Utilisateur:Dominic Mayers/Brouillon/Revue de ''Épistémologie''
L'opinion française que l'epistemology anglaise porte sur la connaissance générale
modifierC'est étrange que l'epistemology qui est venue après le positivisme logique (Malcolm, Woozley, etc.) a été ignorée par les philosophes français tel Bachelard et pourtant ils semblent conclure que l'epistemology de la tradition anglaise ne porte que sur la connaissance générale. Bachelard s'est intéressé au problème de l'induction et fait référence aux philosophes du positivisme logique en se faisant. Il est étrange alors qu'il a pu conclure que l'épistémologie anglaise ne s'intéresse pas aux problèmes spécifiques à la science. Il semble qu'une partie de l'histoire de la philosophie en France m'échappe. L'explication est peut-être le chapitre La connaissance générale comme obstacle à la connaissance scientifique du livre LA FORMATION de l’esprit scientifique de Bachelard. Ça l'expliquerait la confusion. Le problème de l'induction est carrément un problème de la connaissance scientifique, mais pourtant Bachelard dit que ceux qui cherchent la solution dans une procédure générale d'induction cherche, en fait, une connaissance générale qui est un obstacle à la connaissance scientifique. De cette manière, le positivisme logique et même toute la philosophie analytique ne s'intéresse qu'à la connaissance générale. Si c'est cela qui est dit par les français, alors ça ne nuirait pas d'être plus explicite.
Cet extrait de Jean-François Braunstein présente une critique de la philosophie de la science commune à Bachelard, Canguilhem et Foucault:[1]
« S'agissant des philosophes, leur éloignement de la science peut prendre deux formes. Soit celle d’un pur et simple désintérêt pour la science, qu'’illustrerait sans doute pour Canguilhem l’œuvre de Sartre. Soit, d'une manière plus subtile, celle de l'élaboration, à propos de la science, d’une « philosophie claire, rapide, facile, mais qui reste une philosophie de philosophe » [7, 8]. Il s'agirait alors dénoncer a priori ce que doit être la science, sans se préoccuper en rien de la science réellement existante. Ainsi Descartes, cible constante de Bachelard, comme de Canguilhem ou Foucault, se contente du « je pense » pour fonder la science : «L'identité de l’esprit dans le je pense est si claire que la science de cette conscience claire est immédiatement la conscience d’une science, la certitude de fonder une philosophie du savoir» [7, 9]. Ce type d’attitude est critiqué par Bachelard et Canguilhem comme étant une tentative de « fondation » des sciences: les philosophes « veulent toujours fonder une fois pour toutes ». »
Plus loin, il explique que l'« épistémologie française s'est constamment et explicitement déclarée hostile à toute théorie de la connaissance. » Ici, le terme « connaissance » inclut la connaissance scientifique. Lorsque Bachelard, Canguilhem ou Foucault critique Descartes pour sa théorie de la connaissance, c'est la vision de la science de Descartes qui est critiquée: Descartes « se contente du « je pense » pour fonder la science ». La psychologie était déjà considérée une science, même une science prestigieuse, au XIXe siècle. En tant qu'exemple de cette hostilité à toute théorie de la connaissance, Braustein mentionne:[1]
« Selon Comte, il n’est pas possible de connaître « directement » les « lois de l'esprit humain », ces lois ne pouvant être connues que par l'étude des résultats de l'esprit humain effectivement en exercice, c’est-à-dire par l'étude des sciences et de leur histoire. »
Braunstein mentionne que, de la même manière, la philosophie de la science du positivisme logique a été critiquée par Bachelard et Canguilhem en tant que théorie de la connaissance:[1]
« Critiquant ailleurs le positivisme logique, Canguilhem affirme qu'il n’est pas possible de faire un exposé général de la méthode scientifique: « il n'y a pas à proprement parler de méthode expérimentale ». »
Sources qui décrivent "justified true belief mainstream epistemology"
modifierIl me semble que, dans la tradition française, la majorité des auteurs sur l'épistémologie ignorent l'existence de l'épistémologie contemporaine de la tradition anglaise ou alors ils en sont conscient mais la considèrent pas importante, du moins pas assez pour changer leur vue sur l'épistémologie de la tradition anglophone. Ils parlent de l'épistémologie de la tradition anglophone d'une manière qui s'appliquent à la première moitié du XXe siècle, comme si aucune transition importante n'a eu lieu avec le déclin du positivisme logique. Pour cette raison, je donne ci-dessous des références qui décrivent spécifiquement l'épistémologie de la tradition anglaise qui a accompagnée et suivie le déclin du positivisme logique. C'est loin d'être exhaustif, bien sûr. C'est ce que j'ai trouvé dans mes lectures. Une partie de ceux-ci viennent de la section Transition de l'Épistémologie au 20e siècle ci-dessous (j'ai fait du copie-collé).
Que vient faire Ordinary Language Philosophy dans cette histoire
modifierJ'ai besoin de comprendre que viens faire "Ordinary Language Analysis" (OLP) dans cette histoire. Cet extrait de Sally Parker-Ryan (who has an interest in History) dans l'entrée IEP sur l'OLP est très utile pour situer l'OLP d'une manière générale:
« Ordinary Language philosophy is generally associated with the (later) views of Ludwig Wittgenstein [around 1929-31 according to diverse authors], and with the work done by the philosophers of Oxford University between approximately 1945-1970. The origins of Ordinary Language philosophy reach back, however, much earlier than 1945 to work done at Cambridge University, usually marked as beginning in 1929 with the return of Wittgenstein, after some time away, to the Cambridge faculty. It is often noted that G. E. Moore was a great influence on the early development of Ordinary Language philosophy (though not an Ordinary Language philosopher himself), insofar as he initiated a focus on and interest in ‘commonsense’ views about reality. Major figures of Ordinary Language philosophy include (in the early phases) John Wisdom, Norman Malcolm, Alice Ambrose, Morris Lazerowitz, and (in the later phase) Gilbert Ryle, J. L. Austin and P. F. Strawson, among others. However, it is important to note that the Ordinary Language philosophical view was not developed as a unified theory, nor was it an organized program, as such. Indeed, the figures we now know as ‘Ordinary Language’ philosophers did not refer to themselves as such – it was originally a term of derision, used by its detractors. Ordinary Language philosophy is (besides an historical movement) foremost a methodology – one which is committed to the close and careful study of the uses of the expressions of language, especially the philosophically problematic ones. A commitment to this methodology as that which is proper to, and most fruitful for, the discipline of philosophy, is what unifies an assortment of otherwise diverse and independent views. »
Application à l'épistémologie contemporaine de la tradition anglaise
modifierDans cette section, il peut y avoir une confusion entre analyse de cas ordinaire et OLP (du moins celle de Wittgenstein).
- A.I Goldman ne favorise pas l'analyse du langage ordinaire en "mainstream epistemology" mais une approche naturalisée au lieu: [2]
« What kinds of doxastic categories are appropriate for the human mind, and hence for human epistemology? This is a question that cannot be answered a priori; nor should it be answered by uncritical acceptance of the categories of ordinary language. It should be answered only with the help of cognitive science. »
- Jonathan Kvanvig a écrit:[3]
« To the great dissatisfaction of some, however, I won’t engage in extended discussion about exactly what the standards of proper theory construction are in philosophy, since my stated goal concerns the nature and value of understanding rather than philosophical metatheory. I bring the issue up only to prevent simplistic appeals to ordinary intuitions about the conditions under which ordinary language will allow the predication of understanding in a given case. The proper response to such purported refutations should be the same as the response we give to those who claim that knowledge doesn’t entail true belief on the basis of my daughter’s exclamation after the 2004 election: ‘I just knew Kerry would win!’ The proper response is that when doing epistemology we are focusing on a particularly significant intellectual accomplishment, one which ordinary language makes visible to us on occasion and through a glass darkly at least. Beyond that, ordinary language is the ladder we kick away having once climbed, to put the point enigmatically and hyperbolically. »
- Il défend une analyse du langage ordinaire:[4]
« In the context of the Gettier Problem, this approach is familiar. Implicit in this methodology is the commonsense influence of G. E. Moore and the obvious fact that ordinary language is replete with attributions of knowledge, so the assumption was that the skeptic had to be wrong and that a suitable account of this particular piece of natural language would have to characterize it in terms that made it compatible with fallibility and the merely probable character of the reasons at our disposal. »
- Cet extrait de John F. Heil, pas un historien, semble confondre OLP et ordinary knowledge:[5]
D'autres sources indiquent que, au contraire, OLP est utilisé pour critiquer l'usage du langage ordinaire dans l'epistemology contemporaine. C'est aussi ce qu'on peut comprendre de cet extrait, mais l'extrait le fait en donnant l'impression que l'epistemology contemporaine fait de l'OLP en analysant les examples de Gettier.« Ordinary language philosophers do not mean to suggest that, to discover what truth is, we are to poll our fellow speakers or consult dictionaries. Rather, we are to ask how the word ‘truth’ functions in everyday, non- philosophical settings. A philosopher whose theory of truth is at odds with ordinary usage has simply misidentified the concept. Philosophical error, ironically, was thought by Wittgenstein to arise from our “bewitchment” by language. When engaging in philosophy, we may easily be misled by superficial linguistic similarities. »
- Nat Hansen écrit:[6]
« Baz criticizes a philosophical method that he says is common in "the mainstream of analytic philosophy". The method aims to develop or test philosophical theories of some subject matter by asking what Baz calls "the theorist's question", which asks for judgments whether or not "our concept of x, or [the expression] 'x' applies to some particular case, actual or imagined" (Baz 2012a, p. 1). For example, philosophers have investigated the concept of knowledge by asking whether or not we have intuitions that the concept applies in certain imagined situations (Gettier scenarios, driving through fake barn county, Mr. Truetemp's miraculously reliable beliefs about the temperature, and so on). »
- Ernest Sosa semble avoir écrit un article complet pour établir "The Relevance of Moore and Wittgenstein" to armchair philosophy.[7]
Ce que Verhaegh, Bonjour et d'autres en disent et le lien avec le problème de l'induction
modifierMoore, selon Sander Verhaegh, ne faisait pas de Gettier style epistemology. Il semble que cela a commencé dans les 1950. (Voir la section ci-dessous). OLP semble avoir eu différentes périodes: avec Wittgenstein (et Moore?) et plus tard dans les années 1950 et encore plus tard dans les années 1990. C'est la sorte de OLP faite dans les années 1950 qui nous intéresse pour la transition. Ce que Bonjour explique à propos du lien entre le problème d'induction et OLP est intéressant::[8]
« A second, quite different attempt to defend the rationality of induction while still conceding the correctness of Hume’s basic argument has been advanced by adherents of the approach to philosophy known as “ordinary language philosophy.” The basic claim of this once popular philosophical approach is that the traditional problems of philosophy, including the problem of induction and the other main problems of epistemology, are “pseudo-problems” that arise from misuse of language or inadequate attention to ordinary linguistic usage. Such supposed problems, it is claimed, need to be “dissolved” rather than solved: they evaporate under careful scrutiny. »
Dans le même livre,il ajoute :
« As one critic has nicely put the point, the ordinary language defense of induction seems to amount to no more than this: “If you use inductive procedures you can call yourself ‘reasonable’ [by common-sense standards]—and isn’t that nice!”[9] »
Crispin Wright écrit:[10]
« One of the most ancient philosophical challenges is to respond to the Sceptical thought that no objective difference separates our knowledge, or more generally those of our opinions we are inclined to regard as best, from convictions we dismiss as superstitious, prejudicial or dogmatic. My own first attempts to do so were conceived in reaction against a climate, during the late 1970s, when epistemologists tended to divide into two broad camps: those who, in Wittgenstein’s name or under the lingering influence of “ordinary language” philosophy, were prone to dismiss sceptical doubt as nonsensical; and those who tamely conceded that the strongest versions of the sceptical challenge are simply unanswerable, permitting nothing better by way of response than a Strawsonian, or Lewisian, shrug of the shoulders. »
Ca ne dit pas qu'il est question du problème de l'induction ou de celui du holisme de Duhem, mais c'est de cela qu'il était question à l'époque. Du moins, ca dit que c'est une réponse au skepticism de l'époque. L'OLP de Moore (si on peut l'associer à OLP) serait donc orientée vers le problème humien de l'induction. Ce contexte fait une grosse différence. De plus, ça dit que c'est abandonné, alors ça ne peut être la même chose que la méthodologie utilisé dans l'analyse du problème de Gettier. Il faudrait plus de détails. Il est possible que je confonde "ordinary knowledge" et OLP. OLP n'exclut peut-être pas la science, mais ordinary knowledge l'exclut par définition.
Après ma lecture de Bonjour sur le problème de l'induction et la solution par l'OLP, je ne vois pas qu'il l'associe à un ou des philosophes en particulier, mais il est clair que l'idée est de considérer que le problème est créé lorsqu'on met induction et déduction dans une même catégorie et que si on n'applique pas les mêmes standard à l'un qu'à l'autre, le problème disparait. Cela est possiblement l'argument de Wittgenstein ou de Moore. Je ne sais pas. Je sais que Moore était préoccupé par le problème Humien de l'induction et que sa "commen sense" philosophie existait dans ce contexte.
Petite remarque: George Edward Moore est souvent cité comme ayant contribué au début du XXe siècle à l'analyse du langage ordinaire qui arrivera plus tard en tant que méthodologie philosophique. Cependant, il n'est même pas mentionné dans Ordinary language philosophy.
- Au sujet de la renommé de Moore en rapport à celle de Russell, Bryan Magee a écrit: [11]
« And I think that the Oxford philosophers who were responsible for this were not so much Ryle, who respected Russell , but mainly Austin and his disciples. Austin was a linguistic philosopher in the narrowest possible sense, and he had a great respect for Moore as someone who attached importance to ordinary usage and to common sense, whereas common sense was said by Russell to be the metaphysics of savages. »
Cependant, si je comprends bien Verhaegh (voir section ci-dessous), Moore et Russell auraient tous les deux, surtout Russell, rejeté la méthodologie post-Gettier. Tous les deux partageaient le point de vue qu'il était impossible d'analyser la connaissance.
- Cette extrait de Emiliano Trizio dans sa thèse est plus sur Quine que sur Moore or Wittgenstein, mais ça suggère une transition :
« Common-sense knowledge is not exempt from quinean holism, nor are those sciences, such as zoology or botany that are (or we should say were at the time of Duhem) mainly based on common-sense observations. Indeed the crucial divergence between Duhem and Quine lies in their opposite views concerning the relationship between science and common-sense knowledge: Duhem would firmly reject Quine’s gradualism on this issue:
Science is a continuation of common sense
We are working up our science from infancy onward. »
L'histoire
modifierJ'ai oublié d'ajouter Catherine Chevalley.
L'épistémologie contemporaine de la tradition anglophone semble être caractérisé par :
- la connaissance est une forme de croyance (vraie et justifiée)
- la connaissance (qui est étudiée) est la connaissance d'une proposition en opposition à la connaissance de choses et du monde. Moore and Russell are exceptions, but not really, because they have a special theory of mental act in their theory of propositional knowledge,
- l'usage de cas ordinaires (fictifs) pour analyser la connaissance et donc un absence d’intérêts pour les problèmes spécifiques à la connaissance scientifique. L'épistémologie naturalisé est souvent en opposition à cela. Ce n'est pas la naturalisation de l'épistémologie qui a amené l'analyse JTB par des cas ordinaires.
- est lié au déclin et la critique du positivisme logique dans les années 1950.
Une constatation (personnelle) est que c'est surtout les textes français qui notent la troisième manière de distinguer l'épistémologie contemporaine anglosaxonne. Il faut noter que la notion de connaissance de chose n'est pas reniée, mais elle est qualifiée, suivant Russell, de connaissance par "acquintance" et très peu étudiée. Russell lui donna plus d'importance, il me semble. Il parla même de connaissance par acquintance d'universelles.
- Juien Dutant parle d'une histoire de l'épistémologie (de la tradition anglophone) largement diffusée, une histoire fausse, il la qualifie même de légende, mais qui associe correctement l'épistémologie contemporaine à l'analyse de la connaissance en terme de croyance justifiée vraie. Il note que cette analyse étudié dans la tradition anglophone n'est pas traditionnelle, mais existe seulement depuis les années 1950:[12]
« Woozley (1949,181-184), Malcolm (1952, 179–80) and Ayer (1956, 21) all took the [previous] infallible mental state view to have sceptical consequences. That was deemed unacceptable and prompted Malcolm, Ayer and Chisholm to defend the idea that fallible justification and truth were sufficient for knowledge. Gettier (1963, 121n) was perhaps the first to note that a formally similar account appeared in Plato. Soon some called the Justified True Belief analysis “traditional” and by 1967 (with en:Anthony Quinton) the Legend coalesced. »
- Pierre Le Morvan (2017) a écrit:[13]
« We have seen above that the KBG (Knowledge Before Gettier) claim, though widely held by contemporary epistemologists since Gettier (‘Is Justified True Belief Knowledge?’), enjoys surprisingly little in terms of support from textual evidence, and important grounds based on historical counter-examples call its generalization into doubt.
This state of affairs thus presents us with what we may call the ‘Puzzle’: why has this poorly supported historical claim attained the rarified status of a near-consensus view in contemporary epistemology, a field renowned for its lack of consensus? In a related vein, how did it become the case that, as Plantinga (‘Justification in the Twentieth Century’, 45) once put it, the ‘inherited lore of the epistemological tribe’ is that the ‘JTB account enjoyed the status of epistemological orthodoxy until 1963, when it was shattered by Edmund Gettier with his three-page paper “Is Justified True Belief Knowledge”?’ »
- Nathan Ballantyne explique que la fin du Cercle de Vienne a amené l'épistémologie en tant que discipline professionnelle, mais d'un point de vue sociale dans le monde académique.[14]
- Nathan Ballantyne dans le livre Knowing our limits écrit:[15]
« What is the problem with contemporary “analytic” epistemology? Why can’t it improve inquiry? According to Bishop and Trout, its goals and methods are “beyond repair” (2005, 22). They advocate a brand of “naturalism” that rejects the standard methodology of consulting intuitive judgments about cases in order to understand epistemic normativity. In addition, they “do not believe that constructing theories [of justified belief] is a fruitful endeavor’’ (2005, 116). [...] Bishop and Trout are not the only philosophers demanding changes to epistemology’s boundaries. [...] Roberts and Wood say that one problem with recent epistemology is the overriding concern to formulate necessary and sufficient conditions for knowledge and other epistemic goods such as epistemic justification. Practitioners should quit trying to define these things—a task that is "just an interesting theoretical challenge for philosophy professors and smart students" »
- Michael Ayers wrote:[16]
« Why, then, was the research programme implicitly proposed by Gettier so widely—for decades almost exclusively—adopted by ‘analytic’ epistemologists? A quick, unsympathetic answer is simply that Gettier wrote as an analytic philosopher for analytic philosophers, and was criticizing a current attempt at just such an analysis. He and most of his readers were simply not open to the idea that knowledge is not reducible to belief distinguished contextually, whether by the quality of the justification that the believer can give for it or by other aspects of its causality. Gettier’s bringing just such a mythical ‘traditional analysis’ into his argument was, in that context, a bit of inspired spin, hugely effective in the short run but, like much spin, eventually unravelling under interrogation. »
— Michael Ayers, Knowing and Seeing: Groundwork for a new empiricism
- Ichikawa, Jonathan Jenkins and Matthias Steup wrote:[17]
« Much of the twentieth-century literature on the analysis of knowledge took the JTB analysis as its starting-point. It became something of a convenient fiction to suppose that this analysis was widely accepted throughout much of the history of philosophy. In fact, however, the JTB analysis was first articulated in the twentieth century by its attackers. »
— Ichikawa, Jonathan Jenkins and Matthias Steup (Ichikawa et Steup 2018)
L'analyse de Verhaegh
modifierSander Verhaegh a étudié l'histoire de "mainstream" épistémologie.[18]
Mainstream epistemology a plusieurs significations
modifierLa première liste de sources montrent que le terme "mainstream epistemology" est utilisé de plusieurs manières différentes et qu'en lui-même il ne sert pas à identifier un courant en particulier. Cela est important, car le but ici n'est pas de couvrir tous les sens de "mainstream epistemology", mais le sens d'un courant particulier qui a débuté autour des années 1950 et a continué jusqu'à maintenant et a pris de l'expansion après Gettier.
- Robert Lockie a écrit:[19] « This is surely problematic given that familiar examples from four hundred years of mainstream epistemology establish that such ‘responsibilist’ and ‘reliabilist’ sources of value are doubly dissociated (Descartes 1931: 176; Locke 1975: IV, xvii, 24; Clifford 1999; Chisholm 1956a: 448, 1956b: 731; BonJour 1985: 45; Foley 2004). »
- John Capps associe ici "mainstream epistemology" au but de justifier la connaissance qui existait même chez les positivistes logiques. Il cite Kim:[20] « as Kim notes, “for epistemology to go out of the business of justification is for it to go out of business. » Plus loin, Capps écrit:[20] « The concerns of a naturalized epistemology, according to this reading, are thus quite discontinuous with those that characterize much mainstream epistemology. »
- Il est difficile de dire ce que veux dire "mainstream epistemology" dans cet extrait de J. Adam Carter: [21]« At least from the perspective of mainstream epistemology, The Wachowski’s sceptical question (can we know that what we see around us isn’t just part of the Matrix?) is really just reheated cabbage. » Cet autre extrait semble typique de l'epistemology de la connaissance ordinaire: « That said, it widely accepted in mainstream epistemology that whenever we acquire new beliefs that indicate that conditions on knowledge fail to hold, simply possessing such beliefs (at least, until we can ‘defeat’ these new beliefs, e.g. by rationally dismissing them) is enough to defeat knowledge. » Cela n'est pas important. On ne peut pas dire que c'est très clair.
- Dans cet extrait de J. Adam Carter, Andy Clark, Jesper Kallestrup, S. Orestis Palermos, et Duncan Pritchard, il est plus clair qu'il est question de l'épistémologie de la connaissance ordinaire (qui bien sûr n'est pas identifiée comme telles dans le courant de pensé):[22] « One possible approach to socially extended knowledge that we have previously argued for (Palermos and Pritchard 2013; Palermos 2015, forthcoming; Palermos and Pritchard forthcoming; Kallestrup forthcoming) is to combine the hypothesis of distributed cognition from philosophy of mind and cognitive science with virtue reliabilism (e.g., Greco 2003, 2010; Sosa 2007) from mainstream epistemology. » Cela est corroboré dans cet autre extrait: « In their contribution, “Group Know-How,” S. Orestis Palermos and Deborah Tollefsen welcome mainstream epistemology’s attempt to explore the nature of individuals’ know-how (e.g., knowing-how to swim, ride a bike, play chess, etc.). »
- Cet extrait d'Adam Carter est intéressant, car il parle des prémisses communes qui définissent un courant. Selon lui, un "metaepistemological realism" fait partie des prémisses communes pour "mainstream epistemology":[23] « On the line I advanced in Chapter 1, revealed meta-epistemic commitments are what is pragmatically presupposed by interlocutors engaged in first-order discourse – viz. what we find in the common ground. And, with reference to first-order debates in mainstream epistemology, typical debates (such as, I argued, the debate between Moore and the sceptic, and between Goldman and Feldman about epistemic internalism and externalism) are ones where both sides to the disputes are disposed to behave, in their use of language, as if they believe there are epistemic facts with an objective profile. This was tantamount to taking for granted, I argued, a minimal kind of metaepistemological realism. » Cependant, comme il parle de Moore vs skepticism, ce n'est pas vraiment après 1950, car Moore a écrit son essai en 1925.
- Je mentionne aussi cet autre extrait de Carter: [24] « Research questions in mainstream epistemology often take for granted a cognitive internalist picture of the mind. Perhaps this is unsurprising given the seemingly safe presumptions that (i) knowledge entails belief (viz. the entailment thesis) and that (ii) the kind of belief that knowledge entails supervenes exclusively on brainbound cognition. »
- Et aussi celui-ci de Carter et Palermos:[25] « We can easily clarify and motivate this claim by considering some of the classic thought experiments to be found in the literature on mainstream epistemology. »
- Cet extrait de Lorraine Code est très étrange, car ça dit que la philosophie de la science est un rejeton de "mainstream epistemology":[26] « In the 1980s and early 1990s, feminist epistemologists tended to occupy one of two main positions which coalesced out of “second-wave” feminism: feminist empiricism and feminist standpoint theory. Some accorded biology and the social sciences the centrality, if not precisely the paradigmatic status, that post-positivist epistemology accorded the physical sciences (Harding, 1986; Longino, 1990), while others drew more heavily on mainstream epistemology than on its philosophy-of-science offspring (cf. Alcoff and Potter, 1993). »
Bon, j'arrête là, car il me semble évident que, même si Sander Verhaegh utilise "mainstream epistemology" pour décrire un courant, le terme est souvent utilisé dans un autre sens et n'est pas fiable en lui-même pour identifier ce courant. Le fait qu'il n'y a pas de terme qui identifie ce courant et pas un autre est le signe que ce n'est pas un courant bien connu. Le terme "post-Gettier" est meilleur pour identfier uniquement le courant, mais il est trompeur, car le courant a débuté avant Gettier selon les historiens de la science.
- Ici, Sander Verhaegh clarifie ce qu'il entend par "mainstream epistemology" (ce n'est peut-être pas le sens que toutes les sources lui donne, mais cela n'est pas important):[18]
Et dans une note de bas de page, il ajout=e« In fact, analysis of knowledge became such a prominent field of study that critics―feminists, formal epistemologists, and experimental philosophers—began labeling it ‘mainstream’ epistemology. »
« V. F. Hendricks characterizes mainstream epistemology as the search for “necessary and sufficient conditions for the possession of knowledge using largely common-sense considerations and folksy examples” (2005, 4). The philosopher of race Charles Mills identified the project of “coming up with startling new solutions to the Gettier problem” as a central element of the enterprise that alternative epistemologies seek to dismiss (1988, 237). »
Le point crucial
modifier- Il peut être difficile de comprendre pourquoi Verhaegh débute son article par:
et plus loin dans le même article il écrit:« Though present-day epistemologists assume that the search for necessary and sufficient conditions for knowledge began with Gettier’s 1963 argument against the JTB-definition, I show that this research program can be traced back to British discussions about knowledge and analysis in the 1940s and 1950s. I discuss work of, among others, Bertrand Russell, G. E. Moore, A. J. Ayer, Norman Malcom, and A. D. Woozley, showing how exchanges between different schools of analytic philosophy gave rise to new ideas about the nature of knowledge and analysis. »
Ces deux extraits semblent contradictoire. Dans le premier extrait, il dit que les débats de l'époque sont la source du courant moderne. Dans le deuxième extrait, il dit que les participants dans ces débats auraient rejeté la méthodologie du courant moderne. Mais, c'est justement, il dit "it is quite puzzling".« For one thing, it is quite puzzling how Gettier-style analysis could have emerged in a philosophical environment that seemed generally opposed to the idea that we can or should explore necessary and sufficient conditions for everyday epistemic concepts. »
- Verhaegh note que la transition vers cette approche qui cherche à analyser la connaissance à commencer dans les années 1940 et il explique que les présuppositions de "mainstream" épistémologie étaient rejetées avant. Par exemple, l'idée que la connaissance était une forme de croyance était explicitement rejetée avant.[18] Il faut que je clarifie ce que veut dire "avant", car Russell en 1912 a défini la connaissance comme JTB, et pourtant il a toujours considérer que la connaissance est essentiellement scientifique. Mais, Pierce aussi je pense, mais c'était différent. Verhaegh a aussi écrit « The above discussion shows that it would be a mistake to conclude that Russell and Moore are Gettier-style epistemologists. » Dans cette discussion Verhaegh écrit « Moore never returned to the definitional question after concluding that knowledge involves more than just a belief in and the direct apprehension of a true proposition–not even in his seminal defense of common-sense knowledge (Moore 1925). » J'espère que plus loin il explique que cette position de Moore s'explique par une orientation vers des problèmes de la philosophie de la science, en particulier le problème humien de l'induction. Peut-être pas car il ne parle pas beaucoup de science dans son article et il ne mentionne pas Hume. Parcontre, il présente « A co-citation network of all papers containing the title term ‘know*’ in seven prominent Anglophone philosophy journals between 1946 and 1962 » dans lequel Hume ressort comme un philosophe très souvent nommé. Il ne commente pas cela. Lorsqu'il dit que les philosophes de l'époque n'étaient pas intéressé à l'analyse de la connaissance, il mentionne « Introductions from this period typically discuss a range of views about sources of knowledge, about the nature of perception, about the grounds of knowledge, about the problem of induction, about the difference between knowledge and faith, about the a priori, and about the relation between our ideas and the world. » Donc, le problème de l'induction est mentionné, mais pas vraiment discuté.
- Verhaegh dans une suite de paragraphs (malgré que Russell et Ayer sont des exceptions) argumente[18] « A second common feature of early 20th-century analyses is that epistemologists often drew a strict distinction between knowledge and belief. Whereas present-day discussions generally presuppose that knowledge is a type of belief (that is also true and justified, etc.), epistemologists at the time held that “the man who knows does not believe at all what he knows; he knows it” (Cook Wilson 1926, 100). » Il mentionne A. D. Woozley en 1949. Il y a donc un biais lorsqu'on met l'accent sur Russell à ce sujet. L'autre « feature » est « If the concept was defined at all, epistemologists focused on knowledge of things rather 0than propositions. ». Il aoute « Conceptually, the two points are connected. Many epistemologists presupposed a strict distinction between knowledge and belief precisely because they characterized knowledge as a type of mental act. »
- Verhaegh explique que pour les philosophes analytiques tels que Russell et Moore, un « acte mental » peut être la connaissance d'universelle et même une connaissance directe d'une proposition vraie:[18]
Cela semble dire que Russell et Moore ne sont pas vraiment des exceptions. En effet, c'est à la suite de cela (et d'autres arguments) qu'il a écrit: « The above discussion shows that it would be a mistake to conclude that Russell and Moore are Gettier-style epistemologists. » Tout est clair. Il ne fait pas le lien avec la science, mais "knowledge of things" et la séparation entre connaissance et croyance est parfaitement compatible avec une orientation vers la connaissance scientifique.« An analysis, Moore and Russell held, is valuable precisely because it can go beyond ordinary use and reveal the variety of relations between subjects and the external world. Second, they both presupposed a version of the mental act view in their theories about propositional knowledge. Knowing that something is the case either involves “acquaintance with universals” (Russell 1912, 53) or “the direct apprehension of a true proposition” (Moore 1911/153, 81). »
- Ça serait bien que je trouve d'autres sources qui va dans le même sens que Verhaegh, mais souligne le lien avec la science (et la disparition de ce lien). En fait, même Verhaegh parle de l'utilisation de cas ordinaires pour analyser la connaissance comme étant spécial. C'est comme presque là, mais pas assez explicite. Il y a le lien avec le positivisme logique qui était clairement orienté vers la connaissance scientifique: « After World War II, however, many analytic philosophers returned to the analysis of knowledge. .... When one studies this work on knowledge, one quickly discovers a common agenda. Many of the aforementioned books, papers, and lectures can be read as direct responses to logical positivism, which had come to dictate the philosophical conversation in the late 1930s. »
- Verhaegh indique que Ayer semble avoir initié une distanciation de la connaissance scientifique: « A second factor contributing to Ayer’s appeal as a scapegoat is that he presented logical positivism as a series of relatively straightforward arguments and positions. Whereas his European and American colleagues were publishing highly technical work in the 1940s--e.g.Carnap’s analysis of the foundations of probability (1950), Reichenbach’s book on quantum mechanics (1944), and Goodman and Quine’s attempt to develop a nominalistic reinterpretation of classical mathematics (1947)¾Ayer’s books present logical positivism as a set of easy-to-follow, provocative, and radically empiricist analyses of traditional philosophical topics such as truth, meaning, knowledge, values, the self, and God. » Mais c'est Malcolm qui le premier a défendu l'usage de cas ordinaire pour analyser la connaissance. Étrange qu'il n'a pas inclut l'usage de cas ordinaires comme troisième caractéristique plus haut. Et il mentionne Woosley (de même que Malcolm) ont argumenté que la connaissance est un type de croyance. Gettier was a student of Malcolm.
- L'article a une section qui dit « There are two prominent exceptions to the above story. Both Bertrand Russell and G. E. Moore broke with some of the aforementioned assumptions and drew a distinction between propositional and non-propositional knowledge. » Ce sont des exceptions importantes. Le point important ici est la distinction entre connaissance de proposition et connaissance du monde. La notion de connaissance de proposition n'était pas courante, mais Russell et Moore sont des exceptions. Il faut rappeler ici que l'autre aspect qui caractérise le courant moderne est la distinction entre croyance et connaissance. Je rappelle aussi que ces deux caractéristiques sont liées selon Verhaegh: la distinction entre connaissance et croyance est, pour plusieurs épistémologistes, une conséquence du fait que la connaissance est une connaissance par "acte mental" en opposition à une connaissance de proposition.
- Ici, Verhaegh suggère que l'analyse JTB est ce qui caractérise (avec d'autres concepts) "mainstream epistemology":[18]
Ce sont les autres concepts qui m'intéresse, car Russell, Ayer et probablement d'autres ont adopté l'analyse JTB et donc ça ne caractérise pas le courant après Gettier. Ça prend quelque chose d'autre.« But they have paid scant attention to the question when and why epistemologists started exploring necessary and sufficient conditions for knowledge and related concepts. »
- Cependant, j'ai peut-être une mauvaise compréhension de l'histoire, car Verhaegh dit que, au contraire, Russell et le positivisme logique à l'époque (in the 1950s) n'aurait pas accepté l'analyse JTB:[18]
L'expression "methodological presuppositions" est important ici. Ce n'est pas l'analyse JTB comme telle qui a été rejetée.« In the 1950s, analytic philosophy was dominated by logical atomism, logical positivism, pragmatism, and ordinary language philosophy. Yet none of these schools would have accepted Gettier’s methodological presuppositions. Bertrand Russell believed that knowledge is “a term incapable of precision” (1948/2009, 516). »
- En effet, c'est plus compliqué que je pensais car c'est immédiatement après avoir dit « that knowledge is “a term incapable of precision” » que Russell a écrit:[27]
Il est évident que Verhaegh n'a pas pu ne pas voir cela. Il ne dit pas que Russell n'a pas accepté JTB, seulement qu'il ne croyait pas que l'analyse de knowledge (en termes de JTB) est possible. Knowledge comme JTB est une position dogmatique qui est un point de départ et il est conscient des limites de cela, car bien des auteurs soulèvent qu'il a mentionné le problème de Gettier. L'idée est peut-être que Russell considérait qu'une description axiomatique d'une réalité peut être utile, même si elle n'est pas parfaite dans sa représentation de cette réalité. Le contexte, il me semble, est que Russell cherchait une solution au problème de l'induction en science. En effet, dans ce cas, il est très loin des considérations post-Gettier. Il faut donc que je continue de lire Verhaegh.« “Knowledge” is a sub-class of true beliefs. We have just seen that “belief’’ is not easy to define, and “true” is a very difficult term. I shall not, however, repeat what was said about this term in Part II, as the really important question for us is what must be added to truth in order to make a belief an instance of “knowledge”. »
- Par la suite, Verhaegh fait ressortir que c'est l'accent sur la connaissance ordinaire, utilisé dans l'analyse de JTB, qu'on ne retrouve pas chez les philosophes de l'époque:[18]
Le cas de Ludwig Wittgenstein demande réflexion, car il est considéré comme un fondateur de l'Ordinary Language Analysis. Il faut se rappeler que l'OLP ne doit pas être confondu avec un accent sur la connaissance ordinaire. L'OLP a été introduit comme antidote aux problèmes de la science, au scepticisme, de l'époque. Il faut que je relise les sources à ce sujet et en trouve d'autres. Aussi, que dire de la "common sense philosophy" de Moore: ça ressemble à une exception, mais c'est peut-être une mauvaise compréhension de Moore, car on met souvent sa philosophie dans le même panier que la philosophie ultérieure de Wittgenstein. Ou alors c'est simplement que Moore's common sense philosophy est un cas à part, pas vraiment dans l'une des écoles mentionnées par Verhaegh ci-dessus: logical atomism, logical positivism, pragmatism, and ordinary language philosophy. Tout ça est à clarifier.« Rudolf Carnap was not interested in ordinary language and attempted to explicate technical notions such as ‘confirmation’ and ‘probability’ (1950, ch. 1). Ludwig Wittgenstein rejected the presupposition that everyday concepts can be strictly defined and claimed that is a mistake to believe “that in order to get clear about the meaning of a general term one [has] to find the common element in all its applications” (1958, 19). And J. L. Austin maintained that “concepts are more subtle, at least in all ordinary and reasonably practical matters, than any that you or I are likely to think up in our armchairs” (1957, 8). »
L'analyse de Ram Neta
modifierRam Neta dit que dans la tradition connue maintenant comme la philosophie analytique, la philosophie n'était pas considérée utile à la science et vice-versa, mais cela doit être relativisé car Neta dit par la suite:[28]
« Soon after, Russell attempted something even more ambitious (in his 1914 Our Knowledge of the External World ): to find the smallest and simplest set of axioms, and the smallest and simplest set of rules of derivation, such that those rules, when applied to those axioms, would result in proofs of all known truths concerning physical objects. »
Il est tout de même significatif que l'idée d'une indépendance entre la science et la philosophie était présente. Ce qui est dit exactement est « the findings of the natural sciences were of virtually no relevance to philosophy, and vice-versa. » Il est question des découvertes de la science et non de la méthode scientifique utilisée. Ce qui est expliqué est que la science (une fois la méthode fixée) ne se fit qu'aux observations et à l'inverse la philosophie se fit « only on reasoning. » Bref, ce n'était que l'expression de l'empirisme extrême de l'époque, un empirisme qui n'a pas aboutit. Aujourd'hui, il est admis que la science doit faire des hypothèses et qu'on utilise la raison, dans un sens similaire à celui que Descartes et Kant lui donnait, pour ce faire. On pourrait dire que le but de la tradition analytique était de montrer la non nécessité d'une raison transcendantale en science en décrivant une méthode analytique et en cela son objet d'étude était la science. Neta dit dans son chapitre que la naturalisation de l'épistémologie renverse une partie de cette attitude en affirmant que les résultats empiriques de la science sont important en philosophie.
Ram Neta explique que Quine est influencé par l'échec de l'empirisme logique:
« The answer to these questions is strongly suggested by the context in which Quine situates naturalistic epistemology throughout his writings. For Quine, the effort to naturalize epistemology is a response to the failure of a particular program that Carnap undertook.
...
To naturalize epistemology is to give up the presupposition that our evidential basis is phenomenalistically statable, and to treat the question of what our evidential basis is as itself an empirical question – one to be answered by looking and seeing what our evidential basis is. That is what is distinctively naturalistic about Quine’s epistemology. »
Ce qui n'est pas claire pour moi est comment il se fait que cette échec à justifier la connaissance scientifique n'a pas empêché les épistémologistes de définir la connaissance comme devant être justifiée. Dans le cas de Quine, comme l'évidence n'est pas « phenomenalistically statable », cela peut expliquer que le problème disparaît, car on n'a plus l'évidence sous la forme requise pour une justification. Le problème disparait, uniquement car on abandonne le but. Il semble que cette solution n'a pas été adoptée par d'autres qui se sont penchés sur le problème de Gettier. L'idée est peut-être qu'il n'est plus question de justification comme les positivistes logiques l'envisageaient, mais d'une autre forme de justification et on se disait que ça suffirait pour définir la connaissance.
L'analyse de Robert Nadeau
modifierRobert Nadeau écrit:[29]
« Mais cela demande également de prendre la des conceptions néo-positivistes ayant vu le jour dans le cadre du Cercle de Vienne et ayant en quelque sorte dominé la scène philosophique jusqu’au début des années 1960, d’expliquer comment il se fait que la doctrine de l’empirisme logique a pu perdre de son lustre au profit d’une analyse de la connaissance scientifique davantage historiciste, et enfin de mettre en lumière les problématiques plus récentes que sont la nouvelle sociologie de la connaissance scientifique (le « Strong Program » de l’École d’Édimbourg), la logique épistémique, et, avatar récent de la philosophie analytique de la connaissance, l’épistémologie dite « contextualiste ». »
Ce texte fait référence au chapitre Le contextualisme épistémologique de Martin Montminy dans le même livre. Je l'ai survolé rapidement et je me demande en quoi cela diffère de l'approche hypothético-déductive traditionnelle: il me semble qu'un contexte accepté n'est pas si différent d'une hypothèse acceptée. Ce qui me choque surtout est que ce contextualisme n'occupe à ma connaissance qu'un petit espace dans l'epistemology anglaise contemporaine. Mais bon, peut-être, que cela apparaissait comme l'approche universellement acceptée en 2016 et que, simplement, on n'y parle pas du lien avec l'approche hypothético-déductive traditionnelle. On dira que le "contexte" correspond plus aux types de questions posées, etc. qu'à une hypothèse acceptée, mais, en fin d'analyse, ce qui compte est de savoir si l'hypothèse est acceptée ou non et les raisons dans le contexte qui expliquent son acceptation ou non ne me semblent pas fondamentales.
Mais, le livre dirigé par Nadeau parle de l'epistemology anglaise contemporaine. Par exemple, Claude Panaccio dans le chapitre 4, Le savoir selon Guillaume d’Ockham, remarque que celui-ci définissait le savoir comme une croyance justifiée vraie. Cependant, il ne dit pas que qu'Ockham était conscient de l'argument de Gettier. Donc, il ne dit pas que l'epistemology anglaise (contemporaine) était déjà étudié par Ockham.
Ce que je veux considérer aussi est cet énoncé de Nadeau: « Par opposition, un ouvrage d’introduction à l’« Epistemology » ne parlera pas de science mais de connaissance au sens ordinaire du terme, tout en n’excluant pas que l’analyse de la connaissance au sens ordinaire du terme soit pertinente et utile pour comprendre le fonctionnement de la connaissance scientifique. » Bon, ça dit bien que l'« epistemology » anglaise exclue les problèmes spécifiques à la science. Ce que je n'aime pas trop est que ça suggère que l'étude de la connaissance non scientifique peut-être utile à l'étude de la connaissance scientifique. Ce n'est pas ce que Nadeau dit. Il dit qu'un ouvrage d'introduction à l'« Epistemology » ne l'exclut pas. Cela est vrai, mais il faut noter que plusieurs de ces ouvrages ne l'affirment pas non plus et qu'en fait, on ne parle pas beaucoup de la connaissance scientifique dans ces ouvrages. Cela aurait dû être mentionné. Dans ce sens, je pose la question de la pertinence de la partie « tout en n’excluant pas que l’analyse de la connaissance au sens ordinaire du terme soit pertinente et utile pour comprendre le fonctionnement de la connaissance scientifique. Cette partie semble semer plus de confusion qu'autre chose.
Croyance Justifiée Vraie et le positivisme logique
modifierL'acceptation de la connaissance comme croyance justifiée vraie n'est pas opposée à une vision scientifique de la connaissance. En particulier, Ayer a proposé une théorie de la connaissance comme croyance justifiée vraie. Macdonald, Graham and Nikhil Krishnan dans l'entrée Ayer de SEP a écrit:
« In [Language, Truth, and Logic (hereafter LTL), published in 1936] he put forward what were understood to be the major theses of logical positivism, and so established himself as the leading English representative of the movement, Viennese in origin. In endorsing these views Ayer saw himself as continuing in the line of British empiricism established by John Locke and David Hume, an empiricism whose most recent representative was Bertrand Russell. Throughout his subsequent career he remained true to this tradition’s rejection of the possibility of synthetic a priori knowledge, and so he saw the method of philosophy to be the analysis of the meaning of key terms, such as ‘causality’, ‘truth’, ‘knowledge’, ‘freedom’, and so on. The major portion of his work was devoted to exploring different facets of our claims to knowledge, particularly perceptual knowledge and knowledge that depended on inductive inference for its credence. Along the way he defended a ‘justified true belief’ account of knowledge, a Humean account of causation, and compatibilism with respect to freedom. In LTL he put forward an emotivist theory of ethics, one that he never abandoned. »
Déjà Russell en 1912 avait proposé que la connaissance est une croyance justifiée vraie et il croyait que la connaissance est avant tout la connaissance du monde, des lois. Il a même proposé une solution au problème de l'induction.
Floridi a écrit:[30] « Russell applied this first to memory; in later writings he extends its application further – in particular using it to develop a sophisticated externalist account of induction in his last major work (1948). It should be added, however, that on this last matter Russell had been anticipated by F. P. Ramsey (1931: 197), who had also generalised Russell’s tentative presentation of an externalist conception of knowledge into the bold statement that ‘a belief [is] knowledge if it is (i) true, (ii) certain, (iii) obtained by a reliable process. »
Il faut lire Sander Vergaegh qui explique que néanmoins, Russell n'a pas adopté une épistémologie du genre post-Gettier. Cela est un point important, car ça indique que JTB n'est pas la caractéristique qui définie le courant post-Gettier.
Methods of analysis in contemporary epistemology
modifier- Jonathan Lopez a écrit:[31]
« Epistemologists have traditionally approached questions about the nature of knowledge and epistemic justification using informal methods, such as intuition, introspection, everyday concepts, and ordinary language. »
- Andrew Cullison mentionne: "some of the methods that contemporary epistemologists typically employ":[32]
et« [O]ne central task in epistemology is to try and understand the nature of various epistemic properties (or relations) such as knowledge, justification, warrant, reasonable, and rational. A common method to do this is to begin with obvious cases of knowledge (or justification, or reasonable belief) and perhaps some obvious cases where knowledge is absent or lacking. We then try to abstract some general features that the obvious cases have in common. »
et ce qu'il appelle la méthode "standard" :« Another method that is sometimes relied on in epistemology is to examine ordinary language uses of the term “knows” and its cognates, and construct theories that best capture patterns of linguistic use of those terms. »
« A third method in epistemology involves developing theories that explain intuitions that we have about the connection between knowledge and other concepts or properties. Conversely we might rule epistemic theories out because they entailed that there was no connection between some epistemic property and some other property (when intuitively there is such a connection). »
- Cette référence est plus sur Quine, mais ça suggère une transition. Emiliano Trizio dans sa thèse a écrit:
« Common-sense knowledge is not exempt from quinean holism, nor are those sciences, such as zoology or botany that are (or we should say were at the time of Duhem) mainly based on common-sense observations. Indeed the crucial divergence between Duhem and Quine lies in their opposite views concerning the relationship between science and common-sense knowledge: Duhem would firmly reject Quine’s gradualism on this issue:
Science is a continuation of common sense
We are working up our science from infancy onward. »
Le RI
modifierLe RI est problématique, car il énonce comme des vérités des points de vue qui ne sont pas très fondamentaux. La première phrase est un exemple, car pour plusieurs, même en France, « l'épistémologie est d'abord l'étude de la connaissance scientifique » n'est pas vrai. Pour respecter NPOV, il faudrait attribuer ce point de vue, mais le problème demeurerait que ce n'est pas si intéressant que cela de savoir, par exemple, que Simard utilise cette définition. Si l'idée est que l'article utilise cette définition, il suffit de mettre cela dans une disambiguation {{Autre4}} au début. De cette manière, l'article peut focaliser sur les points de vue cruciaux, les philosophies notoires, en les attribuant à leurs auteurs. Dans le cas de Simard, ce qui est intéressant est qu'il reprend la distinction très notoire entre l'approche unitaire (illustré par Popper) et l'approche régionale (illustré par Kuhn). Au lieu de cela, l'article argumente (in Wikipedia's voice) que l'épistémologie est l'étude critique des sciences et picore une phrase de l'article de Simard pour pousser ce point de vue. Ce n'est pas que je considère que c'est une fausseté terrible. C'est plutôt que pendant qu'on fait cela, on ne focalise pas sur les aspects conceptuels importants. Dominic Mayers (discuter) 5 mai 2023 à 14:06 (CEST)
Ferrier
modifierLarticle argumente en picorant des phrases ici et là et des définitions courtes de dictionnaire, que le terme est une traduction du wissenschaftslehre de Fichte. Je pourrais picorer des bouts de phrases qui disent l'opposé, mais jamais je ne ferai cela. Ça serait faire la même erreur. On ne corrige pas une erreur par une autre erreur. Les sources sont bien plus intéressantes que cela à propos de Ferrier. Ferrier a vraiment introduit une théorie de la connaissance (épistémologie) qu'il opposait clairement à une théorie de ce qui existe, une théorie de l'être (ontologie). Il a fait cela de manière à proposer un idéalisme qui était aussi de l'empirisme. Jaffro explique que pour Ferrier l'objet était inséparable du sujet, c'est-à-dire, la perception-de-la-matière est un mot composé dans lequel « matière » n'est pas une réalité séparée de la perception par le sujet. Néanmoins, c'était un empirisme à cause de l'importance des sens et de la perception dans son épistémologie. Cela est un contenu notoire expliqué par Jaffro dans les détails. Ça dit quelque chose à un niveau conceptuel. En revanche, même si certains auteurs disent que epistemology est une traduction par Ferrier de erkenntnistheorie (du néo-kantisme) et d'autres disent que c'est une traduction de wissenschaftslehre (de l'idéalisme allemand), cela n'est pas l'essentiel de ce que ces auteurs disent. Ces affirmations sont même étranges, car à l'époque, les deux termes réfèrent tous deux à une étude de la science. Leur sens ne sont pas très différents. Wagner écrit :
« Pour les philosophes néo-kantiens, poser le problème d'une théorie de la connaissance est un moyen de rester au plus près des sciences tout en reconnaissant la spécificité et la dignité de la réflexion philosophique. On voit que dans ce contexte, théorie de la connaissance et analyse philosophique des sciences sont très proches l'une de l'autre. »
La question de savoir si Ferrier a traduit l'un ou l'autre des deux termes est donc sans importance conceptuelle. De plus, Ferrier ne prétend pas du tout faire une traduction. Il introduit carrément un terme anglais pour nommer sa théorie de la connaissance. L'équivalent allemand du terme devient important pour certains auteurs parce que la distinction entre les deux termes allemands est associée à un rejet de l'idéalisme allemand par les néo-kantiens. Ce rejet de l'idéalisme allemand ne devrait pas être central dans l'article, mais si on décide que c'est important, alors faisons le de manière transparente à un endroit approprié dans l'article. Ce qui ne va pas du tout est de picorer des phrases ici et là pour dire que le terme traduit est wissenschaftslehere ou Erkenntnistheorie sans le contexte qui motive ces phrases. Je le répète: ce n'est pas que je considère que ces phrases sont importantes et que ça trompe gravement le lecteur en soi. C'est plutôt que ce sont des diversions dans l'article qui nous éloignent des aspects conceptuels importants. Ça nuit à la compréhension de l'article et à son organisation globale. Il ya plein de cela dans l'article. Ça gâche l'article. Dominic Mayers (discuter) 5 mai 2023 à 19:10 (CEST)
Liste d'auteurs
modifierAuteurs | Texte Philosophique | Description | Central/Liens/Lié/Dict |
---|---|---|---|
Johann Gottlieb Fichte | Grundlage der gesamten Wissenschaftslehre | Idéalisme allemand | Lié par Anonyme |
Anonyme | Jean Paul | Première occurrence de epistemology | Lien |
James Frederick Ferrier | Institutes of Metaphysics | Épistémologie sur connaître (en opposition à l'ontologie). Idéalisme qui rejette Fichte | Central |
Bertrand Russell | Essai sur les fondements de la géométrie | Épistémologie qui remplace Kant a priori par la logique. | Central |
Louis Couturat | Lexique philosophique (dans trad. de Russell) | Correspondence avec Russell. Épistémologie = théorie de la connaissance appuyée sur l'étude critique des sciences, dans l'esprit de Kant. | Central |
Jean-Claude Simard | Cours de Culture scientifique | Explique la distinction entre les approches régionales et unitaires. | Lien |
Pierre Wagner | Les philosophes et la science | Histoire de la relation entre philosophie et la science | Liens |
Hervé Barreau | L'Épistémologie (Que Sais-je) | Épistémologie sous l'approche régionale | Central, Liens |
Auguste Comte | Rejette méthodes générales ou principes généraux, prenant ainsi ses distances à l'égard d'auteurs comme Bacon, Descartes ou Newton. (Wagner) | Lié par Barreau et Wagner | |
Augustin Cournot | Considéré père de la « philosophie des sciences » avec Auguste Comte, mais avait une philosophie différente. | Lié par Barreau | |
Gaston Bachelard | repousse l’ idée commune, à quelques nuances près, à A. Comte, à Chevreul, à Cl. Bernard, selon laquelle il existe une méthode positive constituée des principes généraux dont seule l’application est diversifiée par la nature des problèmes à résoudre. (Ivan Vuković et Arnaud François) | Liens? |
Distinction entre Bachelard et Comte
modifier« Cette approche [de Bachelard] se veut à l’opposé du positivisme d’Auguste Comte, en plein essor dans les pays anglo-saxons, et qui procédait déjà d’une mise en perspective historique du progrès scientifique. Pour les positivistes, le progrès scientifique s’opère par accumulation continue et graduelle selon une logique encyclopédique. »
— Louisa Yousfi, L'épistémologie de Bachelard : entre ruptures et discontinuité, 2012
Étymologie et définitions
modifierLes deux plus importants problèmes dans la section Étymologie et définitions sont les suivants:
- L'accent de manière positive sur l'idéologie allemande de Fichte alors que le terme « epistemology » est apparu après, au milieu du 19e siècle, et que pour plusieurs ce terme est apparut dans le contexte d'une libération de la science de l'emprise de l'idéalisme allemand. Il serait pertinent de mentionner le point de vue favorable à l'idéalisme allemand, mais seulement après avoir mentionné l'idée que l'introduction du terme allemand Erkenntnistheorie (théorie de la connaissance qui sera éventuellement traduit par epistemology) a été introduit dans un courant de pensée opposé à l'idéalisme allemand. Autrement, ça n'a pas de rapport.
- Le deuxième est un accent sur des détails de l'épistémologie française (approche historique et régionale) sans donner le contexte historique. En gros, le contexte historique est le suivant. Le terme « epistemology » a été introduit pour traduire Erkenntnistheorie (théorie de la connaissance) à l'époque du néo-kantisme. Celui-ci ne faisait pas de distinction entre Erkenntnistheorie et philosophy des sciences, dans ce sens que c'était la manière correcte de faire la philosophie des sciences. Donc, epistemology, erkenntnistheorie et philosophie des sciences étaient la même chose. Deux choses se sont produites après la définition du terme en français par Couturat. La première est que dans le contexte de la pensée française, épistémologie (qui était déjà associé à philosophie des sciences dans le contexte du néo-kantisme) a pris le sens de philosophie des sciences à la française. Déjà là, le terme « épistémologie » en français s'était éloigné du terme « epistemology » anglo-saxon en s'approchant des détails historiques et régionales des sciences. La deuxième est que suite à l'échec du positivisme logique à répondre à des questions sur la science, dans une direction opposée, le terme epistemology s'est éloigné de ces questions sur la science pour s'intéresser à des questions générales sur la connaissance (toujours avec la prétention de couvrir les questions universelles les plus importantes). Le résultat de ces deux choses est que « épistémologie » (dans le sens de philosophie des sciences à la française) est, on pourrait dire, à l'opposé de « epistemology » dans le sens anglo-saxon.
Les deux premières phrases
modifierDans les deux premières phrases
« Le terme « épistémologie » vient du grec ancien ἐπιστήμη / epistémê « connaissance » ou « science » et λόγος / lógos « discours ». Le terme renvoie donc à l'étude de la science ou de la connaissance »
je ne vois pas la nécessité de mentionner « connaissance », car le consensus est que le terme grecque « epistémê » signifie science. Peut-être que le but est de concilier le sens grecque avec tous les sens modernes dont l'un réfère à « connaissance » en opposition à science comme le général est opposé au spécifique, mais cela sème la confusion sur la véritable étymologie. Cependant, il faut aussi éviter d'implicitement privilégier un sens au dépend des autres. Il serait plus neutre d'écrire « Littéralement, «épistémologie» signifie donc «discours sur la science». » C'est la formulation que Pierre Wagner a adoptée, par exemple[33]. Il faudrait peut-être, par la suite, en profiter pour clarifier que d'autres sens qui ne respecte par le terme grecque « épistémè » ont été donné donnés au terme.
À propos de Fichte et l'idéalisme allemand
modifierIl me semble que les points sensibles à garder à l'esprit sont :
- Qui a introduit l'idée d'épistémologie (et le mot car cela est relié). C'est complexe, car la réponse dépend de la définition du terme, c'est-à-dire, de cette idée, laquelle varie selon les pays et les époques.
- La nature et le rôle de l'émancipation de la science en rapport à la philosophie au 19e siècle.
L'émancipation recherchée (mais pas nécessairement obtenue) de la science en rapport à la philosophie est une séparation entre la science et la métaphysique et d'autres aspects considérés non scientifiques. Le but est de mettre la sciences au dessus de ces approches philosophiques. Wagner cite Alois Riehl (dans Der Philosophische Kriticismus und seine Bedeutung für die positive Wissenschaft, 1876) comme un représentant notoire de cette vision : « La philosophie n'a pas à dominer la science de la nature mais à en apprendre. »
Avant le milieu du 19e siècle, la science n'existait pas indépendamment de la philosophie : il n'y avait pas de science responsable pour la vérité, etc. Les questions épistémologiques s'appliquent aux connaissances et activités scientifiques qui, bien sûr, ont existé bien avant le milieu du 19e siècle, mais le fait de poser ces questions demandent une relation entre la philosophie et la science qui, elle, n'existait pas avant. Les philosophes d'avant se sont posé des questions sur les « activités scientifiques » (qui ne portaient pas ce nom), mais selon Wagner ce n'était pas les mêmes questions. La question première qui ne pouvait pas exister avant est quelles sont les fondations de la science qui permettraient de l'émanciper de la philosophie. Ceci est la problématique du « principe premier » dont Renault discute dans la conclusion de Hegel: La naturalisation de la dialectique.
Il y a des points de vue qui semblent s'opposer ici. Pour Wagner et Jocelyn Benoist dans Les philosophes et la science[34], la science s'émancipe comme objet autonome qui peut alors être étudier seulement après l'idéalisme allemand. Mais pour Renault dans Hegel:La naturalisation de la dialectique[35], cela avait déjà été le cas avec Fichte, le fondateur de l'idéalisme allemand. On dira que l'étude de la science dans l'idéalisme allemand ne correspondait pas à une émancipation de la science en tant qu'objet autonome, mais à une domination de la science par une approche méta-physique. Wagner reconnaît que cette critique de l'idéalisme allemand est remis en question par des philosophes, mais il ne donne pas de détails et se contente de citer Renault et d'autres dans une note de bas de page[36].
De la Wissenschaftslehre de Fichte à l'Epistemology
modifierLa sous-section « De la Wissenschaftslehre de Fichte à l'Epistemology » n'est pas neutre et peut-être même un travail inédit. Elle suggère un lien étroit entre le Wissenschaftslehre de Fichte et l'Epistemology anglo-saxon, mais ce n'est certainement pas le point de vue de toutes les sources notoires et peut-être même un travail inédit, c'est-à-dire, pas le point de vue d'aucune de ces sources. Il n'est pas suffisant que chaque paragraphe ou phrase soit vérifiable. Il faut que ce qui est suggéré par leur juxtaposition le soit aussi dans au moins une source notoire. De plus, si ce n'est pas d'une manière raisonnable une vérité bien acceptée, il faut que ça soit attribué à la source notoire pour que Wikipédia reste neutre. Wagner ne fait aucun lien entre les premiers usages de « epistemology » autour de 1850 et l'usage de Wissenschaftslehre dans l'idéalisme allemand des années 1800–1830 sous l'influence de Fichte. Au contraire, le consensus semble être que l'idéalisme allemand n'était plus respecté à l'époque de la traduction, car il avait été remplacé par différents points de vue dits néo-kantistes (même si plusieurs aspects essentiels de Kant n'y étaient pas respectés). C'est certainement ce que Wagner explique. Le texte d'un auteur inconnu dans l'Eclectic Magazine en 1847 à propos de Jean Paul n'a aucun poids significatif en comparaison. (Voir la sous-section ci-dessous.)
Pour m'assurer de cela, j'ai lu quelques sources à propos de Ferrier qui a introduit en tant que philosophe le terme « epistemology » pour voir concrètement si cela avait un lien avec Fichte. Il semble y avoir consensus dans les sources que j'ai lues qui étaient centrées sur Ferrier que celui-ci, même s'il était un idéaliste et connaissait l'idéalisme allemand, n'a pas été influencé par Fichte, Hegel et Schelling. Il connaissait leur travaux, mais rejetait leur forme d'idéalisme. Selon ces sources, il a été beaucoup plus influencé par le philosophe irlandais Berkeley (1685-1753). Berkeley était un idéaliste subjectif d'avant Kant (1724-1804), donc de bien avant l'idéalisme allemand de Fichte.
Cependant, Braunstein dans le chapitre Bachelard. Canguilhem, Foucault de Wagner, Les philosophes et la science appelle Ferrier « le fichtéen » et aussi Renault dans (Renault 2001). De même dans l'entrée James Frederick Ferrier dans Britannica il est écrit : « Ferrier’s Hegelian epistemology (a word that he introduced into English)... ». Même Lecourt écrit :
« [« Epistemology » est un] néologisme construit par le métaphysicien écossais James Frederick Ferrier [...] se réclamant de l'idéalisme allemand [...] Ironie de l’histoire, [« epistemology »] s’est répandu sous la plume de penseurs qui ont fait profession de rejeter Friedrich Hegel (1770-1831) et la philosophie romantique allemande. »
Ceci est étrange, car dans Institutes of Metaphysics, Ferrier introduit et explique le terme à la page 46, mais ne mentionne Fichte, Hegel et Schelling qu'en passant, pas de manière positive et seulement à la page 91 après avoir introduit le terme.
Les traducteurs Frederic Tremblay et Maria Cherba de Husserl’s Transcendental-Phenomenological Idealism écrivent « The English word “epistemology” was coined in the nineteenth century as a means of referring to what the Germans called Wissenschaftslehre ». De même Drouin dans A propos de l'expression : l'enfant épistémologue rajoute à la définition donnée par Le Lalande : « alors que le terme allemand pour traduire épistémologie serait «Wissenschaftslehre» ». Dans les deux cas, cela ne contredit pas que le terme a été introduit par Ferrier avec un sens qui justifie son usage pour rendre Erkenntnistheorie. Dans le cas de Tremblay et Cherba, il faut prendre en note que « wissenschaftslehre » est souvent traduit par « science of knowledge ». Le mot allemand a autant d'usages différents que « épistémologie » en français. Dans le cas de Drouin, il est question du sens d'épistémologie dans la tradition française donné par Le Lalande, ce qui n'a pas de rapport avec le sens que Ferrier a donné au terme. Je n'ai pas trouvé de sources qui disent que le terme a été introduit avec un autre sens incompatible avec Erkenntnistheorie et encore moins par un inconnue dans l'Eclectic magazine. Cela est différent de ce que Fructeau de Laclos a écrit dans The Meaning of “Epistemology” Science, Common Sense and Philosophy according to Émile Meyerson:
« The English word “epistemology” is equivalent to the German term Erkenntnistheorie or to the French expression “théorie de la connaissance” (theory of knowledge). It takes knowledge as a general category whose specifications are respectively common and scientific. But when the French word “épistémologie” first appeared, it was defined as a synonymous for “philosophy of science” [dans le sens français]. »
Le plus important est que lorsqu'on regarde la définition de « epistemology » de Ferrier, ce n'est pas du tout compatible avec philosophie des sciences à la française. Dans ma recherche, aucune source suggère que la définition de Ferrier était spécifique à la science. Au contraire, Wagner est très explicite que, pour Ferrier et l'Oxford English Dictionary, « epistemology » est l'étude de questions générales à propos de la connaissance, « question beaucoup plus générale que les problèmes soulevés par la science ou par des sciences particulières. » Il est facile de corroborer cela avec la source primaire : Institutes of Metaphysics, page 46. Wagner conclut que cela justifie le terme « epistemology » pour traduire erkenntnistheorie (qui était devenu populaire à l'époque chez les néo-kantistes).
Le paragraphe sur le texte dans l'Eclectic Magazine
modifierIl n'y a aucune source secondaire pour ce paragraphe. La citation est d'un inconnu qui traduit « wissenschaftlehre » par « epistemology » dans l'Eclectic Magazine en 1847. La note de bas de page est d'une source plus récente et fait un lien avec Fichte, mais cela n'est pas pertinent, car le terme « epistemology » n'est pas mentionné dans la source. Présenter un lien entre « wissenschaftlehre » et « epistemology » sur cette base est un travail inédit.
Le véritable lien avec Fichte
modifierMême si aucune source secondaire notoire centrée sur l'épistémologie (pas un texte à propos d'un écrivain) mentionne de lien entre l'introduction du mot « epistemology » en anglais et le « wissenschaftslehre » de Fichte, il demeure que des sources notoires tel (Renault 2001) disent que l'idée de l'épistémologie se retrouve chez Fichte. La difficulté est que des arguments sont aussi donnés disant que l'idée d'épistémologie existait dans la Grèce antique. De plus, de par sa nature idéaliste, il y a l'argument que le « wissenschaftslehre » de Fichte est une domination de la science par la philosophie, ce que n'est pas le « wissenschaftslehre » de Bolzano qui était fondé sur la logique.
De la théorie de la connaissance kantienne à l'epistemology de Russel
modifierLe premier paragraphe à propos de Fichte (encore) et du sens kantien
modifierLe premier paragraphe à propos de Fichte (qui ne serait pas tant éloigné de Kant) et de Eduard Zeller (qui se serait fait attribué le concept epistemology dans le contexte d'un retour à Kant) est très obscure. Il pourrait être intéressant dans un autre contexte d'élaborer sur le lien entre Fichte et Kant qui était son mentor et sur la question du retour à Kant mais il n'y a pas de lien avec le terme « epistémologie » qui est apparu après Kant et même après l'idéalisme allemand de Fichte dans un tout autre contexte. Il n'y a pas non plus de lien avec le terme « erkenntnistheorie » (que « epistemology » traduit), car lui aussi est venue après l'idéalisme allemand avec les néo-kantiens. La source fournie est (Renault 2001), mais celle-ci, au contraire, parle de la légende selon laquelle Kant aurait inventé le concept « epistemology » et Ferrier le mot. Voici le texte :
« En France, la notion sera introduite par la traduction de l'Essai sur les fondements de la géométrie (1901) de [Russell], et par les remarques de Couturat dans le lexique philosophique qu’il y ajoute. [Russell] fait de « Kant, le créateur de l'Épistémologie moderne» (p.2: Couturat entérine : « En résumé, l’Épistémologie est la théorie de la connaissance appuyée sur l’étude critique des sciences, ou, d’un mot, la critique telle que Kant l’a définie et fondée » (p. 257). C’est là l’origine de la légende suivant laquelle Kant invente l’idée, [Ferrier] le mot. »
Le Kant dont Russell parle est un Kant vue à travers les lunettes teintés de Russell. Russell ignore tout l'aspect du sujet transcendantale de Kant et le remplace par une logique a priori. Selon Renault et Wagner, le véritable Kant n'est pas vraiment le créateur de l'épistémologie russellienne. Il n'est même pas, selon Wagner, le créateur de Erkenntnistheorie qui a été amené par les néo-kantistes avant l'introduction de l'épistémologie en anglais et ensuite en français. Renault continue :
« M. A. Sinacœur (« L’épistémologie performative de G. Bachelard», in Critique, 1973, n° 308, p. 53-66), à qui nous devons une étude de l’histoire de la notion d’épistémologie (p. 63-66) affirme : « Non seulement Ferrier ne nous livre que le mot, mais il est incapable d’en justifier épistémologiquement l'utilité » (p.64). L'idée viendrait selon lui de E. Zeller (Bedeutung und Aufgabe der Erkenntnistheorie, 1862), créateur du concept d’Erkenninistheorie, ami de Helmholtz, et inspiré par Kant. Les notions d’épistémologie et de philosophie des sciences furent tout d’abord identifiées (voir le lexique de Couturat, in B. Russel, op. cit., p. 257). Mais la notion de philosophie des sciences en fut bientôt distinguée, dans la mesure où celle-ci garde un rapport avec la tentative d’une fondation de la connaissance scientifique, soit dans une théorie de la connaissance (à la manière de la critique de la connaissance Kantienne), soit dans une théorie du réel (à la manière du positivisme comtien ou de l’évolutionnisme) (voir à ce propos l’article « Épistémologie » d'A. Lalande dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie, 1926). »
Dans ce texte, Renault identifie Erkenntnistheorie avec epistemology comme le fait aussi Braunstein dans le chapitre XIX de Wagner, Les philosophes et la science. D'ailleurs Wagner le fait aussi dans (Wagner 2002, p. 40). Notons cependant que Erkenntnistheorie existe avant le tournant linguistique du 20e siècle amené par Russell et Fredge. Renault n'arrête pas là :
« Comme le remarque M. À. Sinacœur, la distinction de ces deux notions renvoie à la volonté d'émanciper l'étude des sciences de l'autorité philosophique, « nécessité scientifiquement contemporaine des fondements de la géométrie d’Hilbert, ouvrage par lequel la notion de fondement perd son sens philosophique » (op. cit.. p. 65-66). Aussi la construction d’une épistémologie inspirée de Kant suppose-t-elle l’abandon de la dimension fondatrice attachée à la problématique transcendantale. On l’observe chez B. Russel, qui tente de ne plus admettre du concept d’a priori que son sens logique, en la dissociant de toute référence au sujet transcendantal qu’il interprète en un sens psychologique : « Pour Kant, qui n’était nullement un psychologue, les termes a priori et subjectif étaient presque équivalents; dans l’usage moderne, on tend, en général, à réserver le mot subjectif à la Psychologie, en laissant a priori au service de l’Épistémologie »; «a priori s'applique à toute partie de la connaissance qui, quoique peut-être suscitée par l'expérience, est logiquement présupposée par l’expérience » (Essais sur les fondements de la géométrie, p.2). Cette modification de la problématique kantienne est revendiquée et justifiée aujourd’hui par un épistémologue comme G. G. Granger; voir par exemple « Le synthétique « priori et la science moderne », in Formes, opérations, objets, Paris, Vrin, p. 285-296.
1.3. Hyppolite, « L'idée de Doctrine de la science et son évolution chez Fichte », in Figures de la pensée philosophique, p. 32-52, ici p. 37. »
Ici on voit que le Kant de Russell est teinté par le tournant linguistique, comme l'est aussi l'épistémologie de Russell que ce dernier attribue à Kant. Une grande parti de cela est repris par Wagner[37].
Suggestion
modifierCette section et la section précédente devrait simplement porter sur l'introduction de « epistemoloy » (le terme anglais). Il serait possible de mentionner Fichte comme expliqué dans les sous-sections suivantes. Par contre, il serait un travail inédit d'utiliser l'article à propos de Jean Paul dans l'Eclectic Magazine pour faire un lien entre « epistemology » et le « wissenschaftslehre » de Fichte, car aucune source secondaire ne fait ce lien.
Mentionner Fichte
modifierOn peut mentionner que selon Renault et d'autres Fichte aurait eu l'idée de l'« epistemology » dans son fameux « wissenschaftslehre », mais cela doit être comme une parenthèse, car nous sommes dans une section qui porte sur le mot et ses sens dans un esprit étymologique. Une telle parenthèse si elle est vérifiable dans des sources notoires est pertinente, car il ne faut pas laisser croire que lorsqu'un mot est introduit pour représenter une idée que celle-ci n'a jamais existé avant, mais ça doit demeurer une parenthèse, pas un point principal.
Cependant, dans le cas de Fichte, c'est une boîte de Pandore, car c'est un point de vue contesté. En effet, pour plusieurs, Russell et bien d'autres, l'épistémologie (comme cela avait été le cas avant pour les néo-kantistes avec « Erkenntnistheorie ») libère la science de l'emprise de la métaphysique, voire de la philosophie. L'idéalisme allemand était l'incarnation même de cette emprise. Dans ce sens, associer l'idéalisme allemand à l'épistémologie, comme le fait pourtant Renault et d'autres, apparaît comme une aberration.
Bolzano l'oublié
modifierSi nous sommes pour parler du « wissenschaftslehre » de Fichte comme contenant l'idée de l'épistémologie, il faut aussi parler du « wissenschaftslehre » de Bolzano, car lui aussi est dit contenir l'idée de l'épistémologie et d'une manière moins polémique, car, dans le même sens que Russell, mais avant lui, le but de Bolzano était d'utiliser la logique pour étudier la science. Des auteurs tel que Jocelyn Benoist dans Bolzano et l'idée de Wissenschaftslehere ne manquent pas d’opposer Bolzano à Fichte.
De Russel à l'introduction du mot « épistémologie » en français
modifierLes points suivants, pris ensemble, méritent une discussion :
- Des sources notoires expliquent que Russell croyaient que toute connaissance est scientifique, qu'il n'y a pas de distinction fondamentale entre science et philosophie.
- Wagner affirme que la définition originale de « epistemology » (en anglais) portait sur la connaissance en générale, pas sur la science en particulier et qu'il n'y a aucune évidence que Russell ait adopté une autre définition. Il aurait simplement utilisé cette définition qui prévalait déjà à l'époque.
- Couturiat, définit (en français) le terme « epistemology » utilisé par Russell comme étant « la théorie de la connaissance appuyée sur l’étude critique des sciences ».
Étant donné le premier point, dans le contexte de l'essai de Russell, la définition de Couturat mentionnée dans le troisième point est naturelle. Le deuxième point semble être contredit, mais ça veut seulement dire que Couturat a donné une définition qui était adapté au contexte de l'essai de Russell. On pourrait voir une contradiction entre le premier et le deuxième point, mais il n'y en a pas, car Russell n'a pas changé la définition dans le contexte général. C'est seulement que dans la perspective spécifique de Russell, la définition générale d'épistémologie prend un sens particulier et c'est ce sens que Couturat a donnée. Wagner ne dit pas que la définition de Couturat est confuse, mais que ça « donne une impression de confusion ». Il dit que cela a contribué à une définition de « épistémologie » en français comme étant la philosophie de la science et même une philosophie de la science « à la française », ce qui n'est pas du tout la définition originale anglo-saxonne dans un contexte général. En fait, il n'est pas évident que Ferrier n'avait pas à l'esprit le même lien avec les sciences que l'on retrouve chez les néo-kantiens lorsqu'ils considèrent la théorie de la connaissance (« Erkenntnistheorie »). Notons aussi que Wagner a écrit :
« On voit que dans ce contexte [du néo-kantisme], théorie de la connaissance et analyse philosophique des sciences sont très proches l'une de l'autre. »
Donc, il n'y a pas de confusion à associer la définition anglo-saxonne originale (dans le contexte du néo-kantisme) de « epistemology » avec « philosophie des sciences ». mais pas lorsqu'on adopte le sens français pour « philosophie des sciences » et pas pour « épistémologie ». Il y aurait aussi une confusion si on associerait le sens moderne de « epistemology » avec la philosophie des sciences, car après l'échec du positivisme logique, le sens de « epistemology » est devenu plus restreint à des considérations générales qui ne considèrent plus la science. mais plutôt une définition générale de la connaissance comme une croyance justifiée vraie et des variations sur cette définition. Cet extrait de Jamy semble relié:
« Si le mot « epistemology », apparu vers le milieu du XIXe siècle en Angleterre, a pris originellement le sens général de théorie de la connaissance dans le contexte linguistique et philosophique anglo-saxon initial, sa réception en France au début du XXe siècle se révèle au contraire comme marquée par une autre compréhension du lien entre science et philosophie. »
Les deux sous-sections ... (Meyerson) et ... (Couturat, Lalande)
modifierLa section sur Meyerson (et le dictionnaire Rey) devrait venir après celle sur Couturat et Le Lalande, car Couturat à donner sa définition en 1901 dans la traduction de Essai sur les fondements de la géométrie de Russell, avant Meyerson en 1908 dans Identité et Réalité, mais ce n'est pas le point qui me préoccupe le plus en rapport à ces deux sections. Les sources donnent ces références pour dire que le terme français « épistémologie » a été introduit au départ en français avec le sens de « philosophie des sciences ». Les détails de ce que Meyerson dit de son ouvrage Identité et Réalité ne sont pas importants. La seule raison de cette citation est que Meyerson y dit que épistémologie et philosophie de la connaissance sont la même chose. Ce n'est pas la définition de « épistémologie » qui est donné ici, mais seulement le sens donné au terme à l'époque par Couturat et quelques années plus tard par Meyerson. Cela n'est pas intéressant en soi. Ce n'est intéressant que dans son contexte historique, lequel est loin d'être clair dans ces deux sections. Le contexte est que Russell n'a pas définit le terme « epistemology ». Ce terme avait déjà été introduit par Ferrier avant dans le sens de « Ekenntnistheorie » (théorie de la connaissance), mais une théorie de la connaissance qui était orientée vers la science à l'époque. Une partie difficile à comprendre chez Pierre Wagner, dans son introduction à Les philosophes et la science est qu'il insiste pour dire que Ferrier n'a pas définit « epistemology » comme étant l'étude des « problèmes soulevés par la science ou par des sciences particulières » et qu'il dit par la suite que la définition de Ferrier « justifie le choix de ce terme pour rendre Erkenntnistheorie », la théorie de la connaissance, alors qu'il vient de dire dans la page précédente « on voit que dans [le contexte néo-kantien], théorie de la connaissance et analyse philosophique des sciences sont très proche l'une de l'autre », ce qui semble contradictoire, car Erkenntnistheorie est un terme popularisé par les néo-kantiens en relation avec la science. Il faut en déduire que, pour Wagner, il est possible d'appliquer la théorie de la connaissance à la science, sans pour cela considérer les problèmes soulevés par la science ou par des sciences particulières. Pour quelqu'un de familier avec l'approche historique et régionale à la française peut-être qu'il est très naturel de considérer que l'Erkenntnistheorie des néo-kantiens ne considérait pas vraiment ces problèmes. Mais, on entre dans les détails ici. L'important est que Couturat et Meyerson n'étaient pas confus et comprenaient bien l'usage du terme « epistemology » (en tant que traduction anglaise de Erkenntnistheorie) et l'avait bien traduit en l'associant à la philosophy of science de l'époque. Wagner ne parle que d'une impression de confusion qui survient lorsqu'on regarde cela en utilisant les notions modernes de « philosophie des sciences » et de « epistemology ». Ce que ces deux sections doivent expliquer est, en fait, très simple. À l'époque de l'introduction de epistemology au milieu du 19e siècle, « epistemology » était la philosophie des sciences (philosophy of science) de cette époque (du moins dans le monde allemand et anglo-saxon) et, même si la définition de Couturat et Meyerson était correcte du point de vue néo-kantien, cette définition a pris un autre sens dans le monde français représenté par Bachelard, etc. De plus, le terme « epistemology » suite aux problèmes rencontré dans l'étude des sciences soulevés par le positivisme logique est devenu l'étude de questions qui ignoraient encore plus la science. Notons que aujourd'hui selon le Vocabulaire européens des philosophies (2004), « epistemology » a un sens différent de « philosophy of science » :
« Le terme français d’épistémologie, de même que l’allemand Wissenschaftstheorie, absorbe simplement dans une harmonie quelque peu de façade une multiplicité d’approches — théorie générale de la connaissance, analyse technique et logique des théories scientifiques, analyse historique de leur développement — que l’anglais tend pour sa part à distinguer (epistemology, philosophy of science, history of science). »
En résumé, du coté anglo-saxon « epistemology » s'est séparé de « philosophy of science » et, du côté français, « philosophie des sciences » n'a jamais été « philosophy of science ». Cette histoire très simple n'est pas claire dans ces deux sections. Le dernier paragraphe (avec la citation du Lalande) dans la section sur Couturat et Lalande entre beaucoup trop dans les détails de la vision française de épistémologie pour une section qui porte sur l'étymologie et les définitions. De plus, il est étrange d'associer Le Lalande de 1993 qui donne la définition dans le style français avec la définition de Couturat de 1901, alors que la section précédente porte sur la définition suivante de Meyerson en 1908. Ça serait plus logique de présenter ensemble Couturat et Meyerson qui donne la définition de l'époque et ensuite expliquer que la définition a pris un autre sens sous le regard français de Bachelard, etc.
La "science" et la théorie de la connaissance à travers l'histoire
modifierPour ce qui est du lien avec « théorie de la connaissance », il faut prendre en considération les différents sens du mot dans l'histoire que Wagner décrit. Il écrit:[38]
« Cet idéal de sagesse fut conçu de manière différente par Platon, Aristote, Zénon de Citium, Épicure, Augustin, Thomas d'Aquin, Montaigne, Spinoza, Locke ou d’Alembert, qui, corrélativement, définirent de manières différentes une connaissance qu'ils nommaient «science». Mais l’une des caractéristiques communes à tous ces auteurs et à la plupart des autres que l'on compte ordinairement au nombre des philosophes est d’avoir non seulement élaboré ou adopté ce que l’on appellerait aujourd'hui une «théorie de la connaissance», mais également et surtout d’avoir montré quels rapports existaient entre la connaissance telle qu'ils la concevaient et leur idéal de sagesse. »
Pierre Wagner souligne que l'« Epistemology » et même l'« Erkenntnistheorie » que l'on traduit par l'expression « théorie de la connaissance » correspondait à une étude des sciences au 19e siècle:[39]
« D'où l'introduction, au cours du xixe siècle, de termes spécifiques pour qualifier différents genres de discours philosophiques au sujet de la science: «philosophie des sciences», Wissenschaftslehre, Erkenntnistheorie, «théorie de la connaissance», epistemology, «épistémologie». »
Il ajoute:
« Lorsque nous nous interrogeons, aujourd’hui, à la suite des philosophes néo-kantiens, sur la théorie de la connaissance d'auteurs comme Platon ou Leibniz, nous adoptons une perspective qui n’est pas celle de ces auteurs, et qui n’est pas moins étrangère à Des- cartes, Locke ou Hume. On ne trouve, dans les œuvres de ces philosophes, aucun chapitre, aucun traité intitulé «théorie de la connaissance». Cette perspective philosophique sur la science, inspirée par la lecture de Kant, suppose une distinction entre science et philosophie qui n’est faite, comme on l’a vu, que tardivement. »
Ici, Wagner ne parle pas du tout des changements qui ont eu lieu au 20e siècle. Il compare la « théorie de la connaissance » orientée vers la science au 19e siècle avec une prétendue similaire théorie par Platon, etc. Il ne dit pas que la philosophie n'était pas relié à la science à ces époques plus lointaines. Au contraire, il explique dans les pages précédentes comment la philosophie a toujours été liée à la science, même si de manière ambivalente. Il explique que même si le rapport entre la philosophie et la science était marquante au 19e siècle comme auparavant, ce rapport était différent dans ces autres époques. Il donne plus de détails:
« «Retour à Kant» ne signifie pas «fidélité à la pensée kantienne». Ce point est bien illustré par le cas de Hermann von Helmholtz, figure emblématique de la science dans la seconde moitié du XIXe siècle, auteur d'importantes découvertes en physiologie, en médecine et en physique, et d’importantes réflexions philosophiques sur les sciences. Comme la plupart des néo-kantiens, Helmholtz rejette à la fois l'idéalisme spéculatif et le matérialisme vulgaire et pense que l’un des problèmes philosophiques fondamentaux — problème typiquement kantien — est celui de l'objectivité de la connaissance: qu'est-ce qui, dans notre Connaissance — et en particulier dans les sciences — vient de nos facultés de connaître et qu'est-ce qui, a contrario, correspond à la réalité des choses? Mais alors que Kant recherche les conditions de l’objectivité dans les formes a priori de l’entendement et de la sensibilité, Helmholtz s'intéresse à ce qu'une science comme la physiologie optique et acoustique nous apprend sur la manière dont notre connaissance des objets dépend des conditions de la perception sensorielle. Car il pense que la solution des problèmes posés par Kant doit prendre en considération les développements récents de sciences comme la physiologie, la psychologie, la physique ou les mathématiques, ce qui ne manque pas d’entraîner d’autres déviations par rapport à l’orthodoxie kantienne, comme l'abandon du statut transcendantal de la géométrie euclidienne. »
Clairement, le rapport entre la philosophie et la science est différent de ce qu'il était auparavant, anticipant même l'épistémologie naturalisée: « On voit que le kantisme de Helmholtz est à la fois mâtiné de naturalisme et teinté d’une bonne dose d’empirisme. » Cependant, ce rapport est toujours ambivalent: « Mais sur ce point, Helmholtz n’est pas représentatif de l’ensemble des néo-kantiens : leurs pensées illustrent d’autres figures d’un retour hétérodoxe à la pensée kantienne. »
Wagner est très explicite sur le fait que la « theorie de la connaissance » de l'époque était orientée vers les sciences:
« Pour les philosophes néo-kantiens, poser le problème d'une théorie de la connaissance est un moyen de rester au plus près des sciences tout en reconnaissant la spécificité et la dignité de la réflexion philosophique. »
Lorsqu'on mentionne que « épistémologie » est traduit de « epistemology », qui lui même correspond au mot allemand « Erkenntnistheorie », il faut prendre note de ce que Couturat dit au début de son explication de la traduction:
« Ce terme, qui signifie épistémologique- ment théorie des sciences, correspond au mot allemand Erkenntnistheorie ou Erkenntnislehre (Théorie de la connaissance) et à l’expression française Philosophie des sciences. »
On y voit qu'au moment de la traduction, « théorie de la connaissance », en tant que traduction de « Erkenntnistheorie» n'avait pas le sens qu'on lui donne aujourd'hui. L'expression signifiait toujours, comme auparavant, une orientation vers les sciences. Dans ce contexte, il peut être difficile de comprendre que Wagner, après avoir discuter l'introduction du terme "epistemology" par Ferrier et sa définition dans le dictionnaire Murray, écrive:
« Question beaucoup plus générale que les problèmes soulevés par la science ou par des sciences particulières. Rien n'indique qu’en 1897, Russell ait autre chose en tête lorsqu'il écrit, dans l'introduction de l’Essai sur les fondements de la géométrie :
« Ce fut seulement de Kant, le créateur de l'Épistémologie moderne, que le problème géométrique reçut sa forme actuelle. [...] Pour Kant, qui n'était nullement un psychologue, les termes a priori et subjectif étaient presque équivalents ; dans l’usage moderne, on tend, en général, à réserver le mot subjectif à la Psychologie, en laissant a priori au service de l'Épistémologie. »
— Russell
C'est dans cette traduction du texte de Russell, en 1901, que le mot «épistémologie» apparaît en français pour la première fois. »
L'explication est probablement qu'il reconnaît que Russell (à l'opposé de Couturat dans la traduction) ne mentionne pas la science lorsqu'il parle d'épistémologie et que Ferrier et la définition dans le Murray aussi ne parle pas de science. Il veut probablement voir dans cela un début de ce qui sera beaucoup plus prononcé après la fin du positiviste logique, même si ça ne reflète pas le sens générale de "epistemology" à l'époque: pour plusieurs ce terme était toujours bien orienté vers les sciences et leurs problèmes commun. Je suis curieux de savoir si Russell voyait une différence entre l'épistémologie et la philosophie des sciences et, si oui, laquelle.
Kitchener en référant à la vision de Russell écrit (en anglais) :[40]
« Philosophy does this not by virtue of any special philosophical method but rather (he sometimes suggested) by synthesizing the results of science into one overall worldview. Philosophy, therefore, is generalized science.16 In other places, he suggested that the task of philosophy might be to suggest hypotheses that could then be empirically validated. »
La dernière phrase est intéressante. Elle indique une orientation vers la science, ce qui répond à la question posée. Kitchener lui même ne fait pas de distinction entre épistémologie et la philosophie de la science en considérant l'épistémologie introduite par Russell
Rorty dit quelque chose d'intéressant à propos de la naissance de la philosophie analytique. Il suggère que l'épistémologie est centrée sur les idées de certitude et de rigueur:[41]
« For a time, it seemed as if philosophy might turn away once and for all from epistemology, from the quest for certainty, structure, and rigor, and from the attempt to constitute itself a tribunal of reason. The spirit of playfulness which seemed about to enter philosophy around 1900 was, however, nipped in the bud. Just as mathematics had inspired Plato to invent "philosophical thinking," so serious-minded philosophers turned to mathematical logic for rescue from the exuberant satire of their critics. The paradigmatic figures in this attempt to recapture the mathematical spirit were Husserl and Russell. »
Rorty en expliquant la "mort" de la philosophy analytic de Russell, répond à la question posée ci-dessus:
« Phe- nomenology gradually became transformed into what Husserl despairingly called "mere anthropology," 5 and "analytic" epistemology (i.e., "philosophy of science") became increasingly historicist and decreasingly "logical" (as in Hanson, Kuhn, Harre, and Hesse). »
Il dit que la l'épistémologie "analytique" introduite par Russell est la philosophie de la science. Ce qu'il dit ensuite est aussi très pertinent pour comprendre la transition:
« So, seventy years after Husserl's "Philosophy as Rigorous Science" and Russell's "Logic as the Essence of Philosophy," we are back with the same putative dangers which faced the authors of these manifestoes: if philosophy becomes too naturalistic, hard-nosed positive disciplines will nudge it aside; if it becomes too historicist, then intellectual history, literary criticism, and similar soft spots in "the humanities" will swallow it up. »
Peter Wagner, dans son Introduction (voir ci-dessus), mentionne aussi que William Whewell considérait déjà qu'il était impossible d'analyser la science dans sa totalité:
« Whewell, envisageant en 1840 l'idée de ce qu’il nomme «la philosophie de la science» (the philosophy of science), ramène celle-ci, dont il estime que le programme dépasse nos forces, à la philosophie des sciences: «le mieux que nous puissions faire pour espérer progresser vers la Philosophie de la Science, c’est de nous consacrer à LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES. »
Ce qu'il dit sur Auguste Comte est très intéressant. D'une part, Comte comme Popper, Quine et d'autres après lui (et peut-être certains avant lui), rejette l'induction logique des lois scientifiques:
« D'autre part, Comte rejette comme chimérique l'énoncé de règles méthodologiques générales ou la recherche de principes généraux de la connaissance en dehors des applications réelles de la raison dans les sciences particulières, prenant aïnsi ses distances à l'égard des textes méthodologiques d'auteurs comme Bacon, Descartes ou Newton dans lesquels on chercherait en vain à distinguer ce qui est science et ce qui est philosophie. »
Bacon et Newton (et possiblement Descartes aussi dans son Discours de la Méthode) sont souvent cités comme des partisans d'une méthode systématique pour déduire les lois. Par exemple, Newton a tenté d'expliquer comment sa théorie de la gravitation universelle pouvait être obtenue systématiquement à partir des lois particulières de Kepler. C'est ce genre de méthodologies qui se voulaient rigoureuses que rejetait Comte. Wagner explique que Comte était néanmoins un philosophe de la science (au singulier). Il ne rejetait pas une philosophie de la totalité de la science:
« Il est vrai que selon Comte, le philosophe est lui aussi un spécialiste, celui des généralités scientifiques, et que sa spécialité est appelée à devenir une science positive. Mais le philosophe positif tel que le décrit Comte a un but qui dépasse les attendus de toutes les autres sciences particulières: celui d'une réorganisation de la science tout entière et de la société! »
Le rôle de la science
modifierMartin Curd et Stathis Psillos ont écrit:[42]
« Most of the “-isms” that have become prominent in modern philosophy of science (realism, instrumentalism, conventionalism, positivism, etc.) were advanced as responses to the crisis in the sciences: not only were new theories needed, but also new ways to understand what science is and how it works. Quantum mechanics and the theory of relativity cast into doubt the philosophical foundations upon which not only classical physics, but also science as a whole and its claim to knowledge, had rested. On the one hand, Hermann von Helmholtz’s rallying cry “Back to Kant!” encapsulated one distinctive tendency among scientists to look to philosophy for conceptual help — at least when it came to securing a place for a priori principles in our understanding of the world. On the other hand, John Stuart Mill’s controversy with Auguste Comte over the role of induction and of particular facts in knowledge highlighted that, even among those who gave experience the first and last word in knowledge, there was substantial disagreement about its scope and limits and the role of hypotheses in science. The relationship between the “factual” and the “rational” (to use one of Ernst Cassirer’s happy phrases) in doing, and thinking about, science was being renegotiated and redrawn. »
Russell et le Cercle de Vienne
modifierMartin Curd et Stathis Psillos ont écrit:[42]
« The new logic of Gottlob Frege and Bertrand Russell, and the development of David Hilbert’s formalistic program in mathematics, presented a first-rate oppor- tunity to the young philosophers and scientists who gathered around Moritz Schlick in Vienna in the early 1920s to employ formal methods in an attempt to clarify, analyze, and solve (or dissolve) traditional philosophical disputes. It was thought that philosophy itself would become a rigorous enterprise — scientific philosophy — and would be set apart, once and for all, from empirical science as well as (meaningless) metaphysics. Armed with a criterion of meaningfulness (in slogan form: non-analytic statements are meaningful – “cognitively significant” – only if they can be verified), the logical positivists thought they could separate the rational from the factual within the scientific theories, while at the same time distinguishing sharply between science and metaphysics. »
Comte et le Cercle de Vienne (et induction, etc.)
modifierLarry Laudan a écrit:[43]
« His twentieth-century successors, too, evidently attached some importance to Comte, as the phrase 'logical positivism' cannot have been an entirely capricious choice of label by the philosophers of the Vienna Circle.4 But, in spite of the frequency with which the term 'positivism' is used and notwithstanding the fact that Comte is invariably cited as one of the important precursors of the Vienna Circle, remarkably little has been written about the details of Comte's theory of scientific method and his philosophy of science.5 Apart from his celebrated theory of the three stages of intel- lectual history, which has been discussed at great length, there exists as yet nothing like a detailed exegesis of Comte's views on questions like induction, prediction, hypotheses and explanation. The tacit assumption appears to be that although Comte's general approach was interesting, influential and provocative, it would probably be both unrewarding and tedious (when one recalls the prolixity of Comte's prose) to push very far into an exploration of his views. However, it seems to me that such an inquiry is worth undertaking, not only because in its absence any claims about Comte's importance and influence are hollow, but also because his views on certain questions are both original and perceptive. »
Il ajoute:
« Kant, of course, tried to show that this assumption is not derived from experience but is, crudely put, a necessary result of the way the observer perceives the world. For him, we cannot but perceive all events as connected together in regular cause-effect chains. Comte, however, will not accept this solution to the problem of induction:
« Metaphysicians with their meaningless and confused argumentation have tried to represent [the invariablity of natural laws] as a sort of innate, or at least primitive, idea; whereas it certainly was only reached by a slow, gradual induction ... ([71, p. 17). »
— Auguste Comte
There is nothing in our minds that would suggest, prior to the acquisition of em- pirical knowledge about natural phenomena, that physical relations are invariable. It is only when we observe frequent connections of certain events that it occurs to us that all events might be subject to invariable laws. »
Quine et épistémologie
modifierHylton, Peter and Gary Kemp in the SEP entry on Quine wrote:
« Quine, by contrast, finds the word “knowledge” vague, and consequently rejects it for serious use, saying that the word is ‘‘useful and unobjectionable in the vernacular where we acquiesce in vagueness, but unsuited to technical use because of lacking a precise boundary’’ (1984, 295). Accordingly, many such questions formulated using the term may simply be dismissed, even if it remains eminently useful for making rough sorts of claim, when we say as above that scientific knowledge is not different in kind from our ordinary knowledge. »
They continue:
« The distinctiveness of Quine’s naturalism begins to emerge if we ask what justifies this naturalistic claim: what reason do we have to believe that the methods and techniques of science are the best way to find out about the world? Quine would insist that this claim too must be based on natural science. (If this is circular, he simply accepts the circularity.) »
So the epistemological question about " the methods and techniques of science" are to be answered by natural science. This means that science is an object of investigation of his naturalized epistemology.
Quine himself in his paper "Naturalized epistemology" wrote:
« Such a surrender of the epistemological burden to psychology is a move that was disallowed in earlier times as circular reasoning. If the epistemologist's goal is validation of the grounds of empirical science, he defeats his purpose by using psychology or other empirical science in the validation. However, such scruples against circularity have little point once we have stopped dreaming of deducing science from observations. If we are out simply to understand the link between observation and science, we are well advised to use any available information, including that provided by the very science whose link with observation we are seeking to understand. »
Carnap et épistémologie
modifierThomas Uebel wrote:[44]
« His 1961 Aufbau Preface indicates that he saw nothing wrong with it in principle, but also that he still strongly preferred the physical basis of the thing-language for reconstructing the concepts of empirical science. This suggests that for Carnap—as for Neurath but for different rea- sons—the concerns of epistemology and the philosophy of science were discontinuous. »
Thomas Uebel wrote:[45]
« In a word, although it has often been read this way, the Aufbau is not a work of general epistemology but a treatise in philosophy of science. »
Youngjo Lee and Yudi Pawitan wrote:[46]
« The term ”confirmation” has been used in the epistemology and philosophy of science whenever the observational data (evidence) support scientific proposition, meaning in terms of Carnap’s increase in firmness brought by data to [the hypothesis] H. »
Comme un point annexe, pas celui discuté dans l'extrait, je note que la pensée que l’observation sert à confirmer une hypothèse me semble correspondre à l'idée que le vécu, en tant que quelque chose qui dépasse le formel, donc pas nécessairement utilisable dans une justification épistémique, est ce qui joue sur notre acceptation de l'hypothèse. On serait trompé par l'impression que ce vécu doit pouvoir être représenté dans le formalisme. Peut-être que, au contraire, le fait de ne pas être représentable, même pour l'essentiel dans une confirmation, est ce qui rend unique la véritable observation qui est vécue.
Leonard Nelson
modifierGrete Henry-Hermann, student of Leonard Nelson, quoted him:[47]
« La philosophie, pas plus qu’une autre science, ne peut produire de rien la connaissance, établir la vérité la où il n’y en a encore aucune à la base. Bien plutôt elle présuppose, pour quiconque veut y participer, et pour autant qu’elle est non pas une magie mais une science, une raison bien organisée. Toute son affaire c’est d’aider la réflexion à acquérir ce qui exprime la raison sans aucune erreur, et non pas à soumettre la raison elle-même à un examen de sa capacité. Qui n’a pas confiance en sa raison et voudrait d’abord vérifier qu’on peut s’y fier doit se tourner vers les psychiatres et laisser les philosophes tranquilles (I, 34 sq.). »
— Leonard Nelson
Notes et références
modifierRéférences
modifier- Braunstein 2002.
- (en) A. I. Goldman, Epistemology and cognition, Harvard University Press,
- (en) Jonathan Kvanvig, The Value of Understanding, 1, , 95–111 p. (ISBN 978-0-19-923118-8, DOI 10.1093/acprof:oso/9780199231188.003.0005, lire en ligne)
- (en) Jonathan L. Kvanvig, Lessons from Gettier, vol. 1, Oxford University Press, (DOI 10.1093/oso/9780198724551.003.0009, lire en ligne)
- John Heil, The Cambridge Dictionary of Philosophy, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-139-05750-9, 978-1-107-01505-0 et 978-1-107-64379-6, DOI 10.1017/cbo9781139057509, lire en ligne), « Ordinary Language Philosophy »
- Erreur de référence : Balise
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées:3
- Ernest Sosa, « Intuitions and Foundations », dans The A Priori in Philosophy, Oxford University Press, , 186–200 p. (ISBN 978-0-19-969533-1, DOI 10.1093/acprof:oso/9780199695331.003.0009, lire en ligne)
- (en) Laurence Bonjour, Epistemology : Classic Problems and Contemporary Responses, 2,
- Wesley Salmon, “Should We Attempt to Justify Induction?” Philosophical Studies, vol. 8 (1957), p. 42. (Salmon is himself a noted proponent of the pragmatic approach.)
- (en) Crispin Wright, « Crispin Wright », dans Jonathan Dancy, Ernest Sosa, Matthias Steup, A Companion to Epistemology, Wiley, , 204–209 p. (ISBN 978-1-4051-3900-7, DOI 10.1002/9781444315080, lire en ligne)
- Bryan Magee, The great philosophers: an introduction to Western philosophy, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-289322-2), « Dialogue with A.). AYER »
- * Julien Dutant, « The legend of the justified true belief analysis », Philosophical Perspectives, vol. 29, , p. 95–145 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Pierre Le Morvan, « Knowledge before Gettier », British Journal for the History of Philosophy, vol. 25, no 6, , p. 1216–1238 (ISSN 0960-8788, DOI 10.1080/09608788.2017.1320968, lire en ligne)
- (en) Nathan Ballantyne, « Epistemology and Inquiry », dans Knowing Our Limits, Oxford University PressNew York, , 1–26 p. (ISBN 978-0-19-084728-9, DOI 10.1093/oso/9780190847289.003.0001, lire en ligne)
- (en) Nathan Ballantyne, Knowing Our Limits, 1, (ISBN 978-0-19-084728-9, DOI 10.1093/oso/9780190847289.001.0001, lire en ligne)
- * (en) Michael Ayers, Knowing and Seeing: Groundwork for a new empiricism, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-883356-7, DOI 10.1093/oso/9780198833567.001.0001, lire en ligne)
- Jonathan Jenkins Ichikawa et Matthias Steup, « The Analysis of Knowledge », dans Edward N. Zalta, The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Summer 2018, (lire en ligne)
- (en) Sander Verhaegh, « Justified True Belief: The Remarkable History of Mainstream Epistemology » (À venir), Journal of the History of Philosophy, (lire en ligne)
- (en) Robert Lockie, « Virtue Epistemology and the Sources of Epistemic Value », dans The Routledge Handbook of Virtue Epistemology, Routledge, , 81–94 p. (ISBN 978-1-315-71255-0, DOI 10.4324/9781315712550-8, lire en ligne)
- * John Capps, « Dewey, Quine, and Pragmatic Naturalized Epistemology », Transactions of the Charles S. Peirce Society, vol. 32, , p. 634–67 (lire en ligne)
- (en) J. Adam Carter, Autonomous Knowledge: Radical Enhancement, Autonomy, and the Future of Knowing, Oxford University PressOxford, (ISBN 978-0-19-284692-1 et 978-0-19-193936-5, DOI 10.1093/oso/9780192846921.001.0001, lire en ligne)
- (en) J. Adam Carter, Andy Clark, Jesper Kallestrup et S. Orestis Palermos, Introduction, vol. 1, Oxford University Press, (DOI 10.1093/oso/9780198801764.003.0001, lire en ligne)
- (en) J. Adam Carter, Metaepistemology and Relativism, Palgrave Macmillan UK, (ISBN 978-1-349-67375-9 et 978-1-137-33664-4, DOI 10.1057/9781137336644, lire en ligne)
- (en) J. Adam Carter, « On some intracranialist dogmas in epistemology », Asian Journal of Philosophy, vol. 1, no 2, (ISSN 2731-4642, DOI 10.1007/s44204-022-00045-z, lire en ligne, consulté le )
- J. A. Carter et S. O. Palermos, « EPISTEMIC INTERNALISM, CONTENT EXTERNALISM, AND THE SUBJECTIVE/OBJECTIVE JUSTIFICATION DISTINCTION », American Philosophical Quarterly, [North American Philosophical Publications, University of Illinois Press], vol. 53, no 3, , p. 231–244 (lire en ligne, consulté le )
- * (en) Lorraine Code, A Companion to Epistemology, 2, (ISBN 978-1-4051-3900-7, DOI 10.1002/9781444315080, lire en ligne), « Feminist Epistemology »
- (en) Bertrand Russell, Human Knowledge: Its Scope and Limits, Routledge, (ISBN 978-1-134-02622-7, DOI 10.4324/9780203875353, lire en ligne)
- Ram Neta, « Quine, Goldman, and two ways of naturalizing epistemology », dans Epistemology: The Key Thinkers, Bloomsbury Academic, (ISBN 978-1-350-08533-6, 978-1-350-08531-2 et 978-1-350-08529-9, DOI 10.5040/9781350085329.ch-011, lire en ligne)
- Robert Nadeau (Directeur dce e la publication), Philosophies de la connaissance, Presses de l’Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-3660-6 et 978-2-8218-9540-9, DOI 10.4000/books.pum.3412, lire en ligne), « Introduction »
- Luciano Floridi, « The renaissance of epistemology », dans The Cambridge History of Philosophy 1870–1945, Cambridge University Press, , 533–543 p. (ISBN 978-0-521-59104-1, DOI 10.1017/chol9780521591041.045, lire en ligne)
- (en) Jonathan Lopez, Introduction to Philosophy: Epistemology, (lire en ligne), « Epistemology, Probability, and Science »
- (en) A. Cullison, The bloomsbury companion to epistemology, Bloomsbury Publishing, coll. « Bloomsbury companions », (ISBN 9781472585790, lire en ligne), « Epistemology: A Brief Historical Overview and Some Puzzles about Methodology »
- Wagner 2002, p. -11.
- Wagner 2002.
- Renault 2001.
- Wagner 2002, p. 33.
- Wagner 2002, Sect. Le néo-kantisme et la théorie de la connaissance.
- Wagner 2002, p. 22–23.
- Wagner 2002, p. 28.
- (en) Richard F. Kitchener, « Bertrand Russell's Naturalistic Epistemology », Philosophy, vol. 82, no 1, , p. 115–146 (ISSN 0031-8191 et 1469-817X, DOI 10.1017/S0031819107319050, lire en ligne, consulté le )
- Richard Rorty, Philosophy and the Mirror of Nature: Thirtieth-Anniversary Edition, Princeton University Press, (ISBN 978-1-4008-3306-1, DOI 10.1515/9781400833061, lire en ligne)
- (en) Martin Curd (Directeur) et Stathis Psillos (Directeur), The Routledge Companion to Philosophy of Science, Routledge, (ISBN 978-1-135-01109-3, DOI 10.4324/9780203744857, lire en ligne), « Introduction »
- (en) Larry Laudan, « Towards a Reassessment of Comte’s ‘Méthode Positive », Philosophy of Science, vol. 38, no 1, , p. 35–53 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Thomas Uebel, The Routledge Companion to Epistemology, Routledge, (ISBN 978-1-136-88201-2, DOI 10.4324/9780203839065, lire en ligne), « Rudolph Carnap »
- Thomas Uebel, Central Works of Philosophy Volume 4: The Twentieth Century: Moore to Popper, Acumen Publishing Limited, (ISBN 978-1-84465-361-4, DOI 10.1017/upo9781844653614, lire en ligne), « Rudolf Carnap: The Logical Structure of the World »
- (en) Youngjo Lee et Yudi Pawitan, « Popper’s Falsification and Corroboration from the Statistical Perspectives », dans Karl Popper's Science and Philosophy, Springer International Publishing, , 121–147 p. (ISBN 978-3-030-67035-1, DOI 10.1007/978-3-030-67036-8_7, lire en ligne)
- Grete Henry, « Leonard Nelson 1882-1927 », Archives de Philosophie, vol. 39, no 3, , p. 353–65 (JSTOR 43033861, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
modifier- Pierre Wagner, « Introduction », dans Pierre Wagner, Les Philosophes et la science, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio-essais », (ISBN 9782070416257), p. 9–65
- Jean-François Braunstein, « Bachelard, Canguilhem, Foucault. Le « style français » en épistémologie », dans Pierre Wagner, Les Philosophes et la science, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Folio-essais », (ISBN 9782070416257), p. 920–963
- Emmanuel Renault, Hegel : La naturalisation de la dialectique, Paris, Vrin, , 320 p. (ISBN 978-2-7116-1502-5, lire en ligne).
- Julien Lamy, L'épistémologie au risque de l'histoire : une lecture de Bachelard, (HAL hal-01818328)