Les Conquérants (poème)

Les Conquérants est un des plus célèbres sonnets de José-Maria de Heredia, paru dans Les Trophées en 1893. Il est considéré comme l'incarnation du mouvement parnassien, qui se recentre sur l'art en réaction au lyrisme romantique [1].

José-Maria De Heredia

Texte du poème modifier

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;

Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

Analyse modifier

 
Arrivée de Christophe Colomb en Amérique,
L. Prang & Co, Boston

Le sujet du poème se base sur l'histoire des conquistadors (signifiant « conquérants » en espagnol) et particulièrement sur Christophe Colomb, le premier parmi tant d'autres , au travers d'une courte évocation épique (l'auteur étant d'origine cubaine), composée en quatorze alexandrins, sous une forme très classique (ABBA ABBA CCD EDE)[2].

Ce sonnet est tiré de l'unique recueil publié par l'auteur et intitulé Les Trophées dont il constitue une des sept parties auxquelles seront ajoutés d'autres poèmes lors d'éditions posthumes[3].

Certains mots utilisés dans cette ode sont assez peu employés dans le langage courant :

Postérité modifier

Cette œuvre de José Maria de Heredia a été mise en musique par le compositeur Fernand Boutrolle et dont le livret fut distribué par l'éditeur Paul Girod en 1917, au prix de 1 franc 50[6].

Ce sonnet est une des œuvres préférées de l'écrivain français Jean Giono qui cite dans deux de ses textes, le toponyme de Palos de Moguer, évoqué dans le troisième alexandrin[7].

En France, ce poème est souvent proposé comme œuvre à commenter et analyser par les candidats, lors de l'épreuve du baccalauréat [8].

William Marx, directeur de la chaire de Littérature Comparée au Collège de France, ouvrira sa leçon inaugurale en 2019 par la déclamation et l'étude de ce poème. Avec lui, il introduira un cycle de cours reprenant les derniers mots de ce poème : "La bibliothèque des étoiles nouvelles."

Serge Gainsbourg s'est inspiré de ce texte pour Cargo Culte, chanson clôturant son album Histoire de Melody Nelson[9]

Références modifier

  1. Site espacefrancais.com, page "courants littéraire - Le Parnasse", consulté le 4 août 2019
  2. Site bacdefrancais.net, analyse du poème "Les Conquérants", consulté le 5 août 2019
  3. Yann Mortelette, livre : José-Maria de Heredia, poète du Parnasse, PUPS, 2006, p. 197.
  4. Linné, Systema Naturae ed.13 gen.42 p.27
  5. (es) Christophe Colomb, Diario de a bordo del primer viaje de Cristóbal Colón,
  6. Site Gallica de la BNF Copie du livret musical des Conquérants, consulté le 4 août 2019
  7. Google livre "Giono et les Méditérannées: Rencontre Autour de Juan Ramón Jíminez" de Dominique Bonnet et, André-Alain Morello, consulté le 4 août 2019
  8. Site sujetdebac.fr Baccalauréat 2015 français, série ES/S, consulté le 5 août 2019
  9. Fabrice Pliskin, « «Tu seras Cole et je serai Porter» », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne [PDF])

Voir aussi modifier

Liens internes modifier

Lien externe modifier