Plus généralement, pour l'étude des suites récurrentes linéaires d'ordre p, on introduit une équation caractéristique de degré p, et la série génératrice associée à la suite. Celle-ci est une fraction rationnelle qui, décomposée en éléments simples, se développe en série entière, ce qui permet de déterminer la forme générale des solutions et donne un moyen concret d'en calculer le terme général. On peut également considérer l'ensemble des suites récurrentes linéaires d'ordre p comme un espace vectoriel décomposable par le lemme des noyaux, ce qui ramène son étude à des sous-espaces plus simples.
Dans le cas où elle admet une racine double (nécessairement non nulle), on vérifie que la suite de terme général est arithmétique (sachant qu'alors et ) :
.
Elle s'écrit donc sous la forme
et l'on en déduit l'expression :
.
Lorsque a, b et les termes de la suite sont à valeurs réelles, on peut chercher à déterminer une expression de qui ne fassent intervenir que des nombres réels. Lorsque l'équation caractéristique a un discriminant positif ou nul, les expressions précédentes conviennent, car alors les scalaires et sont réels. Sinon, les racines de sont deux complexesconjugués et . Le terme général de la suite est alors de la forme
.
Puisque est réel, il est égal à sa partie réelle, et
et si on appelle , l’ensemble des suites à valeurs dans et vérifiant , on démontre que est un sous-espace vectoriel de l’ensemble des suites à valeurs dans . Cela tient à la linéarité de la relation de récurrence.
De plus, ce sous espace vectoriel est de dimensionp. En effet, il existe un isomorphisme d’espace vectoriel entre et l’ensemble : à chaque suite de terme général de , on associe le p_uplet .
On note f la transformation linéaire qui, à une suite associe la suite définie par . La condition « u vérifie » se traduit alors par « P(f)(u) = 0 ». L'ensemble est donc le noyau de P(f). Si P est un polynôme scindé dans K (ce qui est toujours vrai si ), il existe k racines et k exposants tel que . Le noyau de P(f) est alors la somme directe des noyaux des . Il suffit donc de trouver une base de chacun de ces noyaux pour déterminer une base de .
On peut montrer que toute suite de terme général est élément du noyau de pour peu que le degré de Q soit inférieur strictement à . Cette démonstration se fait par récurrence sur . Comme les suites , pour j = 0 à forment une partie libre de éléments, mais le cas d'une racine nulle se traite aisément par décalage d'indice</ref>, la famille de toutes les suites , pour j = 0 à et pour i = 1 à k forme une famille libre de éléments de (de dimension p) donc une base de . Les éléments de sont donc des sommes coefficientées de suites dont le terme général est avec Q de degré strictement inférieur à .
Dans le cas où la matrice A est diagonalisable, ce qui équivaut exceptionnellement au cas où le polynôme P admet p racines distinctes, une base de est immédiate : il s'agit des suites géométriques pour i variant de 1 à p.
Dans le cas général, on introduit le polynôme réciproque D de P, défini par :
et la série génératrice G associée à la suite de terme général définie par :