Pierre-François Veillon

politicien suisse

Pierre-François Veillon
Illustration.
Portrait de Pierre-François Veillon (2007).
Fonctions
Conseiller national[1]

(11 ans, 11 mois et 28 jours)
Législature 47e à 49e
Conseiller d'État du canton de Vaud[1]

(4 ans, 6 mois et 29 jours)
Élection
Réélection
Législature 1990-1994, 1994-1998
Successeur Josef Zisyadis
Député au Grand Conseil du Canton de Vaud[1]

(5 ans et 7 mois)
Législature 1986-1990, 1990-1994
Biographie
Date de naissance (73 ans)
Lieu de naissance Château-d'Œx (Suisse)
Nationalité Drapeau de la Suisse Suisse
Parti politique UDC
Enfants Vincent Veillon
Profession Ingénieur agronome[1]

Pierre-François Veillon, né le à Château-d'Œx (originaire de Bex)[1], est un ingénieur agronome et une personnalité politique suisse, membre de l'Union démocratique du centre (UDC). Il est membre du Conseil d'État du canton de Vaud de à , puis conseiller national de à .

Biographie modifier

Pierre-François Veillon cofonde un bureau de gestion et compatibilité agricole à Bex, dans le canton de Vaud, dont il devient l'un des codirecteurs[2]. Il quitte ce bureau lors de son élection au Conseil d'État en 1991, puis y retourne après sa démission en 1996[2].

Carrière politique modifier

Débuts modifier

Membre de l'Union démocratique du centre, Pierre-François Veillon siège au Conseil communal (législatif) de Bex de 1985 à 1989[3]. Il siège également au Grand Conseil du canton de Vaud de 1986 à 1991[3].

Conseiller d'État modifier

Bien que ne disposant pas d'une expérience dans un exécutif, l'UDC choisit Pierre-François Veillon comme candidat pour l'élection complémentaire organisée à la suite de la démission de son camarade de parti Marcel Blanc[4]. Il bénéficie du fait d'être l'un des rares députés de son parti à ne pas être agriculteur à un moment où le parti cherche à convaincre de nouveaux électeurs[4]. Enfin, le fait que l'ancien président du Grand Conseil Georges Burdet est hors course car deux autres conseillers d'États viennent déjà, comme lui, du district d'Yverdon, joue également en sa faveur[4].

Il est élu le au Conseil d'État du canton de Vaud, soutenu par son parti et par les autres partis de centre-droit (PRD, PLS et PDC)[5]. Il obtient la majorité absolue au premier tour face à l'écologiste Irène Gardiol et au socialiste dissident Robert Rittener[5]. À la suite de son élection, il n'y a pour la première fois pas d'agriculteur au Conseil d'État vaudois[6]. Il prend la tête du Département des finances[7].

En 1992, il soutient l'adhésion de la Suisse à l'Espace économique européen, contrairement à la majorité de son parti au niveau suisse, mais conformément à la section vaudoise de l'UDC[8],[9].

En 1993, en tant que responsable du Département des finances, il s'oppose en vain à l'initiative populaire du Parti libéral vaudois demandant un allégement de l'impôt sur l'épargne, approuvée le par deux tiers des électeurs[10]. Cette même année, il pilote le processus de rapprochement entre la Banque cantonale vaudoise, le Crédit foncier vaudois, la Caisse d'épargne et de crédit et la Banque vaudoise de crédit qui conduit à leur fusion progressive[11].

Lors des élections cantonales du , il est réélu dès le premier tour au Conseil d'État[12]. Il conserve la responsabilité du département des finances[13].

En 1995, une fiduciaire découvre que le chef du service de l'administration vaudoise des finances a manipulé les comptes cantonaux de 1990 à 1993 pour atténuer les déficits, sans toutefois s'être enrichi personnellement[14]. Veillon décide en conséquence de réorganiser le service des finances, tandis que le haut fonctionnaire incriminé doit s'en aller[14].

En , le député socialiste Roland Troillet révèle que le bureau de consultants chargé de mettre en œuvre le programme d'économie Orchidée II, piloté par Veillon, a facturé des dépenses n'ayant aucun lien avec leur mandat (jouets, cosmétiques, etc.)[15]. Le , une réorganisation intervient au sein du Conseil d'État et Veillon perd la présidence du Conseil d'État qu'il exerce cette année-là et change de département, reprenant le département de la justice, de la police et des affaires militaires à Philippe Biéler et cédant les finances à Charles Favre[16].

Dans les jours qui suivent son départ des finances, une nouvelle affaire touche Pierre-François Veillon. Ce dernier n'a en effet pas informé le reste du gouvernement d'une erreur comptable de 65 millions de francs commise par la Recette du district de Lausanne, certes avant son arrivée au Conseil d'État, mais dont il était lui-même informé depuis [17]. Les autres membres du Conseil d'État lui demandent alors de démissionner, ce qu'il fait le [17].

Lors de l'élection complémentaire qui a lieu pour le remplacer, Josef Zisyadis, membre du Parti ouvrier et populaire (POP), est élu le , donnant une majorité de gauche au Conseil d'État pour la première fois dans l'histoire du canton[18].

Conseiller national modifier

Pierre-François Veillon est élu au Conseil national lors des élections fédérales de 2003 et y reste jusqu'en 2015[3]. Peu après son élection en 2003, il s'engage dans le comité référendaire contre l'instauration d'un congé maternité[19]. En 2004, il critique son parti lorsque ce dernier décide d'attaquer l'adhésion de la Suisse à la Convention de Schengen avant même que le texte de l'accord entre la Suisse et l'Union européenne soit connu[20]. La même année, il soutient contre l'avis de son parti le partenariat enregistré entre les couples de même sexe, ainsi que l'extension de l'accord sur la libre-circulation des personnes aux dix nouveaux États membres de l'Union européenne[21],[22].

De 2007 à 2009, il préside la Commission de gestion du Conseil national, dont il est par ailleurs membre pendant ses douze ans de mandat parlementaire[3]. À ce titre, il est responsable des investigations parlementaires lors de l'affaire Nef, du nom de l'ancien chef de l'armée Roland Nef, nommé à ce poste alors qu'il avait fait l'objet d'une plainte pénale sans que le Conseiller fédéral n'en informe ses collègues[23]. En , il présente les conclusions de la Commission de gestion sur la destruction du dossier d'enquête pénale contre la famille Tinner dans le cadre d'une affaire de trafic nucléaire et critique vivement cette destruction[24].

En 2009 et 2010, il préside un groupe de travail de la Commission de gestion sur la transmission de données bancaires de l'UBS à l'administration fiscale des États-Unis dans le cadre duquel il est également en désaccord avec le Conseil fédéral[25]. En , il est l'un des trois seuls conseillers nationaux UDC, avec le schaffhousois Thomas Hurter et le futur Conseiller fédéral Guy Parmelin, à accepter l'accord entre la Suisse et les États-Unis réglant le différend lié à l'UBS[26]. En 2012, il critique la manière dont le Service de renseignement de la Confédération gère un scandale lié à des milliers de données volées par un collaborateur[27],[28].

Pierre-François Veillon renonce à se représenter lors des élections fédérales de 2015 et son mandat de Conseiller national prend donc fin le de cette année[29],[3].

En 2008, lors de la scission de l'aile modérée de l'Union démocratique du centre, Pierre-François Veillon refuse de rejoindre le nouveau Parti bourgeois-démocratique et reste membre de l'UDC[30].

Famille modifier

Pierre-François Veillon est le père de Vincent Veillon, animateur de l'ancienne émission de radio 120 secondes sur Couleur 3[31].

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f « Biographie de Pierre-François Veillon », sur le site de l'Assemblée fédérale suisse. (réf. 27.01.2010)
  2. a et b « Conseillers d'État - Une difficile réinsertion professionnelle », L'Impartial,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  3. a b c d et e « Pierre-François Veillon », sur www.parlament.ch (consulté le )
  4. a b et c Daniel Audétat, « Chronique vaudoise d'une candidature préméditée », Le Nouveau Quotidien,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  5. a et b « P.-F. Veillon haut la main », L'Express,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  6. Daniel Audétat, « Pierre-François Veillon, "ministre" vaudois en formation », Le Nouveau Quotidien,‎ , p. 10 (lire en ligne)
  7. « Vaud: tension sociale », L'Express,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  8. « Ogi répond à Delamuraz », L'Express,‎ , p. 3 (www.lexpressarchives.ch/)
  9. Willy Boder, « La dérive anti-européenne de l'UDC est contrée par une forte minorité », Le Nouveau Quotidien,‎ , p. 9 (lire en ligne)
  10. « Vaud: cadeau aux épargnants », L'Express,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  11. « Fusion pour 1997 », L'Express,‎ , p. 7 (lire en ligne)
  12. « La majorité de droite vacille », L'Express,‎ , p. 7 (lire en ligne)
  13. « DIP au PS », L'Impartial,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  14. a et b « Manipulations frauduleuses », L'Impartial,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  15. « Contrat suspendu », L'Express,‎ , p. 3 (L'Express)
  16. « Veillon recalé à la police! », L'Impartial,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  17. a et b « Une erreur fatale », L'Impartial,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  18. « Josef Zisyadis élu », L'Impartial,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  19. « "La maternité est une affaire privée" », L'Express,‎ , p. 20 (lire en ligne)
  20. « Schengen érafle le monolithe UDC », L'Impartial,‎ , p. 18 (lire en ligne)
  21. « Réservé aux homosexuels », L'Express,‎ , p. 23 (lire en ligne)
  22. « Le vent de la division », L'Express,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  23. Erik Reumann, « Schmid est responsable, mais Nef a joué sur les mots », L'Express,‎ , p. 23 (lire en ligne)
  24. Erik Reumann, « Le Parlement épingle la destruction des pièces du dossier Tinner », L'Express,‎ , p. 23 (lire en ligne)
  25. Magalie Goumaz, « Une armoire blindée qui pourrait bien tout changer », L'Express,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  26. Magalie Goumaz, « L'accord sur l'UBS creuse les clivages politiques », L'Express,‎ , p. 24 (lire en ligne)
  27. Bertrand Fischer, « Y a-t-il le feu aux services secrets? », L'Express,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  28. Bertrand Fischer, « Les services secrets sans réaction », L'Express,‎ , p. 16 (lire en ligne)
  29. Philippe Castella, « Un chœur de ténors quitte la scène », L'Express,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  30. Erik Reumann, « La rébellion bernoise remet en cause l'emprise de Blocher sur l'UDC », L'Express,‎ , p. 28 (lire en ligne)
  31. Pardonnez-moi : L'interview de Vincent Kucholl & Vincent Veillon, RTS, consulté le 3 décembre 2012

Liens externes modifier