Quaestura exercitus

La Quaestura exercitus était un district administratif particulier de l'Empire romaine d'orient dont le siège était à Odessos. Ce district fut créé par Justinien Ier le [1].

Histoire modifier

Le territoire du district comprenait les provinces romaines de Mésie inférieure, de Scythie mineure et de Tauride dans la région du bas-Danube et de la mer Noire, ainsi que les provinces des îles de la mer Égée, de Carie et de Chypre. Toutes ces provinces ont été séparés de la préfecture prétorienne de l'Orient et placées sous l'autorité d'un questeur, titre nouveau dans l'armée. L'autorité d'un questeur correspond à celle d'un magister militum[2]. L'objectif de la quaestura exercitus était d'apporter une aide forces romaines basées dans ces régions menacées, en les connectant à des provinces plus riches, capables de leur fournir la logistique nécessaire. Sous Justinien, le questeur est un certain Bonus qui bénéficie d'une autonomie originale au sein de l'Empire romain d'Orient : il n'est pas soumis à un préfet du prétoire comme les autres gouverneurs de province. En outre, il cumule des attributions civiles et militaires, ce qui est encore dérogatoire du principe commun de séparation de ces deux fonctions. En effet, il contrôle à la fois les troupes frontalières (limitatenses), les troupes de campagne (comitatenses) et les flottes fluviales (classis danubiana) et maritimes (classis pontica, classis cariana) basées dans sa juridiction[3].

Par ce cumul des fonctions, il est l'un des premiers exemples de la fusion à venir des administrations civiles et militaires sous la direction d'un même fonctionnaire[4], qui sera plus tard généralisé dans le système des « Themes »[5].

Toutefois il y a un hiatus dans la suite de l'histoire de la quaestura exercitus, bien que la position du questeur existait encore au milieu des années 570, ce qui indique que l'unification territoriale a au moins eu un succès partiel[6],[2].

Les provinces danubiennes de la quaestura exercitus ainsi que les forces romaines qui y étaient basées, disparaissent après la victoire bulgare de 680 qui livre les Balkans, déjà largement peuplés par les Slaves, au Premier empire bulgare. Néanmoins, des ports fortifiés aux bouches du Tyras (Tyras) et du Danube (Harpis), en Scythie mineure (Tirizis), en Tauride (Chersonèse) et sur la côte nord-est de la mer Noire (Pityos, Dioscurias) ont été maintenus grâce à l'aide venue d'Anatolie par la mer. Leur maintien et les monnaies qui y ont été découvertes montrent que le commerce romain dans ces régions a continué[7]. Par ailleurs, il semble que le grand thème naval anatolien des Karabisianoi a été formé à partir des ressources de la quaestura et de la classis cariana[8].

Références modifier

  1. Velkov, p.62
  2. a et b Haldon 1999, p. 68 : « Un nouveau commandement provincial important, la quaestura exercitus, est créé au cours du règne de Justinien. Il équivaut à un maître des milices, placé sous l'autorité d'un questeur, qui est responsable des troupes basées sur la frontière danubienne (les provinces de Scythie mineure et de Moesie II, ainsi que la province côtière anatolienne de Carie et les Îles égéennes ».
  3. Filippo Coarelli, La colonna Traiana, Roma, 1999, tav. 32-34 (XXV-XXVI/XXXIII-XXXV) p. 76-78.
  4. Bréhier 1970, p. 95-96.
  5. (en) John F. Haldon, Warfare, state and society in the Byzantine world, 565–1204, Londres, Routledge, (ISBN 1-85728-494-1, lire en ligne).
  6. Mass 2005, p. 120 : « Les provinces danubiennes ont une position stratégique mais sont pauvres. De ce fait, elles peinent à assurer l'approvisionnement des troupes qui y sont stationnées. Justinien résout cette difficulté en les associant aux provinces asiatiques, plus sûres et plus riches, susceptibles de transporter l'approvisionnement par la mer Noire et le bas Danube. Si les preuves de l'existence de ce poste après la mort de Justinien sont réduites, le poste de questeur existe toujours au milieu des 570, attestant de son succès au moins partiel ».
  7. Velizar Velkov, (en) Cities in Thrace and Dacia in Late Antiquity, Studies and Materials, A. M. Hakkert, 1977 (Original from the University of Michigan).
  8. Haldon 1999, p. 74.

Sources modifier