Sujet sur Discussion Projet:Les sans pagEs

Apokrif (discutercontributions)

Discussion dans le Bistro sur un article précis, mais la question est plus générale (il y a probablement déjà eu des discussions, mais je ne les ai pas trouvées).

JusteJuju10 (discutercontributions)

Faudra songer à poser un {{Marronnier}} à force de voir toute les semaines une discussion au sujet de l'écriture inclusive...

À part ça, joyeuses fêtes de noël à tou.te.s les sans pagEs ;-)

Apokrif (discutercontributions)
Touam (discutercontributions)

Et bien moi ce sujet m'intéresse beaucoup. Il ne se réduit pas à la féminisation des noms de métiers, mais il réfléchit à l'expression féminine dans la société. Et, plus généralement encore, l'expression des sexes et genres.

(de mon opinion).

En préalable, il me semble que les femmes subissent un gros déficit de considération et d'expression ; qu'il est faux de dire que le genre masculin serait aussi le neutre. Qu'il en résulte que les femmes sont plus démunies pour se former une identité, et que toutes les formes d'écriture et d'expression peuvent considérablement aider à résoudre ce problème. Les textes sont un libre accès à la formation personnelle de cette identité, du moins la possibilité existe en nos contrées. Et wikipédia, avec son discours sur le savoir, est un des lieux importants.

Mais l'écriture dite inclusive, avec ses ".e", ses "féminisations de noms de métier", me parait insatisfaisante. Avec ses .e elle ne fait que transcrire un masculin en une autre forme typographique, mais en maintenant identique la forme générale du discours, le rendant supposément plus neutre, mais neutre en nos contrées veut dire masculin - en cela, l'académie française a raison. Elle n'est pas satisfaisante aussi parce que elle passe très mal à l'oral. Or, en ce qui concerne les relations homme-femme, l'oral est hyper important, que je sache et sauf erreur.

Pour moi, il faut expressément dire ce qui vient d'une femme et ce qui vient d'un homme. Et wikipédia, qui cherche une neutralité de sources et de proportions, non de forme et de conventions sociales, me parait une excellente base pour une construction de cette expression.

Après, comment faire ? Le français est une langue, en l'état, qui privilégie le masculin, qui a une expression très sexuée, sans genre vraiment neutre.

Mais déjà, à y regarder de plus près, il existe des tas de mots qui n'induisent pas un genre dans l'esprit du lecteur. Par exemple, si le mot "il" induit le masculin, le mot "tu" ou "je" n'induit ni masculin ni féminin ; il me semble qu'il faut privilégier ces mots là. Je n'ai aucune idée de la raison qui a fait que en français on distingue le sexe pour le "il" et "elle", et non pour le "tu". Mais c'est comme ça. Par exemple encore, dans l'exemple à l'origine de la discussion, "Liste des lauréats et lauréates du prix Nobel", on l'a remplacé par Liste des récipiendaires du prix Nobel, grâce au fait que récipiendaire a la même forme au féminin et au masculin. On aurait pu mettre aussi Liste des prix Nobel, ou encore plus simple Les prix Nobel.

Cependant, cette approche reste faible pour les groupes composés d'hommes et de femmes, c'est à dire heureusement la majorité des cas. On serait régulièrement obligé de dire "les uns tels et les unes telles..." ce qui est lourd - on ne peut pas dire "récipiendaire" à chaque fois.

Souvent, par la description des forces sociales, j'y arrive. Il faut mieux décrire les enjeux, les volontés.... finalement, il faut fuir le neutre. De plus, ce procédé ne favorise pas forcément l'expression sexuée, mais toute forme de présence concernant l'humanité. Elle a l'immense avantage de remettre le genre et la sexualité dans un enjeu humain, et même quelques fois de ne pas en parler du tout.

Mais souvent aussi, je ne trouve pas de solution en français correct, alors je réfléchis à l'usage des fautes de français, soit trouvées dans l'histoire de la langue, soit formées dans le style.

Dans l'historique de la langue, il y a le très connu accord de proximité. C'est bien je trouve. Il y a aussi l'assouplissement des genres de mots. On peut retrouver cette idée, en disant par exemple le voiture, la truc... Mais toutefois pour que ça marche il faut trouver un style, on ne peut pas faire des fautes pour le simple plaisir d'être moderne. Par exemple :

Les académiciens sont chiants : elles crachent ; ils fument ; elles sifflent ; ils rotent ; elles pètent ; ils sentent ; elles bavent ; ils toussent ; elles bégayent ; ils salissent ; elles reniflent ; ils puent ; elles gueulent ; ils forniquent ; elles collent ; ils médisent ; elles mentent et ils gloussent.

(on se marre comme on peut). On voit là que ce texte est fautif, mais qu'il créée par ses fautes un charme (il me semble) ; c'est la situation à laquelle il faut arriver.

L'écriture en .e a au moins l'avantage d'assouplir le regard du lecteur.trice. Elle l'oblige a une gymnastique intellectuelle massive sur la lecture. Elle est aussi fautive, d'une certaine façon. Pour l'instant il me semble que c'est un assouplissement, et peut être en sortira-t-il quelque chose de plus convaincant. Je ne la pratique pas moi même, mais elle peut aider à aller dans le bon sens. La féminisation des noms de métier, aussi, est souvent décrite comme fautive par ses détracteur.trice.s, donc c'est bien. Tout ce qui est fautif et trouve un charme va dans le bon sens. (mais l'écriture en .e n'a pas souvent du charme je trouve, ahem).

Bon voilà c'est tout pour aujourd'hui, merci de m'avoir lu, et on se tient au courant.

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