Safran Patroller

drone tactique
(Redirigé depuis Sagem Patroller)

Le Patroller est un drone tactique (Tactical Unmanned Air Vehicule) de renseignement conçu par la société Safran Electronics & Defense (anciennement Sagem). Il est fabriqué en France, la cellule étant fournie par le constructeur allemand Stemme.

Patroller
Vue de l'avion.
Safran Patroller au salon du Bourget 2019

Constructeur Safran Electronics & Defense
Rôle Drone TUAV
Statut En développement
Premier vol [1]
Mise en service
Coût unitaire 20-30 millions d'Euros
Motorisation
Moteur Rotax 914F
Nombre 1
Type 4-cylindres turbocompressés à refroidissement liquide
Puissance unitaire 86 kW
Dimensions
Envergure 18[1] m
Longueur 8,5[1] m
Performances
Vitesse de croisière 200 km/h
Vitesse maximale 314 km/h
Plafond 7 620 m
Rayon d'action 180 km
Endurance 14 h

Historique modifier

Origines modifier

Sagem commence l'étude d'un drone en associant de manière pragmatique une plate-forme existante et éprouvée avec des capteurs et un système de transmission[2]. Cette démarche permet de réduire le temps de développement. Il s'adresse pour cela à Stemme AG, un spécialiste allemand des motoplaneurs, qui dispose du Stemme S15.

Le Stemme S15 (en) est dérivé du modèle S6, dont le premier vol a lieu le [3]. Il s'agit d'un motoplaneur d'entraînement, biplace côte à côte. Le S6 est équipé d'un train tricycle rétractable, d'une hélice tripale et d'un moteur dont la puissance varie selon les types de 100 à 115 ch.

La version S15 est un drone optionnellement pilotable certifié AESA CS22[4] [source insuffisante], destiné à l'observation et la surveillance. Il est doté d'un moteur de 115 ch et d'un point d'emport sous chaque aile.

Développement modifier

 
La boule optronique gyrostabilisée Sagem Euroflir 410 (au fond) est l'équipement d'observation du prototype du drone Patroller

Le Patroller effectua son premier vol le à Kemijärvi en Finlande[1].

Sur la base du Stemme S15, cet aéronef piloté à distance est adapté au fur et à mesure pour recevoir différentes charges utiles, un système optronique, l'Euroflir 410, des équipements d'écoute Comint/Sigint ou un radar (fabriqué par Finmeccanica). Les essais en vol de l'Euroflir 410 ont lieu en 2014, de même que l'emport de charges de 100 kg sous voilure[5] ,[6].

Le drone profite de la certification AESA du S15, qui lui permet de s'insérer dans la circulation civile. Cette capacité est testée fin 2014 dans le cadre du programme européen Odrea, une démonstration opérationnelle d'un système de drone dans un espace aérien[7]. Le Patroller est capable d'éviter automatiquement un autre aéronef et d'effectuer l'approche d'un aéroport civil.

Il démontre par ailleurs une autonomie de plus de 20 h, une vitesse de croisière évoluant entre 100 et 200 km/h et la possibilité d'être transporté dans un conteneur standard. Sa capacité d’emport de 250 kg lui permet l’intégration de plusieurs capteurs et à terme d’armement tel que les roquettes guidées laser et le missile antichar MMP[8] ,[6].

Pays utilisateurs modifier

 
Drone Safran Patroller lors du salon du Bourget 2017

  France modifier

Un appel à candidature est émis par la direction générale de l'Armement en , pour réaliser le système de drone tactique (SDT), en remplacement du système de drone tactique intérimaire (SDTI)[9], c’est-à-dire le Sperwer déjà produit par Sagem.

Quatre firmes se mettent alors sur les rangs, Thales avec le Watchkeeper, Sagem avec le Patroller[10] , Airbus Defence and Space en adaptant le Shadow 200 de Textron et IAI, associé à l’équipementier français Latécoère. Le Watchkeeper part initialement favori, l'achat de cet équipement ayant été évoqué lors des accords franco-britanniques de Lancaster House de 2010[11] ,[8]. Seuls Sagem et Thales remettent leur candidature[12].

Le , le Patroller est sélectionné pour équiper l’Armée de terre. Le contrat porte sur quatorze appareils[13] ,[14]. Il embarquera le radar et le Comint de Thales ainsi que le système optronique de nouvelle génération Euroflir 410 de Safran Electronics & Defense[15]. Les livraisons étaient prévues, en date de 2015, pour 2019-2020 pour une mise en service en 2020[16] au sein du 61e régiment d'artillerie. La loi de programmation militaire française prévoit la livraison de 5 drones en 2019, 14 autres en 2020, et 2 systèmes supplémentaires en 2024[17].

Le , un drone Patroller s’est écrasé près de la Base aérienne 125 Istres-Le Tubé, lors d’un « vol de réception industrielle » réalisé dans le cadre du programme de Système de Drone Tactique[18].

Ce crash entraîne un report de livraison du Patroller à l'Armée de terre pour fin 2022[19]. Les premiers vols de formation dans l'armée française commencent en début 2024[20].

  Égypte modifier

Safran Electronics & Defense et la firme aéronautique égyptienne AOI-Aircraft Factory signent en un accord d'assemblage des Patroller en Égypte, pour répondre aux besoins des forces armées égyptiennes[21] ,[22]. AOI-Aircraft Factory créera en Égypte une infrastructure pour former les opérateurs et les équipes de maintenance des drones.

  Grèce modifier

En juin 2023, l'Armée de Terre grecque commande quatre drones Patroller (non armés) avec trois stations sol dans l'objectif de remplacer les systèmes Sperwer utilisés depuis les années 2000. Les livraisons sont prévues pour fin 2024 et 2025[23].

Notes et références modifier

  1. a b c et d (en) « Patroller MALE Unmanned Aerial Vehicle (UAV), France », airforce-technology.com (consulté le ).
  2. Jean-Dominique Merchet, « Drone : le Patroller, une solution pragmatique », sur secretdefense.blogs.liberation.fr, 22 avril 2010 (mise à jour : 28 janvier 2015).
  3. Michael Colaone, « Drone Patroller : Sagem choisit un marché très concurrentiel », sur aeroplans.fr, .
  4. EASA Certification Specifications (CSs). CS-22 Sailplanes and Powered Sailplanes.
  5. François Julian, « Eurosatory 2014 : Sagem maintient la pression avec le Patroller », sur air-cosmos.com, .
  6. a et b Michel Cabirol, « Pourquoi le Patroller de Safran a gagné face au Watchkeeper de Thales », sur latribune.fr, .
  7. Michel Cabirol, « Face au Watchkeeper, le drone Patroller de Safran joue crânement sa chance », sur latribune.fr, .
  8. a et b Guillaume Belan, « Patroller : Les raisons d'un choix », Air et Cosmos, no 2486,‎ , p. 22-23.
  9. Guillaume Belan, « France: La compétition pour le futur drone tactique est lancée », sur air-cosmos.com, .
  10. Gabrielle Carpel, « Eurosatory 2014 : Thales prépare son Watchkeeper pour la France », sur air-cosmos.com, .
  11. Gabrielle Carpel, « Drone tactique français : un appel d'offres attendu pour l'été », sur air-cosmos.com, .
  12. George de Bonadona, « SDT : Thales et Sagem s'activent », sur air-cosmos.com, .
  13. Guillaume Belan, « Le futur drone tactique de l'Armée de terre est le Patroller de Sagem », sur air-cosmos.com, .
  14. Dominique Gallois, « Sagem préféré à Thales pour les drones tactiques », sur lemonde.fr, .
  15. « Safran dévoile son nouveau système optronique Euroflir 410 », Mer et Marine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Jean-Dominique Merchet, « Le drone Patroller ne pourra pas, pour l’instant, voler librement en France (actualisé) », sur lopinion.fr, .
  17. Laëtitia Le Roy, « Drone SDT Patroller : L'instruction des télé-pilotes a commencé », Terre information magazine, no 295,‎ , p. 38-39.
  18. « Un drone tactique Patroller destiné à l'Armée de terre s'est écrasé lors d'un vol de réception industrielle », sur Zone Militaire, (consulté le ).
  19. « L’Armée de terre ne recevra le drone tactique Patroller qu’en 2022, après des défaillances », sur Capital.fr, (consulté le ).
  20. « Le drone Patroller décolle », sur www.defense.gouv.fr (consulté le )
  21. « L'Égypte assemblera ses drones Patroller (Sagem) », sur aerobuzz.fr, .
  22. Beth Stevenson, « Sagem signs teaming agreement to offer Patroller UAV to Egypt », sur flightglobal.com, .
  23. Michel Cabirol, « Le drone tactique Patroller accroche son premier client à l'export (Grèce) », sur La Tribune, (consulté le )

Liens externes modifier