Tau Pegasi / τ Peg dans la désignation de Bayer est une étoile de magnitude 4,58 dans la constellation de Pégase. Son nom, approuvé par par l’Union astronomique internationale (UAI)[1], est Salm.

Nomenclature et histoire modifier

Du ciel des Arabes aux catalogues internationaux modifier

 
Les étoiles الكرب al-Karab, « la Corde du Puits », appartenant à la figure de الدلو al-Dalw, « le Dalou (le Seau de cuir du Puits) », dans le ciel arabe traditionnel.

Salm, aujourd’hui retenu par l’UAI, est dérivé de Salma, que note Johann Bayer dans son Uranometria (1603)[2]. On pourrait imaginer qu’il s’agit de l’arabe al-Salm, « le Seau de cuir », nom qui conviendrait pourtant à cet endroit dans le ciel arabe traditionnel dont où bien des objets sont liés au puits, mais ce serait pure reconstruction[3]. Le terme étant repris par Richard Allen (1899)[4], nous le trouvons raccourci en Salm chez avec Harley Barlow Rumrill[5]et chez Jack W. Rhoads[6], ce qu’a repris l’UAI.

Autres noms :

Markab n’a pas la même origine que Markab, nom donné à α Peg, qui vient lui de l’arabe الفرس منكب Mankib al-Faras, « l’Épaule du Cheval ». Il s’agit en fait ici de l’arabe الكرب al-Karab donné au couple τυ Peg dans le ciel arabe traditionnel dans une scène qui se passe autour d'un puits[7],[8]. Il apparaît sous cette forme pour τ Peg chez Hugo Grotius qui le fait dériver par erreur de l’arabe المركب al-Markab, « la Selle » dans le cadre de la figure du Pégase gréco-arabe Hugo Grotius (1600)[9]. Repris par Johann Bayer (1603)[10], il est encore noté par Richard Allen (1899)[11], et court toujours sur la toile.

El Kerb est, comme le nom précédent, l’arabe الكرب al-Karab donné au couple τυ Peg dans le ciel arabe traditionnel (voir « Markab », ci-dessus). Figurant chez al-Tizīnī (1533) pour τυ Peg[12], il est transcrit ‘AlKerb vel AlKereb’, dans sa traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg, par Thomas Hyde (1665)[13], et. Puis, par l’intermédiaire du philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796) qui retranscrit ’el-kerb’[14], nous lisons le nom El Kerb, toujours pour le couple τυ Peg dans l’Uranographia de Johann Elert Bode (1801)[15], nom donné cette fois comme Al Karab par Richard Allen (1899) qui le spécialise à τ Peg[4]. C’est sous ces deux formes avec de multiples variantes que le nom τ Peg figure dans les catalogues[16].

Sad al Naamah est aussi un nom porté par τ Peg. C'est, au départ, l’arabe نيّر سعد النعام Nayyir Saᶜd al-Naᶜām, « la Propice de la Poutrelle [du Puits] », dans le cadre du ciel arabe traditionnel, nom qu’al-Tīzīnī (1533) affecte à ζ Peg[17],[18]. Dans la traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg, par Thomas Hyde (1665), le nom est transcrit ‘Lucida τῦ Sa’d AlNaâm’[19]. Nous apprenons d'un autre côté par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī que le couple formé par la 5e et la 6e étoile se nomme النعام al-Naᶜām[20],[21]. Or, en se référant à al-Ṣūfī, Richard Allen (1899) note ‘Sa’d AlNaâm’ en l’affectant par erreur au couple formé par la 15e et la 16e étoile ce qui donne τυ Peg au lieu de σζ Peg[4]. C’est ainsi que le nom Sad al Naamah se retrouve τ Peg dans les catalogues, notamment chez Christian Nitschelm (1989)[22],[23]

En Chine modifier

τ Peg est '离宫五, soit « la 5e étoile » de l'astérisme 离宫(pinyin : Lígōng), « Partir (?) du Palais »[24].

Références modifier

  1. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  2. (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 19r.
  3. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, p. 202-203.
  4. a b et c (en) Richard Hinkley Allen, « Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, p. 329. »
  5. (en) Harley Barlow Rumrill, « Star Name Pronunciation», in Publications of the Astronomical Society of the Pacific, vol. 48, n° 283 (1930), p. 152. »
  6. (en) Jack W. Rhoads, « A Reduced Star Catalog Containing 537 Named Stars, Pasedana : Jet Propultion Laboratory, California Institute of Technology, November 15, 1971, p. 17. »
  7. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen..., op. cit. p. 74.
  8. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 107.
  9. (la) Hugo Grotius, « Syntagma arateorum : Opus poeticae et astronomiae studiosis utilissimum, quo quae contineantur versa pagella indicabit, Lugduno Batavae », Ex officina Plantiniana : apud C. Raphelengium, 1600, « Notae ad imagines », p. 50. »
  10. (la) Johann Bayer, Uranometria…, op. cit., fol. 19r.
  11. (en) Richard Hinkley Allen, Star-names..., op. cit., p. 329.
  12. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes..., op. cit., p. 183.
  13. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Commentarii, p. 27. »
  14. (de) Friedrich Wilhelm Lach, « « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 443. »
  15. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. X.
  16. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2001, p. 194.
  17. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, p. 102.
  18. Roland Laffitte, Héritages arabes..., op. cit., p. 183.
  19. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Catalogus, p. 75. »
  20. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 92v. »
  21. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 122 (fr.), 123(ar).
  22. (en/fr) Christian Nitschelm, Catalogue des étoiles nommées : noms et caractéristiques = Catalogue of named stars : names and characteristics, Geneva : Geneva Observatory, 1989, p. 45.
  23. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2001, p. 194, n.375.
  24. (en) Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker, The Chinese Sky During the Han, Leiden / Köln : Brill, 1997, p. 105 et 219.