Phtalocyanine de lutécium

composé chimique

La phtalocyanine de lutécium, notée LuPc2, est un composé de coordination constitué d'un cation de lutécium Lu3+ formant un composé sandwich avec deux molécules de phtalocyanine. Elle est le premier exemple de composé moléculaire ayant des propriétés de semiconducteur intrinsèque[2],[3]. Elle change de couleur en fonction de la charge électrique qui lui est appliquée (électrochromisme).

Phtalocyanine de lutécium
Structure de la phtalocyanine de lutécium
Identification
SMILES
InChI
Apparence solide vert, de couleur rouge à l'état oxydé et bleue à l'état réduit
Propriétés chimiques
Formule C64H32LuN16
Masse molaire[1] 1 200,012 9 ± 0,056 7 g/mol
C 64,06 %, H 2,69 %, Lu 14,58 %, N 18,68 %,

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Les cycles sont disposés en conformation décalée. Les extrémités des deux ligands sont légèrement déformées vers l'extérieur[4]. Le complexe comporte un ligand non innocent dans la mesure où les macrocycles portent un électron supplémentaire[5]. Il s'agit d'un radical libre[2] dont l'électron célibataire se trouve dans une orbitale moléculaire à moitié remplie entre les orbitales frontières, ce qui permet d'ajuster finement ses propriétés électroniques[4].

LuPc2 peut, comme de nombreux dérivés substitués tels que les dérivés méthyl-alcoxy Lu[(C8H17OCH2)8Pc]2, être déposé en couche mince avec des propriétés de semiconducteur intrinsèque[5]. Ces propriétés proviennent de la nature radicalaire[2] de ce composé et de son potentiel d'oxydoréduction faible comparé à celui d'autres phtalocyanines de métal[3]. Ces couches minces, vertes au départ, deviennent rouges sous forme oxydée LuPc2+ tandis que la forme réduite LuPc2 est bleue, les deux formes réduites suivantes étant successivement bleu foncé et violettes[5]. Le cycle d'oxydation vert/rouge peut être répété plus de 10 000 fois en solution aqueuse avec des halogénures de métaux alcalins avant de se dégrader sous l'effet des anions hydroxyde OH ; le cycle vert/bleu se dégrade plus rapidement dans l'eau[5].

LuPc2 et les phtalocyanines d'autres lanthanides sont étudiées en vue de créer des couches minces pour transistors à effet de champ organiques (en)[4],[6].

Des dérivés de LuPc2 peuvent être sélectionnés pour changer de couleur en présence de certaines molécules, ce qui permet des applications telles que celle de détecteur de gaz[3]. Les dérivés thioéther Lu[(C6H13S)8Pc]2 passent ainsi du vert au brun violacé en présence de NADH[7].

Notes et références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a b et c (en) Z. Belarbi, C. Sirlin, J. Simon et Jean-Jacques André, « Electrical and magnetic properties of liquid crystalline molecular materials: lithium and lutetium phthalocyanine derivatives », The Journal of Physical Chemistry, vol. 93, no 24,‎ , p. 8105-8110 (DOI 10.1021/j100361a026, lire en ligne)
  3. a b et c (en) M. Trometer, R. Even, J. Simon, A. Dubon, J.-Y. Laval, J. P. Germain, C. Maleysson, A. Pauly et H. Robert, « Lutetium bisphthalocyanine thin films for gas detection », Sensors and Actuators B: Chemical, vol. 8, no 2,‎ , p. 129-135 (DOI 10.1016/0925-4005(92)80169-X, lire en ligne)
  4. a b et c (en) I. Bidermane, J. Lüder, S. Boudet, T. Zhang, S. Ahmadi, C. Grazioli, M. Bouvet, J. Rusz, B. Sanyal, O. Eriksson, B. Brena, C. Puglia et N. Witkowski, « Experimental and theoretical study of electronic structure of lutetium bi-phthalocyanine », The Journal of Chemical Physics, vol. 138, no 23,‎ , article no 234701 (PMID 23802970, DOI 10.1063/1.4809725, Bibcode 2013JChPh.138w4701B, lire en ligne)
  5. a b c et d (en) Thierry Toupance, Vincent Plichon et Jacques Simon, « Substituted bis(phthalocyanines): electrochemical properties and probe beam deflection (mirage) studies », New Journal of Chemistry, vol. 23, no 10,‎ , p. 1001-1006 (DOI 10.1039/a905248h, lire en ligne)
  6. (en) Jun Wang, Haibo Wang, Jian Zhang, Xuanjun Yan et Donghang Yan, « Organic thin-film transistors with improved characteristics using lutetium bisphthalocyanine as a buffer layer », Journal of Applied Physics, vol. 97, no 2,‎ , article no 026106-026106-3 (DOI 10.1063/1.1840093, Bibcode 2005JAP....97b6106W, lire en ligne)
  7. (en) Tamara Basova, Ayşe Gül Gürek, Vefa Ahsen et Asim Ray, « Electrochromic lutetium phthalocyanine films for in situ detection of NADH », Optical Materials, vol. 35, no 3,‎ , p. 634-637 (DOI 10.1016/j.optmat.2012.10.017, Bibcode 2013OptMa..35..634B, lire en ligne)