Univers de Gödel
L'univers de Gödel est une solution aux équations de la relativité générale publiée par le mathématicien Kurt Gödel en 1949.
Description
modifierL'univers de Gödel est un modèle cosmologique[1]. Cette solution possède plusieurs propriétés remarquables. Elle décrit un univers en rotation, c'est-à-dire un univers qui possède une direction privilégiée que l'on peut localement assimiler à un axe de rotation. Par ailleurs, la structure de l'espace-temps permet l'existence de courbes fermées de genre temps[2],[3]. Ces travaux sont à l'origine de la recherche d'un plus grand nombre de solutions exactes aux équations d'Einstein.
Métrique de l'univers de Gödel
modifierLa métrique de Gödel[2] est une solution exacte[4] de l'équation d'Einstein avec constante cosmologique[5]. Elle décrit un espace quadri-dimensionnel[3],[6] lorentzien (tout comme notre espace-temps) empli de matière non relativiste de pression nulle et d'une constante cosmologique. La métrique (ou l'élément de longueur) de cet espace s'écrit
où est une constante réelle représentant la vorticité du fluide qui est au repos par rapport aux coordonnées , , . La densité d'énergie du fluide et la constante cosmologique sont reliées à la vorticité par
dans un système d'unités tel que la vitesse de la lumière et la constante de gravitation valent 1.
Propriétés
modifierL'univers de Gödel représente un espace homogène[6], c'est-à-dire que tous ses points sont équivalents.
Sa principale particularité est qu'il comporte des courbes de genre temps fermées. Par le changement de coordonnées
l'élément de longueur se réécrit
Le fluide est toujours au repos par rapport aux coordonnées , , et l'espace autour de l'origine est symétrique par rapport à l'axe . L'espace étant homogène, cette propriété se retrouve pour tous les autres points. En , le cône de lumière futur est orienté vers le haut, tout comme dans un système de coordonnées polaires ordinaire dans l'espace de Minkowski, et n'inclut pas les lignes de coordonnées de et . À mesure que l'on considère des points pour des valeurs plus grandes de , les cônes de lumière s'inclinent peu à peu jusqu'à inclure la ligne de coordonnée de à partir de . Les lignes de coordonnées de sont donc pour les grandes valeurs de des courbes de genre temps fermées. Pour cette raison, l'espace de Gödel n'est pas considéré comme une solution physiquement acceptable des équations d'Einstein.
Noter et références
modifier- Prigogine 1985, sec. 17.7, p. 248.
- Retoré et Zémor 2014, p. 115.
- Hilgert 1995, sec. 9, § 9.7, p. 53.
- Ellis 1996, § 2, p. 35.
- Ellis 1996, § 2, p. 36.
- Jaroszkiewicz 2016, chap. 20, p. 231.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Kurt Gödel, « An Example of a New Type of Cosmological Solutions of Einstein's Field Equations of Gravitation », Review of Modern Physics, vol. 21, , p. 447-450 (lire en ligne) — L'article historique de Gödel.
- (en) S. W. Hawking et G. F. R. Ellis, The Large Scale Structure of Space-Time, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Monographs on Mathematical Physics », , 400 p. (ISBN 0521099064), section 5.7, p. 168-170
- Palle Yourgrau, Einstein/Gödel quand deux génies refont le monde, Dunod, 2005 (ISBN 2-10-048735-3)
- [Ellis 1996] (en) George F. R. Ellis, « Contributions of K. Gödel to relativity and cosmology », dans Petr Hájek (éd. et préf.), Gödel '96 : logical foundations of mathematics, computer science and physics : Kurt Gödel's Legacy, Berlin, Heidelberg et New York, Springer, coll. « Lecture notes in logic » (no 6), (réimpr. , et ), 1re éd., VIII-322 p., 15,5 × 23,5 cm (ISBN 1-56881-153-5 et 3-540-61434-6, EAN 9783540614340, OCLC 496669511, BNF 37514155, DOI 10.1017/9781316716939, SUDOC 11638171X, lire en ligne), Ire partie, chap. 3, p. 34-49 (lire en ligne [PDF]).
- [Hilgert 1995] (en) Joachim Hilgert, « The halfspace method for causal structures on homogeneous manifolds », dans Karl H. Hofmann, Jimmie D. Lawson et Ernest B. Vinberg (éd. et préf.), Semigroups in algebra, geometry and analysis, Berlin et New York, W. de Gruyter, coll. « De Gruyter expositions in mathematics » (no 20), , 1re éd., XII-370 p., 17 × 24,4 cm (ISBN 3-11-014319-4, EAN 9783110143195, OCLC 32388913, BNF 37529037, DOI 10.1515/9783110885583, S2CID 142896635, SUDOC 023534303, présentation en ligne, lire en ligne), 1re partie, chap. 2, p. 33-55.
- [Jaroszkiewicz 2016] (en) George Jaroszkiewicz, Images of time : mind, science, reality, Oxford, OUP, hors coll., , 1re éd., XVI-305 p., 15,8 × 23,6 cm (ISBN 978-0-19-871806-2, EAN 9780198718062, OCLC 946604972, BNF 44514127, DOI 10.1093/acprof:oso/9780198718062.001.0001, SUDOC 192542591, présentation en ligne, lire en ligne).
- [Prigogine 1985] (en) Ilya R. Prigogine, « Irreversibility and space-time structure », dans David R. Griffin (éd.), Physics and the ultimate significance of time : Bohm, Prigogine, and process philosophy, Albany, SUNYP, hors coll., (réimpr. ), 1re éd., XV-322 p., 16,5 × 24,1 cm (ISBN 0-88706-113-3 et 0-88706-115-X, EAN 9780887061134, OCLC 11784403, BNF 34898805, S2CID 122439038, SUDOC 026245655, présentation en ligne, lire en ligne), IIe partie, chap. 17, p. 232-250.
- [Retoré et Zémor 2014] Christian Retoré et Gilles Zémor, « La Déesse des petites victoires, Yannick Grannec, roman, prix des libraires 2013 (Paris, A. Carrière, , 468 p., ISBN 978-2-8433-7666-5, 22 €) » (compte-rendu de lecture), Gazette, SMF, no 140, , p. 113-116 (lire en ligne [PDF]).
Liens externes
modifier- (en) « Gödel universe », notice d'autorité no 20110803095857377 , Oxford Reference, OUP.