Ceci est un brouillon

En mathématiques, on appelle suite récurrente linéaire d’ordre p toute suite à valeurs dans un corps commutatif (généralement ou ) définie par une relation de récurrence du type :

, , … sont p scalaires fixés de , étant non nul.

Les suites récurrentes linéaires d’ordre 1 s’appellent plus simplement suites géométriques de raison .

Les suites récurrentes linéaires d’ordre 2 interviennent dans plusieurs domaines, par exemple en analyse numérique, pour la résolution approchée d'équations aux dérivées partielles par la méthode des différences finies, en algèbre linéaire pour le calcul de certains déterminants. Le plus célèbre et sans doute le plus ancien exemple est la suite de Fibonacci.
La détermination de telles suites passe par la résolution d'une équation du second degré, dite équation caractéristique.

Plus généralement, pour l'étude des suites récurrentes linéaires d'ordre p, on introduit une équation caractéristique de degré p, et la série génératrice associée à la suite. Celle-ci est une fraction rationnelle qui, décomposée en éléments simples, se développe en série entière, ce qui permet de déterminer la forme générale des solutions et donne un moyen concret d'en calculer le terme général. On peut également considérer l'ensemble des suites récurrentes linéaires d'ordre p comme un espace vectoriel décomposable par le lemme des noyaux, ce qui ramène son étude à des sous-espaces plus simples.

Suite récurrente linéaire d’ordre 1

modifier

Les suites récurrentes d'ordre 1 sont les suites géométriques.

Si la relation de récurrence est  , le terme général est

 

Suite récurrente linéaire d’ordre 2

modifier

Lorsque p=2, a et b étant deux scalaires fixés de   avec b non nul, la relation de récurrence est du type :

  (R).

Une suite géométrique de raison r non nulle vérifie cette relation si et seulement si le nombre r est solution de l'équation, dite caractéristique :

 .

Dans le cas où l'équation caractéristique admet deux racines distinctes   et  , le terme général d'une suite solution est

 ,

  et   sont l'unique solution du système de Cramer :

 .

Une démonstration par récurrence établit ce résultat.

Dans le cas où elle admet une racine double   (nécessairement non nulle), on vérifie que la suite de terme général   est arithmétique (sachant qu'alors   et  ) :

 .

Elle s'écrit donc sous la forme

 

et l'on en déduit l'expression :

 .

Lorsque a, b et les termes de la suite sont à valeurs réelles, on peut chercher à déterminer une expression de   qui ne fassent intervenir que des nombres réels. Lorsque l'équation caractéristique a un discriminant   positif ou nul, les expressions précédentes conviennent, car alors les scalaires   et   sont réels. Sinon, les racines de   sont deux complexes conjugués   et  . Le terme général de la suite est alors de la forme

 .

Puisque   est réel, il est égal à sa partie réelle, et

 

et l'on obtient l'expression :

  avec   réels.

Suite récurrente d’ordre p

modifier

Sous-espace vectoriel de dimension p

modifier

Si on appelle   la relation de récurrence :

 , avec   non nul,

et si on appelle  , l’ensemble des suites à valeurs dans   et vérifiant  , on démontre que   est un sous-espace vectoriel de l’ensemble des suites à valeurs dans  . Cela tient à la linéarité de la relation de récurrence.

De plus, ce sous espace vectoriel est de dimension p. En effet, il existe un isomorphisme d’espace vectoriel entre   et l’ensemble   : à chaque suite de terme général  de  , on associe le p_uplet  .

Interprétation matricielle

modifier

La recherche du terme général et des suites particulières s’effectue en travaillant sur   . À chaque suite   on associe la suite vectorielle   telle que

 

La relation de récurrence sur   induit une relation de récurrence sur  

 
 

L'équation caractéristique est liée au polynôme caractéristique de la matrice A : il s'agit de  . La matrice A est la matrice compagnon de ce polynôme.

Résolution théorique

modifier

On note f la transformation linéaire qui, à une suite   associe la suite   définie par  . La condition « u vérifie   » se traduit alors par « P(f)(u) = 0 ». L'ensemble   est donc le noyau de P(f). Si P est un polynôme scindé dans K (ce qui est toujours vrai si  ), il existe k racines   et k exposants   tel que  . Le noyau de P(f) est alors la somme directe des noyaux des  . Il suffit donc de trouver une base de chacun de ces noyaux pour déterminer une base de   .

On peut montrer que toute suite de terme général   est élément du noyau de   pour peu que le degré de Q soit inférieur strictement à  . Cette démonstration se fait par récurrence sur  . Comme les suites  , pour j = 0 à   forment une partie libre de   éléments, mais le cas d'une racine nulle se traite aisément par décalage d'indice</ref>, la famille de toutes les suites  , pour j = 0 à   et pour i = 1 à k forme une famille libre de   éléments de   (de dimension p) donc une base de  . Les éléments de   sont donc des sommes coefficientées de suites dont le terme général est   avec Q de degré strictement inférieur à  .

Résolution pratique

modifier

Dans le cas où la matrice A est diagonalisable, ce qui équivaut exceptionnellement au cas où le polynôme P admet p racines distinctes, une base de   est immédiate : il s'agit des suites géométriques   pour i variant de 1 à p.

Dans le cas général, on introduit le polynôme réciproque D de P, défini par :

 

et la série génératrice G associée à la suite de terme général   définie par :

 ,

on peut montrer que la suite vérifie la relation   si et seulement si le produit de Cauchy   est un polynôme de degré strictement inférieur à p. Dans ce cas,   est une fraction rationnelle développable en série entière au voisinage de 0, grâce à une décomposition en éléments simples, et par identification, ce développement donne l'expression des  .

Par exemple, pour une suite vérifiant la relation :

 

en multipliant cette relation par   et en sommant pour n variant de 0 à l'infini, on obtient

 

donc

 
 
 

et on déduit la forme générale de   :