La batiste ou baptiste est une fine toile de lin ou de coton, très appréciée tout au long des siècles.

Un mouchoir de batiste.
Amict de batiste. La liturgie catholique fait grand usage de ce tissu blanc, notamment pour le vêtement liturgique.

Histoire

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L'utilisation de la fibre de lin pour la fabrication de toile remonte en Europe du nord à l'époque néolithique : le tissage de la toile de lin est probablement antérieur à la conquête romaine dans le Cambrésis. Toutefois, c'est prétendument[1] au début du XIIIe siècle qu'un tisserand appelé Baptiste Cambray, originaire du village de Cantaing-sur-Escaut près de Cambrai, aurait mis au point un procédé de tissage qui permettait de réaliser une toile plus fine. On lui donna le nom de batiste (cambric en anglais). Cette version n'a cependant aucun fondement historique[2],[3],[4],[5].

Le succès des toiles du Cambrésis dépassa ses frontières. L'Italie et l'Espagne en étaient notamment de grands consommateurs. La toile s'exportait également vers la Flandre voisine et les Pays-Bas, l'Angleterre et la France. À la fin du XVIe siècle, le roi Henri IV autorisait annuellement l'entrée en France de 10 000 « toilettes de Cambray ». Le commerce du textile se développant, d'autres villes se mirent à produire de la batiste, telles Valenciennes, Douai, Saint-Quentin ou encore Bapaume.

La toile de batiste se vendait vers 1748 à 2 sous l'aune.

Les effets de la mode, l'apparition de nouveaux tissus, notamment le coton, puis la mécanisation entraînèrent une baisse de fabrication. Sous le premier Empire, 350 000 pièces de batiste étaient fabriquées en Cambrésis. À partir de la Restauration, la production ne cessa de diminuer et en 1844 moins de 90 000 pièces furent fabriquées. Dès la fin du XIXe siècle, la fabrication de la batiste en Cambrésis avait pratiquement disparu et la Première Guerre mondiale porta le coup de grâce à cette activité.

Fabrication

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Champ de lin au printemps en Belgique

Le lin utilisé pour la fabrication était produit dans le Cambrésis et l'Ostrevent. Récolté en juillet, on le faisait tremper ou subir une macération au sol (rouissage) pendant plusieurs semaines de façon à en extraire les fibres destinées à la fabrication du fil.

Le filage était réputé pour sa perfection, garantie par les conditions particulières d'humidité et de température des caves où s'effectuait le tissage. Le Cambrésis occupa des milliers de tisserands, les mulquiniers. La corporation des mulquiniers représentait au Moyen Âge l'un des quatre principaux métiers de la ville de Cambrai.

Les ouvriers de la région appelaient cette toile le linon ou encore la toilette. On trouve ainsi de nombreux marchands de toilette au fil des registres paroissiaux de la région.

Réglementation

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Un règlement détaillé régissait la fabrication de la batiste et précisait comment les marchands de toilettes pouvaient les acheter, vendre et transporter.

Les dimensions règlementaires des pièces de batiste étaient vérifiées au début du XVIe siècle par deux échevins qui examinaient les toiles avant leur blanchissage. Selon une ordonnance royale de 1461, le métier ne devait pas dépasser 1,10 mètre en largeur, et la pièce 15 mètres en longueur.

Une fois terminée elle était blanchie : les blanchisseurs ne pouvaient traiter aucune toile non réglementaire.

La pièce était enfin pliée réglementairement par le ployeur officiel avant d'être vendue.

Notes et références

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  1. Archives historiques et littéraires du nord de la France, et du midi de la Belgique, Au Bureau des Archives., (lire en ligne), p. 341–
  2. Le Robert : Dictionnaire historique de la langue française, vol. 1, Paris, Dictionnaires Le Robert, , 4304 p. (ISBN 2-85036-532-7), p. 352« L'hypothèse traditionnelle d'une dérivation de Baptiste, qui aurait été le nom du premier fabricant de ce textile, ne repose sur aucune base historique. »
  3. France. Comité des travaux historiques et scientifiques. Section d'histoire et de philologie, Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, Impr. nationale, (lire en ligne)« Pas plus une réalité historique que l'étymologique brasseur Cambrinus. »
  4. Société d'émulation de Cambrai, Séance publique [afterw.] Mémoires, (lire en ligne), p. 1–« On ignore complètement le siècle où a vécu Jean-Baptiste Cambrai. »
  5. (de) Max Pfister, Einführung in die romanische Etymologie, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, [Abt. Verl.], (ISBN 978-3-534-07834-9, lire en ligne)« Obschon Cambrai fûr die mittelalterliche Leinenindustrie bekannt ist und Baptiste sogar mit einem Denkmal geehrt wurde, dürfte dieser Fabrikant historisch nicht nachweisbar sein, da batiste etymologisch auf battre zurück geht. »

Voir aussi

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Bibliographie

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Corset et soutien-gorge en batiste broché bleu pâle (1906).
  • Les deux âges de la proto-industrie. Les tisserands à domicile dans les villages du Cambrésis et du St Quentinois 1720-1880, Didier Terrier, éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1996.
  • Mémé Santerre de S. Grafteaux, Editions Du jour, 1975 : pour découvrir la vie des tisseurs dans les caves au début du XXe siècle.
  • Dictionnaire historique de la ville de Cambrai de E. Bouly.
  • Revue Jadis en Cambrésis - numéros 3 et 10
  • Gé-magazine n° 33 de novembre 1985 p. 39 et n° 106 (éditions Christian).
  • Mémoire de Cambrai, publié sous la direction de Michel Dussart, 2004, Société d'Émulation de la ville de Cambrai. (ISBN 2-85845-001-3)

Articles connexes

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Liens externes

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