Ranieri Belforti (seconde moitié du XIIIe siècle-† ) fut évêque de Volterra (Ranieri IV) du à sa mort.

Ranieri IV Belforti
Biographie
Naissance Seconde moitié du XIIIe siècle
Volterra
Décès
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Volterra

Blason

Biographie modifier

Ranieri Belforti est né à Volterra dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Il était le fils de Belforte Belforti, qui appartenait à une famille noble de la ville. Son frère, Ottaviano Belforti, sera seigneur de Volterra en 1340.

Il exerça tout d'abord une activité politique au sein des institutions de la république de Volterra. Comme tous les membres de sa famille, il appartenait au parti guelfe. À la tête du gouvernement des Anziani, il chassa de la ville en 1286 l'évêque Ranieri II Ubertini, qui avait tenté de restaurer le pouvoir politique épiscopal sur la cité, avec l’aide de familles gibelines volterranes et de milices arétines[1].

Par la suite, il embrassa la carrière religieuse et devint chanoine de la cathédrale Santa-Maria-Assunta de Volterra. En 1296, il réussit à accorder les diverses factions de la cité et à leur faire conclure la paix. Les exilés purent rentrer. Ce succès lui valut l'estime de ses concitoyens, qui apprécièrent à cette occasion son caractère énergique et son intelligence.

Le pape Boniface VIII avait décidé le , au regard de la situation de l'Église locale, de se réserver la faculté de nommer l'évêque de Volterra chaque fois que le siège épiscopal serait vacant[2]. C'est ainsi qu'il nomma Ranieri Belforti évêque de la ville (Ranieri IV Belforti) le [3], après des mois de vacance. La consécration fut célébrée par l'évêque de Pistoia le . Ce choix récompensa une famille noble devenue prééminente à Volterra, d’une tradition guelfe ancienne, et qui avait toujours par le passé pris la défense des « libertés » ecclésiastiques. On ignore précisément quelles manœuvres elle employa, et quels services elle rendit à la Curie romaine pour obtenir ce siège épiscopal qu’elle convoitait depuis longtemps. On sait cependant que Ranieri Belforti, alors qu’il était chanoine, servit les ambitions de Boniface VIII en Toscane, et assista à Florence le vicaire pontifical Charles de Valois.

L'accession au siège épiscopal de Volterra d'un membre de la famille Belforti facilita l'ascension de cette dernière. Ranieri ne se priva d'ailleurs pas de la favoriser grandement, au point que vingt ans après sa mort son frère Ottaviano fut en position de s’emparer de la seigneurie de la cité.

 
Gravure d'une monnaie frappée par la république de Volterra. Le recto représente l'évêque Ranieri IV Belforti (RANERIVS).

La première préoccupation du nouvel évêque fut de reconstituer, au moins partiellement, le patrimoine épiscopal et les droits et privilèges impériaux concédés par Frédéric Barberousse et Henri VI à ses prédécesseurs Galgano Pannocchieschi (1150-1170) et Ildebrando Pannocchieschi (1185-1211). Il entama dans ce but des négociations avec la Commune de Volterra. Celle-ci était, parmi ses adversaires, la mieux disposée, ou la moins irréductible. En effet, il avait levé le les excommunications qui frappaient certains des dirigeants de cette cité, prononcées par son prédécesseur Ranieri II Ubertini en raison de l’occupation par la Commune du château épiscopal de Montecastelli. Les pourparlers étaient engagés et il avait bon espoir de voir ses intérêts progresser, lorsque les autorités de la ville firent volte-face. Il fut contraint de lui faire un premier procès en 1304. Les discussions avec les Florentins n’eurent pas plus de succès. Ces derniers s’opposèrent à toutes les revendications de Ranieri. Il dut faire appel au pape en 1305 pour obtenir la restitution de plusieurs châteaux épiscopaux concédés en usufruit par Ranieri II Ubertini à la République florentine en 1284 pour une durée de dix ans. De manière générale, il ne put s’opposer à la puissance des Communes de Toscane, et singulièrement de Florence, avec laquelle il était pourtant lié par un traité d’alliance. Elles restèrent inflexibles face aux prétentions épiscopales concernant la possession des châtellenies sur lesquelles il affirmait avoir des droits, de même que concernant son autorisation pour l’investiture des magistrats de ces cités et plus largement concernant tous les privilèges et juridictions qu’il prétendait avoir sur ces dernières. Et ni Clément V, à qui il fit appel, ni plus tard, en 1316, Jean XXII ne furent en mesure d’obtenir pour lui de ces républiques urbaines une quelconque satisfaction.

Ces litiges fragilisèrent les finances de l’évêque. C’est probablement pour cette raison qu’avec l’approbation du pape (octobre 1305) il accepta la charge de conseiller que lui avait offerte le duc de Calabre et futur roi de Naples Robert d’Anjou. Il quitta son diocèse pour près de trois années, et en laissa l’administration à un vicaire.

Quand il revint à Volterra, il continua à lutter contre la Commune pour faire respecter ses droits, aidé en cela par sa famille et par la faction guelfe citadine. Mais il finit par se rendre compte que ses efforts seraient vains. Il chercha alors, par des accords financiers, à céder à la cité sa juridiction sur certaines châtellenies épiscopales, celles qui étaient le plus contestées et qui étaient cause des plus grands contentieux entre les deux parties. La première transaction dont nous avons connaissance date de 1312. Ranieri Belforti voulut céder les droits de l’Église de Volterra sur le château et les hommes de Montecastelli, cause principale depuis très longtemps des mauvaises relations entre cette Église et la Commune. Il envisagea soit de vendre ce château, soit de l’échanger, soit de le concéder par un bail emphytéotique. Cependant, les négociations furent très rapidement interrompues. En effet, la Curie d’Avignon s’opposa à une telle perspective. Par ailleurs, la venue en Toscane de l'empereur Henri VII causa un certain nombre de difficultés qui reléguèrent ces questions patrimoniales au second plan.

En effet en 1313 l’empereur Henri VII descendit en Italie. Il commanda que tous les évêques, abbés, chanoines et vassaux paraissent personnellement devant lui, accompagnés de cavaliers et de soldats, afin de le seconder dans sa lutte contre les Guelfes. Ranieri Belforti fut un de ceux qui refusèrent. L’empereur le priva alors, lui comme les autres réfractaires, de tous ses fiefs, juridictions et privilèges impériaux[4]. Ranieri mena ainsi une politique contraire à celle de ses prédécesseurs, qui avaient toujours gardé leur fidélité à l’empereur, duquel ils tiraient la légitimité de leur pouvoir temporel. Il respecta son engagement guelfe et son alliance avec Florence.

La république de Volterra profita de cette situation pour revendiquer toutes les châtellenies et tous les droits impériaux détenus par l’évêque sur son contado. De plus, elle affirma au cardinal Pietro Colonna que devait être considérées comme nulles les sentences d’excommunication prononcées par Ranieri Belforti en défense de ses privilèges, puisque ceux-ci venaient de lui être retirés.

À la suite de cet évènement, les relations entre la Commune et l'évêque se détériorèrent rapidement. En 1317, Ranieri Belforti prononça l’interdit sur la cité de Volterra. La cause principale de cette condamnation était l’occupation du château épiscopal de Montecastelli par les forces de la République. En outre, les citoyens avaient fait inscrire dans les statuts de la République un certain nombre de restrictions à la liberté ecclésiastique, et le palais épiscopal avait été occupé et saccagé. Le gouvernement de Volterra pria le pape Jean XXII d’intercéder en faveur de la ville, en promettant de rendre le château à l’évêque et d’annuler les nouvelles dispositions statutaires. Cette requête aboutit et le pape demanda à Ranieri de lever l’interdit le [5].

Entre 1319 et 1320, Ranieri tenta de résoudre la question récurrente de Montecastelli. Il envisagea de confier ce château à la Commune de Volterra en concédant un bail emphytéotique perpétuel en échange de 16000 lires. Mais un nouveau litige naquit avec la cité au sujet du partage des revenus fiscaux de la châtellenie de Ripomarancie, autre propriété à l’origine épiscopale et contrôlée largement par la Commune. Ce nouveau contentieux fit échouer toute possibilité d’accord au sujet de Montecastelli.

C’est à cette époque que de graves dissensions apparurent entre les grandes familles du Popolo et celles appartenant à l’ancienne noblesse citadine. Un grand nombre de ces dernières durent quitter Volterra. La famille Belforti fit partie du nombre. Ranieri, malgré sa position d’évêque, fut également contraint de partir. Il mourut en exil le .

Notes modifier

  1. Raffaello Maffei il Provveditore, op. cit. infra page 284.
  2. Le Dizionario biografico degli italiani indique que Boniface VIII prit cette décision à la suite de la mort de l'évêque de Volterra Ruggeri de' Ricci. Cet évêque, prédécesseur immédiat de Ranieri Belforti, ne figure pas dans la liste des évêques éditée par le site du diocèse de Volterra. Il s'agit manifestement d'une erreur, puisque de nombreuses autres sources écrites anciennes (comme Raffaello Maffei le Provéditeur, op. cit. infra) ou récentes (comme Ottavio Banti, op. cit. infra), de même que la numismatique mentionnent son existence. Cet évêque de la famille florentine des Ricci est le plus souvent prénommé Ranieri, ou Renieri, parfois Ruggeri.
  3. Plus précisément économe et procurateur plenarie tam in spiritualibus quam in temporalibus de l'Église de Volterra.
  4. Notizie istoriche della città di Volterra, page 91.
  5. Ib, pages 107-108.

Articles connexes modifier

Sources modifier

  • (it) Ottavio Banti, article « Ranieri Belforti » in « Dizionario biografico degli italiani », 75 volumes en 2011 (volume 7 pour l'article), Istituto della Enciclopedia italiana, Rome, 1961 (1970 pour l'article) (article consultable en ligne).
  • (it) Lorenzo Fabbri, « Un esperimento di signoria familiare: i Belforti di Volterra (1340-1361) », étude publiée dans la Rassegna Volterrana LXXXVIII (2011), pages 161 à 184, éditée dans la Rivista d'arte et di cultura par l'Accademia dei Sepolti (ouvrage consultable en ligne).
  • (it) Raffaello Maffei, dit il Provveditore, « Storia volterrana », vers 1670, publié d'après l'ouvrage autographe conservé à la bibliothèque Guarnacci par Annibale Cinci in « Dall'archivio di Volterra, documenti inediti e rari di storia patria », Tipografia Sborgi, Volterra, 1887 (ouvrage consultable en ligne).
  • (it) Lorenzo-Aulo Cecina, Flaminio dal Borgo, « Notizie istoriche della città di Volterra », Paolo Giovannelli e Compagni, Pise, 1758 (ouvrage consultable en ligne).