Pierre-Louis Roederer (l'ancien)

avocat

Pierre-Louis Roederer (1711-1789) est un juriste français, cinq fois bâtonnier des avocats au Parlement de Metz, qui s'illustra dans la réhabilitation de Hirtzel Lévy, mort innocent sur la roue le . En 1775, son intervention auprès du roi Louis XVI permit le rétablissement du Parlement de Metz, dissous par le Chancelier Maupeou. Il est le père du Comte Pierre-Louis Roederer.

Pierre-Louis Roederer
Fonction
Bâtonnier
Barreau de Metz (d)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
MetzVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université de Strasbourg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Jean-Georges Roederer
Mère
Jeanne Lionnet
Conjoint
Marguerite Gravelotte
Enfant
Cachet et timbre du parlement de Metz en 1733

Biographie modifier

Pierre-Louis Roederer, fils de Jean-Georges Roederer et de Jeanne Lionnet, nait à Vic-sur-Seille le . Licencié en droit à l'université de Strasbourg, il prête le serment d'avocat au Parlement de Metz le à l'âge de dix-neuf ans.

En , il épouse Margueritte Gravelotte, fille d'un avocat au même Parlement.

Dans les années 1740 et 1750, Pierre-Louis Roederer se fait connaitre pour ses qualités de juriste et la rigueur de son engagement aux services de ses causes. Il assure notamment la défense de juifs Messins et Alsaciens. Le , il obtient un arrêt de la cour de Metz en faveur de son client, Cerf Moïse, poursuivi pour de prétendues fausses créances[1]. Cette décision sera confirmée par un arrêt de règlement du Parlement de Metz en date du interdisant " les manœuvres des habitants de la campagne contre les juifs dont ils avaient été secourus par des prêts d'argent"[2].

C'est tout naturellement que les préposés généraux de la Nation Juive en Alsace confieront à Pierre-Louis Roederer l'action en réhabilitation de Hirtzel Lévy, innocent rompu vif le à Colmar[3]. Par arrêt du , le Parlement de Metz déclarera Hirtzel Lévy "mort en son entier" et innocentera ses coaccusés, Moyse Lang et Menké Lévy[4],[5].

En 1760, Pierre-louis Roederer est nommé bâtonnier des avocats au Parlement de Metz. Il sera cinq fois réélu à cette fonction.

En 1762, il est chargé par le Parlement de former un collège à Metz, à l'instar de celui de l'Université de Paris. Il est député dans la capitale pour en choisir les professeurs. En gage de sa gratitude, le Parlement lui offrira "un présent de vaisselle d'argent".

 

René-Nicolas de Maupéou, chancelier de France. Il s'attaqua aux parlements et supprima celui de Metz.

Pierre-louis Roederer exerce également, certaines années, les fonctions de premier substitut auprès du procureur général du Parlement de Metz. En qualité de premier substitut, il est l'auteur du réquisitoire sur lequel la cour prononce en 1766 l'expulsion des jésuites de son ressort.

En 1771, le chancelier Maupeou supprime le parlement de Metz. La ville est menacée de ruine économique. Pierre-Louis Roederer fait l'objet de 5 lettres de cachet du roi Louis XV, l'obligeant à l'exil et lui interdisant de se rendre à Paris. La mesure est bientôt rapportée par le roi.

Pierre-Louis Roederer part pour la capitale début avec mission d'intervenir auprès du monarque pour le rétablissement du Parlement. Louis XVI fait droit à sa demande en . Aussitôt que les Messins apprennent le retour de Roederer, le , ils se portent en foule à sa rencontre pour lui "témoigner leur estime et leur reconnaissance pour avoir travaillé sans relâche à tout ce qui pouvait améliorer le bonheur public". Le , date fixée pour l'installation du Parlement de Metz, Roederer est le héros de la journée. Il reçoit à nouveau un présent de vaisselle d'argent d'une valeur de 6000 livres. Il est réélu bâtonnier " par acclamation"[6].

Son fils aîné, qui porte également le nom Pierre-Louis Roederer, embrassera lui-aussi la profession d'avocat, mais n'y trouvera aucun goût. Au grand dam de son père, il s'orientera vers la diplomatie et l'action politique. Le succès du fils finit par emporter l'adhésion du père. En prenant plus tard la défense de l'émancipation des juifs de France, Pierre-Louis Roederer, le fils, restera fidèle à l'œuvre de son père. Il lui rendra hommage en ces termes: " Je suis né d'un père distingué au barreau comme profond jurisconsulte, dans la magistrature comme ennemi du pouvoir arbitraire, et dans la société comme homme aimable[7]."

Pierre-Louis Roederer, le père, meurt en 1789, à l'âge de 82 ans, laissant une fortune de 400.000 francs.

Parenté modifier

Il était le parent au 4e degré de Louis Roederer (1809 - 1870), qui donna son nom à la maison de Champagne, mondialement connue pour son célèbre Cristal Roederer.

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Voir cet arrêt à la Bibliothèque Nationale sous la cote F 34494
  2. Voir Archives Roederer, Archives Nationales, 29AP3
  3. Pour lire l'ensemble des arguments déployés par Pierre-Louis Roederer au soutien de ses clients, voir Ernest de Neyremand, « Réhabilitation du malheureux Hirtzel Lévy, mort innocent sur la roue », Petite gazette des tribunaux, 1859, p. 117-168
  4. Arrêt du Parlement de Metz, BNF 1F, No 2794 lire en ligne sur Gallica
  5. Toussaint des Essarts a analysé le mémoire et les plaidoiries de Pierre-Louis Roederer dans l'affaire Hirtzel Lévy, voir son ouvrage Causes célèbres, curieuses et intéressantes, publié en 1779
  6. Ces détails sont tirés des mémoires familiales d'Antoine-Marie Roederer, voir bibliographie.
  7. Comte Pierre-Louis Roederer, Notice de ma vie pour mes enfants