Lodigiani

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L'entreprise Lodigiani S.p.A. était une entreprise italienne de BTP spécialisée dans les grands travaux de génie civil et particulièrement les infrastructures. En 1993 elle a été intégrée dans le groupe Impregilo SpA.

Lodigiani S.p.A.
Création 1906
Dates clés 1927 : Transfert à Milan, devient une SpA
Disparition 1993 : Intégration dans Impregilo S.p.A.
Fondateurs Vincenzo Lodigiani
Personnages clés Vincenzo Lodigiani (petit-fils)
Forme juridique S.p.A. Société italienne par actions
Siège social Piacenza
Drapeau de l'Italie Italie
Actionnaires Impregilo
Activité Travaux publics
Produits Ingénierie & constructions d'infrastructures
Viaduc sur le Taro (1910)

Histoire modifier

L'entreprise Ing. Vincenzo Lodigiani a été fondée en 1906 à Piacenza par l'ingénieur Vincenzo Lodigiani (it). Elle réalise des ouvrages de petite et moyenne importance. Sa première réalisation fut une école élémentaire à Piacenza puis une sucrerie pour la "Compagnie sucrière de Sarmato" et les ateliers de la société "Officine Meccaniche Piacentine". L'entreprise se spécialise ensuite dans les travaux d'infrastructures avec le pont sur le torrent Chiavena avant d'en faire sa spécialité en Italie et à travers le monde. Grâce à la ténacité de son fondateur, son esprit inventif et à ses capacités de gestionnaire aguerri, l'entreprise va croître en se spécialisant très vite dans la construction d'ouvrages de génie-civil : ponts et viaducs, routes et barrages.

 
Barrage de Molato (1920)
 
Lac de Trona (enhaut avec le barrage au fond) et le lac Zancone (plus petit au 1er plan

L’entreprise se développe d'abord en Italie en réalisant de grands ouvrages comme :

En 1925, L'entreprise remporte son premier contrat pour un barrage, la conduite forcée du barrage de Molato. En 1926, elle remporte le marché pour construire le barrage de Mignano (it) sur l'Arda[1].

En 1927, l'entreprise familiale se transfère à Milan et se transforme en société anonyme par actions. Entre 1930 et 1935, l'entreprise remporte plusieurs marchés pour la construction des barrage de Codera-Ratti (it) et Larecchio (it) et la modernisation de l'ensemble hydroélectrique de Vizzola Ticino[2].

Juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise débute les travaux de construction d'une autre grande centrale hydroélectrique, le barrage de Trona (it) dans la Valle Bitto, au-dessus de Morbegno, au bord des lacs de Trona et d'Inferno[3].

En 1942, le fils du fondateur, Paolo Lodigiani, ingénieur diplômé de l'École polytechnique de Milan, prend la direction de l'entreprise après le décès de son père. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1946, l'entreprise se distingue, en Italie, avec la reconstruction du viaduc ferroviaire de Recco en béton précontraint, une première pour l'époque, détruit par les bombardements alliés et reconstruit en seulement 2 ans (1946-48)[4],[5]. Au même moment, l'AEM - Azienda Elettrica Milanese lui confie la construction de la centrale hydroélectrique de Lovero (it) sur l'Adda, un barrage voûte-poids de 136 mètres de hauteur dans la province de Sondrio (1953-56)[6],[7].

L'entreprise Lodigiani remporte une multitude de contrats en Italie pour construire des barrages, dont les principaux :

En 1951, l'entreprise se tourne vers les marchés étrangers et le premier contrat, pour la construction du barrage de Ladon en Grèce est venu du gouvernement italien, marché financé au titre des réparations de guerre[13]. Ce barrage dispose d'un réservoir amont d'une capacité de 46,2 millions de m3. Le barrage hydraulique alimente une usine hydroélectrique mais sert également de réservoir pour l'irrigation des terres agricoles et contribue à la préservation de la flore et de la faune de la région[14].

L'entreprise va aussi décrocher de nombreux contrats en Suisse :

En 1955, sur proposition de l'entreprise Impresit (groupe IFI-FIAT), l'entreprise Lodigiani SpA rejoint les entreprises Girola SpA et Ing. Torno & C. SpA et forment le consortium GILT (Girola, Impresit, Lodigiani & Torno), pour concourir lors de gros appels d'offres à l'étranger. Le groupement créera une "société délégataire" en 1956 sous le nom d'Impresit Kariba, qui remporta le marché pour la construction du barrage Kariba sur le Zambèze, en Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe), de la plus grande centrale hydroélectrique du monde, à cette époque[17]. Le succès de la construction du barrage de Kariba a valu à Giuseppe Lodigiani, responsable des travaux, la reconnaissance de "Chevalier de l'Empire britannique", décernée directement par la Reine Elizabeth II lors de l'inauguration de l'ouvrage.

Après que cet ouvrage grandiose fut terminé avec succès au point d'attirer l'attention et l'admiration des instances internationales en la matière, la société Torno & C. SpA s'étant retirée du groupement GILT, en 1960, les trois autres entreprises constituent une société spéciale pour les grands travaux à l'étranger, Impregilo SpA, dont chacun détenait 33%, sauf pour IFI-FIAT qui, avec 1 % de plus, assurait la gestion de la société. Impregilo SpA remporte son premier marché en Iran avec le barrage de Dez, construit entre 1960 et 1963[18],[19].

En 1959, les entreprises Girola SpA, Italstrade SpA et Lodigiani SpA créent à Milan une société spéciale destinée aux grands travaux publics dont Paolo Lodigiani a été vice-président. L'entreprise Lodigiani SpA était déjà reconnue comme l'une des entreprises les plus qualifiées au monde pour les grands travaux hydrauliques.

En 1968, après le décès de Luigi Lodigiani, c'est son frère Giuseppe qui lui succède à la vice-présidence de l'entreprise, ingénieur, "directeur technique" depuis 1943 et directeur général depuis 1958, il a longtemps occupé le rôle de coordinateur général de presque tous les chantiers, notamment à l'étranger.

Durant la décennie suivante, l'entreprise Lodigiani a développé une activité impressionnante et diversifiée. En Italie, où les grands travaux hydrauliques dans lesquels l'entreprise excellait, diminuaient progressivement, elle s'est concentrée sur les grandes infrastructures, urbaines (métros, centres commerciaux ou immeubles de prestige) et extra-urbains (routes, autoroutes, voies ferrées, ports et aéroports). Pour les commandes particulièrement exigeantes et complexes, elle noue des associations avec d'autres entreprises comme le groupement GiLoVal, avec Girola et Ferrofir, ou avec Astaldi, Di Penta et Sogene pour réaliser la ligne de chemin de fer Direttissima Florence-Rome.

Giuseppe Lodigiani succède à son frère Paolo à la présidence de la société en 1973, extraordinairement développée et profondément transformée. Alors qu'en 1956 son activité était pratiquement exclusivement tournée vers le secteur hydroélectrique, en 1973 ce secteur ne représentait plus que 54,5 % du chiffre d'affaires, uniquement à l'étranger, tandis que le secteur des infrastructures, essentiellement en Italie, s'élevait à 39,5 % du C.A. et les constructions, 6 %. L'entreprise comptait 42 chantiers ouverts, dont la moitié en association.

Hors d'Europe, l'entreprise Lodigiani continue à s'impliquer avec le groupement Impregilo, dont Giuseppe est directeur général, dans les grands travaux. En 1991, 18 barrages ont été construits sur les quatre continents, dont :

La participation à un ouvrage exceptionnel réalisé entre 1964 et 1968, auquel Impregilo a apporté la principale contribution, a eu une résonance et un prestige particulier : le sauvetage des temples égyptiens d'Abou Simbel, qui auraient été submergés à la suite de la construction du grand barrage d'Assouan sur le Nil[20].

En 1983, Giuseppe Lodigiani quitte la présidence de l'entreprise, et est remplacé par son neveu Vincenzo. L'entreprise va continuer son expansion, moins soutenue que par le passé vu la conjoncture mondiale, souvent en association avec les entreprises du consortium Impregilo, né en 1960.

L'intégration dans Impregilo modifier

En 1993, Lodigiani S.p.A. a accueilli positivement l'opération de fusion-intégration qui a conduit au regroupement des entreprises Fiat Impresit, Cogefar, Girola et Lodigiani pour former le groupe Impregilo S.p.A., la première entreprise italienne dans le secteur de la construction, au coude à coude avec Astaldi SpA, la douzième au monde (1994), avec un chiffre d'affaires de plus de 4 000 milliards de £ires soit 2,10 milliards €uros (2020). En 2014, les entreprises Salini SpA et Impregilo SpA fusionnent pour donner naissance à Salini-Impregilo qui, en 2020, après le rachat d'Astaldi, est renommée Webuild. En 2015, le groupe Salini-Impregilo a facturé 4,74 milliards €uros dont 85% à l'étranger[21].

Bibliographie modifier

  • (it) Impresa Lodigiani S.p.A. - Dizionario Biografico degli Italiani - Volume 65 (2005) - Editions Treccani - Histoire de l'entreprise Lodigiani SpA par Gianfranco Petrillo (extraits)
  • (it) Manuscrit inédit Ricordi di vita e di lavoro de Giuseppe Lodigiani - Informations utiles à Milan, Arch. de la Chambre de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture (CCIA), Registre du Commerce , Certification historique 18.4.1996.
  • (it) Les barrages de rétention des centrales hydroélectriques italiennes, édité par la Commission ANIDEL pour l'étude des problèmes inhérents aux barrages, I-VII, Rome 1951-53, passim - A. Castellano,
  • (it) Cinquante ans d'ingénierie hydraulique italienne - L'Aquila 1981.
  • (it) G. Lodigiani - Costruzioni all'estero.
  • (it) G. Vigo - Da banca a impresa - Fiatimpresit 1929-1989 - Bologne 1991.
  • (it) jubilé Impresit Girola Lodigiani. Impregilo SpA, 1956-1981 - Venticinque anni di lavoro nel mondo - Mariano Comense (1982).

Notes et références modifier

  1. (it) « Diga di Mignano - Il lago della Val d'Arda », sur Scopripiacenza.it (consulté le )
  2. (it) « Centrale idroelettrica di Vizzola Ticino, Italia », sur ENEL Green Power (consulté le )
  3. (it) « La realizzazione della diga di Panigai », sur prolocodipedesina.it (consulté le )
  4. (it) « Un ponte tra le bombe », sur Webuild, (consulté le )
  5. (it) « La ricostruzione del ponte ferroviario di Recco », (consulté le )
  6. (it) « Nucleo impianti idroelettrici Valtellina - Centrale di Lovero », sur A2A (consulté le )
  7. (it) « AEM di Milano », sur SIUSA - Sistema Informativo Unificato per le Soprintendenze Archivistiche (consulté le )
  8. (it) « Diga Ancipa », sur Ministero delle Infrastrutture e dei Trasporti - Infrastrutture e Reti (consulté le )
  9. (en) « Gusana Dam » (consulté le )
  10. (it) « Complesso delle dighe sul Taloro - Impianti idroelettrici della S.E.S Dighe in Sardegna », (consulté le )
  11. (en) Michel Fremond Mechanical Modelling and Computational Issues in Civil Engineering sur Google Livres
  12. (it) « Diga di Place Moulin (Aosta) », sur Ministero delle Infrastrutture e dei Trasporti - Dir. gen. per le Dighe e le Infrastrutture idriche (consulté le )
  13. (en) « River Ladon, the Artificial Lake and its Dam » (consulté le )
  14. (el) « ΟΙ ΤΕΧΝΗΤΕΣ ΛΙΜΝΕΣ ΤΗΣ ΔΕΗ Α.Ε. - Ποταμός Λάδωνας / Les lacs artificiels de PPC S.A. - Rivière Ladonas (Ladon) » (consulté le ), p. 5 & 6
  15. (de) « Limmernboden Technische Daten » (consulté le )
  16. (it) « Officine Idroelettriche della Maggia SA » (consulté le )
  17. « Barrage de Kariba », sur Structurae.net (consulté le )
  18. (fa) « تاريخچه ساخت سد و نیروگاه دز - Histoire de la construction du barrage et de la centrale électrique de Dez » (consulté le )
  19. (fa) « Spécifications du barrage de Dez et du lac de retenue » (consulté le )
  20. (de) Irene Meichsner, « Rettung vor den Fluten », sur deutschlandfunk.de, (consulté le )
  21. (it) Alessandro Arona, « Classement des 10 premières entreprises de BTP italiennes », sur Ilsole24ore.it - Edilizia e territorio, (consulté le )

Liens externes modifier