Lithodes ferox

espèce de crustacés

Lithodes ferox (ou Crabe royal féroce[1]) est une espèce de crustacés appartenant à la famille des « crabes royaux », bien qu'ils n'appartiennent pas à la famille des crabes à proprement parler et sont plus proches des pagures. Elle est aussi connue sous l'appellation Lithodes tropicalis[2].

Lithodes ferox au premier plan, à 900 mètres de profondeur. On observe un membre de la famille des Geryonidae au second plan, tel que dessiné dans le livre d'Henri Filhol.

Répartition et mode de vie modifier

On retrouve principalement Lithodes ferox dans les eaux de la côte ouest africaine, au large de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau[2], de l'Angola, du Nigeria[3], de la Namibie[4], et même au Brésil[5]. On retrouve les Lithodes ferox à des profondeurs relativement importantes, de 300 à 800 m, certains spécimens étant même retrouvés au-delà de 1 000 m de profondeur[4], dans des eaux relativement froides (température inférieure à 10 °C). Lithodes ferox a un mode de vie benthique, vivant sur des fonds rocheux, coralliens ou vaseux.

Comme la plupart des décapodes, Lithodes ferox est principalement prédateur et détritivore.

Durant l'hiver, Lithodes ferox entreprend une migration vers des eaux moins profondes (300 m environ)[6], alors qu'il retourne dans des eaux plus profondes en été.

Morphologie modifier

Lithodes ferox possède une couleur rouge clair et une carapace en forme de goutte d'eau hérissée d'épines très allongées et résistantes. Les pattes motrices, très longues comme chez les autres lithodes, sont également épineuses[7]. Le rostre des Lithodes ferox est très développé, contrairement aux antennes et antennules, peu développées. La partie ventrale présente une couleur plus claire que la carapace et leur abdomen est asymétrique chez les femelles, pas chez les mâles. De plus, comme chez la plupart des Lithodes, la 5e paire de péréiopodes n'est pas utilisée pour la locomotion, mais plutôt pour nettoyer la carapace, les branchies et le transfert de spermatozoïdes[8]. Elle mesure environ 1,40 m sur 1,50 m pour les mâles, les femelles étant plus petites.

Reproduction modifier

Comme pour la plupart des décapodes, les œufs des lithodes se déposent sur les fonds marins avant d'éclore et, après des séries de mues successives, deviennent des lithodes adultes.

La reproduction des Lithodes ferox se fait également en eaux peu profondes, de nombreuses femelles pleines et de juvéniles étant retrouvés dans ces eaux[5].

De plus, comme plusieurs Lithodes, Lithodes ferox est victime de parasitisme[9], des œufs de poissons étant pondus dans ses branchies[8]. Généralement pondus durant la période d'accouplement entre les lithodes, ces œufs sont retrouvés de manière générale dans des individus assez volumineux et dans des femelles. Néanmoins, le seul exemple de ponte dans un mâle a été repéré sur un spécimen de Lithodes ferox[8]. Il faut ainsi de quatre à cinq mois à l'œuf de poisson pour éclore[8], causant des difficultés respiratoires à la lithode, pouvant même conduire à la mort lors de l'éclosion, 65 % des branchies étant occupées par un seul œuf[8]. D'autres Lithodes comme Lithodes aequispinus sont également victimes de ce parasitisme, les lithodes étant choisies pour leur agressivité, permettant ainsi la sécurité de l’œuf du poisson[8].

Pêche modifier

Lithodes ferox subit une tentative d'exploitation durant la fin des années 1970 et le début des années 1980. Durant cette période, plus de 133 tonnes de Lithodes ferox sont pêchées en Namibie[5]. En raison de la surexploitation, la pêche de Lithodes ferox s’interrompt rapidement[5].

Elle est toujours pêchée de nos jours, mais de manière locale, son exploitation étant arrêtée[5].

Sur les autres projets Wikimedia :

Lien externe modifier

Notes et références modifier

  1. (en) G. Bianchi, Field Guide to the Living Marine Resources of Namibia, Food and Agriculture Organization of the United Nations, , 265 p., p. 44
  2. a et b (en) « Lithodes ferox Filhol, 1885 », sur World Register of Marine Species (consulté le )
  3. (en) « Lithodid Crab Serpent Media Archives », sur Scientific and Environmental Rov Partnership Exiting Industrial Technology (SERPENT), (consulté le )
  4. a et b (en) « Lithodes ferox Filhol, 1885 », sur Ocean Biogeographic Information System (consulté le )
  5. a b c d et e (en) W. D. Emmerson, A Guide to, and Checklist for, the Decapoda of Namibia, South Africa and Mozambique (Volume 2), Cambridge Scholars Publishing, , 650 p.
  6. (en) Pere Abelló et Enrique Macpherson, « Distribution Patterns and Migration of Lithodes Ferox (Filhol) (Anomura: Lithodidae) Off Namibia », Journal of Crustacean Biology, vol. 11, no 2,‎ , p. 261-268 (lire en ligne)
  7. Henri Filhol, La Vie au fond des mers: Les explorations sous-marines et les voyages du Travailleur et du Talisman, Collection XIX, , 322 p. (lire en ligne), p. 128
  8. a b c d e et f (en) Ilan Karplus, Symbiosis in Fishes: The Biology of Interspecific Partnerships, John Wiley & Sons, , 464 p.
  9. (en) Elisabet Louw et R. Melville-Smith, « An association between a liparid fish species and the stone crab Lithodes tropicalis (Decapoda, Anomura) », South African Journal of Zoology, vol. 22, no 2,‎ , p. 140-142