Schéma de Lax-Friedrichs

Le schéma de Lax–Friedrichs, d'après Peter Lax et Kurt Friedrichs, est défini en analyse numérique comme une technique de résolution numérique des équations aux dérivées partielles de type hyperbolique, basée sur la méthode des différences finies. Cette technique repose sur l'utilisation de différence finie décentrée en temps et centrée en espace. On peut considérer le schéma de Lax–Friedrichs comme une alternative au schéma de Godunov, où l'on évite de résoudre un problème de Riemann à chaque interface de la cellule, au prix d'ajouter de la viscosité artificielle.

Illustration sur un problème linéaire modifier

Considérons l'équation d'advection linéaire en dimension 1 d'espace et de temps, dont une solution u(x,t) doit vérifier :   sur le domaine   avec la condition initiale   et les conditions de bords    

La solution exacte de l'équation d'advection au temps   est  

La méthode des différences finies consiste à chercher une solution discrète définie sur les points de coordonnées   avec  

On recherche alors la solution discrète  

Le schéma de Lax–Friedrichs appliqué à l'équation d'advection donne :  

On obtient alors de manière explicite l'inconnue uin+1 :   ce qui constitue ainsi le schéma de Lax-Friedrichs, complété par la condition initiale et les conditions de bord :      

Une propriété remarquable de ce schéma est qu'il découple les points « pairs » (i.e. uin avec i pair) et « impairs » ce qui n'est pas « naturel » car les valeurs uin et ui+1n devraient a priori suivre des évolutions voisines (pour une solution u régulière)[1].

Extensions aux problèmes non linéaires modifier

Un système hyperbolique de lois de conservation à une dimension d'espace est défini par    est appelé fonction de flux.

Dans le cas particulier où  , on retrouve un problème linéaire scalaire. Dans le cas général,   est un vecteur ayant   composantes. La généralisation du schéma de Lax-Friedrichs aux systèmes non linéaires prend la forme[2]  

Ce schéma conservatif est d'ordre 1 en espace et en temps, et donc assez diffusif. On peut en revanche l'utiliser pour construire des schémas d'ordre supérieur pour résoudre des systèmes d'équations aux dérivées partielles hyperbolique, de la même façon que la méthode d'Euler sert à construire les méthodes de type Runge-Kutta plus précises pour la résolution des équations différentielles ordinaires.

Ce schéma peut être écrit sous sa forme conservative :   

En l'absence des termes   et   dans le flux discret,  , on retrouve le schéma explicite centré instable [1].

Stabilité et précision numérique modifier

 
Comparaison de solutions numériques de l'équation d'advection linéaire en dimension 1 d'espace et temps obtenues par les schémas de Lax-Friedrichs, Lax-Wendroff, Leapfrog et Upwind. La courbe en noir représente la solution exacte.

Le schéma de Lax-Friedrichs est explicite et d' ordre 1 en espace et en temps. Pour cette raison, il n'est pas beaucoup utilisé en pratique mais il sert d'exemple pour illustrer l'étude de la stabilité de Von Neumann d'un schéma numérique.

Le schéma de Lax-Friedrichs est stable pourvu que la condition suivante soit satisfaite :  

En réarrangeant les termes de l'équation (3) on obtient [3] :  

Sous cette forme, le schéma ressemble à un schéma de discrétisation de l'équation d'avection-diffusion :   avec  , et illustre ainsi le caractère diffusif du schéma et le concept de viscosité artificielle.

Une analyse plus rigoureuse[4] consiste à injecter dans l'équation du schéma numérique les développements de Taylor de la fonction   aux points utilisés par le schéma; on obtient alors l'erreur de troncature locale :   ce qui démontre au passage l'ordre 1 en temps et en espace (en ayant fixé  ) et que le schéma de Lax-Friedrichs fournit une approximation de l'équation modifiée de type advection-diffusion   avec   et  .

Le caractère diffusif et dispersif de plusieurs schémas numériques (dont Lax-Friedrichs) est illustré sur la figure de droite.

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lax–Friedrichs_method » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b B. Després et François Dubois, Systèmes hyperboliques de lois de conservation, Application à la dynamique des gaz, Les Éditions de l'école Polytechnique, (ISBN 2730212531), chapitre 2
  2. LeVeque, Randy J. Numerical Methods for Conservation Laws, Birkhauser Verlag, 1992, p. 125.
  3. R. J. LeVeque, Finite difference methods for Ordinary and partial differential equations, SIAM, (ISBN 0898716292), section 10.2.3
  4. E. F. Toro, Riemann solvers and numerical methods for fluid dynamics, Springer, 2nd edition, (ISBN 3540659668), chapitre 5

Voir aussi modifier