Thomas Cole John est un missionnaire anglican né à Hastings, dans la colonie britannique de Sierra Leone. Il est le fils de deux anciens esclaves libérés (en) haoussas[1]. Il a principalement officié comme missionnaire dans la ville de Lokoja, entre 1865 et 1875 puis de nouveau entre 1878 et 1879, au service de la Church Mission Society[2]. Il a participé à conception et à la rédaction de l'ouvrage majeur de la littérature haoussa du XIXe siècle Magana hausa[3].

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Thomas Cole John est originaire de Hastings (en), petite ville de Sierra Leone proche de Freetown, terre achetée par le Royaume-Uni en 1787 pour y installer les esclaves libérés pendant la guerre d’indépendance américaine. Ses parents sont d’anciens esclaves haoussas affranchis par la marine britannique. John effectue son premier cycle d’éducation dans une école missionnaire anglicane de Hastings, où il suit l’enseignement du révérend de la CMS (Church Mission Society) J. U. Graf[4]. Il part ensuite étudier à Freetown, d’abord à la Freetown Grammar School (en), puis au Fourah Bay College, premier établissement universitaire de modèle occidental fondé sur le continent africain par les Britanniques en 1827[5].

Il intègre ensuite les rangs de la CMS et devient catéchiste à Benguema (en) de 1863 à 1864, sous la surintendance du révérend E. Jones[6]. Il rencontre notamment à cette occasion James Frederick Schön, chapelain de l’hôpital Melville à Chatham et missionnaire pour la CMS. Schön a déjà effectué plusieurs années de missions auprès des haoussas dont il a particulièrement étudié la langue[7]. Thomas Cole John montre beaucoup d’intérêt pour ses travaux, et Schön finit par recommander John auprès de l’évêque pour le sud du Nigéria Samuel Ajayi Crowther[8].

Crowther l’envoie alors en mission dans la station de Lokoja, située à la confluence entre le fleuve Niger et la Bénoué (que John nomme Istadda dans ses écrits[9]). Cette station est encore récente, puisqu’elle a été fondée en 1864 à partir d’une ferme modèle installée sur le lieu par Schön et Crowther durant l’expédition sur le fleuve Niger en 1841 (en)[10]. John est ordonné diacre le 29 juin 1865 puis prêtre le 9 juillet de la même année par Crowther[11]. Il arrive à Lokoja en août 1865, et entame alors son travail de missionnaire comme référent de la Confluence CMS Mission[12].

Activité de missionnaire modifier

Le premier séjour de Thomas Cole John à Lokoja dure dix ans, de 1865 à 1875. Quand il arrive, Lokoja est un lieu où séjournent aussi bien des musulmans haoussas, igbos ou nupes que des migrants chrétiens venus avec les Britanniques depuis la Sierra Leone ou Lagos. Les chrétiens ont déjà commencé à s’organiser pour célébrer les messes. John fait construire une chapelle, une école et une maison de la mission[8].

Il rédige de nombreux rapports et des journaux sur son travail de missionnaire à Lokoja. Il les envoie ensuite au comité central de la CMS, ce qui permet de connaître ses activités quasiment au jour le jour. Il participe notamment à une expédition à Bida   en 1870 pour une mission abolitionniste, dont il fait ensuite un rapport détaillé[13].

Le 6 octobre 1875, il part en Angleterre à la Church Missionary House, où il étudie l’Évangile, il officie dans des messes et il enseigne au Church Missionary Society College (en) et à la St James’ Hall School. Il revient ensuite succinctement en Sierra Leone en 1877, où se trouvent sa femme et ses quatre fils, puis il retourne à Lokoja en juin avec sa femme et son plus jeune fils, en laissant ses autres enfants dans des institutions religieuses de Freetown. Il reste encore deux ans à Lokoja, et il quitte la CMS en 1883[11].

Contributions à la linguistique haoussa modifier

Au-delà de son activité de missionnaire à Lokoja, il est notamment connu pour avoir été le collaborateur de plusieurs savants dans leurs travaux linguistiques sur la langue haoussa. Il est ainsi cité à plusieurs reprises dans les ouvrages de James Frederick Schön, qui le remercie de lui avoir envoyé des textes en langue haoussa et de l’avoir aidé dans son travail de traduction[14].

Notes et références modifier

  1. Femi J. Kolapo, « CMS Missionaries of African Origin and Extra-Religious Encounters at the Niger-Benue Confluence, 1858-1880 », African Studies Review, vol. 43, no 2,‎ , p. 93 (ISSN 0002-0206, DOI 10.2307/524986, lire en ligne, consulté le )
  2. CMS/B/OMS/A3/ C O/4-43/21/ Rapports de Thomas Cole John Church Mission Society archive - 1799-2009, Cadbury Research Library, University of Birmingham.
  3. James Frederick University of California Libraries et Charles H. (Charles Henry) Robinson, Magana Hausa; Hausa stories and fables, London, Society for promoting Christian knowledge, (lire en ligne)
  4. CMS/B/OMS/A3/ C O/4-43/21/ Lettre à E. Hutchinson, secrétaire laïc de la CMS, Church Mission Society archive - 1799-2009, Cadbury Research Library, University of Birmingham.
  5. Daniel J. Paracka, The Athens of West Africa: a history of international education at Fourah Bay College, Freetown, Sierra Leone, Routledge, coll. « African studies », (ISBN 978-1-138-98763-0 et 978-0-415-94795-4)
  6. CMS/B/OMS/A3/ C O/4-43/21/ Rapports de Thomas Cole John, Church Mission Society archive - 1799-2009, Cadbury Research Library, University of Birmingham.
  7. Paul E. H. Hair, The early study of Nigerian languages : essays and biographies, Cambridge, Cambridge University Press, 1967.
  8. a et b Femi J. Kolapo, « CMS Missionaries of African Origin and Extra-Religious Encounters at the Niger-Benue Confluence, 1858-1880 », African Studies Review, vol. 43, no 2,‎ , p. 87–115 (ISSN 0002-0206, DOI 10.2307/524986, lire en ligne, consulté le )
  9. CMS/B/OMS/A3/ C O/4-43/21/, Lettre à Henry Venn, secrétaire honoraire de la CMS, Church Mission Society archive - 1799-2009, Cadbury Research Library, University of Birmingham.
  10. James Frederick Schön et Samuel Ajayi Crowther, Journals of the Rev. James Frederick Schön and Mr. Samuel Crowther : Who, with the Sanction of Her Majesty's Government, Accompanied the Expedition Up the Niger, in 1841, in Behalf of the Church Missionary Society, Londres, Hatchard & Son, 1842.
  11. a et b « John, Thomas Cole », Dictionnary of African Christian Biography.
  12. (en) Femi J. Kolapo, « The 1858–1859 Gbebe Journal of CMS Missionary James Thomas », History in Africa, vol. 27,‎ , p. 159–192 (ISSN 0361-5413 et 1558-2744, DOI 10.2307/3172112, lire en ligne, consulté le )
  13. CMS/B/OMS/A3/ C O/4-43/21 « A short Account of the Expedition to Bida ; September 1870 », Church Mission Society archive - 1799-2009, Cadbury Research Library, University of Birmingham.
  14. James Frederick Schön, Appendix to the dictionary of the Hausa language (Pub. 1876) Hausa-English part, with additions of Hausa literature, Londres, Church Missionary House, 1888, p. 1.

Bibliographie modifier

  • Jacob F. Ade Ajayi, Christian missions in Nigeria, 1841-1891 : the making of a new élite, Evanston (Illinois), Northwestern University Press, 1965.
  • Paul E. H. Hair, The early study of Nigerian languages : essays and biographies, Cambridge, Cambridge University Press, 1967.
  • Femi J. Kolapo, « CMS Missionaries of African Origin and Extra-Religious Encounters at the Niger-Benue Confluence, 1858-1880 », dans African Studies Review, Vol. 43, No. 2, septembre 2000.
  • Femi J. Kolapo, Journals of Church Missionary Society Agent, James Thomas in Mid-Nineteenth Century Nigeria, Lewiston (New York), Edwin Mellen Press, 2012.
  • Daniel J. Paracka Jr., The Athens of West Africa: A History of International Education at Fourah Bay College, Freetown, Sierra Leone, Londres, Routledge, 2004.
  • Sara Pugach, Africa in Translation. A History of Colonial Linguistics in Germany and Beyon, 1814-1945, Ann Arbor (Michigan), The University of Michigan Press, 2012.
  • James F. Schön et Samuel A. Crowther, Journals of the Rev. James Frederick Schön and Mr. Samuel Crowther: who, accompanied the expedition up the Niger, in 1841, in behalf of the Church missionary society, Londres, Hatchard and son, 1842.
  • James F. Schön, Appendix to the dictionary of the Hausa language (Pub. 1876): Hausa-English part, with additions of Hausa literature, Londres, Church Missionary House, 1888.