25e anniversaire du Centre de formation de l’Association des archivistes français, elle copublie, dans la Gazette des archives, un article sur la formation continue. Elle y relève, entre autres, les défis qu’entrainent le changement de posture requis pour passer de professionnel à étudiant et la nécessité, pour les professeurs, d’adapter leur enseignement à ce contexte pédagogique particulier. Elle poursuit sa réflexion au niveau de la formation initiale universitaire des archivistes. Elle explore la construction de l’identité d’archiviste, qui passe par « le deuil d’une vision idéalisée au profit d’une vision réaliste » et comment l’existence même de la formation et de ses stages valide la profession aux yeux de la société. De plus, Grailles contribue à l’évolution de la profession par la codirection d’un ouvrage sur le classement des archives et des bibliothèques dans lequel les outils conceptuels sont contextualisés puis remis en question en fonction des besoins actuels.

À l’université d’Angers, Grailles collabore avec le CAF, intégré à la bibliothèque universitaire. Cette proximité lui permet de développer une expertise concernant la spécificité des fonds féministes. Poursuivant ses réflexions identitaires en s’intéressant aux fonds d’archives militants, Grailles approfondit la question de l’individu dans une communauté. Un des rôles des archives communautaires, en assurant la sauvegarde de l’identité individuelle et collective, est « d'inscrire un parcours de vie dans une histoire souterraine que l'on fait ré-émerger». Elle s’intéresse aussi à ce qui motive ces militants ou leurs proches à confier leur fonds d’archives à un centre. Ce geste ne lui semble pas anodin. D’une part, il est porteur du désir de prolonger le travail du militant, dans l’espoir que de nouvelles générations s’intéresseront à ce travail. D’autre part, un rapport d’interdépendance s’établit entre le centre et le donateur, l’un validant l’existence de l’autre. L’ouvrage Les dons d’archives et de bibliothèques, explore l’intention derrière le don et la contrepartie désirée: le plus important contre-don étant la circulation des idées par le transfert du récit.

Son travail sur les archives militantes l’amène à réfléchir aux matériaux revendiqués par certains groupes marginalisés comme témoins de leur histoire, mais en opposition aux archives institutionnelles « perçues comme des instruments de légalisation et d'imposition des rapports sociaux ». « Son approche, portée par des concepts issus de la sociologie et de l'ethnographie, permet d'interroger une tendance, celle du « goût collectif » pour les archives ». Ce « goût collectif », elle le débusque où il se trouve, souvent hors des frontières traditionnelles des archives. Son exploration ne semble pas finie, ses dernières recherches portant sur la communauté queer et leur manière de s’approprier les archives de deuxième génération ou « contre-archives » ainsi que l’intérêt grandissant pour la généalogie, le « crowdsourcing », et la cocréation de contenu numérique.

Publications

Livres

• Mémoires de pierre : Les monuments aux morts de la première guerre mondiale dans le Pas-de-Calais. (1992)
• Petit guide du lecteur (1991)

Articles

• Devenir archiviste : La construction de la professionnalité en formation initiale universitaire (2016)
• Archives et patrimonialisation à l’heure du numérique (2015)
• Les archives sont-elles des objets patrimoniaux ?(2014)
• La fonction « archives» à l’UNESCO, entre exemplarité et controverses (1947-1971) (2013)
• Archivistiques canadienne et française : Échanges, influences ou transferts ? (2013)
• Collecter et rendre visible les archives du féminisme : Une action en réseaux (2011)
• La formation continue des archivistes : Une expérience universitaire (2010)

Co-direction d'ouvrage

• Classer les archives et les bibliothèques : Mise en ordre et raisons classificatoires (2015)

Chapitres d'ouvrages

• Dons d’écrits, transmission d’un engagement : Le cas singulier des fonds militants (2018)

• Images du quotidien et patrimoines sociaux : La mise en images d’archives (2016)

Liens externes

• Université d'Angers - département histoire
• Centre des archives du féministe
• THEMOS
• Portail International Archivistique Francophone