Processus autorégressif

Un processus autorégressif est un modèle de régression pour séries temporelles dans lequel la série est expliquée par ses valeurs passées plutôt que par d'autres variables.

Définition modifier

Un processus autorégressif d'ordre p, noté AR(p) est donné par :

Définition — AR(p):  

  sont les paramètres du modèle,   est une constante et   un bruit blanc.

En utilisant   l'opérateur des retards, on peut l'écrire :  

Processus AR(1) modifier

Un processus autorégressif d'ordre 1 s'écrit :

 


Représentation en moyenne mobile modifier

On peut formuler le processus AR(1) de manière récursive par rapport aux conditions précédentes :

 

En remontant aux valeurs initiales, on aboutit à :

Propriété —  

Il est à noter que les sommes vont ici jusqu'à l'infini. Cela est dû au fait que les séries temporelles sont souvent supposées commencer depuis   et non pas  . Certains auteurs considèrent cependant que la série commence en   et ajoutent alors la valeur initiale   dans la formule.

On peut voir que   est le bruit blanc convolué avec le noyau   plus une moyenne constante. Si le bruit blanc est gaussien, alors   est aussi un processus normal.

Représentation dans le domaine de la fréquence modifier

La Densité spectrale de puissance est la Transformée de Fourier de la fonction d'autocovariance. Dans le cas discret, cela s'écrit :

 

Ce développement est périodique dû à la présence du terme en cosinus au dénominateur. En supposant que le temps d'échantillonnage ( ) est plus petit que le decay time ( ), alors on peut utiliser une approximation continue de  :

 

qui présente une forme lorentzienne pour la densité spectrale :

 

  est la fréquence angulaire associée à  .

Moments d'un processus AR(1) modifier

Pour calculer les différents moments d'un processus AR(1), soit son espérance, sa variance, son autocovariance et son autocorrélation, on va supposer que les bruits blancs sont indépendamment et identiquement distribués, d'espérance nulle et de variance   (que l'on note  ).

Espérance modifier

 

Démonstration par raisonnement par récurrence

  • P(0) (initialisation):  , parce que X0 est déterministe. L'expression est :
 
  • P(t+1) (hérédité ) :
 

Comme E est un opérateur linéaire :

 

Avec l'hypothèse d'induction :

 
 

Par un changement de variables dans la somme, i → i-1 :

 

Et, avec  :

 

Variance modifier

 

Autocovariance modifier

 

Autocorrélation modifier

 

Conditions de stationnarité modifier

Le paramètre   détermine si le processus AR(1) est stationnaire ou non :  

ϕ<1 modifier

Sous la condition  , les résultats suivants viennent du fait que si   alors la série géométrique  .

 

 
 
 
 

On peut voir que la fonction d'autocovariance décroît avec un taux de  . On voit ici que l'espérance et la variance sont constantes et que l'autocovariance ne dépend pas du temps : le processus est donc stationnaire.

ϕ=1 modifier

Lorsque  , le processus s'écrit :   et donc, en considérant contrairement à avant que  ,  

 

 
 
 

Processus AR(p) modifier

Un processus AR(p) s'écrit :

 

Moments modifier

Les différents moments d'un processus stationnaire (voir section suivante) sont[1] :

 

 

 

Les formules de la variance et de la covariance correspondent aux équations dites de Yule et walker (voir plus bas).

Condition de stationnarité modifier

Théorème — Un processus AR(p) est stationnaire si le module des solutions (les racines) de son équation caractéristique est à chaque fois strictement supérieur à 1 en valeur absolue.

La condition est souvent formulée différemment, selon laquelle les racines doivent être en dehors du cercle complexe unitaire.

Exemple: AR(1) modifier

Le polynôme des retards d'un processus AR(1)   s'écrit:  . Sa résolution (en remplaçant l'opérateur retard L par la simple valeur x) donne  . La condition que la solution soit plus grande que 1 revient à  

Exemple: AR(2) modifier

Le polynôme des retards d'un processus AR(2)   s'écrit:  . La résolution de l'équation du second degré   amène aux conditions suivantes[2] :

  •  
  •  
  •  

Exemple: AR(p) modifier

Le polynôme des retards d'un processus AR(p)   s'écrit:  . La résolution de l'équation   amène aux conditions nécessaires (mais pas suffisantes) suivantes[3] :

  •  
  •  

Équations de Yule-Walker modifier

Les équations de Yule-Walker établissent une correspondance directe entre les paramètres du modèle (les   et  ) et ses autocovariances. Elles sont utiles pour déterminer la fonction d'autocorrélation ou estimer les paramètres. Elles établissent que :

équation YW —  

Les coefficients   représentent la fonction d'autocovariance de X d'ordre j.

Lorsque l'on inclut également l'autocovariance d'ordre 0 (en fait la variance), il faut également rajouter la variance des résidus pour la première équation. Ce terme supplémentaire ne se retrouve que dans la première équation car on a fait l'hypothèse d'indépendance des résidus (et donc  ).

équation YW —  

  est la déviation (écart-type) du bruit blanc et δj le Symbole de Kronecker, qui vaut 1 si j=0 et 0 autrement.

Il est aussi possible d'exprimer ces équations en fonction de l'autocorrélation :

équation YW —  

Exemples modifier

AR(1) modifier

Pour un processus AR(1), on a :

 

On remarque que l'on retrouve rapidement, avec j=1, le résultat obtenu plus haut :

 
  en prenant l'équation supplémentaire pour  , qui devient alors  
AR(p) modifier
 

Que l'on peut écrire sous forme matricielle :

 

Preuve modifier

L'équation définissante du processus AR est

 

En multipliant les deux membres par Xt − j et en prenant l'espérance, on obtient

 

Or, il se trouve que  . Dans le cas où on considère le processus   de moyenne nulle ( ),   se ramène à la fonction d’auto-corrélation. Les termes du bruit blancs sont indépendants les uns des autres et, de plus,   est indépendant de    est plus grand que zéro. Pour  . Pour  ,

 

Maintenant, on a pour j ≥ 0,

 

Par ailleurs,

 

qui donne les équations de Yule-Walker :

 

pour j ≥ 0. Pour j < 0,

 

Estimation modifier

En partant du modèle AR(p) sans constante donné par :

 

Les paramètres à estimer sont les   et  .

Méthode de Yule-Walker modifier

La méthode consiste à reprendre les équations de Yule-Walker en inversant les relations : on exprime les coefficients en fonction des autocovariances. On applique alors le raisonnement de la Méthode des moments: on trouve les paramètres estimés d'après les autocovariances estimées.

En prenant l'équation sous sa forme matricielle :

 

Le vecteur des paramètres   peut alors être obtenu.

La matrice du système est une matrice de Toeplitz. Un algorithme que l'on peut employer pour l'inversion du système est l'algorithme de Levinson-Durbin.

Maximum de vraisemblance inconditionnel modifier

L'estimation d'un modèle AR(P) par la méthode du maximum de vraisemblance est délicate car la fonction de vraisemblance est très complexe et n'a pas de dérivée analytique. Cette difficulté provient de l'interdépendance des valeurs, ainsi que du fait que les observations antérieures ne sont pas toutes disponibles pour les p premières valeurs.

Maximum de vraisemblance conditionnel modifier

Une manière de simplifier la complexité de la fonction de vraisemblance est de conditionner cette fonction aux p premières observations. La fonction de log-vraisemblance devient :  

La maximisation de cette fonction par rapport aux paramètres   correspond à la minimisation des erreurs du modèle. L'estimateur du maximum de vraisemblance conditionnel correspond ainsi à celui des moindres carrés.

L'estimateur obtenu sera équivalent à l'estimateur inconditionnel dans de grands échantillons et tous deux ont la même distribution asymptotique (Hamilton 1994, p. 126). Il peut être biaisé[4].

Propriétés des estimateurs modifier

Davidson et McKinnon (1993) rapportent que l'estimateur des moindres carrés conditionnel est biaisé, mais néanmoins convergent. Cryer et Chan (2008) proposent une simulation Monte-Carlo pour tester les différents estimateurs.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. selon Hamilton (1994, p. 59)
  2. voir Cryer (2008, p. 84)
  3. voir Cryer (2008, p. 76)
  4. voir Greene (2005, p. 256)

Articles connexes modifier