Thomas Clifford Allbutt

médecin anglais

Thomas Clifford Allbutt (né le à Dewsbury (Yorkshire) et décédé le à Cambridge) est un médecin britannique, inventeur du thermomètre clinique. Expert anglais de l'histoire de la médecine, il a contribué à l'Encyclopaedia Britannica.

Biographie modifier

Années de formation modifier

Thomas Clifford Allbutt est le fils du pasteur Thomas Allbutt, vicaire de Dewsbury et de Marianne Allbutt-Wooler. Il effectue ses études secondaires à St Peter's School et fréquente ensuite le Caius College (Cambridge), où il obtinet sa licence ès arts en 1859, et une licence en Sciences naturelles en 1860[1]. Il apprend la médecine au St George's Hospital, Hyde Park Corner, Londres, puis soutient sa thèse de médecine à Cambridge en 1861. Il travaille à Paris dans les services d'Armand Trousseau, de Duchenne de Boulogne (l'auteur déjà célèbre du Mécanisme de la physionomie humaine), d’Ernest Bazin et d’Hardy.

Le praticien de Leeds modifier

 
L'asile d'aliénés de Wadsley, où Allbutt mène une grande partie de ses recherches cliniques.

De 1861 à 1889, Allbutt est médecin de ville à Leeds, avant de charger l'architecte Edward Schroeder Prior de construire sa résidence de Carr Manor.

Encore interne du dispensaire général de Leeds (1861-1889), il est élu membre titulaire de la Royal Society en 1880[2].

Allbutt devient interne de la General Infirmary de Leeds where où il familiarise les infirmiers avec l'usage de l’ophtalmoscope, de la balance médicale et du microscope. De 1865 à 1866 il soigne les victimes d'une épidémie de fièvre typhoïde par des cures de plein-air, et étend ensuite le principe du sanatorium (voir l'article « système médical adventiste ») aux sujets atteints de tuberculose, qu'on appelle alors « consomption. » Allbutt est, de 1864 à 1884, membre du Conseil de la Faculté de Médecine de Leeds (aujourd'hui intégrée à l’Université de Leeds), qu'il préside par deux fois.

Allbutt épouse Susan England, fille d'un négociant de Headingley, à Leeds, le . Ils n'ont pas d'enfants.

En 1870, Allbutt publie un article de synthèse, Medical Thermometry, dans lequel il retrace l’histoire de la thermométrie médicale avant de proposer un instrument miniaturisé : son thermomètre clinique, inventé en 1867, d'une longueur de 15 cm, ce qui permet aux médecins de le transporter dans leur poche. L'instrument est rapidement adopté partout en Europe, car le thermomètre des hôpitaux jusqu'alors en usage est long d'une trentaine de centimètres et les patients devaient le porter pendant environ vingt minutes[2].

Allbutt poursuit ses recherches dans l'hospice d'aliénés voisin de Wadsley. Dans sa monographie On the Use of the Ophthalmoscope in Diseases of the Nervous System and of the Kidneys[3] (1871), Allbutt décrit en annexe les 214 cas d’aliénation mentale qu'il a identifiés grâce à son ophthalmoscope, en détectant des modifications du fond d'œil similaires à un grand nombre de cas historiques de lésion cérébrale ou d'aliénation. Selon lui, l'emploi de l’ophtalmoscope permet de lever les « idées préconçues de nature métaphysique ou transcendentale » et procure un « moyen d’investigation plus puissant et davantage philosophique » pour diagnostiquer les désordres cérébraux[4].

Professeur et conseiller : Londres et Cambridge modifier

Il lance puis recommande la concertation entre témoins cliniques préalablement aux expertises médicales devant les tribunaux. En 1884, il donne ses « chapitres sur les névroses des viscères » dans le cadre des conférences Goulston du Collège royal de médecine. L'année suivante, il procède aux premières opérations des ganglions tuberculeux. Dans son discours de Glasgow (1888), il préconise l'étude comparative des pathologies chez les mammifères, et suggère que les connaissances vétérinaires sont fréquemment utiles en médecine humaine[2].

De 1889 à 1892, il exerce les fonctions de commissaire aux asiles d'aliénés d’Angleterre et du Pays de Galles[2], et emménage à Londres. En 1892 il obtient ensuite la chaire Regius de Médecine de l'université de Cambridge (titre qu'il conserve jusqu'en 1925, et auquel lui succède Sir Humphry Rolleston, médecin personnel du roi George V[2]), et dans cette fonction il compose son System of Medicine, somme en 8 volumes (1896-1899) dans laquelle un de ses biographes voit « le plus grand service qu'il ait pu rendre à la médecine de son temps ». La seconde édition (1905-1911) comprend onze volumes[2]. C'est pendant des années la bible des médecins britanniques[5].

Allbutt est anobli en 1907. Il est président de la British Medical Association en 1920 et la même année est nommé membre of the Conseil privé de la Couronne[2]. Il est élu membre étranger honoraire de l'Académie américaine des arts et des sciences [6] (1922).

L'historien de la médecine modifier

Dans l’article Médecine qu'il est chargé de rédiger pour l’édition 1911 de l’Encyclopædia Britannica[7], il expose que la science médicale se consacre au traitement des maladies, et comprend trois divisions : la pathologie, la thérapeutique et la pharmacopée, qui font l'objet d'articles à part entière. Le reste de l'article d'Allbutt est essentiellement une histoire de la médecine, dont la première partie va jusqu'au XVIIIe siècle ; la suite (à partir de la page 51) est consacrée au développement de la médecine moderne, avec pour chapitres : Médecine en Angleterre de 1800 à 1840, Médecine en Allemagne de 1800 à 1840 et Progrès récents. L'article, ainsi que la notice nécrologique de l'auteur, ont été retranscrits pour Wikisource[8].

L'article d'Allbutt est une mise à jour de celui que Joseph Frank Payne[9] avait écrit pour la 10e édition (1902) ; il fut à son tour remanié à l'occasion de la 14e édition de l’Encyclopædia Britannica (volume 15) : la première partie Medicine, General, par Rolleston, et la seconde partie : Medicine, History of, par Charles Singer, Maître de conférence d'Histoire de la Médecine à l'Université de Londres.

Postérité modifier

La romancière George Eliot décrit Allbutt comme « un homme bon, habile et d'un commerce assez agréable pour rendre n'importe qui de bonne humeur malgré les fumées des repoussants faubourgs de Leeds ». Il est généralement admis qu'il a inspiré le personnage du Dr Lydgate dans le roman Middlemarch de George Eliot. La ville de Leeds a honoré sa mémoire par la pose d'une plaque commémorative au fronton de son logement à l'université de Leeds, l'actuel Lyddon Hall[5].

Références modifier

  1. Allbutt, Thomas Clifford dans (en) J. Venn et J. A. Venn, Alumni Cantabrigienses, Cambridge, Angleterre, Cambridge University Press, 1922–1958 (ouvrage en 10 volumes)
  2. a b c d e f et g Cf. H. D. Rolleston et Alexander G. Bearn (dir.), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne), « Allbutt, Sir (Thomas) Clifford (1836–1925) ».
  3. Cf. (en) Thomas Clifford Allbutt, On the use of the ophthalmoscope in diseases of the nervous system and of the kidneys, MacMillan, (lire en ligne).
  4. D'après (en) Jennifer Wallis et Mike Finn, « The Ophthalmoscope: Viewing The Living Brain », sur Asylum Science, psychiatry, pathology, and the laboratory – from the nineteenth century to the present day (consulté le ).
  5. a et b D'après « Sir Clifford Allbutt », sur Leeds School of Medicine, (consulté le ).
  6. « Book of Members, 1780–2010: ChapterA », sur American Academy of Arts and Sciences (consulté le )
  7.   (en) « Medicine », dans Encyclopædia Britannica [détail de l’édition], (lire sur Wikisource)., volume 18 (pages 41 à 64)
  8. Wikisource: Medicine s:1911 Encyclopædia Britannica/Medicine;Thomas Clifford Allbutt (1836–1925), K.C.B., M.A., M.D., D.Sc., LL.D., F.R.S. Regius Professor of Physic in the University of Cambridge. Physician to Addenbrooke's Hospital, Cambridge. Fellow of Gonville and Caius College, Cambridge. Editor of Systems of Medicine, designated in EB1911 by the initials "T. C. A."s:1911 Encyclopædia Britannica/Vol 18/Table of contributors; works s:Author:Thomas Clifford Allbutt; Obituary, Sir C. Allbutt, Service to English Medicine in The Times, Monday, 23 February 1925; p. 19; Issue 43893. s:The Times/1925/Obituary/Thomas Clifford Allbutt
  9. Joseph Frank Payne, articles from the Encyclopaedia Britannica, 9th Edition (1875) and 10th Edition (1902). [1]

Bibliographie modifier

  • Allbutt, T.C., “Medical Thermometry”, British and Foreign Medico-Chirurgical Review, Vol.45, No.90, (April 1870), pp.429–441; Vo.46, No.91, (July 1870), pp.144–156.
  • (en) Pearce JM, « Sir Thomas Clifford Allbutt », Journal of Neurology, Neurosurgery, and Psychiatry, vol. 74, no 10,‎ , p. 1443 (PMID 14570845, PMCID 1757394, DOI 10.1136/jnnp.74.10.1443)
  • (en) Keynes M, Butterfield J, « Sir Clifford Allbutt: physician and Regius Professor 1892–1925 », Journal of Medical Biography, vol. 1, no 2,‎ , p. 67–75 (PMID 11639863)
  • (en) Schneck JM, « Tertius Lydgate in Middlemarch and Thomas Clifford Allbutt », New York State Journal of Medicine, vol. 70, no 9,‎ , p. 1086–90 (PMID 4914393)
  • (en) Fulton JF, « Medicine and the humanities: Linacre and Allbutt », Transactions. American College of Cardiology, vol. 7,‎ , p. 24–38 (PMID 13409430)
  • (en) Chesney AM, « Medicine in the 19th century: T. Clifford Allbutt; explanatory notes », Journal of Medical Education, vol. 31, no 7 Part 1,‎ , p. 460–8 (PMID 13332384)

Voir également modifier

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