Tou Samouth

ancien responsable communiste cambodgien
Tou Samouth
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Tou Samouth (Khmer : ទូ សាមុត ; vers 1915-1962), connu aussi sous le nom de Achar Sok, était  l'un des membres fondateurs du Parti communiste cambodgien à la tête de sa faction modérée. Il est surtout connu pour avoir été le mentor de Saloth Sar, plus connu sous le nom de Pol Pot.

Résistance Khmer modifier

Samouth est un Khmer Krom, qui est né et a grandi dans la Cochinchine. Il est éduqué comme moine bouddhiste. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est professeur de pali au monastère de Wat Ounalom à Phnom Penh[1].

Échappant au bombardement de son monastère par l’US Air Force, il rejoint les rangs du parti communiste indochinois avant, en 1951 de devenir un des cinq membres fondateurs[note 1] du Parti révolutionnaire du peuple du Kampuchéa, précurseur du parti communiste du Kampuchéa[3].

Il est également l'un des leaders des Khmers issarak,  mouvement de gauche affiliant des éléments disparates de la résistance anti-française. Samouth devient Ministre de l'Intérieur du gouvernement révolutionnaire provisoire[réf. nécessaire].

Dans les maquis, il remarque un ancien étudiant du nom de Saloth Sâr, qui ne s’appelle pas encore Pol Pot. Séduit par sa force de persuasion sur les foules, il lui confie la préparation des séminaires idéologiques avant d’en faire son assistant personnel et son homme de confiance[4].

Samouth fait partie de la faction urbaine généralement plus modérée que la faction rurale dirigée par Sieu Heng. En particulier, cette faction soutient la présence du roi du Cambodge, Norodom Sihanouk, comme une figure de l'unité nationale et est alliée des nord-vietnamiens dans la lutte contre le Sud[5].

Les cadres ruraux du parti sont décimés par les forces de sécurité de Sihanouk en 1959. En 1960 Samouth, qui a toujours prôné une coopération avec Sihanouk[6], est élu Secrétaire général du parti, Pol Pot étant troisième dans la hiérarchie derrière Samouth et Long Bunruot qui prendra le nom de Nuon Chea[7].

Sa mort modifier

Samouth disparait dans des circonstances controversées après le [8]. Vivant au sud de Phnom Penh déguisé en ouvrier agricole, il semble avoir été arrêté et conduit dans une maison appartenant au ministre de la défense Lon Nol. Il aurait ensuite été torturé, tué, puis enterré dans un terrain vague[9]. Toutefois, les Américains n’eurent pas connaissance de cet évènement et Lon Nol lui-même continuait en 1969 à en parler comme s’il pensait qu’il était toujours vivant[10]. L'historien Ben Kiernan note, pour sa part, qu'il existe des preuves solides que l'entourage de Pol Pot aurait été responsable de sa disparition. En particulier un rapport secret sur les « ennemis internes », datant de 1978, a accusé le secrétaire de la province de Kandal Som Chea. Chea, qui plus tard a été exécuté, faisait partie du groupe de Pol Pot en 1962[11].

Quoi qu'il en soit, la disparition de Samouth fait les affaires du futur Pol Pot, qui, comme il le déclarera plus tard, « assume les fonctions de secrétaire par intérim » durant le reste de 1962, avant l'année suivante, d'être confirmé à ce poste[12].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les quatre autres fondateurs sont Son Ngoc Minh, Sieu Heng, Tuk Nhung et So Phim[2].

Références modifier

  1. Solomon Kane (trad. de l'anglais par François Gerles, préf. David Chandler), Dictionnaire des Khmers rouges, IRASEC, , 460 p. (ISBN 9782916063270), « Tou (Samouth) », p. 376-377
  2. (fr) Philip Short (trad. Odile Demange), Pol Pot : Anatomie d'un cauchemar [« Pol Pot, anatomy of a nightmare »], Denoël éditions, , 604 p. (ISBN 9782207257692), p. 156
  3. Didier Epelbaum, Des hommes vraiment ordinaires : Les bourreaux génocidaires, Paris, Éditions Stock, coll. « Essais - Documents », , 304 p. (ISBN 978-2-234-07721-8, présentation en ligne), chap. I (« Mentors et maîtres - le camarade moine »), p. 34
  4. Didier Epelbaum, Des hommes vraiment ordinaires : Les bourreaux génocidaires, Paris, Éditions Stock, coll. « Essais - Documents », , 304 p. (ISBN 978-2-234-07721-8, présentation en ligne), chap. I (« Mentors et maîtres - le camarade moine »), p. 34 -35
  5. (en) « Defection of Sieu Heng : Cambodia 1959 », sur OnWar.com (consulté le )
  6. (en) Russell R. Ross, « The KPRP Second Congress », Cambodia: A Country Study, Washington, Library of Congress, (consulté le )
  7. (en) David Porter Chandler, « Revising the Past in Democratic Kampuchea: When Was the Birthday of the Party? Notes and Comments », Pacific Affairs, vol. 56, no 2,‎ , p. 288-300 (JSTOR 2758655, lire en ligne)
  8. Francis Deron, Le Procès des Khmers rouges : Trente ans d'enquête sur le génocide cambodgien, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 480 p. (ISBN 978-2-07-012335-3, présentation en ligne), p. 26
  9. Philip Short (trad. Odile Demange), Pol Pot : Anatomie d'un cauchemar [« Pol Pot, anatomy of a nightmare »], Denoël éditions, , 604 p. (ISBN 9782207257692), chap. 5 (« Germinal »), p. 182-189
  10. (en) Wilfred G. Burchett, The China-Cambodia-Vietnam triangle, Zed Bks., , 256 p. (ISBN 978-0-86232-085-0), p. 57
  11. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, lire en ligne), p. 241
  12. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, lire en ligne), p. 196-201