Site mégalithique de Larcuste

site archéologique de Colpo, France

Site mégalithique de Larcuste
Site mégalithique de Min Goh Ru
Image illustrative de l’article Site mégalithique de Larcuste
Cairn I du site de Larcuste.
Présentation
Type 2 cairns
Période Néolithique
Faciès culturel Chasséen
Protection Recensé à l'IGPC en 1986[1]
Caractéristiques
Dimensions m x 13 m
27 m x 30 m
Matériaux Pierres
Géographie
Coordonnées 47° 48′ 19″ nord, 2° 47′ 34″ ouest
Pays Drapeau de la France France
Région Bretagne
Département Morbihan
Commune Colpo
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
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Site mégalithique de Larcuste Site mégalithique de Min Goh Ru
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
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Site mégalithique de Larcuste Site mégalithique de Min Goh Ru
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Site mégalithique de Larcuste Site mégalithique de Min Goh Ru

Le site mégalithique de Larcuste est un site archéologique mégalithique situé dans le hameau homonyme sur la commune de Colpo dans le Morbihan. Il est parfois appelé site mégalithique de Min Goh Ru, de l'ancien nom du champ où il se trouve[2].

Protection modifier

Le site est référencé au sein de l'inventaire général du patrimoine culturel[1].

Description du site modifier

Situé dans les landes Lanvaux, zone riche en monuments mégalithiques, Larcuste est le centre d’une véritable nécropole préhistorique et protohistorique, citée dans d’anciens inventaires (Mahé-1825, Cayot-Delandre-1839, Rosenzweiq-1869[2]). On trouve autour de ce village de nombreuses traces visibles de l'occupation ancienne. Outre le site préservé actuel, des fouilles au XIXe siècle attestent l'existence de deux autres dolmens et d'un tumulus, qui sont aujourd'hui détruits. Il reste aussi dans les alentours de nombreux "peulvans" qui pourraient être des restes d’alignements, des pierres à cuvettes et un Lec'h bas arrondis d’époque protohistorique (époque de la Tène 450-50 av. J.C.). un talus devant une des habitations, arasé par le remembrement, comportait aussi de nombreuses pierres carrées qui formaient probablement le couloir d'un autre monument. Ces monuments ont été détruits pour les cultures, par le remembrement et par les anciennes fouilles. Le site préservé a été sauvé de justesse des destructions du remembrement en 1967 par l'historien Joël Lecornec ce qui a déclenché la campagne de fouilles[3] qu'il a mené avec Jean L'Helgouac'h.

L'ensemble mégalithiques encore existant est constitué actuellement de deux cairns dolméniques distants de 2 mètres l'un de l'autre, orientés dans la même direction, ouverture côté sud-est qui était a l'époque de leur construction dans l'axe du lever de soleil au solstice d'hiver.

Les monuments détruits modifier

Plusieurs monuments du site ont été fouillés au XIXe siècle ce qui nous permet d'en avoir une description sommaire.

Dolmen de Min Goh Ru modifier

Le dolmen de Min Goh Ru qui tient son nom du champ à l'époque où il a été fouillé dit de Min Goh Ru ou Mingoru (les pierres rouges). Il était disposé à 30m environ à l'est et en contrebas du site préservé. C'était un dolmen sans couloir, exploré en 1885 par M. Lallement.

Disposé Est-Ouest suivant le sens de la longueur, il comportait une dalle de couverture de 2,20 m x 1,40m, levée par M. Allanioux vicaire de la paroisse, qui devait reposer sur des murs en pierres sèches. La chambre circulaire mesurait 2,40m de diamètre, le sol était pavé et limité par des menhirs de 50cm de hauteur.

Le mobilier disposé en tas dans la partie Est comportait un grattoir et la partie supérieure d'un petit vase globuleux noir, à ouverture rétrécie et rebord légèrement déversé.

Dolmen de Motten Larcuste modifier

Situé dans le champ Motten Larcuste (la motte Larcuste) à 300 mètres à l'est du village, c'était un cairn comprenant un dolmen à couloir qui a été fouillé en 1885 par M. Henri de Cussé. Il en subsiste aujourd'hui des traces au sol qui en fonction de la végétation permettent encore parfois d'apercevoir le couloir et la chambre.

La chambre de 3,20 m de long et 0,80 de haut, était couverte par une dalle de 2,20 m de long et 2m de largeur, isolée du couloir par une forte pierre. Elle possédait un dallage.

 
Dolmen de Motten Larcuste. Dessin du mobilier trouvé lors des fouilles de 1885 et photo d'une lamelle en silex gris trouvée a proximité en 1996.

Le matériel lithique recueilli près des menhirs de tête comprend 1 éclat de silex, 2 grandes lamelles, une petite lamelle, un grattoir discoïde, un grain de collier en quartz jaune, un pendeloque en talc, divers fragments de poteries, un beau couteau en silex jaune de 0,15 m de long dit du Grand Pressigny, en «feuille de laurier», aux bords retaillés dans toute leur longueur formant chanfrein et une hache polie en dolérite (Ces deux dernières pièces sont visibles au musée d'archéologie de la Société polymathique du Morbihan à Vannes). Plus récemment, sortis de terre par le labourage, il a été trouvé à proximité, 2 éclats de silex, 1 grande lamelle en silex gris, un percuteur en quartz et 2 fragments de poteries (collection particulière).

Tumulus de Motten Larcuste modifier

Ce tumulus a été fouillé en 1885 Par M. Lallement. Il était de type étalé et recouvrait une tombe de pierre sèche de 2 × 1,30 m. Il se trouvait dans le même champ que le dolmen du même nom.

Le matériel lithique recueilli comprenait un vase à 4 anses plates, prenant bien sur la carène et ne rejoignant le haut qu'à 1.5cm en dessous du rebord donnant un col élevé (visible au musée d'archéologie de la Société polymathique du Morbihan à Vannes).

Le site actuel modifier

 
Façade du Cairn I

Composé de deux cairns, le site de Larcuste a fait l’objet d’une campagne de fouilles de 1968 à 1972 par Jean L'Helgouac'h et Joël Lecornec. Le premier des deux cairns (cairn I) de forme ovalaire circonscrit par 2 ou 3 parements, contient deux dolmens à couloir. Le second monument (Cairn II) à quelques mètres au sud-ouest du précédent à une disposition dite à chambres latérales.

Les dolmens du Cairn I semblent avoir été construits entre 5000 et 4200 ans avant J.C. en attestent les symboles gravés connus à Barnenez et une poterie du type Carn trouvée dans le matériel lithique. Les couloirs sont apparemment utilisés pendant un court laps de temps, puis obstrués.

Le Cairn II semble avoir été édifié par la nécessité d’augmenter la capacité sépulcrale. Les mesures effectuées sur des charbons de bois prélevés sur le sol contemporain de la création de la tombe indique 4500 avant J.C. Les analyses radiocarbones démontrent qu’a la fin du néolithique le cairn est encore en parfait état. Le couloir dessert 6 petites chambres indépendantes, chacune recouverte d'une dalle unique et s'ouvrant sur un couloir axial. Chaque cellule fut soigneusement obstruée, après utilisation, par une pierre placée sur chant, doublée par une murette de pierre sèche qui venait se fondre complètement dans la paroi du couloir rendant sa présence indécelable pour un visiteur ultérieur[4].

Les cairns de Larcuste, non fréquentés au néolithique final, ne sont réoccupés qu’au Bronze Moyen (présence d’urnes funéraires).

Cairn I modifier

 
Cairn I, dolmen à deux couloirs

Ce cairn (de dimensions 8,5 m par 13 m)[5], date de la fin du Ve millénaire av. J.-C.. Il comporte deux dolmens à chambre simple et à couloir orienté Sud-Ouest/Nord-Est suivant le grand axe. le dolmen 1A conserve ses deux tables en place, le dolmen 1B devait être couvert par une structure de pierres sèches en encorbellement[6]. Le dimorphisme du Dolmen 1A avec le dolmen 1B n'est pas exceptionnel, il existe notamment dans le grand cairn de Barnenez Finisterre.

Les entrées s’ouvrent au Sud-Est sur une aire au dallage régulier. Deux parements principaux, espacés de 0,8m à 1m englobent totalement l'édifice de forme générale rectangulaire. Un blocage de pierres disposées en arc de cercle protégeait le parement de la façade (10 m de long). Les profils des poteries provenant du cairn I, à l’exception des urnes protohistoriques et du vase type Colpo, se rapportent au style de Carn (en référence au matériel lithique trouvé dans le dolmen de l'île de Carn à Ploudalmézo[7]).

Le vase type Colpo modifier

Les fragments découverts à la base du mur de parement entre les deux dolmens permettent la reconstitution d’une coupe à pied creux d'un type original de céramique dit aujourd'hui type de Colpo. Cette découverte a permis de détecter d'autres coupes de ce type dans des mobiliers provenant de fouilles plus anciennes sur d'autres sites. Il est conservé par le Musée de Bretagne à Rennes (non exposé).

Le dolmen IA modifier

La chambre de forme oblongue (3,30 m L x 3,10 m l), légèrement déportée vers la droite du couloir, est bordée de dalles verticales non jointives, séparées par de petits murets en pierres sèches. Le tout est recouvert par une imposante table de granite (4 m x 3,2 m) d’environ 15 tonnes et 10m². Le sol est soigneusement pavé.

 
Cairn I, vue des dolmens. Au premier plan le dolmen 1B, au deuxième plan la dalle de couverture du dolmen 1A

L'accès se fait par un couloir court (2,8 m Lx 1,1 m l x 0,8 m H) limité comme la chambre par 4 dalles non jointives intercalées par des murets en pierres sèches, son sol est soigneusement pavé.

Le mobilier est peu abondant. On a trouvé devant l’entrée un vase à col resserré, lèvre simple, pâte rougeâtre ou brunâtre bien lissé, Un bol assez grossier  de 55mm de haut par 95mm de diamètre à surface bosselée noirâtre et dans la chambre, 80 silex minuscules dont une petite armature triangulaire.

La dalle verticale au fond de la chambre comporte un signe en U très classique dans l'art des dolmens à couloir.

Le dolmen IB modifier

Situé au Sud-Ouest du précédent, sa chambre, très nettement déportée vers la droite de l’axe du couloir, est irrégulièrement ovalaire (3,20 m x 2,90 m). Sa paroi est composée de dalles verticales jointives ou séparées par des murets en pierre sèches. A peine visibles, deux dalles de la chambre portent des gravures, des Signes en U superposés sur une dalle et sur une autre dalle une ligne ondulée qui est peut-être associée à une crosse. Le nombre important de pierres plates en granite entassées dans la chambre, laissent supposer une couverture en encorbellement effondrée à l'âge du bronze.

Le couloir de 3,10 m de long est bordé de dalles de granite. Il présente une structure particulière, sur le côté droit de petites dalles verticales plates ont été dressées en avant de la paroi principale réduisant la largeur du passage de 1m à 0,65m. Il y a été exhumé un bol grossier en céramique classique du néolithique moyen et devant l’entrée un bol simple à lèvre en sifflet.

Dans la chambre se trouvait une énorme urne à cordon d'époque protohistorique, décorée d’empreintes de doigts et à pied évasé (fin de l’âge du bronze) attestant la réoccupation tardive du monument, une urne à fond rond et 8 éclats laminaires en silex blond.

Cairn II modifier

 
Le Cairn II, vue des chambres latérales.

Ce cairn d'environ 200 m², dont La forme générale est oblongue, irrégulière, sans angularité, s'inscrit dans un rectangle de 27 m du Nord au Sud et de 30 m[5] d'Est en Ouest selon l'axe du couloir dont l'entrée s'ouvre sur la face Sud-Est et donne accès à un couloir axial unique (10,20 m  x 1,10 m) bordé par des parois maçonnées à sec et à chambres latérales.

 
Cairn II, dolmen à couloir.

La construction est d'un type plus récent que le cairn I et il a été daté au radiocarbone de 4500 avant J.C. (5490 +/- 120 GIF 2826).

La première partie du couloir de 4m de long se poursuit en ligne droite dans l'axe Est-Ouest sur 6,20 m en desservant les six chambres latérales réparties de part et d'autre. Elles sont de formes subcirculaires ou rectangulaires, pavées, encore couvertes pour certaines d'une dalle de granite. Cinq des chambres ont été fermées par une dalle de seuil complétée par un muret de pierres sèches, la sixième uniquement avec un muret. Ces murets venaient se fondre dans la paroi du couloir, rendant insoupçonnable l'existence des chambres aux profanateurs. Cela semble avoir fonctionné au moins pour les gens de la fin du néolithique qui allumèrent des foyers datés entre 2900 et 2100 av. J.-C. ainsi que pour ceux de l'âge du bronze qui ont réutilisé le site. Par la suite, les pillards n'ont épargné que 2 parties, l'une devant l'entrée, sous les éboulis, l'autre au milieu du couloir, sous une souche de châtaigner.

Le matériel lithique recueilli dans ces deux parties épargnées se compose d'une demi-douzaine de silex dont deux nucléus, une sorte de double perçoir, un fragment de lamelle en silex jaune pâle retouché sur les deux côtés et un fragment de couteau.

Devant la façade et provenant sans doute du couloir, sont recueillis 220 tessons, qui permettent la reconstitution partielle de 9 vases. La céramique trouvée devant l'entrée et au milieu du couloir (vase à épaulement, écuelle comportant 2 perforations sur le rebord, gobelet orné de fines moulures incisées se rejoignant sous le fond) complètent la glane archéologique.

Les objets découverts devant la façade sont de type chasséen.

Notes et références modifier

  1. a et b « Tombeaux », notice no IA00009482, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a et b Jean L'Helgouach et J. Lecornec, « Le site mégalithique " Min Goh Ru " près de Larcuste à Colpo (Morbihan) », Bulletin de la Société préhistorique française. Études et travaux, vol. 73,‎ , p. 370–397 (ISSN 0583-8789)
  3. « Colpo. Larcuste sauvé des dents de la pelle », sur Le Telegramme, (consulté le )
  4. Chauviteau-Lacoste 2015, p. 82
  5. a et b « Cairns de Larcuste », Megalithes-du-morbihan.com
  6. Giot 1997
  7. Pierre-Roland Giot et Guirec Querré, « Premiers apports de la Pétro-Archéologie à 1'étude des poteries préhistoriques et protohistoriques armoricaines », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 84, no 6,‎ , p. 178 (DOI 10.3406/bspf.1987.9828, lire en ligne, consulté le )

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Pierre-Roland Giot, La Bretagne des mégalithes, Rennes, Ouest-France, , 127 p. (ISBN 2-7373-2230-8), page 85
  • Annabelle Chauviteau-Lacoste, Aux origines d'une île...Dolmens et menhirs de l'Île d'Yeu, La Roche-sur-Yon, GVEP, , 101 p. (ISBN 2-9523226-1-9)
  • Philippe Gouézin, Les mégalithes du département du Morbihan: Structures funéraires et pierres dresses / Analyses architecturales et spatiales, Archaeopress Publishing Ltd, (ISBN 978-1-80327-039-5)
  • Jean-Etienne Picaut, Colpo ou La metairie de Kervodo, Commune de Colpo,
  • Phillipe Gouezin, Les mégalithes du Morbihan intérieur : des Landes de Lanvaux au nord du département, Laboratoire d’Anthropologie université Rennes 1, coll. « Patrimoine Archéologique de Bretagne, Coéd. Institut Culturel de Bretagne », , 127 p.
  • Jean L'Helgouach et Joël Lecornec, « Le site mégalithique « Min Goh Ru » près de Larcuste à Colpo (Morbihan) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 73, no 1,‎ , p. 370–397 (DOI 10.3406/bspf.1976.8399)

Liens externes modifier