Plaine de jeux et crèche Reine Astrid

La plaine de jeux et la crèche Reine Astrid de Liège sont situées dans le parc Astrid en bord de Meuse, dans le quartier de Coronmeuse.

Plaine de jeux et crèche Reine Astrid
Vue extérieure de l'ensemble
Présentation
Type
Espace public, crèche
Partie de
Style
Moderne
Architecte
Groupe l'Equerre (Yvon Falize, Paul Fitschy, Edgard Klutz, Émile Parent, Albert Thibaux, Roland Evrard)
Construction
1937-1939
Inauguration
1939 - l'Exposition internationale de l'eau à Liège
Commanditaire
La Ville de Liège et le Grand Liège
Localisation
Pays
Belgique
Division administrative
Province de Liège
Commune
Liège
Adresse
Quai de Wallonie, 1, 4000 Liège.
Coordonnées
Carte

Le groupe d'architectes l'Équerre dessine le complexe en 1937. Sa construction s'achève en 1939 pour l'Exposition internationale de la technique de l'eau de la même année à Liège.

Situation modifier

La plaine de jeux et la crèche Reine Astrid sont situées au numéro 1 du quai de Wallonie à Liège, en Coronmeuse.

Contexte modifier

Historique modifier

Durant le début des années 1930, la population belge subit une crise économique et sociale. Les conditions de vie se sont dégradées (chômage, malnutrition, maladies, conditions sanitaires limitées, …).

Selon le ministre de la Santé, pour relever la population : « il faut qu'il y ait plus d'égouts, plus de distribution d'eau, plus de bassins de natation, plus de plaines de jeux, … »[1]. En plus de conseils d'alimentation, le sport à l'extérieur est promu. Pour les enfants, les plaines de jeux sont mises en avant par les hygiénistes.

En 1936, depuis la création des congés payés en Belgique, la mise en place d'infrastructures de loisirs devient primordiale.

Politique modifier

Lucie Dejardin, conseillère socialiste propose de « mettre à disposition des enfants qui ne partent pas à la campagne ou à la mer, des infrastructures appropriées, c'est-à-dire propres, surveillées et à l'abri de la circulation automobile. »

Conclusion du conseil communal : « nous sommes d'avis qu'il faut multiplier ces petites plages où les enfants peuvent jouer en toute liberté et en toute sécurité »[2].

Économique modifier

Pour sortir de cette crise socio-économique, l'État belge décide de financer différents programmes : distribution d'eau, égouts, hôpitaux, maternités, plaines de jeux, …

Normes modifier

Pour obtenir ces subsides à cette époque, les plaines de jeux doivent répondre à certains critères :

  • Être situé dans un endroit salubre ;
  • Disposer d'espaces aménagés pour les plus petits ;
  • Prévoir une aire séparée pour les enfants de plus de 6 ans ;
  • Ne représenter aucun danger si des enfants d'âges différents se trouvent ensemble sur le site ;
  • Être accompagné de vestiaires, lavabos, WC, réfectoires, abris extérieurs, lieu de premiers soins ;
  • Être accessible tout au long de l'année.

La plaine de jeux modifier

Convention modifier

Le , un traité est signé par différents acteurs : l'État, la Ville de Liège et le Grand Liège. Le premier met le terrain à disposition de la Ville et de la coopérative, jusqu'au .

Ils doivent créer un parc public, une plaine de jeux et un lieu de sport.

Le groupe l'Équerre modifier

Le groupe l'Équerre est désigné pour diriger ce projet. Durant la conception de celui-ci, le groupe sort deux numéros de leur revue « L'Équerre » sur l'école et les enfants : « Enquête. Enfant. École. ». Dans ces deux écrits, George Linze explique : « L'architecture moderne doit jouer un rôle dans l'amélioration de la vie des enfants. L'amélioration de l'hygiène, l'air, la lumière et l'espace garanti le bon apprentissage des enfants ».

De par la parution de ces textes, le groupe est reconnu comme connaisseur en conception d'établissements éducatifs.

Projet modifier

Le projet a pour but de pouvoir accueillir les enfants pendant que leurs parents découvrent l'Exposition internationale de l'eau de 1939 située à proximité.

Celui-ci comprend la création d'un parc/plaine de jeux et d'un bâtiment comprenant : vestiaires, réfectoires, préaux et autres locaux.

Le budget est de 2,5 millions de francs, dont 25 % est financé par l’État.

Le site est une dépression, permettant d'abriter les enfants des grands vents et des voitures.

La plaine de jeux est composée de nombreux équipements : point d'eau avec plage, terrains de basket et tennis, piste de course, aires de sauts en hauteur, en longueur et à la perche, théâtre de marionnette, labyrinthe, …

Le bâtiment se situe au centre du parc, formant une zone tampon entre les enfants de moins de 6 ans et ceux de plus de 6 ans. Sur pilotis, il sert de préau en cas de fortes pluies. Des haies et des cloisons amovibles protègent les bambins du vent.

Le volume de la crèche décrit un T. L'intersection des deux ailes correspond au hall d'entrée et effectue la distribution des circulations (verticales et horizontales).

Au niveau de la route, le premier étage est largement vitré, permettant de voir la Meuse et le parc Astrid. On accède à cette partie du bâtiment par une passerelle et une rampe, moins dangereuse pour les enfants que des escaliers.

L'aile principale (perpendiculaire à la passerelle d'entrée) sépare les jardins des grands et des petits. Le côté sud de l'aile, pour les tout-petits, comprend les installations sanitaires mixtes (WC, douches et vestiaires), une pièce pour le concierge et d'autres locaux de stockage. L'autre côté de l'aile, pour les plus grands, comprend également des sanitaires, cependant séparés pour les filles et les garçons.

L'aile perpendiculaire comprend deux réfectoires pour les deux tranches d'âges.

Le deuxième étage est constitué du logement du concierge et de celui du directeur, avec leur terrasse respective.

Le bâtiment s'inscrit dans le courant moderniste. Il respecte les 5 points de l'architecture moderne de Le Corbusier, constitué de volumes simples et sans décorations. Les grandes fenêtres laissent entrer la lumière et projettent l'espace intérieur vers l'extérieur. Il suit aussi des logiques de fonctionnalisme : éléments préfabriqués en béton assurant une isolation thermique et acoustique (dans les meilleures conditions pour l'époque) et plans simples. C'est une rupture avec l'architecture liégeoise de l'époque, plutôt traditionnelle.

Utilisation durant l'Exposition modifier

Après sa construction, la presse salue le fonctionnalisme du complexe : « La plaine de jeux Reine Astrid, royaume des enfants. Pendant toute la durée de l'exposition, de splendides installations seront mises à la disposition des enfants. … Pour les mamans qui viendront à l'Exposition. Une pouponnière modèle fonctionnera pendant toute la durée de l'Exposition. »[3] ; « La garderie d'enfants créée à Coronmeuse est un modèle du genre »[4]

Le complexe est de nos jours un centre sportif. Il n'a pas subi de modifications architecturales, rare témoin d'un passé moderniste radical à Liège.

Notes et références modifier

  1. Discours prononcé par Arthur Wauters, Ministre de la Santé publique de l'époque, le , à l'Hôtel de Ville de Bruxelles lors de l'ouverture de la Croisade de la Santé publique, dans le Bulletin du Ministère de la Santé publique, 2e année, Bruxelles, 1937, p. 15.
  2. Séance du 12 juillet, dans le Bulletin administratif de la Ville de Liège, 1937, t. 1, Liège, 1937, p. 838-839.
  3. La pleine de jeux Reine Astrid, Royaume des enfants, dans L'Express, Liège, 15 et 16 mai 1939
  4. L.G., A la garderie d'enfants de l'exposition, dans L'Express, Liège, 24 juin 1939

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Documents numérisés modifier

  • Sébastien Charlier, La plaine de jeux Rein Astrid, une réalisation du Groupe L'Équerre,

Revues modifier

  • Sébastien Charlier, Revue A+ no 224, p. 86-87, Les jeux de la Reine Astrid., .
  • Sébastien Charlier, Revue Art&Fact no 29 : L'architecture au XXe siècle à Liège, p. 90-103, Une histoire des plaines de jeux en Belgique. Le cas de la « Reine Astrid » à l'Exposition internationale de l'Eau à Liège en 1930., 2010
  • Sébastien Charlier, « Les archives de l'architecture : La sauvegarde des archives du groupe l'Équerre ou la reconnaissance de l'architecture moderne en Wallonie. », Les Nouvelles du Patrimoine, no 127,‎ avril-mai-juin 2010, p. 18-19 (lire en ligne, consulté le ).

Livres modifier

  • Sébastien Charlier et Thomas Moor (dir.), Guide d'architecture moderne et contemporaine 1895-2014 – Liège, p. 201, Édition Margada-Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, .

Articles connexes modifier