Temple de Proserpine

temple antique à Malte

Temple de Proserpine
Image illustrative de l’article Temple de Proserpine
statue de Saint Nicolas de Bari à Mtarfa sur le site du Temple de Proserpine
Localisation
Pays Drapeau de Malte Malte
Type Temple romain
Coordonnées 35° 53′ 30″ nord, 14° 24′ 05″ est
Géolocalisation sur la carte : Malte
(Voir situation sur carte : Malte)
Temple de Proserpine
Temple de Proserpine
Histoire
Époque Ier siècle

Le Temple de Proserpine (en maltais Tempju ta' Proserpina) était un temple romain, consacré à la déesse des saisons Proserpine, dons les ruines sont aujourd'hui situées sur la commune de L-Imtarfa, à Malte. La date de sa construction originelle est inconnue mais le temple a été rénové au Ier siècle av. J.-C. ou au Ier siècle. Des ruines, découvertes en 1613, ont été extraits des blocs de marbre sculptés qui furent ensuite utilisés à la décoration de bâtiments à Malte par les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte. Il ne subsiste aujourd'hui du temple que de rares fragments dispersés.

Origine du temple modifier

Le site sur lequel le temple était érigé est le sommet d'une petite colline, faisant face à l'ancienne capitale L-Imdina, dont elle est séparée par la vallée de Gharieshem[1]. Du site, on peut également voir la baie de Saint Paul. Le temple ne semble pas avoir eu de prédécesseur punique[2] puisque cette déesse était inconnue des anciens Carthaginois[1],[3]. Le culte à Proserpine suggère une influence sicilienne[2].

Sa création date de l'époque de la République romaine puisqu'il menace ruine sous le règne d'Auguste.

La redécouverte de 1613 modifier

À proximité du site existait une chapelle dédiée à Saint Nicolas de Bari. En 1613, voulant creuser des fondations pour y ériger une statue du saint, les ouvriers mirent au jour plusieurs blocs de marbre sculptés, ainsi qu'une grande inscription de marbre. De nombreux gros blocs de marbres furent retrouvés sur place en 1613, ainsi que des éléments de colonnes, des corniches, des chapiteaux de style corinthien et des dalles sculptées en bas-relief[1]. La chapelle n'existe plus mais il reste toujours la statue de Saint Nicolas qui marque de ce fait l’emplacement du temple.

La localisation et l'identification du temple est décrite dès les plus anciens guide de Malte[4],[5].

L'inscription de marbre modifier

Une grande inscription de marbre est retrouvée sur le site en 1613.

Du bloc de marbre, encore intact lors de la découverte, il ne reste aujourd'hui que quelques fragments. La première mention date de 1624 par Giorgi Gualtieri mais sa retranscription originale reste peu lisible[6]. Elle est plus tard retranscrite de façon plus claire en 1647 par Giovanni Francesco Abela (en) qui raconte les circonstances de sa découverte[7], puis par le Français Jacob Spon en 1685[8].

Les plus anciennes retranscriptions ont permis sa restauration. Les fragments du bloc et sa restauration sont aujourd'hui visibles au musée national d'archéologie de La Valette[2]. L'inscription est inscrite dans le Corpus Inscriptionum Latinarum [9]. On peut lire :

CHRESTION AVG. L. PROC
INSVLARVM. MELIT ET GAVL.
COLVMNAS. CVM. FASTIDIIS
ET PARIETIBVS TEMPLI DEÆ
PROSERPINÆ. VETVSTATE
RVINAM IMMINENTIBVS
...................RES
TITUIT. SIMVL ET PILAM
.INAVRAVIT.

Dont la traduction proposée[10] est : « Chrestion, affranchi d'Auguste, procurateur des îles de Melite et Gaulos, a restauré les piliers, le toit et les murs du temple de la déesse Proserpine, en ruine et qui menaçait de s'écrouler. ». La fin fait référence à un élément qui fut redoré mais son nom, PILAM, est mal compris ; il pourrait s'agir d'une boule[10], ou d'un pilier[2] ou encore d'une statue[2].

Le texte est donc signé par un certain procurateur Chrestion. La petite taille des îles maltaises semble exclure qu'un procurateur de province ait pu y résider. Il a été proposé qu'il s'agissait d'un affranchi de l'empereur, envoyé comme responsable financier des biens impériaux à Malte[2]. Comme il est fait mention d'Auguste sans autre nom d'empereur, il est probable qu'il s'agit d'Auguste lui-même. Cet élément permettrait donc de dater l'inscription du Ier siècle avant ou après J.C.[11], ce fait de cette inscription le plus vieux texte complet en latin retrouvé sur l'archipel[2],[12].

Destruction du site et dispersion de ses éléments modifier

Bloc de marbres issus du temple de Proserpine, réutilisés pour les façades de l'Auberge d'Italie (vers 1680) et du Castellania (1757–60) à La Valette

Au fil des siècles, les divers éléments du temple sont dispersés, récupérés ou encore détournés.

Un grand bloc de marbre a été réutilisé pour servir de base au bas-relief visible à l'entrée principale de l'Auberge d'Italie[1] : vers 1680, le sculpteur La'Fe y grave les armes du grand maître Gregorio Carafa[13].

De la même façon, d'autres éléments du temple romain se retrouvèrent réutilisés pour orner la façade du Castellania lors de sa reconstruction entre 1757 et 1760[1],[11].

Si Miège en 1840 signale encore quelques restes du temple sur place[4], en 1882 Caruana ne retrouve quasiment rien sur le site, hormis quelques trous de fondation[1]. Il donne quelques destinations des divers blocs exhumés, dont certains sont acquis par des collectionneurs privés. Plus récemment, Cardona tente de référencer les restes éparpillés[11] : en plus des deux bâtiments de l'Ordre, il retrouve par exemple une colonne dans le jardin de la villa Lija (maintenant Villa Ajkla) et des pièces de marbre romains dans plusieurs bâtiments de l'île.

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (en) Antonio Annetto Caruana, Report on the Phoenician and Roman antiquities in the group of the islands of Malta, Government Printing Office, (lire en ligne), p. 142-143
  2. a b c d e f et g (en) Anthony Bonanno et Daniel Cilia, Malta, Phoenician, Punic and Roman, Malte, Midsea Books ltd, coll. « Malta's Living Heritage », , 360 p. (ISBN 99932-7-035-0), p. 203
  3. (el) Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, vol. XIV (lire en ligne), p. 7
  4. a et b Louis Miege, Histoire de Malte : Statistique, vol. 1, Paulin, , 472 p. (lire en ligne), p. 328
  5. Felice Antonio de Christophoro d'Avalos, Tableau historique et politique de Malte et de ses habitans : depuis les temps les plus reculés jusqu'à la réunion de cette isle à la Grande-bretagne, Schultz et Dean, Londres, (lire en ligne), p. 147
  6. (la) Giorgio Gualtieri, Siciliae obiacentium insular et Bruttiorum antiqua e tabulae cum animadversioni, Petrum Bream, , 292 p. (lire en ligne), p. 51
    CrisEstion auG. B. PRC
    INSVLarum MELIT. ET GXL
    COLVMNAS CVMFASTIDIIS
    ET PARIETIBVS TEMPLIDEÆ
    PROSERPINÆ VETUstate
    RVINAM II nminEN
    tibus . . . . . . res
    TITVIT SIMVL PILAM
    INAVRAVIT
  7. (it) Giovanni Francesco Abela (en), Della descrittione di Malta : con le sue antichita ed altre notitie, vol. 4, Paolo Bonacota, (lire en ligne), p. 207
  8. (la) Jacob Spon, Miscellanea eruditae antiquitatis in quibus marmora, statuae, musiva, toreumata, gemmae, numismata, Grutero, Ursino, Boissardo, Reinesio, aliisque antiquorum monumentorum collectoribus ignota, & hucusque inedita referuntur ac illustrantur, cura & studio Jacobi Sponii, T. Amaulry, Lyon, , 394 p. (lire en ligne), p. 202
  9. (la) Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. X, chap XXX, 7494, 360 p. (lire en ligne), p. 203
  10. a et b (en) Jacob Bryant, Observations and inquiries relating to various parts of ancient history : containing dissertations on the wind Euroclydon, and on the island Melite, together with an account of Egypt in its most early state, and of the shepherd kings ... The whole calculated to throw light on the history of that ancient kingdom, as well as on the histories of the Assyrians, Chaldeans, Babylonians, Edomites, and other nations, J. Archdeacon, , 324 p. (lire en ligne), p. 53
  11. a b et c (en) David Cardona, « The known unknown:identification, provenancing, and relocation of pieces of decorative architecture from Roman public buildings and other private structures in Malta », Malta Archeological Review, vol. 9,‎ 2008-2009, p. 40-50 (lire en ligne)
  12. (en) Joseph Brincat, « Before Maltese : Languages in Malta from Prehistory to the Byzantine ages », dans Anthony Bonanno, Pietro Militello, Malta in the Hybleans, the Hybleans in Malta: proc. int. conference, Catania, 30 September, Sliema 10 November 2006, Sliema, Officina di Studi Medievali, (lire en ligne), p. 237
  13. (en) « The Auberge d'Italie », sur MTA (consulté le )