La terra rossa, écrite aussi terra-rossa (de l'italien terra rossa, « terre rouge »), appelé désormais sol rouge[1], est une formation argileuse[2], riche en sesquioxydes (sol fersiallitique) et de couleur rouge brique, constitué d'argiles de décarbonatation (appelés aussi argiles de décalcification)[3],[4] sur affleurements calcaires des régions au climat méditerranéen ou semblable (climat à saison sèche marquée)[1], particulièrement sur des calcaires durs et cristallins[5],[6].

Vignoble de Malvasia sur terra rossa, Istrie, Croatie.
Champ labouré au pied du mont Buisson sur le causse Méjean, Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozère, France.

L'érosion dans les calcaires se fait par infiltration de l'eau dans les nombreuses fissures ou diaclases de la roche. Ils subissent une décarbonatation par lessivage de surface (dissolution du carbonate de calcium par les ruissellements), ce qui libère un résidu formé des impuretés non solubles du calcaire (impuretés constitués de minéraux argileux et d'hydroxydes de fer, la concentration et la déshydratation[7] de ces derniers produisant le phénomène de rubéfaction[8]). Ces processus forment une argile rouge résiduelle concentrée principalement dans des cavités d'origine karstique de régions méditerranéennes à climat chaud[5].

Ce type de sol (en) « est le plus souvent un paléosol, témoin de l'alternance saison sèche / saison humide d'un ancien climat tropical[9] ».

Notes et références modifier

  1. a et b Marcel Jamagne, Grands paysages pédologiques de France, Editions Quae, (lire en ligne).
  2. Alain Foucault, Le guide du géologue amateur, Dunod, , 2e éd. (lire en ligne).
  3. Philippe Duchaufour, Pierre Faivre, Jérôme Poulenard et al., Introduction à la science du sol : Sol, végétation, environnement, Dunod, , 7e éd. (lire en ligne).
  4. Willy Verheye, « Impact des propriétés hydrodynamiques du substrat karstique sur la nature du sol en milieu méditerranéen. », Karstologia : revue de karstologie et de spéléologie physique, no 14,‎ 2e semestre 1989 (lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Clément Mathieu et Jean Lozet, Dictionnaire encyclopédique de science du sol, Lavoisier, (lire en ligne), p. 585
  6. Philippe Duchaufour, Précis de pédologie, Masson, (lire en ligne).
  7. La perte d'eau en saison sèche induit une déshydratation irréversible des hydroxydes de fer en oxydes de fer (sesquioxydes de type goethite ou hématite) qui amorcent un début de cristallisation et sont stabilisés à l'état amorphe, à la suite de leur adsorption sur la surface des minéraux argileux.
  8. Coloration en rouge du sol due à la libération de ces oxydes de fer par altération météorique.
  9. Antoine Da Lage, Georges Métailié, Dictionnaire de biogéographie végétale, CNRS éditions, , p. 231

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Goran Durn, « Terra Rossa in the Mediterranean Region: Parent Materials, Composition and Origin », Geologica Croatia, vol. 56, no 1,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Maurice Lamouroux, « Observations sur l'altération des roches calcaires sous climat méditerranéen humide (Liban). », Cahiers O.R.S.T.O.M., Horizon Pleins textes - Institut de recherche pour le développement,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • (en) Willy Verheye et Diego de la Rosa, chap. 2 « Mediterranean Soils », dans Land Use, Land Cover and Soil Sciences, vol. VII : Soils and Soil Sciences - 2, Encyclopedia of Life Support Systems (en), (lire en ligne [PDF]).
  • (en + es) Cumhur Aydinalp et Ewart Adsil FitzPatrick, « Pedogenésis y características de las terra rossas desarrolladas en posición fisiográfica distinta y su clasificación », Agrociencia, vol. 43, no 2,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Walter Kubiëna (de), chap. 75 « Terra Rossa », dans The Soils of Europe, Thomas Murby, (lire en ligne).

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