Maladrerie Saint-Lazare (Tours)

hôpital à Tours (Indre-et-Loire)

Maladrerie Saint-Lazare (Tours)
Image illustrative de l’article Maladrerie Saint-Lazare (Tours)
la chapelle Saint-Lazare de la maladrerie
Présentation
Culte Catholique romain
Type Maladrerie
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVIIe siècle
Architecte inconnu
Style dominant roman
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1987)[1]
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Département Indre-et-Loire
Ville Tours
Coordonnées 47° 23′ 14″ nord, 0° 41′ 37″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Maladrerie Saint-Lazare (Tours)
Géolocalisation sur la carte : Tours
(Voir situation sur carte : Tours)
Maladrerie Saint-Lazare (Tours)

La maladrerie Saint-Lazare est un ancien établissement de Tours destiné à accueillir les lépreux puis les pestiférés du XIIe siècle au XVIIe siècle. La chapelle Saint-Lazare est le seul vestige de cet établissement. Il a été inscrit à l'inventaire des monuments historiques le [1].

Cet édifice privé ne se visite pas. Il est situé à la limite du quartier Sanitas, lequel doit notamment son nom à cet établissement.

Localisation modifier

L'ancienne maladrerie Saint-Lazare était située en bordure de l'actuelle rue Blaise-Pascal à Tours, à environ 250 m au sud de la gare SNCF. Ce site est connu pour avoir été occupé par l'homme depuis l'Antiquité : la rue Blaise-Pascal emprunte le tracé d'une ancienne voie desservant la ville gallo-romaine de Caesarodunum (cité qui a précédé Tours) en provenance du sud ; cette voie, surnommée « Chaussée des Césars » était peut-être même un ancien chemin gaulois[2] ; au niveau même où sera implantée plus tard la maladrerie se trouvait une nécropole gallo-romaine du IIe siècle[3],[Note 1].

Histoire de la maladrerie modifier

La lèpre modifier

Au sud de la ville, loin du centre, une léproserie, établissement destiné à accueillir les malades de la lèpre, est bâtie au XIIe siècle[4]. La crainte de la contagion explique cet éloignement géographique[5].

La chapelle de la léproserie est dédiée à Lazare de Béthanie, protecteur des lépreux.

La décision de sa construction est attribuée au troisième concile du Latran (1179), qui s'efforce d'établir un statut social pour les lépreux, notamment en leur permettant d'assister aux offices religieux[6]. Les fouilles archéologiques menées en 1993 ont mis en évidence un agrandissement de l'édifice à la fin du XIIe siècle[7]. La léproserie regroupe la chapelle et plusieurs bâtiments dans lesquels logent les malades. Elle est réservée aux Tourangeaux de naissance[1].

Des fouilles entreprises en 1993 dans la chapelle ont permis l'exhumation de 57 squelettes dont la majorité montrait effectivement des attaques de la lèpre[8]. L'ampleur de cette découverte fait de cette fouille le plus important chantier archéologique de France sur le site d'une léproserie.

L'épidémie de peste noire modifier

Au milieu du XIVe siècle, Tours est touchée par la grande épidémie de peste noire qui sévit alors en Europe[9]. Comme la lèpre est, alors, en forte régression[10], la décision est prise de transformer la maladrerie en hôpital qui accueillera les pestiférés, mais le nom de « maladrerie » persistera. La situation géographique a peu changé depuis l'Antiquité et l'hôpital se situe toujours largement à l'écart du noyau urbain ; le quartier dans lequel il est implanté prendra progressivement le nom de Sanitas (« santé » en latin) ; cette dénomination perdure encore aujourd'hui.

La résidence militaire et l'entrepôt modifier

 
Mention de la chapelle Saint-Lazare sur un plan de Tours du XVIIe siècle.

À la fin du XVIIe siècle, la peste disparaît totalement de la région. En 1672, un édit royal décrète que l'hôpital sera rattaché aux ordres de Notre-Dame du Mont Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem ; il deviendra une résidence d'officiers relevant de ces ordres[7]. Le , des lettres patentes de Louis XIV placent les bâtiments sous l'autorité de l'Hôtel-Dieu[11], dépendant du chapitre de la cathédrale Saint-Gatien de Tours. Au XVIIIe siècle, ces bâtiments sont transformés en entrepôts pour la mise en quarantaine des marchandises. La vocation « sanitaire » du site, toujours situé en dehors du périmètre urbain, est maintenue[Note 2].

La rupture de la Révolution française modifier

À la Révolution, la maladrerie et la chapelle sont vendues comme biens nationaux. Les bâtiments sont vendus en deux lots.

La chapelle redécouverte modifier

Après avoir été utilisée comme atelier à la fin du XIXe siècle, victime d'un incendie en 1910[1],[11], transformée en habitation et en dépôt, la chapelle est restée à l'abandon durant plusieurs décennies. Inscrite monument historique en 1987, objet de fouilles en 1993, la chapelle Saint-Lazare est réhabilitée lors de l'aménagement d'une résidence pour personnes âgées, inaugurée le .

Architecture de la chapelle Saint-Lazare modifier

 
Ancien chapiteau roman de la maladrerie.
 
Détail d'une baie romane

La chapelle comprenait une nef principale de quatre travées terminée à l'est par une abside voûtée en cul-de-four. L'édifice mesurait alors 22 m de long sur 13 m de large. La chapelle fut agrandie par doublement de la nef à la fin du XIIe siècle[8]. Tout cet ensemble a été détruit par l'incendie de 1910.

Ne subsiste plus aujourd'hui que la façade ouest de l'édifice, très remaniée, sur laquelle on peut encore voir une fenêtre en plein-cintre ornée d'un arc mouluré. Les façades extérieures de la chapelle, plaquées de murs modernes, ne laissent plus rien apparaître de leur architecture originelle. Subsistent à l'intérieur de l'église de beaux éléments de décor (chapiteaux à palmettes, restes d'arcs à décor de dents de scie) ; ils sont inaccessibles au public.

Pour en savoir plus modifier

Bibliographie modifier

  • Pierre Audin, Tours à l'époque gallo-romaine, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, , 128 p. (ISBN 2-84253-748-3)
  • Bernard Chevalier (dir.), Histoire de Tours, Toulouse, Privat, , 423 p. (ISBN 2-7089-8224-9)
  • Henri Galinié (dir.), Tours antique et médiéval. Lieux de vie, temps de la ville. 40 ans d'archéologie urbaine, Tours, FERACF, , 440 p. (ISBN 978-2-913272-15-6)
  • Robert Ranjard, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, , 735 p. (ISBN 2-85554-017-8)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Cette nécropole s'étendait sur 750 m le long de la rue Blaise-Pascal, sa partie la plus proche du centre-ville, près de l'actuelle gare de Tours, plus ancienne, datant du Ier siècle.
  2. Les quartiers de Tours situés au sud des boulevards Heurteloup et Béranger ne seront urbanisés qu'au milieu du XIXe siècle, phénomène accéléré par l'arrivée du chemin de fer à Tours en 1846.

Références modifier

  1. a b c et d Notice no PA00098257, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Audin, p. 45
  3. Audin, p. 72-75
  4. Christian Malet, « Les maladreries de Touraine au Moyen Age », Mémoire de la Société archéologique de Touraine, t. IX,‎ , p. 49-56.
  5. Raoul Mercier, « Lépreux et maladreries de Touraine », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. XXIX,‎ 1944-48, p. 232-240.
  6. Jeanne Damien, « La société rurale face à la lèpre à travers le registre de l'Officialité de Cerisy de 1314 à 1377 », Annales de Normandie,‎ , p. 91-106 (lire en ligne)
  7. a et b Henri Galinié (dir.), Xavier Rodier, Philippe Blanchard et Christian Theureau, Tours antique et médiéval. Lieux de vie, temps de la ville. 40 ans d'archéologie urbaine : La fouille de la chapelle Saint-Lazare, Tours, FERACF, , 440 p. (ISBN 978-2-913272-15-6), p. 140-141
  8. a et b Henri Galinié (dir.), Xavier Rodier et Christian Theureau, Tours antique et médiéval. Lieux de vie, temps de la ville. 40 ans d'archéologie urbaine : L'identification de la lèpre, Tours, FERACF, , 440 p. (ISBN 978-2-913272-15-6), p. 141
  9. Robert Ranjard, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, , 735 p. (ISBN 2-85554-017-8), p. 10
  10. Henri Galinié (dir.), Xavier Rodier, Philippe Blanchard et Christian Theureau op. cit., p. 139
  11. a et b Robert Ranjard op. cit., p. 115