Nécropole de Douch

établissement humain en Égypte

La nécropole de Douch est située sur le tell du même nom dans l'oasis de Kharga (désert Libyque) à deux-cents kilomètres environ à l'ouest de la vallée du Nil à la latitude de Kom Ombo. Cette nécropole d’époque romaine a été explorée par Serge Sauneron, alors directeur de l'IFAO, à partir de 1976 grâce aux éléments réunis par Frédéric Cailliaud[1], essentiels à la compréhension du site. Les fouilles conduites depuis 1995 ont permis de définir l’occupation de ce territoire du Ve siècle avant notre ère jusqu'au début de l’Empire Romain. C’est au cours de ces fouilles qu’a été mis au jour, caché dans une jarre, l’ensemble connu sous le nom de « trésor de Douch »[2].

Nécropole de Douch
Site d'Égypte antique
Image illustrative de l’article Nécropole de Douch
Partie nord de la forteresse de Doush, l'entrée du temple d'Isis et Sérapis est sur le côté est
Localisation
Coordonnées 24° 34′ 48″ nord, 30° 43′ 02″ est
Géolocalisation sur la carte : Égypte
(Voir situation sur carte : Égypte)
Nécropole de Douch

L'occupation du site paraît s'étendre ensuite du milieu du Ier siècle au début du Ve siècle de notre ère.

Les tombes de la nécropole de Douch sont des sépultures soit collectives, soit individuelles. Un abondant mobilier funéraire a été relevé : lits décorés, statuettes de bois stuqué et peint, cartonnages et masques, objets en verre, céramique, vannerie. Si les pratiques funéraires des habitants de Douch se conforment aux usages traditionnels en Égypte, rien n'indique la présence de chrétiens.

Fouilles effectuées

modifier

Les premières fouilles effectuées à partir de 1978 ont dénombré dix tombes collectives (numérotées de 1 à 10 d'ouest en est) et huit tombes individuelles (numérotées de 11 à 18).

Les tombes collectives sont homogènes dans leur structure ; même conception architecturale, mêmes pratiques religieuses égyptiennes traditionnelles. Les tombes individuelles, de petite taille ne pouvant contenir qu'un seul corps, sont plus grossières, creusées peu profondes dans la roche.

Dans le caveau de la tombe no 6, on a trouvé deux lits funéraires en bois datés du IIIe siècle et des papyri de la même époque.

Depuis 1981, l'équipe dirigée par Françoise Dunand travaille sur les nécropoles d'époque gréco-romaine de l'oasis de Kharga. Cette équipe, qui a pris récemment le nom d'Alpha Necropolis, a d'abord exploré la nécropole de Douch, pour le compte de l'IFAO, jusqu'en 1993, puis celle d'Aïn el-Labakha en collaboration avec les inspecteurs du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes sous la direction de l’inspecteur en chef Bahgat Ahmed Ibrahim de 1994 à 1997. De 1997 à 2012 l’équipe française se consacre essentiellement à l’exploration et à l’étude des nécropoles d’el-Deir.

Analyses

modifier

Les restes humains se rapportent à 116 individus (54 hommes, 53 femmes et 8 enfants). Leur analyse[3] a permis d'identifier 37 adultes de moins de quarante ans, 52 adultes de quarante à soixante ans, et 17 vieillards de plus de soixante ans. La population de Douch est caractérisée par des membres de longueur moyenne avec tendance plus courte pour le fémur mais de grande robustesse en comparaison de la population nubienne[4]. L'ensemble de cette analyse montre que la population oasienne de Douch appartient sans nul doute à la souche européenne, montrant ainsi que l'oasis de Douch est restée plus ouverte aux échanges vers les centres urbains de la vallée du Nil à l'est et au nord malgré une situation méridionale extrême aux confins des pistes soudanaises.

Les momies sont porteuses d’une usure dentaire très prononcée qui, selon l'analyse, « forme une gouttière mésiodistale sur les dents labiales impliquant un usage particulier différent de la simple mastication ». Cette atteinte des dents supérieures incisives et canines serait provoquée « par une activité artisanale, peut-être le tissage » à l’époque romaine[5].

  1. Figurant parmi les premiers voyageurs à avoir visité ces contrées, Cailliaud a livré un témoignage essentiel sur l’état de conservation des différents sites archéologiques entre 1815 et 1822.
  2. Le trésor de Douch : couronne en or. Musée égyptien du Caire, JE 98535.
  3. L'évaluation de l'âge reste sujette à caution.
  4. G. Billy, « La population de Douch à l'époque romaine », dans Bulletins et mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 1992, volume 4, p. 111-126.
  5. Francis Janot et Didier Fass, analyse d'un corps, page 10.

Bibliographie

modifier
  • Françoise Dunand et al., Douch I. La nécropole. Exploration archéologique. Monographie des tombes 1 à 72. Structures sociales, économiques, religieuses de l’Egypte romaine, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO no 26, Le Caire, 1992, (ISBN 2724701119).
  • N. Baum, Douch II. La végétation antique : une approche macrobotanique, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO no 27, 1992, (ISBN 2724701135).
  • M. Reddé, Douch III. Kysis. Fouilles de l'Ifao à Douch, Oasis de Kharga (1985-1990), Collection : Documents de fouilles de l'IFAO no 42, Le Caire, 2004, (ISBN 2724701194).
  • M. Reddé, Douch IV. Le trésor. Inventaire des objets et essai d’interprétation, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO no 28, Le Caire, 1992.
  • B. Bousquet, Tell-Douch et sa région : Géographie d’une limite de milieu à une frontière d’Empire, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO no 31, Le Caire, 1996.
  • Françoise Dunand et al., Douch V. La nécropole de Douch. Exploration archéologique. Monographie des tombes 73 à 92. Structures sociales, économiques, religieuses de l’Égypte romaine, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO no 45, Le Caire, 2005, (ISBN 978-2724704143).
  • H. Cuvigny, G. Wagner, Les ostraca grecs de Douch (O. Douch) I-III, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO nos 24.1, 24.2, 24.3, Le Caire, 1986, 1988, 1992.
  • G. Wagner, Les ostraca grecs de Douch (O. Douch) IV-V, Collection : Documents de fouilles de l'IFAO nos 24.4, 24.5, Le Caire, 1999, 2001.
  • Françoise Dunand, Roger Lichtenberg, « Les bronzes archaïques : La radiographie des momies de la nécropole de Douch en Égypte. Le mobilier funéraire et les exceptionnels tissus coptes », dans Archéologia no 240, novembre 1988, (ISSN 0570-6270)