Mochus (Μωχός), également connu sous le nom de Moschus, Ôchos, Môchos de Sidon et Mochus le Phénicien est un physiologue ou philosophe naturel (proto-philosophe) antique.

Biographie modifier

Les dates de sa vie sont débattues et contestées. Des estimations, toutes aussi incertaines et hasardeuses, le situent pour les plus anciennes aux alentours du XIIIe siècle av. J.-C. et d'environ -588 à 500 av. J.-C. pour les plus jeunes.

Pythagore modifier

Dacier[1] écrit que Pythagore a rencontré des disciples descendants de Mochus à Sidon durant la tyrannie de Polycrate de Samos (de -538 à -522 av. J.-C.).

Selon Jamblique, les maîtres phéniciens de Pythagore seraient des descendants de Mochus de Sidon qualifié de physiologue[2] (sous le nom de « Môchos » ou « Môchos de Sidon »[3]).

Ouvrages modifier

Athénée de Naucratis a affirmé qu'il était l'auteur d'un ouvrage sur l'histoire de la Phénicie[4]. Ce serait Laitos - Laïtos selon Théodore Reinach[5] - (ou Laetus, c'est-à-dire le platonicien Ofellius Laetus - ou encore Lollianos suivant les débats) qui aurait traduit Phoinikika (dont il serait l'auteur) en grec[6].

Mentions modifier

Il est répertorié par Diogène Laërce avec Zalmoxis et l'Atlas de Maurétanie, en tant que proto-philosophe[7].

Strabon[8], sous l'autorité de Posidonios d'Apamée[9], parle d'un Mochus ou Moschus de Sidon comme l'auteur de la théorie atomique et dit qu'il était plus ancien que la guerre de Troie. Eduard Zeller repousse cet écrit de Strabon[10].

Il est également mentionné par Flavius Josèphe[11], Tatien le Syrien[12][réf. à confirmer] et Eusèbe de Césarée[13].

Atomisme modifier

Sa référence se serait généralisée dans les cercles atomistes issues de Diotimos de Tyr, élève de Démocrite.

Selon le physicien et chimiste irlandais Robert Boyle, père de la chimie moderne, « Learned men attribute the devising of the atomical hypothesis to one Moschus a Phenician[14] ».

Isaac Newton[15], Henry More, et Ralph Cudworth créditent aussi Mochus de Sidon comme l'auteur de la théorie atomique et certains comme en 1598 le philologue hollandais Johannes Arcerius Theodoretus (1538-1604), élève de Praedinius, puis Isaac Casaubon et John Selden identifient Mochus à Moïse[16],[17]. Cette thèse du Mochus/Moïse est considérée douteuse dès 1791[18].

Notes et références modifier

  1. La « Bibliothèque des anciens philosophes contenant la vie de Pythagore, ses symboles, la vie d'Hieroclèse», tome premier, Saillant & Nyon, Paris Lyon, 1771, p. 77.
  2. Jamblique, Vie de Pythagore, Les Belles Lettres, 1996.
  3. Dictionnaire des philosophes antiques. Sous la direction de Richard Goulet, CNRS Éditions, 1989, réédition 2018, Volume 7, p. 792.
  4. Athénée de Naucratis, iii. 126
  5. Textes d'auteurs grecs et romains relatifs au judaïsme de Théodore Reinach, Georg Olms Verlag, 1963
  6. The Oxford Handbook of Science and Medicine in the Classical World. De Paul Keyser & John Scarborough, éditions d'Oxford University Press, 26 juin 2018.
  7. Diogène Laërce, I, 1 ; cf. la Souda, ω 283, qui l'appelle Ochus
  8. Strabon, Geographica, livre XVI, chapitre II, § 24
  9. Rethinking the Other in Antiquity, d'Erich S. Gruen, Princeton University Press, 16 septembre 2012.
  10. Anastasios Brenner, « Atomisme scientifique et atomisme philosophique chez Jean Perrin », dans « Les Atomes » de Jean Perrin, CNRS éditions, (EAN 9782271082602) - réédition commentée de : Jean Perrin, Les Atomes, Paris, Felix Alcan, (lire en ligne)
  11. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques (lire en ligne), livre I, 107
  12. Tatien, adv. Gent.
  13. Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica (en), livre X - Préparation évangélique (trad. Séguier de Saint-Brisson), (lire en ligne), livre X
  14. « Mochus », sur The Oxford Companion to Philosophy (consulté le )
  15. Paolo Casini, « Newton, Diderot et la vulgate de l'atomisme », Dix-Huitième Siècle, no 24 « Le matérialisme des Lumières »,‎ (lire en ligne)
  16. (en) James E. McGuire et Piyo M. Rattansi, « Newton and the Pipes of Pan. », Notes and Records of the Royal Society of London, vol. 21, no 2,‎ , p. 130 - (archive pdf)
  17. James E. McGuire et Piyo M. Rattansi, Newton et la flûte de Pan, Paris, Éditions Allia, (ISBN 978-2-84485-984-6)
  18. Jacques Andre Naigeon, Encyclopédie méthodique : Philosophie ancienne et moderne, vol. 1, Panckoucke, (lire en ligne), partie 1, p. 264

Liens externes modifier