Tétracorde

polycorde formé par quatre sons successifs d'une échelle musicale

Le tétracorde est un polycorde formé par quatre sons successifs d'une échelle musicale. C'est un outil qui permet de décrire les gammes et modes usuels de la musique occidentale. Il permet également de construire de nouvelles échelles musicales appelées gammes synthétiques.

Histoire modifier

Le terme tétracorde est emprunté à la musique de la Grèce antique. Il désigne une succession de quatre notes. Deux tétracordes mis bout-à-bout forment une échelle musicale[1]. Ce concept est repris au Moyen Âge avec le système de l'octoéchos utilisé pour la construction des échelles mélodiques du chant grégorien. Dans le contexte de la musique tonale et du tempérament égal, on précise que le tétracorde doit être agencé en deux intervalles d'un ton et un intervalle d'un demi-ton[2]. Aujourd'hui, et notamment dans la théorie du jazz, la délimitation à un intervalle de quarte juste est abandonnée. Ceci permet d'utiliser la notion de tétracorde pour décrire de manière aisée tous les modes des systèmes courants tels que le système mineur mélodique, le système mineur harmonique et le système majeur harmonique.

Nomenclature modifier

Ron Miller propose une nomenclature des différents tétracordes[3] :

Tétracordes
Nom demi-tons Nom demi-tons
Lydien 2 2 2 Hongrois majeur 1 3 2
 
 
Ionien 2 2 1 Hongrois mineur 2 1 3
 
 
Dorien 2 1 2 Harmonique 1 3 1
 
 
Phrygien 1 2 2 Phrygien espagnol 1 2 1
 
 

Les tétracordes hongrois majeur et mineur sont empruntés aux gammes de la musique traditionnelle hongroise. Ces gammes sont harmonisées et fonctionnent donc de manière similaire aux gammes issues du système tonal majeur-mineur. La tradition classique ne retient que les tétracordes contenus dans une quarte juste, à savoir, les tétracordes ioniens, doriens, phrygiens et harmoniques[4].

Cette nomenclature permet de résumer de manière commode la structure de n'importe quelle échelle heptatonique en demi-tons.

Analyse des échelles heptatoniques modifier

Une échelle heptatonique est décomposable en deux tétracordes séparés par un intervalle intertétracordal.

Gamme majeure
Tétracorde inférieur intervalle intertétracordal Tétracorde supérieur
Intervalles ton, ton, demi-ton ton ton, ton, demi-ton
 
 
 

Le tableau suivant montre la structure de tous les modes du système majeur, communément appelés modes ecclésiastiques, ainsi que leurs intervalles successifs exprimées demi-tons :

Modes issus du système majeur
Tétracorde inférieur intervalle intertétracordal Tétracorde supérieur
Ionien Majeur ton Majeur
2 2 1 2 2 2 1
Dorien Dorien ton Dorien
2 1 2 2 2 1 2
Phrygien Phrygien ton Phrygien
1 2 2 2 1 2 2
Lydien Lydien demi-ton Majeur
2 2 2 1 2 2 1
Mixolydien Majeur ton Dorien
2 2 1 2 2 1 2
Aeolien Dorien ton Phrygien
2 1 2 2 1 2 2
Locrien Phrygien demi-ton Lydien
1 2 2 1 2 2 2

Construction de gammes synthétiques modifier

Les gammes synthétiques sont inventées à partir des gammes usuelles. Le mélange de tétracordes est une des techniques permettant de construire de nouvelles gammes. En assemblant les noms des tétracordes utilisés on obtient le nom de la nouvelle gamme[4].

Gamme phrygien majeur (napolitain majeur)
Tétracorde inférieur Tétracorde supérieur
Noms Phrygien ton Majeur
Demi-tons 1 2 2 2 2 2 1
Exemple en do
 
 
 
Gamme majeur harmonique
Tétracorde inférieur Tétracorde supérieur
Noms Majeur ton Harmonique
Demi-tons 2 2 1 2 1 3 1
Exemple en do
 
 
 
Gamme double harmonique
Tétracorde inférieur Tétracorde supérieur
Noms Harmonique ton Harmonique
Demi-tons 1 3 1 2 1 3 1
Exemple en do
 
 
 

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. Denis Arnold, Dictionnaire encyclopédique de la musique, vol. 2, Paris, Robert Lafont, , 987 p. (ISBN 9782221056554), p. 809
  2. A. Danhauser, Théorie de la Musique, Paris, Editions Henry Lemoine, , 195 p., p. 57
  3. (en) Ron Miller, Modal Jazz, composition & harmony, Advance Music, p. 16
  4. a et b Siron, Jacques, 1949-, La partition intérieure : jazz, musiques improvisées, Outre Mesure, (ISBN 2907891030, OCLC 422845909, lire en ligne), p. 497