Roger Allo
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Roger Constant Joseph AlloVoir et modifier les données sur Wikidata
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Roger Allo, né le à Saint-Nazaire et fusillé par l'armée allemande le à Martignas-sur-Jalle, est un syndicaliste et militant communiste qui combat en Espagne pour la République dans les Brigades Internationales avant de s'engager dans la Résistance[1].

Biographie modifier

Roger Allo nait le à Saint-Nazaire (alors Loire-Inférieure)[1]. Son père est marin. Il a un frère cadet de six ans, Louis, et une sœur, Régine[2].

Activités politiques et syndicales modifier

Roger Allo est chaudronnier aux Chantiers du Sud-ouest à Bacalan, un quartier populaire et industriel de Bordeaux. Il effectue son service militaire au 61e régiment de tirailleurs, à Kenitra au Maroc[3]. Licencié en 1928[2], il retrouve un emploi chez Malleville & Pigeon, un garage revendeur d'automobiles de la place Sainte-Croix[1].

Il entre aux Jeunesses communistes de Bacalan en 1925, et est délégué à leur congrès national du [3]. En 1929 et 1930, entré à la CGT[3], il est le secrétaire du syndicat unitaire des Métaux de Bordeaux. On le trouve en inscrit sur la liste communiste pour les élections municipales de Bordeaux, et il présente en à la Bourse du travail un rapport sur les assurances sociales coécrit avec son frère Louis. Attentif à la formation professionnelle, il siège au jury de du CAP de tôlier-formeur[3]. En , Roger est l'un des trois membres du conseil de la 19e entente des Jeunesses communistes[Note 1],[2], et le mois suivant il est élu membre du comité régional du Parti communiste. Mais en , il est exclu du Parti pour indiscipline[2].

Les Brigades Internationales modifier

 
Photographie publiée dans La Gironde populaire, août 1937.

Quand débute la guerre d'Espagne, ses fonctions de secrétaire du Secours Rouge international le font s'impliquer dans le soutien logistique aux Républicains d'outre-Pyrénées[2].

En 1936, il gagne Albacete, et s'engage avec son frère Louis Allo dans les Brigades Internationales[1]. En 1937, Louis est blessé devant Huesca ; il meurt à l'hôpital, auprès de Roger[4],[Note 2]. Celui-ci continue le combat encore un an, mais rentre en France en pour y effectuer une période militaire obligatoire[2]. Il retrouve du travail chez un carrossier au 164, cours de la Somme à Bordeaux[1].

La Résistance modifier

Après sa démobilisation en 1940, il reprend bien entendu le combat politique au sein d'un Parti communiste désormais illégal[5].

Le , la police française appréhende Roger et 147 autres militants communistes en application des décrets de l'hiver 1939-1940[Note 3]. Il est interné au 24, quai de Bacalan[1] puis au camp de Mérignac-Beaudésert[1],[2]. Le , la préfecture le décrit ainsi, dans une note destinée à la Feldkommandantur : « Militant actif et dangereux, soupçonné de se livrer à l’intérieur du camp à une sournoise propagande révolutionnaire »[5].

Le , la Résistance abat à Bordeaux un officier allemand[Note 4] : en représailles, l'occupant nazi exige la remise de cinquante otages[2],[6] : Roger fait partie des hommes que désigne le préfet Pierre-Alype[Note 5]. Le 23, il est conduit à la prison du Fort du Hâ au centre de Bordeaux avec un autre dirigeant communiste ancien brigadiste, le docteur Charles Nancel-Pénard ; là, le préfet leur propose de renier leurs convictions en échange de la vie sauve, ce qu'ils refusent. Ils sont renvoyés à Beaudésert[6].

Le lendemain , à l'âge de 35 ans, Roger Allo est fusillé par les Allemands au camp militaire de Souge, à Martignas-sur-Jalle[7],[1].

Famille modifier

Sa compagne[8] Ida Goldmann, chimiste française d'origine juive née à Vilnius, qui continue à rendre visite à Roger et Régine alors en détention, est internée à son tour à Beaudésert. En , elle sera déportée à Drancy puis le à Auschwitz, où elle décèdera[9].

Sa sœur Régine survit à sa déportation politique au camp de Ravensbrück. Elle épouse un compagnon de ses frères, Henri Chassaing, prisonnier de guerre évadé, résistant, militant politique et syndical. Leur fille Henriette dite Cany Poirier, membre du comité central du Parti communiste, dirigeante de la fédération de la Gironde du PCF, députée au Parlement européen, conseillère régionale et conseillère municipale de Floirac, est morte le [7].

Hommages modifier

Une rue de la ville de Bordeaux porte son nom. Des stèles sont également apposées dans l'actuel camp militaire, dans son quartier de Bacalan et à la Bourse du travail de Bordeaux.

 
Stèle à la mémoire des habitants de Bacalan victimes de l'occupation

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Avec Charles Lahousse et André Vrigneaud.
  2. L'hypothèse selon laquelle Louis aurait été tué par des Communistes est démentie en 1998 par son beau frère Henri Chassaing, sur la foi du témoignage posthume de Roger.
  3. Le décret du 26 septembre 1939 du gouvernement d’Édouard Daladier dissout le Parti communiste. Les élus communistes sont ensuite déchus de leurs mandats par la loi du 20 janvier 1940. Enfin le décret du 12 avril 1940 dit « décret Sérol » — du nom du ministre socialiste Albert Sérol dans le gouvernement de Paul Reynaud pendant la Drôle de guerre — instaure la peine de mort pour tout français ayant participé sciemment à une entreprise de démoralisation de l'armée ou de la nation — visant particulièrement les communistes.
  4. Le conseiller militaire Hans Reimers, abattu par Pierre Rebière.
  5. La liste comprend 37 communistes, 7 résistants gaullistes, 5 hommes interpellés alors qu'ils tentaient de gagner l'Espagne ou l'Angleterre et un jeune syndicaliste arrêté pour fait de résistance, tous incarcérés au camp de Beaudésert ou au Fort du Hâ.

Références modifier

  1. a b c d e f g et h « Michel Cardoze évoque la mémoire de Roger Allo », France Bleu,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e f g et h « ALLO Roger, Constant, Joseph - Maitron », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr (consulté le )
  3. a b c et d « Roger Allo », sur ffi33.org
  4. « Témoignage d'Henri Chassaing, beau-frère de Roger Allo, lors du procès de Maurice Papon à Bordeaux », sur www.matisson.com,
  5. a et b « Roger Allo », sur Association du souvenir des fusillés de Souge
  6. a et b « La politique des otages », sur Association du souvenir des fusillés de Souge
  7. a et b « Carnet », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Résistance. À Souge, ils sont morts sous les balles nazies », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Ida Goldmann », sur Association des fusillés de Souge