Maria Vetrova

révolutionnaire et enseignante russe
Maria Vetrova
Biographie
Naissance
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Solonivka (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nationalité
Formation
Cours féminin supérieur (d)
GymnasiumVoir et modifier les données sur Wikidata
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Parti politique

Maria Fedosievna Vetrova (russe : Мария Федосьевна Ветрова), née le , à Solonovka, dans le gouvernement de Tchernigov, et morte le , à Saint-Pétersbourg, est une révolutionnaire russe, membre de Narodnaïa Volia[1].

Elle s'est immolée par le feu en geste de protestation contre la sévérité du régime carcéral auquel elle était soumise, et sa mort a ensuite été régulièrement commémorée par des manifestations des révolutionnaires russes.

Biographie modifier

Sa mère, Alexandra Nikolaïevna Vetrova, est une cosaque, son père notaire de l'ouïezd. Ses parents ne sont pas mariés, et Maria Fedosievna est considérée comme une enfant naturelle. On lui connait une sœur Evdokia Fedosievna, professeure à l'école publique de Solonvska et une cousine Maria.

Elle est élevée comme une paysanne, puis dans un orphelinat[1]. Elle suit les cours du lycée de Tchernihiv, qu'elle termine avec le diplôme de préceptrice. Elle travaille à partir de comme enseignante à Lioubetch, et participe pendant deux mois, sur recommandation de Maria Zankovetska, à la troupe de théâtre de Nikolaï Sadovski.

De 1890 à 1894, elle est l'institutrice de la classe de jeunes filles de l'école d'Azov, et en 1894, elle intègre les Cours Bestoujev[1]. Elle devient alors rapidement membre du groupe des narodovotlsy[1]. En 1895, lors de vacances d'été passées près de Iasnaïa Poliana, elle rencontre Vladimir Tchertkov et Lev Tolstoï, qui l'incite sans succès à s'installer à la campagne.

À l'automne 1895, elle enseigne aux ouvriers de l'Aciérie Oboukhov à l'école du dimanche.

Elle est arrêtée à 6 heures du matin le , et placée en détention provisoire, en même temps qu'Anna Raspoutina (Chouliatikova), dans l'affaire de l'imprimerie Lakhtinskaïa. Le elle est transférée à la prison du bastion Troubetski (ru) de la Forteresse Pierre-et-Paul. Elle est interrogée par l'officier de gendarmerie Chmakov, le procureur A. E. Kitchine et Semykine, qui tirent parti de son état dépressif pour obtenir ses aveux, ce qui la conduira au suicide[2].

Elle écrit dans son journal en prison, le , à propos de la liberté, l'égalité et la justice que « Tolstoï dit que ces idéaux peuvent être atteints par le perfectionnement de soi. Mais, bien sûr, vous vous n'arriverez à ce résultat que si votre amélioration personnelle a une influence importante sur le développement de la conscience de ceux qui vous entourent ». Faire de ceux qui vous entourent, c'est-à-dire de la masse des travailleurs, des combattants conscients de la liberté et de la justice c'est une « réalisation de soi tout à fait concrète, et non abstraite ».

Le , pour protester contre le régime carcéral[1], Maria Petrova s'arrose du kérosène de la lampe utilisée pour l'éclairage de sa cellule. Elle meurt de ses brûlures le , à 7 heures 30 à l'hôpital de la prison, et est enterrée dans la nuit du , dans un lieu inconnu.

Manifestations de Vetrova modifier

Une première manifestation commémorant sa mort a lieu le . Des manifestations ont ensuite lieu à Saint-Pétersbourg, Moscou et Kiev[1]. Elles se répètent pendant plusieurs années. Maxime Gorki, après une ces marches, écrit la Chanson du pétrel (ru)[3]. L'académicien Stanislav Stroumiline écrit : « pour moi, le , jour mémorable où j'ai reçu le baptême du feu dans la lutte contre tsarisme et me suis senti un citoyen, est le premier jour de toute ma vie militante »[4].

Lettres modifier

Les lettres de Maria Vetrova à son mari, G. N. Chapochniski, écrites dans les années 1895-1897, ont été publiées dans la revue Questions de l'histoire (ru) en 1983.

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (ru) « Ветрова Мария Федосеевна » [« Vetrova Maria Fedoseïeva »], sur hrono.ru (consulté le )
  2. (ru) Меньшиков Л. П. (P. L. Menchikov), Охрана и революция [« L'Okhrana et la révolution »], t. I,‎ , p. 427
  3. Le nom de cet oiseau signifie messager de la tempête en russe.
  4. (ru) Струмилин С. Г. (S. G. Stroumiline), Из пережитого [« D'un survivant »], Moscou,‎ , p. 54

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (ru) « Ветрова Мария Федосеевна » [« Vetrova Maria Fedoseïeva »], sur hrono.ru (consulté le )
  • (ru) « Самоубийство М. Ф. Ветровой и студенческие беспорядки » [« Le suicide M. F. Vetrova et les désordres étudiants »], Каторга и ссылка, no 2,‎  ;
  • (ru) В. Бахирев, псевд. В. Махновца (V. Bakhirev, pseud. V. Makhnovtsa), Как держать себя на допросах [« Comment résister aux interrogatoires »],‎
  • (ru) Куделли П. Ф. (P. F. Koudelli), Народовольцы на перепутье [« Narodoboltsy à la croisée des chemins »], Leningrad,‎
  • (ru) Ростов Н. (N. Rostov), Драма в Бастионе [« Drame dans le bastion »], Moscou, Библиотека "Огонек" № 27 (752),‎
  • (ru) Могилянский М. (M. Moguilianski), « В девяностые годы » [« Dans les années 90 »], Былое, no 24,‎
  • (ru) Брайнин И. Б., Шапошников В. Г. (I. B. Braïnine, V. G. Chapochnikov), « Ветровские демонстрации » [« Les manifestations de Vetrova »], Вопросы истории, no 2,‎ , p. 178—181.
  • Sylvie Braibant, Héroïnes révolutionnaires russes du XIXe siècle, images, stéréotypes, mythes, pour quelles histoires ?, École des hautes études en sciences sociales (mémoire de DEA d'histoire), (lire en ligne)

Article connexe modifier

Liens modifier